SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE  DE LA FAO 

ALERTE SPÉCIALE No. 291
République fédérale de Yougoslavie (Serbie et Monténégro)

Date: 9 avril 1999

(Série diffusée uniquement pour les pays dans lesquels l'état des cultures vivrières ou la situation des approvisionnements sont préoccupants)

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LA CRISE DU KOSOVO AURA D'IMPORTANTES RETOMBÉES SUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE DE LA RÉGION

Dans la province du Kosovo (République fédérale de Yougoslavie), la crise a entraîné un exode massif et sans précédent de réfugiés. Les déplacements continus de population à l'intérieur de la province et vers les pays voisins ont débuté en mars 1998 et se sont fortement intensifiés à la fin mars 1999 en raison de l'insécurité croissante dans la région. Au 7 avril, lorsque toutes les frontières du Kosovo étaient fermées, le HCR signalait que le nombre total de personnes ayant quitté la province depuis mars 1998 était de 621 000, soit environ un tiers de la population totale estimée. Le HCR a été désigné par le Secrétaire général de l'ONU comme responsable de la coordination des secours des Nations Unies dans la région.

Dans une alerte spéciale publiée en mars 1998, la FAO avait déjà lancé un avertissement, en signalant que la recrudescence des hostilités au Kosovo aurait des retombées sur la sécurité alimentaire, telles que déplacements de population et situation précaire de l'alimentation et de l'agriculture dans la région. Outre les effets humains directs, les hostilités déclenchées en mars 1998 ont dévasté l'agriculture et le secteur agro-alimentaire de la province, d'où forte réduction de la production vivrière, ainsi que des approvisionnements et des disponibilités alimentaires. Des milliers d'exploitations agricoles ont été détruites, abandonnées ou délaissées et la distribution de vivres a été freinée car il est difficile de se déplacer d'un endroit à l'autre. Même dans une année normale, le Kosovo est une zone à déficit vivrier, où la production et la productivité n'ont fait que baisser au cours des dernières années en raison des conflits des zones avoisinantes, du terrain accidenté, des sols de qualité médiocre, qui limitent le potentiel agricole, et de la forte diminution de l'utilisation d'intrants agricoles essentiels.

La production annuelle de blé, qui est la principale céréale vivrière de la province, s'établissait à environ 300 000 tonnes avant le début des hostilités. En outre, environ 200 000 tonnes de blé étaient importées pour satisfaire les besoins, principalement en provenance d'autres régions de la République fédérative de Yougoslavie. Les troubles civils qui ont commencé dans la province au début de 1998 ont eu un effet dévastateur sur la récolte de la campagne 1998. De nombreux champs de blé n'ont pas été récoltés ou ont été brûlés, et une part importante du blé déjà récolté a ensuite été détruite lorsque les maisons, les entrepôts et les greniers, qui étaient particulièrement visés, ont été incendiés. Il est impossible d'estimer la part de la récolte de 1998 qui a pu être sauvée, mais il est probable que les disponibilités ont été fortement réduites et qu'elles sont désormais pratiquement épuisées.

Les récoltes de la campagne 1998/99 s'annoncent médiocres. En automne dernier, les semis de blé ont été rares en raison de l'insécurité ou du manque d'équipement et de semences. De grandes quantités d'équipement agricole de toutes sortes (allant des outils manuels aux tracteurs) ont été pillées ou détruites. La situation s'est encore détériorée pour les semis de printemps (céréales et légumes). Normalement, en mars et avril, on ensemence environ 100 000 hectares en maïs (principalement pour l'alimentation du bétail), 10 000 hectares en céréales secondaires (principalement pour l'alimentation du bétail et la brasserie), 25 000 hectares en légumes et 20 000 hectares en cultures fourragères. Très probablement, quasi aucun semis n'a été effectué au printemps et la production devrait être très limitée pour toutes les cultures en 1999. En outre, on signale des pertes considérables de bétail en raison des violences, des maladies et de l'abandon des exploitations, aggravant les problèmes d'approvisionnement alimentaire de ceux qui restaient dans la province. La situation est très préoccupante car une bonne partie de la population dépendait déjà de l’aide humanitaire à la fin de 1998, mais l'intensification des combats au cours des dernières semaines a bloqué toutes les opérations de secours dans la province.

Face à l'aggravation de la crise au cours des dernières semaines, le Directeur exécutif du PAM et le Directeur général de la FAO ont conjointement approuvé, début avril, un prolongement de l'opération d'urgence qui avait déjà fourni une aide aux personnes déplacées à l'intérieur du pays et aux réfugiés dans la région à partir de septembre 1998; l'objectif est de mobiliser des secours supplémentaires en faveur des populations touchées. Toutefois, s'il n'y a pas une nette amélioration de la sécurité au Kosovo, les opérations de secours ne pourront bénéficier qu'aux réfugiés qui ont déjà quitté la province. La situation des approvisionnements alimentaires des personnes déplacées à l'intérieur du pays et du reste de la population devrait se détériorer fortement et la crise aura de graves retombées à long terme sur la sécurité alimentaire.

S'il y avait une amélioration de la sécurité au cours des prochaines semaines, qui permettrait aux populations de regagner leurs foyers, des secours internationaux massifs seraient nécessaires pour assurer l'approvisionnement alimentaire de la province jusqu'au rétablissement de la production agricole intérieure et des flux commerciaux. Comme les logements, les exploitations agricoles et les infrastructures de la province du Kosovo ont été endommagés à grande échelle, cette phase de relèvement exigera une aide internationale de grande ampleur et durera probablement plus d'une campagne agricole. Il faut rapidement établir des plans appropriés pour les interventions d'urgence.

La FAO a déjà pris des mesures, là où cela était possible. Etant donné que la situation évolue rapidement en ce qui concerne l'afflux de réfugiés en Albanie et dans l'ex-République yougoslave de Macédoine et les besoins d'aide en intrants agricoles des réfugiés et des familles hôtes pratiquant l'agriculture, la FAO a envoyé sur le terrain, début avril, une mission chargée d'identifier l'aide d'urgence nécessaire à court terme pour le relèvement du secteur agricole.

 

 

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité du Secrétariat de la FAO à partir d’informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s’adresser, pour tout complément d’information, à: M. Abdur Rashid, Chef, SMIAR, FAO (Télex 610181 FAO I; Télécopie: 0039-06-5705-4495, Mél: [email protected]).

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