SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO

ALERTE SPÉCIALE

NO. 307

(Série diffusée uniquement pour les pays dans lesquels l'état des cultures vivrières ou la situation des approvisionnements alimentaires sont préoccupants)

Pays: Zimbabwe

Date: 28 avril 2000

LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE EST DE PLUS EN PLUS PRÉOCCUPANTE EN RAISON DE L'AGGRAVATION DES PROBLÈMES ÉCONOMIQUES ET DES TROUBLES QUI ONT UNE INCIDENCE SUR LA PRODUCTION VIVRIÈRE

Les perspectives de la sécurité alimentaire au Zimbabwe sont mauvaises, sous l'effet conjugué des conditions météorologiques défavorables, des graves problèmes économiques et des troubles actuels liés au problème de la réforme agraire qui ont une incidence sur les activités agricoles dans les grandes exploitations commerciales. Les inondations de la fin de février ont endommagé les cultures sur de grandes étendues dans les provinces de l'est et du sud. Ces dernières semaines, des groupes de vétérans de la guerre d'indépendance et d'autres factions se sont attaqués aux propriétaires de ces exploitations et à leurs employés, faisant un grand nombre de blessés et même plusieurs morts, et brûlant les cultures sur pied et les récoltes entreposées. Cela a créé un climat de peur chez les agriculteurs, dont un grand nombre ont abandonné leurs exploitations et ont laissé leur bétail sans surveillance pour se réfugier dans les zones urbaines plus sûres. Ces événements surviennent au moment où les agriculteurs devraient être en train de procéder à la récolte, de la transformer et de la commercialiser, en particulier pour le maïs, aliment de base du pays, et le tabac, principale culture génératrice de recettes en devises. C'est également l'époque où l'on commence à préparer les terres pour les semis du blé en juin/juillet, cette culture étant presque exclusivement pratiquée dans les grandes exploitations commerciales irriguées. On craint donc de plus en plus, si les violences persistent, qu'il y ait une forte baisse de la production vivrière et des disponibilités qui menacerait la sécurité alimentaire nationale. Si l'effet des troubles sur la situation des approvisionnements alimentaires peut être important cette année, il pourrait l'être encore plus l'année prochaine.

Depuis l'indépendance en 1980, le Zimbabwe a fait de très gros progrès dans le secteur agricole, devenant exportateur net de maïs, essentiellement vers les pays voisins, sauf les années de sécheresse (1984, 1992 et 1993) pendant lesquelles de grandes quantités de maïs ont été importées. Les exportations de maïs ont atteint un maximum de 731 000 tonnes en 1990 et se sont élevées en moyenne à quelque 250 000 tonnes par an entre 1993 et 1998. Cependant, en 1999, du fait de pluies excessives et de pénuries d'intrants, le pays n'a eu qu'une récolte céréalière inférieure à la moyenne, de l'ordre de 2 millions de tonnes, qui était loin de correspondre aux besoins de consommation. Les besoins d'importations de céréales pour la campagne de commercialisation 1999/2000 (avril/mars) s'établissent, d'après les estimations, à 545 000 tonnes, dont environ la moitié ont été couvertes par des importations commerciales, d'où une baisse de la consommation. Depuis 1980, il y a également eu une proportion croissante de la production de maïs des exploitations collectives, cette proportion étant passée de quelque 31 pour cent en 1983 à un maximum de 66 pour cent en 1997, avec cependant des fluctuations certaines années. Ces avancées vont probablement être compromises par les troubles et par l'aggravation des difficultés économiques.

La production agricole du Zimbabwe est assurée par deux catégories d'exploitations: les grandes exploitations commerciales, situées essentiellement dans le nord et l'est et les petites exploitations collectives du sud et de l'ouest. Les premières, qui sont aujourd'hui environ 4 000, représentent quelque 30 à 40 pour cent de la production de maïs, dépassant la production des exploitations collectives pendant les années de sécheresse, comme en 1992, lorsqu'elles ont représenté 68 pour cent de la production totale. Les rendements dans les exploitations commerciales sont en moyenne quatre fois plus élevés que dans les exploitations collectives, en partie du fait des différences de qualité des terres, mais surtout du fait d'installations d'irrigation d'appoint, d'un usage accru de technologies et de pratiques culturales améliorées, ainsi que d'un meilleur accès aux crédits de roulement (graphique 1). De surcroît, le Zimbabwe a été autosuffisant à plus de 60 pour cent en blé (100 pour cent en 1990/91), cette culture étant pratiquée exclusivement dans les exploitations commerciales (graphique 2). Ces exploitations produisent aussi l'essentiel du tabac et des fleurs coupées destinés à l'exportation, ainsi que de la viande, du lait et d'autres produits laitiers. La perturbation des activités agricoles en cette période risque donc d'avoir de graves répercussions sur la sécurité alimentaire et l'ensemble de l'économie du Zimbabwe.

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À l'heure actuelle, le Zimbabwe traverse une crise économique aiguë. Le pays a été ébranlé par une grave pénurie de carburant qui persiste depuis un certain temps, en raison d'une pénurie sévère de devises essentiellement imputable à d'importants remboursements de la dette extérieure, à la suspension des débours de crédits internationaux, le pays n'ayant pas respecté les conditions convenues, à l'engagement du pays dans la guerre de la République démocratique du Congo et à la baisse des recettes d'exportation. La pénurie de devises perturbe aussi gravement la production industrielle en raison de l'irrégularité de l'alimentation en électricité et de l'insuffisance des disponibilités de matières premières, elle-même imputable au blocage des lignes de crédit aux sociétés du pays. Par conséquent, s'il y avait une forte baisse de la production vivrière nécessitant des importations considérables, la faible capacité actuelle d'importation du Zimbabwe compromettrait gravement son aptitude à combler le déficit par des importations commerciales.

S'il est difficile d'évaluer l'ensemble des conséquences de la situation d'instabilité actuelle, la persistance des difficultés économiques et des violences pourrait réduire la production et les disponibilités exportables, décourager les investissements dans le secteur agricole, faire baisser les recettes du secteur du tourisme, provoquer l'inflation des prix des carburants (59 pour cent en 1999) et aggraver le chômage déjà très élevé. L'accès à la nourriture des groupes les plus pauvres de la population serait encore plus difficile. Il faudra suivre de près la situation dans les prochains mois.

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité du Secrétariat de la FAO à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser, pour tout complément d'information, à: M. Abdur Rashid, Chef, SMIAR, FAO (Télécopie: 0039-06-5705-4495, Mél: [email protected] ).

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