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SAHEL : SITUATION MÉTÉOROLOGIQUE ET ÉTAT DES CULTURES

Système Mondial d'Information et d'Alerte Rapide
Rapport No 3 - 12 août 2004

 DE MEILLEURES PLUIES EN JUILLET ONT FAVORISÉ LE DÉVELOPPEMENT DES CULTURES ET DES PÂTURAGES MAIS LES PERSPECTIVES DE RECOLTE SE DÉTÉRIORENT, LES CRIQUETS PÈLERINS ENVAHISSANT LE SAHEL

Guinée Bissau Cap-Vert Gambie Senegal Mauritanie Mali BKF Niger Tchad
Carte sensible du Sahel

RESUME

Les pluies ont été généralement régulières et bien réparties dans les principales zones du Sahel en juillet. Les précipitations sont restées généralement bien réparties dans la plupart des zones de production du Mali, du Burkina Faso, du Niger et de la Mauritanie. Au Tchad les pluies se sont améliorées considérablement dans la zone sahélienne mais sont restées limitées dans le Sud. Au Niger, où les cultures ont été affectées dans certaines régions par un temps sec prolongé et le début erratique de la saison des pluies, le précipitations ont augmenté considérablement durant la dernière décade de Juillet et à début août, améliorant l’état des cultures. Le Cap-Vert a reçu ses premières pluies importantes à la mi-juillet dans les îles de Santiago, Brava et Fogo. Les pluies sont restées limitées dans certaines régions du Sénégal, de la Gambie et de la Guinée-Bissau en Juillet, retardant les semis et transplantations, mais l’image satellitaire pour la première semiane de d’août indique que la pluviométrie s’améliore. Ces conditions généralement favorables ont permis un développement satisfaisant des cultures dans les principales zones de production, mais les précipitations devraient augmenter au Sénégal et en Gambie afin d’éviter un stress hydrique.

La situation accridienne continue de dégénérer, posant une grave menace à la production agricole à travers le Sahel. De larges essaims qui ont échappé aux opérations de lutte de grande ampleur en Afrique du Nord-Ouest ont envahi d’importantes zones de production de la Mauritanie, du Mali, du Sénégal, du Niger et du Cap-Vert. Ils sont arrivés au Tchad récemment et il y a un risque qu’ils touchent le nord du Burkina Faso, suscitant de sérieuses inquiétudes quant aux perspectives des approvisionnements alimentaires. Le nombre des essaims devrait augmenter au cours des prochaines semaines. L’agriculture est le pilier de l’économie dans le sahel et une invasion généralisée de criquets pèlerins pourrait avoir un effet dévastateur non seulement sur la production alimentaire mais aussi sur les exportations agricoles et les revenus ruraux. Beaucoup de pays ont lancé un appel à l'aide alimentaire d'urgence qui est requise d’urgence pour éviter une situation alimentaire catastrophique et l’annulation des gains économiques de ces dernières années.


SITUATION PAR PAYS

 

BURKINA FASO  CAP VERT  GAMBIE  GUINEE BISSAU 
MALI  MAURITANIE  NIGER  SENEGAL  TCHAD

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BURKINA FASO :

Les conditions de croissance se sont améliorées en juillet suite aux pluies irrégulières reçues en mai et juin. Suite aux premières pluies importantes enregistrées à la mi-avril dans le sud et le sud-ouest, les precipitations ont progressé vers le nord mais sont restées erratiques dans la plupart des régions jusqu’au début du mois de juillet quand les pluies se sont améliorées considérablement dans tout le pays. Grâce à cette amélioration, le millet et le sorgho qui sont généralemnt au stage de tallage/montaison dans la plupart des régions, se développent d'une manière assez satisfaisante. Cependant, en raison de l'installation erratique de la saison des pluies, les stades de développement varient considérablement et les cultures émergent encore dans beaucoup de localités du Sahel, du Nord, du Nord-Ouest, du Centre et du plateau central.

Aucune activité de ravageurs n’a été signalée. La situation relative aux criquets pèlerins reste calme mais des groupes d’adultes et essaims pourraient arriver dans le pays à partir de l’Afrique du Nord, à travers le Mali et le Niger. La situation doit être suivie de près. Undisplayed Graphic

CAP-VERT :

Des pluies importantes à la mi-juillet ont permis des semis en humide dans la plupart des îles agricoles. Après des pluies faibles et isolées au début du mois de juillet, la saison pluvieuse a réellement commencé au cours de la seconde décade de juillet dans les îles de Fogo, Brava et Santiago. Des pluies importantes ont été enregistrées au cours de la dernière décade de juillet dans les principales îles agricoles. Les semis en humide de maïs sont en cours depuis la mi-juillet alors que les semis en sec réalisés auparavant sont au stade de levée dans les zones humides des îles de Fogo et de Santiago.

Une invasion de criquets pèlerins dans les zones côtières des îles de Boa Vista, Santiago, Maio et Fogo au début du mois de juillet a été contenue, suite au traitement des régions infestées. Cependant, une nouvelle infestation a été signalée au début du mois d’août sur les îles de Boa Vista, Santiago, Maio et Fogo. Une assistance internationale d’urgence est requise. Undisplayed Graphic

GAMBIE :

Un temps sec a affecté les cultures en juin. Suite à des pluies adéquates à la fin mai/début juin qui ont permis le démarrage des semis, un temps sec a sévi à travers le pays à la mi juin, retardant le semis et stressant les cultures, notamment dans la région du Western Division. Les pluies ont repris et se sont considérablement améliorées en juillet mais elles sont restées généralement inférieures à la normale dans la région du Western Division. En raison de l'installation erratique de la saison des pluies, les stades de développement des cultures varient considérablement et les semis et resemis sont encore en cours dans beaucoup de localités.

La situation acridienne reste calme. Cependant, le Gouvernement a lancé un appel à l’aide internationale d’urgence, en raison de la situation alarmante qui prévaut dans les pays voisins. Undisplayed Graphic

GUINEE-BISSAU :

Des pluies limitées en juillet pourraient retarder le repiquage. Des pluies importantes durant la première décade de juin ont permis le démarrage de la préparation des sols et des semis. Cependant, l’image satellitaire indique que les pluies ont diminué considérablement à la fin juin et sont restées essentiellement inférieures à la moyenne en juillet. Les cultures de céréales secondaires récemment semées pourraient être affectées et le repiquage du riz de mangrove à partir des pépinières retardé.

Suite à une augmentation très importante du prix du riz dans le pays, due surtout à une baisse des d’importations commerciales en raison de l’augmentation du prix du riz sur le marché international, le Gouvernement a récemment organisé l’importation d’une quantité substantielle de riz du Sénégal voisin ainsi que d’autres pays afin de compenser le déficit. Undisplayed Graphic

MALI :

Le risque de dommages importants par les criquets pèlerins augmente dans le pays. Bien que de bonnes pluies soient tombées en juillet, permettant aux semis et repiquages de se poursuivre à travers le pays, les perspectives de récolte restent sombres en raison d’une situation acridienne qui se détériore. Les essaims de criquets pèlerins qui étaient précédemment signalés dans le nord ont récemment envahis les zones de production céréalière du sud et du centre, suscitant de sérieuses inquiétudes quant aux perspectives économiques et celles des approvisionnements alimentaires dans le pays. L’économie malienne est dominée par l’agriculture qui fait 40 pourcent du PIB, avec 80 pourcent de la population dépendant du secteur rural. En plus de leur effet potentiel désastreux sur la sécurité alimentaire, des dommages aux cultures sur une large échelle pourraient avoir des conséquences macroéconomiques sévères et des implications énormes en termes de pauvreté, puisque le coton qui est la principale source de devises extérieures du pays représente aussi la principale source de revenus pour des millions de paysans et contribue jusqu’à 45 pourcent aux recettes d’exportation.

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MAURITANIE :

Les craintes de famine montent pendant que les criquets pèlerins envahissent les zones agricoles du centre et du sud du pays. Les essaims de criquets pèlerins envahissent la plupart des zones agricoles du sud et du centre et leur nombre devrait continuer à augmenter, à moins ce que le pays obtienne une assistance internationale suffisante lui permettant de contrôler la propagation des criquets. Le Gouvernement a lancé un appel à l’aide international d’urgence de 5,6 millions de Dollars E.U afin de traiter 300 000 hectares infestés. En Mauritanie, l’agriculture représente 20 pourcent du PIB et emploie 60 pourcent de la population. Le pays fait déjà face à une situation alimentaire difficile suite à trois années consécutives de sécheresse (qui a nécessité une assistance alimentaire d’urgence à 420 000 personnes en 2003) et à une dépréciation significative de l’Ouguiya (la monnaie nationale) qui a entraîné une augmentation importante du prix des produits alimentaires. Des dommages de criquets pèlerins à une grande échelle auraient un impact énorme sur la sécurité alimentaire et la pauvreté parce que les populations rurales sont devenues plus vulnérables après plusieurs années de sécheresse. De bonnes pluies sont tombées en Juillet dans la plupart des régions du sud du pays. Les semis sont par conséquent bien avancés dans les zones agricoles. Undisplayed Graphic

NIGER :

Les pluies se sont améliorées à la fin du mois de juillet mais la menace accridienne reste très sérieuse. Les pluies étaient insuffisantes en juin et au début du mois de juillet, retardant les semis et affectant les cultures dans beaucoup de régions, notamment celles de Maradi et de Zinder. Cependant, des pluies importantes ont été enregistrées pendant la dernière décade dans la plupart des régions de production, ce qui va favoriser les cultures affectées par les conditions sèches précédentes. Le mil et le sorgho sont en général en phase de montaison. Ils sont déjà au stade floraison dans les régions de Dosso et de Niamey. Néanmions, les perspectives de récolte restent sombres en raison d’une situation acridienne qui se dégrade. Les essaims de criquets pèlerins qui étaient précédemment signalés dans le nord ont récemment envahis les zones de production cérélière du sud et du centre. Plus de 85 pourcent de la population nigérienne dépend de l’agriculture qui représente 40 porcent du PIB ; des dommages à une large échelle pourraient avoir des effets désastreux sur la sécurité alimentaire et l’économie, notamment pour les pauvres qui représentent 60 pourcent de la population.

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SENEGAL :

Des pluies tartives et limitées pourraient affecter le développement des cultures dans le Nord-ouest. Suite à une période sèche qui a retardé les semis dans plusieurs localités en Juin, les pluies se sont améliorées considérablement à partir de la fin juin mais elles sont restées essentiellement inférieures à la normale dans le Nord-Ouest. Le développement des cultures pourrait être affecté dans la partie Ouest du bassin arachidier. En raison du nombre croissant de criquets pèlerins arrivant dans le pays à partir de la Mauritanie, le Gouvernement a mis en place un groupe de travail d’urgence avec une allocation de 2,4 millions de Dollars E.U. afin d’éviter que les criquets ne causent des dégâts importants à l’agriculture.

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TCHAD :

Les premiers essaims sont arrivés dans le pays. Selon certaines sources, les premiers essaims seraient arrivés dans le pays où ils auraient causé des dégâts sur les cultures dans la région de Kanem au sud du Tchad. Le Gouvernement a lancé un appel à l'aide alimentaire d'urgence pour maîtriser l’invasion. L’image satellitaire indique que la pluviométrie s’est améliorée considérablement dans la zone sahélienne mais est restée généralement limitée au Sud.

Les pluies perturbent l’assistance aux réfugiés soudanais à l’est du Tchad. La plupart des routes deviennent impraticables, rendant le transport de la nourriture très difficile. Au début du mois d’août, le nombre de réfugiés était estimé à 171 878 dont plus de 165 685 vivaient dans les camps et zones de transit. Uen enquête récente réalisée par le Centre de contrôle des maladies (CDC) a révélé des taux alarmants de malnutrition et une situation sanitaire inquiétante parmi les réfugiés.

*QUELQUES DEFINITIONS

Dans ces rapports sont mentionnées quatre zones écoclimatiques qui se différencient par le niveau de leurs précipitations annuelles moyennes et leurs caractéristiques agricoles (zone sahélienne, zone soudano-sahélienne, zone soudanienne et zone guinéenne). Ces zones sont décrites ci-dessous:

Zone sahélienne : Les précipitations annuelles moyennes varient de 250 à 500 mm. C'est la zone située à la limite de la végétation pérenne; là où les précipitations sont inférieures à 350 mm, il n'y a que des pâturages et, parfois, des cultures céréalières à cycle court résistant à la sécheresse; dans cette zone, toutes les activités agricoles sont hautement aléatoires.

Zone soudano-sahélienne : Les précipitations annuelles se situent entre 500 et 900 mm. Là où elles sont inférieures à 700 mm, on pratique surtout des cultures ayant un cycle de végétation bref de 90 jours, c'est?à?dire principalement du sorgho et du mil.

Zone soudanienne : Les précipitations annuelles moyennes varient de 900 à 1 100 mm. La plupart des céréales cultivées ont un cycle de végétation de 120 jours ou plus. C'est la zone où l'on produit l'essentiel des céréales, notamment du maïs, des racines et tubercules, et des cultures de rapport.

Zone guinéenne : Les précipitations annuelles moyennes dépassent 1 100 mm. Font partie de cette zone, où il est plus facile de cultiver des racines, la Guinée-Bissau et une petite partie du Sud Burkina Faso, du Sud Mali et de l'extrême Sud du Tchad.

Il sera également question de la "Zone de convergence intertropicale", dont la trace à la surface du sol est dénommée "front intertropical". Il s'agit d'une zone quasi permanente entre deux masses d'air qui sépare les alizés de l'hémisphère Nord et ceux de l'hémisphère Sud. Elle se déplace au nord et au sud de l'Equateur et arrive généralement en juillet à sa position située le plus au nord. Sa position fixe les limites septentrionales des précipitations possibles au Sahel; les nuages de pluie se situent généralement à 150 ou 200 km au sud du front.


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