FAO banner 
SMIAR

SAHEL : SITUATION MÉTÉOROLOGIQUE ET ÉTAT DES CULTURES

Système mondial d'information et d'alerte rapide
Rapport No 4 - 14 Septembre 2006

 L'INTENSIFICATION DES PLUIES EN AOÛT A AMÉLIORÉ LES PERSPECTIVES
DE RÉCOLTE DANS LA PLUPART DES PAYS

Guinée Bissau Cap-Vert Gambie Senegal Mauritanie Mali BKF Niger Tchad
Carte sensible du Sahel

RÉSUMÉ

Après des précipitations inférieures à la normale en juin/début juillet en plusieurs endroits du Sahel, les pluies se sont intensifiées en août dans les principales régions productrices, ce qui a permis de reconstituer les réserves d'eau des sols, de soulager les cultures affectées par la sécheresse et d'améliorer les perspectives de récolte dans la plupart des pays. De violentes précipitations et des inondations ont fait de nombreuses victimes et endommagé les cultures dans plusieurs pays, notamment le Burkina Faso et le Niger. Toutefois, dans les régions touchées par le temps sec qui a sévi précédemment, le potentiel de rendement sera réduit et il faudra qu'il pleuve jusqu'à la fin de la campagne pour couvrir l'intégralité du cycle de végétation des semis tardifs ou des réensemencements. De l'ouest à l'est, l'état des cultures est satisfaisant au Cap-Vert et au Sénégal suite aux précipitations généralisées tombées en août, tandis qu'en Gambie, les perspectives de récolte sont mitigées, selon les estimations de la pluviosité obtenues par télédétection. Des précipitations adéquates ont favorisé le dessalement et le repiquage du riz inondé en Guinée-Bissau. En Mauritanie, l'intensification des pluies en août a eu un effet bénéfique sur les cultures dans le sud-ouest, mais il faudra qu'il pleuve davantage dans le centre-sud et le sud-est. Au Mali , au Burkina Faso, au Niger et au Tchad, l'état des cultures s'est considérablement amélioré après les rares pluies tombées en juin. Les images satellite pour le début septembre indiquent que des précipitations bénéfiques ont continué de tomber dans la plus grande partie du Sahel.

Les parcours se régénèrent progressivement. Des sauteriaux sont signalés dans plusieurs pays mais les dégâts aux cultures restent limités. La situation des criquets pèlerins est restée calme en août, un petit nombre de criquets ayant été signalés dans les zones de reproduction d'été de la Mauritanie, du Niger et du Mali.


SITUATION PAR PAYS

 

BURKINA FASO  CAP VERT  GAMBIE  GUINEE BISSAU 
MALI  MAURITANIE  NIGER  SENEGAL  TCHAD

Undisplayed Graphic

BURKINA FASO :

Les perspectives de récolte se sont considérablement améliorées suite aux précipitations généralisées et supérieures à la normale tombées en août. Après des pluies irrégulières et inférieures à la moyenne jusqu'à la fin juin, qui ont obligé à réensemencer dans la plupart des régions et raccourci la période de végétation, les précipitations se sont considérablement améliorées à partir de la mi-juillet et sont restées abondantes en août. De graves inondations ont été signalées dans les régions de Mouhoun, des Cascades et du Sahel. Toutefois, en raison du démarrage difficile de la saison des pluies, les stades de développement varient beaucoup d'une région à l'autre et sont dans l'ensemble en retard par rapport aux années normales, sauf dans l'ouest et le sud-ouest, où les céréales sont au stade de l'épiaison et où la récolte des haricots a commencé. Ailleurs dans le pays, le mil et le sorgho sont en général au stade de la montaison et le maïs au stade de la floraison. Le développement des cultures est particulièrement tardif dans la province de Gnagna, au nord-est du pays. En raison de l'arrivée tardive des précipitations et de la sécheresse initiale, il faudra qu'il continue de pleuvoir jusqu'en octobre pour que les cultures parviennent à pleine maturité. Les parcours se sont régénérés dans tout le pays. Dans l'ensemble, la situation des ravageurs est calme.

La situation globale des approvisionnements alimentaires demeure satisfaisante. Les prix des céréales, qui étaient stables depuis le début de l'année, ont commencé à fléchir dans le sud, principalement du fait de l'augmentation des importations céréales en provenance des pays côtiers voisins, où la récolte de la campagne principale est en cours. Cette tendance à la baisse devrait persister car les moissons vont commencer dans le pays. Undisplayed Graphic

CAP-VERT :

L'arrivée de pluies régulières à la fin juillet a permis de procéder aux semis de maïs dans l'ensemble des îles agricoles. Les pluies ont persisté au début août et sont devenues plus abondantes au cours de la deuxième décade du mois. Les réserves d'humidité des sols sont adéquates dans la plupart des endroits. La levée des cultures est satisfaisante, tout comme la régénération des parcours. Des infestations de punaises des céréales et de sauteriaux sont signalées dans l'île de Santiago, où des traitements sont en cours. Undisplayed Graphic

GAMBIE :

Les premières perspectives de récolte sont mitigées. La campagne agricole a démarré tardivement et les précipitations ont été irrégulières dans la plupart des régions, selon les estimations de la pluviosité obtenues par télédétection. Il faudra qu'il pleuve jusqu'à la fin de la campagne pour couvrir l'intégralité du cycle de végétation des cultures et des parcours. Undisplayed Graphic

GUINEE-BISSAU :

Grâce aux pluies abondantes et généralisées, l'état des cultures est satisfaisant et la récolte s'annonce bonne.
Les pluies et les réserves d'eau des sols sont dans l'ensemble adéquates depuis le début de la campagne agricole, ce qui a permis le bon développement des cultures, selon les images satellite. Le repiquage du riz inondé est en cours après le dessalement des rizières inondées. La récolte des variétés de maïs à maturation précoce devrait avoir commencé.
Undisplayed Graphic

MALI :

Les perspectives de récolte se sont considérablement améliorées du fait des précipitations abondantes et généralisées tombées en août. Les précipitations sont restées dans l'ensemble généralisées et abondantes en août et le développement des cultures est satisfaisant. Les stades de développement varient beaucoup en raison du démarrage tardif et inégal de la saison des pluies. S'agissant du mil et du sorgho, ils vont de la levée à l'épiaison, tandis que la récolte du maïs précoce a commencé dans certaines régions et que le repiquage du riz irrigué se poursuit.

Selon les résultats de l'évaluation à mi-parcours effectuée par le Commissariat à la sécurité alimentaire, la superficie consacrée au coton a diminué d'environ 8 pour cent par rapport à l'an dernier, tandis que celle sous mil devrait considérablement progresser. Dans les régions touchées par le temps sec qui a sévi précédemment, le potentiel de rendement sera réduit et il faudra qu'il pleuve jusqu'à octobre pour couvrir l'intégralité du cycle de végétation des semis tardifs ou des réensemencements.

L'état des parcours est généralement bon. Des oiseaux granivores sont signalés dans plusieurs régions, notamment à Mopti, Tombouctou, Koulikoro et Dioila. Des infestations de sauteriaux sont signalées, en particulier dans les zones pastorales de Kayes, Ségou, Mopti et Koulikoro. Des chenilles défoliantes et des ravageurs sont aussi signalés en quelques endroits. En ce qui concerne les criquets pèlerins, la situation est calme, mais des ailés épars sont probablement présents dans le nord, et l'on s'attend à une reproduction à petite échelle.

Undisplayed Graphic

MAURITANIE :

Les perspectives préliminaires de récolte sont mitigées. Après le démarrage de la saison des pluies en juillet, les conditions de végétation des cultures ont été bonnes dans la plupart des endroits des régions de Trarza et de Brakna, où les précipitations ont été suffisantes et bien réparties. En revanche, les pluies ont été dans l'ensemble irrégulières et inférieures à la normale dans le centre-sud et dans le sud-est Ghorgol oriental, Guidimakha et les deux Hodh), où les récoltes ont souffert du temps sec et où il a fallu procéder à des réensemencements en plusieurs endroits. Le potentiel de rendement des cultures pluviales pourrait être compromis si la situation ne s'améliore pas en septembre. Des pénuries de semences sont signalées dans la plupart des régions, ce qui pourrait aussi avoir une incidence négative sur la superficie ensemencée.

L'état des parcours s'est considérablement amélioré dans les régions de Trarza et de Brakna, mais la régénération a été entravée par le temps sec dans le Ghorgol, le Guidimakha et les deux Hodh. S'agissant des criquets pèlerins, des ailés isolés sont signalés dans le centre (Tagant, nord du Brakna) et dans le sud (Trarza, les deux Hodh). Des activités de reproduction à petite échelle sont en cours et le nombre de criquets pèlerins devrait augmenter en septembre. Undisplayed Graphic

NIGER :

Les conditions de végétation sont restées favorables en août. Des précipitations bénéfiques sont tombées de la fin juillet au mois d'août et sont restées généralisées au début septembre dans les principales zones productrices. Le développement des cultures est satisfaisant. Toutefois, de violentes précipitations et des inondations ont fait un grand nombre de victimes et endommagé les cultures dans plusieurs localités, notamment à Agadez (Bilma, Tabelot, In Gall), Dosso, Tahoua, Tillabéri et Zinder. En ce qui concerne les ravageurs, des infestations d'insectes nuisibles touchent les cultures de mil de toutes les régions agricoles, et des traitements ont été entrepris. En revanche, les oiseaux granivores constitueraient une grave menace pour les cultures à Dosso, Tahoua, Tillabéri, Zinder et Diffa. La situation des criquets pèlerins est calme, mais des adultes isolés, immatures et matures, sont signalés dans les plaines du Tamesna et en certains endroits des montagnes de l'Aïr, où l'on s'attend à une reproduction à petite échelle, d'où une légère augmentation du nombre de criquets pèlerins.

En raison du démarrage difficile de la saison des pluies, les stades de développement varient beaucoup d'une région à l'autre, de la montaison à la floraison; cependant, les cultures de mil sont parvenues à maturité à Dosso, et la récolte des haricots a commencé à Maradi et Zinder. En raison de l'arrivée tardive des précipitations et de la sécheresse initiale, il faudra qu'il continue de pleuvoir jusqu'en octobre pour que les cultures parviennent à pleine maturité dans l'ensemble du pays. Avec le démarrage des moissons dans le pays, associé à l'augmentation des importations céréalières des pays côtiers voisins, la situation des approvisionnements alimentaires devrait s'améliorer et les prix sur les marchés devraient baisser. Toutefois, du fait des effets persistants de la crise alimentaire de 2005 (selon les estimations, 1,8 million de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire grave et 2,1 millions en situation d'insécurité alimentaire modérée), le PAM et le Gouvernement nigérien ont lancé le 25 août 2006 un programme de distributions ciblées destiné à 650 000 personnes. Deux cent mille personnes qui ne sont pas couvertes par ces distributions ciblées mais qui vivent dans des zones mal desservies par les marchés ruraux devraient bénéficier de la reconstitution ou de la création de banques céréalières dans les villages. Undisplayed Graphic

SÉNÉGAL :

Les perspectives de récolte se sont améliorées, grâce à l'intensification des précipitations en août.
Après des précipitations irrégulières et insuffisantes dans la plupart des endroits au début de la campagne agricole, les pluies se sont intensifiées en août dans les principales régions productrices, ce qui a permis de reconstituer les réserves d'eau des sols et d'améliorer les perspectives de récolte. Les premières pluies sont tombées en août à Matam. Les images satellite pour la fin août/le début septembre indiquent que les cultures ont continué de bénéficier des bonnes précipitations, notamment dans le sud. Toutefois, étant donné que les semis ont été retardés et qu'il a fallu réensemencer dans plusieurs régions, notamment à Kolda, Tamba, Bakel, Kaolak, Diourbel et Matam, il faudra qu'il pleuve jusqu'à la fin de la campagne pour couvrir l'intégralité du cycle de végétation des cultures et des parcours.
Undisplayed Graphic

TCHAD :

Les conditions de végétation restent globalement favorables. En août, les pluies ont été abondantes et généralisées, après les précipitations irrégulières et inférieures à la moyenne qui ont retardé les semis dans la zone sahélienne jusqu'à la mi-juillet. Toutefois, en raison du démarrage tardif et inégal de la saison des pluies, les stades de développement varient beaucoup d'une région à l'autre et sont dans l'ensemble en retard par rapport aux années normales. Dans la zone soudanaise, le mil, le sorgho et le maïs parviennent en général à maturité, tandis que le riz pluvial est au stade de la montaison. Dans la zone sahélienne, les céréales secondaires sont au stade de la montaison. Les parcours sont abondants dans tout le pays. Dans l'ensemble, la situation des ravageurs est calme. Des infestations de sauteriaux ont été signalées dans les cultures céréalières de la région de Pala.

Sur le plan de la sécurité, la situation reste instable et fluctuante dans l'est du Tchad, ce qui gêne l'accès des organismes d'aide humanitaire aux réfugiés soudanais qui se trouvent dans cette zone.

SOURCES:

Voici le troisième rapport du SMIAR sur les conditions météorologiques et l'état des cultures dans les pays sahéliens
de l'Afrique de l'Ouest en 2006.
L'aire géographique couverte par ces rapports comprend les neuf pays membres du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), à savoir Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad. Ces rapports seront établis tous les mois de juin à octobre.

Ces rapports sont établis en utilisant des données fournies par les représentations de la FAO dans les pays, le Groupe agrométéorologique et Groupe de surveillance de l'environnement (SDRN), le Groupe acridiens, migrateurs nuisibles et opérations d'urgence (ECLO), le Service des opérations d’urgence (TCEO), le Programme alimentaire mondial (PAM), ainsi que diverses organisations non gouvernementales (ONG). Pour le présent rapport ont été utilisés les données pluviométriques locales, l’imagerie satellitaire fournie par FAO/ARTEMIS, les rapports de terrain et informations communiquées par les représentants de la FAO jusqu'au 31 juillet. Les images satellites de la première décade de juin ont été également analysées pour une dernière mise à jour.

*QUELQUES DEFINITIONS

Dans ces rapports sont mentionnées quatre zones écoclimatiques qui se différencient par le niveau de leurs précipitations annuelles moyennes et leurs caractéristiques agricoles (zone sahélienne, zone soudano-sahélienne, zone soudanienne et zone guinéenne). Ces zones sont décrites ci-dessous:

Zone sahélienne : Les précipitations annuelles moyennes varient de 250 à 500 mm. C'est la zone située à la limite de la végétation pérenne; là où les précipitations sont inférieures à 350 mm, il n'y a que des pâturages et, parfois, des cultures céréalières à cycle court résistant à la sécheresse; dans cette zone, toutes les activités agricoles sont hautement aléatoires.

Zone soudano-sahélienne : Les précipitations annuelles se situent entre 500 et 900 mm. Là où elles sont inférieures à 700 mm, on pratique surtout des cultures ayant un cycle de végétation bref de 90 jours, c'est?à?dire principalement du sorgho et du mil.

Zone soudanienne : Les précipitations annuelles moyennes varient de 900 à 1 100 mm. La plupart des céréales cultivées ont un cycle de végétation de 120 jours ou plus. C'est la zone où l'on produit l'essentiel des céréales, notamment du maïs, des racines et tubercules, et des cultures de rapport.

Zone guinéenne : Les précipitations annuelles moyennes dépassent 1 100 mm. Font partie de cette zone, où il est plus facile de cultiver des racines, la Guinée-Bissau et une petite partie du Sud Burkina Faso, du Sud Mali et de l'extrême Sud du Tchad.

Il sera également question de la "Zone de convergence intertropicale", dont la trace à la surface du sol est dénommée "front intertropical". Il s'agit d'une zone quasi permanente entre deux masses d'air qui sépare les alizés de l'hémisphère Nord et ceux de l'hémisphère Sud. Elle se déplace au nord et au sud de l'Equateur et arrive généralement en juillet à sa position située le plus au nord. Sa position fixe les limites septentrionales des précipitations possibles au Sahel; les nuages de pluie se situent généralement à 150 ou 200 km au sud du front.


 See File