GRAINES OLÉAGINEUSES, HUILES ET FARINES^1/

PRIX2/

La tension qui règne sur les marchés - et par conséquent sur les prix - devrait se relâcher au cours des prochains mois

La hausse continue des prix internationaux des graines oléagineuses, des huiles et des farines, qui a commencé en 2006, s'est poursuivie au cours du premier semestre de la campagne actuelle (octobre 2007-septembre 2008). En janvier-mars 2008, période qui correspond au deuxième trimestre de la campagne 2007/08, les prix ont grimpé pour atteindre de nouveaux records: en moyenne, l'indice des prix de la FAO pour les farines/tourteaux a progressé de 29 pour cent et 70 pour cent respectivement par rapport à ses valeurs correspondantes en 2005/06. S'agissant des graines oléagineuses et des huiles/matières grasses, la progression a été encore plus marquée, avec un indice en hausse de 94 pour cent par rapport à l'an dernier et de 140 pour cent par rapport à 2006.

 

La fermeté soutenue des prix qui règne depuis le début de 2007/08 s'explique par des perspectives plus tendues en ce qui concerne l'offre et la demande mondiale d'oléagineux et de produits dérivés et par l'effet d'entraînement des marchés céréaliers mondiaux. En 2007/08, le recul de la production d'oléagineux ralentit la croissance des disponibilités mondiales d'huiles et de matières grasses, aboutissant à un effondrement sans précédent des disponibilités de farines. Associée à une nouvelle progression de la demande d’huiles et de farines pour la consommation alimentaire et l'utilisation aussi bien fourragère qu'énergétique, une forte réduction des réserves (farines oléagineuses notamment), est devenue inévitable et les rapports stocks-utilisation qui sont tombés à un niveau critique tant pour les huiles que pour les farines ont fait flamber les prix internationaux. Au cours de ces derniers mois, les prix internationaux ont été également particulièrement volatils, le marché ayant réagi vivement à l'évolution des conditions météorologiques et aux brusques ajustements commerciaux adoptés par un certain nombre de pays exportateurs et importateurs. Par ailleurs, les envolées et les variations irrégulières des prix ont perturbé la régularité et la prévisibilité des courants d'importation de pays comme la Chine et l'Inde, accentuant par conséquent l'instabilité des marchés internationaux.

 

Les prévisions actuelles pour la prochaine campagne de commercialisation indiquant une nette reprise des semis - et par conséquent de la production - d'oléagineux dans le monde en 2008/09, la production totale d'huiles et de farines serait suffisante pour répondre à la demande. Ainsi, à supposer que la croissance prévue des semis se matérialise et que les conditions météorologiques évoluent normalement, les prix des oléagineux et des produits dérivés pourraient se stabiliser, voire reculer durant le reste de la campagne et au début de 2008/09. Le marché à terme semble suivre une évolution identique : après une croissance régulière, les prix du soja à terme (contrat CBOT livrable en septembre 2008) ont amorcé une baisse en mars dernier et début mai, les contrats à terme étaient négociés à des niveaux analogues à ceux des quatre mois précédents, c'est-à-dire à environ 460 USD la tonne, soit presque 100 USD de moins que le sommet enregistré en mars. Toutefois, sachant que les augmentations de production escomptées ne permettront qu'une reprise partielle des stocks mondiaux et des rapports stocks-utilisation, les prix devraient rester nettement supérieurs aux valeurs enregistrées à la même époque l'an dernier. De fait, début mai 2008, les contrats CBOT pour le soja se sont négociés à 180 USD environ (soit plus de 60 pour cent) de plus que début mai 2007.

En outre, une chute prolongée et plus accentuée des prix est peu probable car un premier ralentissement des prix pourrait raviver la demande d'huiles végétales comme source de biocarburants (à condition que les prix des huiles minérales se maintiennent au niveau record actuel). En revanche, si quelques grands pays consommateurs décident d'ajuster leurs objectifs de consommation obligatoire de biocarburants à la baisse, un affaiblissement considérable du prix des huiles végétales pourrait s'ensuivre.

Sachant que les marchés des oléagineux risquent de rester relativement tendus, les prix devraient rester extrêmement volatils au cours des prochains mois. Toute surprise, telle que de mauvaises conditions météorologiques dans les pays de l'hémisphère Nord (qui modifieraient les intentions de semis et l'évolution des cultures) aurait des répercussions très négatives sur les cours mondiaux. Les incertitudes concernant les politiques des pouvoirs publics en matière de biocarburants et de commerce contribueront également à déstabiliser le marché.

GRAINES OLÉAGINEUSES

Le recul sans précédent de la production mondiale de graines oléagineuses est confirmé pour 2007/08

Selon les prévisions, la production mondiale de graines oléagineuses devrait chuter de 3 pour cent, essentiellement en raison du recul de la production de soja. Par rapport à 2006/07, la production de soja devrait perdre 6 pour cent, tandis que celle de graines de tournesol devrait chuter de 5 pour cent. L'augmentation prévue des volumes de colza, d'arachides, de palmiste et de coprah ne suffira pas à compenser le recul attendu pour le soja et le tournesol. La chute de la production totale d'oléagineux est en grande partie causée par la concurrence accrue des céréales, en particulier aux États-Unis, mais également en Chine et dans les pays de la CEI, et par les conditions météorologiques défavorables dans les principales régions productrices.

En ce qui concerne le soja, les superficies ensemencées ont reculé de 16 pour cent aux États-Unis, car les agriculteurs ont converti les terres à l'exploitation du maïs. Par conséquent, la production est tombée à 70 millions de tonnes, soit environ 18 pour cent de moins que la moyenne des trois dernières campagnes. De même, la production a reculé de 12 pour cent d’une année sur l’autre en Chine en raison d'une contraction des superficies et des rendements. Face à ces réductions, les exploitants de soja d'Amérique du Sud, où la récolte de la campagne 2007/08 est en cours, ont fortement augmenté les semis. Toutefois, la production globale de la région devrait augmenter de 3 pour cent seulement en raison des améliorations limitées voire nulles en termes de rendement, suite aux mauvaises conditions météorologiques. S'agissant des graines de tournesol, la chute de la production mondiale se confirme pour cette campagne, en grande partie du fait des mauvaises récoltes rentrées dans l’Union européenne, en Fédération de Russie et en Ukraine, et en dépit de la récolte record récemment rentrée en Argentine. Une légère croissance de la production mondiale de colza se confirme. La forte demande et l'envolée des prix ont stimulé une expansion des superficies consacrées au colza dans plusieurs pays (à l'exception de la Chine et de l'Inde), mais les mauvaises conditions météorologiques ont affecté les rendements dans la plupart des régions productrices. En outre, la production mondiale d’ arachides aurait progressé, essentiellement du fait des meilleurs résultats obtenus en Inde.

Tableau 5. Production mondiale des principaux oléagineux

HUILES ET MATIÈRES GRASSES3/

Les disponibilités d'huiles et de matières grasses ne devraient augmenter que modérément en 2007/08

Les estimations concernant les récoltes de la campagne 2007/08 indiquent une augmentation de la production mondiale d' huiles/matières grasses de moins de 2 pour cent, ce qui est comparable à la dernière campagne mais nettement au-dessous des gains de production observés au cours des

trois campagnes précédentes. Les huiles de palme, de palmiste, de coprah et d' arachides devraient enregistrer une progression marquée pour atteindre des volumes record, mais les pertes prononcées dans le cas du soja et de l' huile de tournesol ainsi que la stagnation de la production d' huile de colza ralentissent la croissance globale. Selon les prévisions, la production d'huile de soja devrait, à elle seule, reculer d'environ 6 pour cent pour s'établir à 36 millions de tonnes. En revanche, les perspectives concernant les huiles tropicales sont positives: l'huile de palme devrait à nouveau progresser, avec une production totale atteignant un record de 42 millions de tonnes, les résultats étant en hausse de 9 pour cent et 11 pour cent en Malaisie et en Indonésie respectivement. En ce qui concerne la Malaisie, la croissance est essentiellement soutenue par l’amélioration des rendements, tandis qu’en Indonésie, elle s'explique par l'augmentation des superficies où les cultures sont parvenues à maturité. S’agissant des disponibilités mondiales d’huiles/matières grasses (stocks d’ouverture de 2007/08 plus production), celles-ci ne devraient progresser que de 2 pour cent, contre une croissance annuelle moyenne de 5 pour cent ces dernières années.

La croissance de la consommation d’huiles/matières grasses ralentit sous l'influence de la hausse des prix

Sous l’effet des prix record, la croissance de la consommation mondiale d’huiles/matières grasses d’une année sur l’autre devrait ralentir pour s'établir à 3 pour cent en 2007/08, contre environ 5 pour cent ces dernières années. La demande moins dynamique dans les pays développés et le recul de l'utilisation non alimentaire semblent être à l'origine de cet affaiblissement. Dans l’ Union européenne, la croissance annuelle devrait atteindre 2 pour cent, contre une augmentation moyenne de 7 pour cent au cours des trois dernières campagnes, tandis qu'aux États-Unis, elle sera nulle. En revanche, l'expansion marquée de la consommation en Chine devrait se poursuivre, stimulée par une croissance forte et soutenue des revenus et de la population. Par ailleurs, en Inde et dans les autres pays d'Asie, la consommation devrait continuer d'augmenter, bien qu'à un rythme plus lent que ces dernières années, car les consommateurs doivent faire face à la hausse des prix intérieurs. L'huile de palme devrait représenter environ deux tiers de la croissance de la consommation mondiale pour cette campagne, et sa part en termes d’utilisation totale d'huile devrait passer à 26 pour cent.

Bien que l’on s’attende à une nouvelle augmentation de la consommation en biocarburants en 2007/08, le marché du biodiesel à base d’huiles végétales devrait progresser à un rythme plus lent car la flambée des prix des sources de biocarburants a réduit fortement les marges bénéficiaires dans le secteur. Dans l’ Union européenne, la réduction des incitations à l'utilisation de biocarburants dans certains pays (en particulier en Allemagne) et l'importation croissante de biodiesel en provenance d'autres continents ralentissent la demande des usines de traitement locales en huiles végétales. L'expansion de l'industrie du biodiesel dans l’Union européenne est pour l'instant au point mort et selon les rapports, les usines de biodiesel fonctionnent en sous-régime. L'utilisation d'huile de colza par les producteurs de biodiesel dans l’Union européenne devrait rester inchangée voire reculer légèrement en 2007/08. Aux États-Unis, où l'utilisation d'huile de soja pour la production de biodiesel a pratiquement doublé en 2006/07, la demande ne devrait progresser que de 5 à 6 pour cent au cours de cette campagne. Tandis que l'augmentation des prix des huiles végétales touche également l'industrie du biodiesel des pays en développement (par exemple l' Argentine et la Malaisie), les perspectives de croissance de ces pays semblent plus optimistes, car les marges bénéficiaires sont plus élevées et le biodiesel est produit tant pour le marché intérieur que pour l'exportation. À l'échelle mondiale, une nouvelle progression de l'utilisation des huiles végétales pour la production de biocarburants devrait aller de pair avec une expansion du commerce mondial du biodiesel.

Tableau 6. Aperçu général des marchés des graines oléagineux et des produits dérivés

Les stocks mondiaux d'huiles et de matières grasses devraient se contracter considérablement

Les dernières estimations pour 2007/08 confirment que la production mondiale d'huiles et de matières grasses sera nettement insuffisante pour répondre à la consommation mondiale, ce qui devrait entraîner une contraction de 10 pour cent des stocks mondiaux. Ce recul s’explique pour l’essentiel par la situation aux États-Unis, où la diminution des réserves totales d'huile de soja (réserves plus huiles contenues dans les graines entreposées) - du fait de la moindre récolte de cette campagne - est estimée à 2,1 millions de tonnes, soit la moitié des stocks d'ouverture. Des réductions importantes sont également annoncées en ce qui concerne les réserves de l' Argentine (soja et huile de soja), du Canada, de la Chine et de l' Inde (colza/huile de colza) ainsi que de l’ Union européenne et de la Fédération de Russie (graines de tournesol/huile de tournesol). En revanche, les réserves d'huile de palme de l'Asie devraient avoisiner 5 millions de tonnes, soit un gain de 16 pour cent par rapport à la campagne précédente. Dans l'ensemble, ces estimations laissent entrevoir une chute d'au moins deux points de pourcentage du rapport stocks mondiaux-utilisation, ce qui explique le raffermissent des prix des huiles végétales constaté dernièrement.

Le commerce mondial des huiles/matières grasses devrait encore progresser

En 2007/08, le volume total des expéditions d'huiles/matières grasses devrait dépasser 80 millions de tonnes (huiles/matières grasses plus huiles contenues dans les graines commercialisées), soit une augmentation proche de la moyenne d'une année sur l'autre ( 5 à 6 pour cent). L'huile de palme assurera l’essentiel de l'expansion prévue, tandis que l'huile de soja devrait jouer un rôle moins important que d'habitude. Les expéditions mondiales d'huile de tournesol devraient accuser un recul considérable, en raison du manque de disponibilités en Fédération de Russie et en Ukraine. Tandis que les échanges d'huiles végétales destinées à la production de biocarburants ne devraient guère varier, les expéditions du produit final, le biodiesel à base d'huiles végétales, semblent gagner de l'importance. On signale que l’ Union européenne pourrait importer à elle seule 1,5 million de tonnes de biodiesel en 2008.

Comme prévu, les pays en développement d’ Asie, en particulier la Chine, assureront l'essentiel de la croissance attendue des importations mondiales. En Chine, la réduction des récoltes intérieures a accentué le manque de disponibilités à l'échelle nationale, relevant les besoins d'importations de 18 pour cent (soit 2,6 millions de tonnes). Les achats effectués dans le reste de l'Asie devraient progresser d'environ 3 pour cent. Dans plusieurs pays en développement tributaires des importations, notamment l' Inde, les importations ont été freinées par les mesures prises par les pouvoirs publics pour réglementer les échanges en vue de réduire la vulnérabilité des consommateurs face à la hausse des prix. Dans l’ Union européenne, le volume des importations devrait rester identique à celui de l'an dernier, ce qui suppose qu'il faudra couvrir l'accroissement de la consommation essentiellement en puisant sur les réserves et en limitant les exportations.

 

S'agissant des exportations mondiales, la dépendance à l'égard des disponibilités d’Amérique du Sud devrait s'intensifier. On escompte des expéditions record de soja en provenance du Brésil. Celles en provenance de l' Argentine devraient également augmenter, bien que les flux commerciaux aient été récemment perturbés par les grèves déclenchées par le relèvement des taxes à l'exportation. Aux États-Unis, les exportateurs devraient être en mesure de maintenir le niveau des expéditions de l'an dernier en puisant abondamment sur les réserves de soja. En attendant, les importations d'huiles végétales du pays devraient encore progresser afin de satisfaire la demande croissante des producteurs de biodiesel. Les expéditions mondiales d'huile de tournesol devraient s'effondrer, car certains gouvernements, en Ukraine notamment, ont imposé des restrictions à l'exportation pour éviter des pénuries sur le marché intérieur. En ce qui concerne l'huile de palme, la croissance des exportations mondiales devrait s'accélérer, les expéditions en provenance d' Indonésie et de Malaisie dépassant respectivement 14 millions et 15 millions de tonnes. La part combinée de palme et de soja dans le commerce mondial (c'est-à-dire les huiles/matières grasses plus les huiles contenues dans les graines oléagineuses commercialisées) est estimée à 72 pour cent en 2007/08.

FARINES ET TOURTEAUX4/

Une chute marquée de la production de farines fait reculer les disponibilités de farines/tourteaux

Les perspectives actuellement pessimistes en ce qui concerne la production d'oléagineux en 2007/08, et en particulier le ralentissement marqué de la production de soja aux États-Unis, devraient se traduire par une chute sans précédent de 4 pour cent (9 millions de tonnes) de la production mondiale de farines/tourteaux. Le recul de la production de farine de soja qui est attendu - chiffré à 10 millions de tonnes, soit une baisse de 6 pour cent - est imputable aux États-Unis. En outre, la production de farine de tournesol pourrait accuser un net recul, tandis qu'on prévoit une avancée modeste de la plupart des autres farines/tourteaux. La chute de la production totale de farines sera concentrée en Chine et aux États-Unis et sera compensée en partie seulement par un gain de production au Brésil, en Inde et au Paraguay. La diminution des disponibilités mondiales de farines/tourteaux (production de 2007/08 plus stocks de clôture de 2006/07) se confirme, marquant une inversion par rapport aux tendances passées.

La consommation de farines et de tourteaux progresse encore, malgré la hausse record des cours mondiaux

En 2007/08, la consommation mondiale de farines (exprimée en équivalent protéines) devrait augmenter de plus de 5 pour cent (5,3 millions de tonnes). La farine de soja devrait assurer l'essentiel de la croissance prévue de la consommation mondiale. L'utilisation totale devrait encore progresser malgré des prix record, principalement parce qu’en Asie, et en particulier en Chine, la consommation de produits pour le bétail continue de se développer. La croissance de la demande mondiale de farines tient également à la pénurie mondiale exceptionnelle de céréales fourragères et à la hausse des prix qui en découle, ce qui pousse l'industrie des aliments composés pour animaux à remplacer les céréales fourragères par d'autres produits, en particulier les farines d'oléagineux. Cette situation concerne en particulier l ’Union européenne, où la consommation de farines devrait augmenter d'environ 5 pour cent.

Une forte chute des réserves de farines et de tourteaux est inévitable

En raison de la contraction marquée des disponibilités de farines, une forte réduction des stocks (de farines et de farine contenue dans les graines oléagineuses entreposées) sera nécessaire pour répondre à la demande. Selon les estimations, les réserves mondiales devraient chuter de près de 28 pour cent. Cet effondrement sans précédent concerne essentiellement les fèves de soja et leur farine, et s’applique surtout aux États-Unis, où les réserves totales devraient s'amenuiser de presque 75 pour cent après la mise sur le marché de plus de 11 millions de tonnes de fèves de soja. Ainsi, le rapport stocks mondiaux-utilisation devrait s’effondrer (passant de 18 à moins de 13 pour cent), annulant ainsi les gains enregistrés au cours des trois dernières campagnes, ce qui explique la fermeté persistante des prix internationaux des farines.

La croissance du commerce mondial des farines devrait s'accélérer

Les échanges mondiaux des farines/tourteaux (y compris l'équivalent farine des oléagineux commercialisés) devraient atteindre le volume record de 147 millions de tonnes en 2007/08, soit une augmentation de 9 pour cent d'une année sur l'autre. À l'instar des années précédentes, la hausse devrait surtout concerner les fèves et la farine de soja. En ce qui concerne les autres farines, on s'attend à une chute des expéditions de farine de tournesol. Le gros de la croissance des importations mondiales qui est escomptée devrait être le fait de l' Asie. En Chine uniquement, les achats totaux devraient augmenter d'environ 5,7 millions de tonnes, soit une hausse de plus de 20 pour cent par rapport à l'an dernier. Les mauvaises récoltes ont entraîné une réduction considérable de la production intérieure de farine, ce qui, associé à une croissance soutenue de la demande de fourrage, devrait hisser les importations totales de la Chine au niveau record de 30 millions de tonnes. Ainsi, le pays devra faire appel à des sources extérieures pour couvrir environ 60 pour cent de ses besoins en farine, ce qui marque la plus forte dépendance jamais enregistrée. D’autres acheteurs en Asie, à savoir l' Indonésie, la République de Corée et les Philippines devraient aussi intensifier leurs achats. Avec 44 millions de tonnes, l’ Union européenne devrait rester le plus gros acheteur de farine sur le marché international. L'augmentation d'une année sur l'autre, estimée à 4 pour cent, est essentiellement imputable à l'envolée des prix des céréales fourragères, ce qui encouragera les producteurs d'aliments pour animaux de l’Union européenne à utiliser davantage de farines oléagineuses.

En ce qui concerne les exportations, la mise sur le marché de fèves de soja provenant des stocks aidera les États-Unis à limiter à moins de 4 pour cent le recul de leurs expéditions de farines. Dans le même temps, la dépendance du marché mondial envers les disponibilités de l'Amérique du Sud devrait s'accentuer. Compte tenu des estimations actuelles concernant la production, les expéditions de la région augmenteront de plus de 12 millions de tonnes (16 pour cent) et les deux principaux fournisseurs seront l' Argentine et le Brésil, qui fourniront environ 6 millions et 4 millions de tonnes respectivement. Les estimations concernant les exportations de l'Argentine viennent d'être révisées à la baisse, suite à la perturbation des exportations à l'occasion des grèves survenues récemment dans le pays. Le Paraguay, qui expédie près de 6 millions de tonnes (contre environ 3 millions de tonnes deux ans auparavant), est en passe de devenir un nouveau fournisseur important dans la région. En 2007/08, près de 60 pour cent des disponibilités exportables mondiales devraient provenir de ces trois pays. Suite à des récoltes abondantes les expéditions de farines en provenance de l’ Inde devraient dépasser 6 millions de tonnes (soit une augmentation de 17 pour cent d'une année sur l'autre), les acheteurs de l'Asie préférant importer de pays proches, car les taux de fret internationaux ont considérablement augmenté.

PERSPECTIVES POUR 2008/09

Des marchés mieux équilibrés, en particulier en ce qui concerne les huiles et les matières grasses

Les agriculteurs devraient répondre à la hausse des prix persistante des oléagineux et aux perspectives de croissance continue de la demande en augmentant considérablement les superficies ensemencées en oléagineux pour la campagne commerciale 2008/09. L’expansion des superficies devrait s'appliquer essentiellement aux cultures de soja, qui devraient maintenant récupérer une grande partie des terres perdues au profit des céréales. Ainsi, après l'effondrement sans précédent de cette campagne, la production mondiale d'oléagineux pourrait grimper pour atteindre de nouveaux records, à supposer que les conditions météorologiques soient normales et les rendements moyens. Selon les premières prévisions provisoires, la production mondiale de soja pourrait dépasser 240 millions de tonnes, soit 9 à 10 pour cent de plus que pour la campagne actuelle et en hausse de 3 pour cent par rapport au précédent record enregistré en 2006/07. Les autres oléagineux, en particulier le colza, pourraient également atteindre des sommets sans précédent, tandis que l'on attend également de meilleurs résultats dans les zones où les cultures de palmiers à huile sont parvenues à maturité.

Les semis de printemps des cultures oléagineuses de 2008/09 parviendront bientôt à pleine maturité dans l'hémisphère Nord, tandis que dans l'hémisphère Sud, la nouvelle campagne de semis ne commencera que vers la fin de l'année. Selon les estimations provisoires, les semis de soja devraient augmenter de 18 pour cent aux États-Unis, essentiellement aux dépens du maïs et du coton mais également grâce à la remise en exploitation de terres arables et d'une expansion probable des doubles cultures. Ainsi, et en misant sur des conditions de végétation normales, la production du pays pourrait augmenter d'environ 14 millions de tonnes (20 pour cent) par rapport à la campagne en cours, tout en restant toutefois inférieure de 2 à 3 pour cent au niveau de 2006/07. En Chine, la production de soja est prévue en hausse de 14 pour cent environ, mais dans ce cas également, elle pourrait être inférieure au record national. En Amérique du Sud, la récolte de soja, qui sera rentrée au début 2009, devrait selon les prévisions provisoires encore augmenter de 3 à 4 pour cent (près de 5 millions de tonnes), si les conditions météorologiques restent normales. Toutefois, ces prévisions demeurent très incertaines, notamment en ce qui concerne l'impact sur la production des futurs prix des huiles minérales et des coûts de transport, le futur niveau des taxes à l'exportation en Argentine et le lancement de nouvelles initiatives - au Brésil par exemple - visant à maîtriser l'expansion actuelle des semis de soja pour des raisons environnementales .

De même, la production de graines de tournesol de l’Union européenne, de la Fédération de Russie et de l'Ukraine devrait se redresser en 2008/09, mais pas assez toutefois pour atteindre les niveaux antérieurs. La production mondiale de coton pourrait chuter, sachant qu'aux États-Unis une partie de l'expansion des superficies consacrées au soja risque de se faire au détriment de cette culture. En revanche, des récoltes record ou quasi-record de colza pourrait être rentrées au Canada, dans l’Union européenne et en Europe de l'Est. En Chine, toutefois, la production de colza ne devrait pas se redresser par rapport au faible niveau de la campagne en cours.

Dans l'ensemble, les prévisions susmentionnées suggèrent que la contraction actuelle du marché mondial des oléagineux et des produits dérivés pourrait se relâcher avec l'ouverture de la nouvelle campagne commerciale. En 2008/09, la production d'huiles et de farines devrait suffire à répondre aux besoins de consommation. Toutefois, la faiblesse des stocks de report pèsera probablement sur le marché en 2008/09. Au cours de la prochaine campagne, les réserves mondiales d'huiles/matières grasses pourraient se reconstituer entièrement, ce qui ne semble pas être le cas pour les farines. Compte tenu de la demande projetée, le rapport stocks mondiaux-utilisation devrait s'améliorer, tout en restant au-dessous des niveaux enregistrés avant le recul au cours de la présente campagne; cela est particulièrement vrai pour les farines d'oléagineux qui, étant donné la contraction du marché mondial du maïs qui persistera probablement, pourraient être encore très demandées.

Compte tenu des perspectives actuelles concernant les échanges en 2008/09, les cours des oléagineux, des huiles et des farines sur les marchés mondiaux devraient se stabiliser à peu près au niveau actuel - ou se situer légèrement au-dessous dans le cas des huiles - pour le reste de la campagne et au début de 2008/09.

1.  La quasi-totalité des oléagineux dans le monde est broyée en vue de l’obtention d’huiles et de matières grasses destinées à la consommation humaine ou à des utilisations industrielles, de même que de tourteaux et farines, ingrédients entrant dans la composition d’aliments pour animaux. L’analyse de l’état du marché porte donc moins sur les graines oléagineuses que sur les huiles et graisses de même que les tourteaux et farines. C’est ainsi que les données de production pour les huiles (tourteaux) obtenues à partir de graines d’oléagineux correspondent à l’équivalent huile (tourteaux) de la production actuelle des graines d’oléagineux utilisées, tandis que les données sur les échanges et les stocks d’huiles (tourteaux) correspondent à la somme des échanges et des stocks d’huiles et de tourteaux et à l’équivalent huile (tourteaux) des échanges et des stocks de graines d’oléagineux.

2.  Pour des détails complets sur les indices des prix et les prix, voir le tableau A24 à l’appendice.

3. La présente section analyse l’évolution prévue de la production d’huiles de toutes origines qui, outre les produits dérivés des cultures oléagineuses décrites dans la section précédente, comprennent l’huile de palme, les huiles d’origine marine ainsi que les matières grasses animales.

4.  La présente section porte sur les farines de toutes origines qui, outre les produits dérivés des cultures oléagineuses décrites dans la section précédente, comprennent la farine de poisson ainsi que les farines d’origine animale.