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MANUEL PRATIQUE POUR L'ELEVAGE DE P. MONODON EN BASSIN







SOMMAIRE


FAO MAG/88/006
Ferme pilote d'aquaculture de crevettes
Nosy Be
MADAGASCAR


PREFACE

Ce manuel décrit des techniques récentes pour l'élevage semi-intensif de P. monodon en bassin.

Ces techniques ont été développées en partie par différents centres de recherche aquacoles tels que l'IFREMER, AQUACOP, le SEAFDEC, et en partie par le projet FAO MAG/88/006 “Ferme pilote d'aquaculture de crevettes”, à Nosy Be, Madagascar.

Le texte a été préparé par O. Avalle, CTP de ce projet, et A. J. Rothuis (expert-associé), en collaboration avec les biologistes responsable de la ferme. Les illustrations ont été réalisées par L. Raharisoa.

Nosy Be, Janvier 1991


Les liens hypertextes vers d'autres sites de l'Internet ne signifient nullement que l'Organisation approuve officiellement les opinions, idées, données ou produits qui y sont présentés, qu'elle en assume la responsabilité ou qu'elle garantit la validité des informations qui s'y trouvent. Leur seul objectif est d'indiquer oú trouver un complément d'informations sur des thémes apparentés.

SOMMAIRE

1. INTRODUCTION

1.1 Objectif
1.2 Biologie de P. monodon

2. PREPARATION DU BASSIN

2.1 Analyse du fond
2.2 Préparation du fond
2.3 Installation des grilles
2.4 Remplissage
2.5 Fertilisation

3. L'ENSEMENCEMENT DES POST-LARVES

3.1 Transport
3.2 Acclimatation
3.3 Contrôle d'ensemencement

4. QUALITE D'EAU

4.1 Paramètres
4.2 Le contrôle du milieu

5. ALIMENTATION

5.1 Ration
5.2 Type d'aliment
5.3 Distribution et contrôle de la consommation

6. SUIVI DE LA BIOMASSE

6.1 Estimation du poids moyen
6.2 Estimation du nombre
6.3 Analyse des données

7. LA RECOLTE

7.1 Récolte partielle
7.2 Récolte totale
7.3 Le prétraitement
7.4 Analyse des données

8. PROBLEMES

9. REFERENCES

ANNEXE 1. La sélection d'un site

ANNEXE 2. La planification d'une ferme

ANNEXE 3. Le prégrossissement

ANNEXE 4. Liste des fournisseurs d'un aliment

1.- INTRODUCTION

1.1 - Objectif

Ce manuel a pour objectif de décrire des techniques pour l'élevage de crevette P.monodon ou “giant tiger” (voir fig. 1), en système “semi-intensif”. Cette méthode d'élevage est caractérisée par :

Ce type d'élevage se pratique dans des bassins en terre de dimensions variables (1 – 20 ha) dont l'alimentation en eau de mer est faite par pompage (fig. 2).

Les techniques pour l'élevage semi-intensif sont fiables et bien maîtrisées à l'heure actuelle.

Les rendements obtenus sont compris entre 2 et 5 tonnes par hectare et par an.

Ce manuel concerne surtout les techniques d'élevage basées sur un ensemencement direct des post-larves (P 15 ou P 20) dans les bassins de grossissement.

Les diverses annexes donnent des informations sur la sélection d'un site, la construction des bassins et la phase de prégrossissement.

Une connaissance de base sur les principes d'aquaculture est supposée.

1.2 - Biologie de P. monodon

Les adultes de P. monodon vivent en mer dans les zones d'une profondeur de 20 à 70 m (fig. 3).

La reproduction dépend surtout de la saison, des conditions climatiques (salinité et température) et également du cycle lunaire.

Après l'éclosion des oeufs (>1000000 par femelle), les larves ont une période planctonique. Au cours des 2 à 3 semaines suivant l'éclosion, les larves passent par différentes stades larvaires qui se terminent par le stade post-larve.

Fig.2.

fig.2. Les Bassins de grossissement

Ces post-larves vont alors remonter dans les estuaires et les mangroves, où elles vont rester entre 4 et 5 mois. Elles se nourrissent de petits crustacés, de moules, de vers et de détritus.

Devenus “sub-adultes”, les crevettes retournent alors vers la mer pour commencer un nouveau cycle de reproduction.

Fig.3.

Fig.3.Le cycle de vie de P. monodon

2.- PREPARATION DU BASSIN

2.1 - Analyse du fond

Avant de démarrer un nouvel élevage, une analyse de l'état du fond du bassin est nécessaire. Les paramétres principaux sont :

Le premier est déterminé par un mélange d'une petite quantité de sol avec de l'eau distillée. Après que les particules de terre aient sédimenté, le pH du liquide est mesuré. La valeur normale est approximativement 8. Un pH d'un sol acide peut être amélioré par le chaulage en utilisant une dose de 1 – 2 tonnes de chaux vive par hectare. Cela a aussi l'avantage de désinfecter le sol.

Pour les bassins neufs, un pH entre 6,5 et 7,0 peut s'améliorer pendant l'élevage par de fréquents changements d'eau.

Le fond d'un bassin doit être dur. La couche organique qui se forme sur le fond après quelques élevages (restes d'aliments, faeces, etc.) est un milieu favorable pour les bactéries pathogènes des crevettes. Aussi dans les conditions anaérobiques, la réduction des matières organiques entraîne un dégagement de gaz toxique (H2S). Une couleur noire et une mauvaise odeur sont les caractéristiques d'un sol réduit.

2.2 - Préparation du fond

Entre deux élevages, il est recommandé de faire un assec d'une dizaine de jours. Cet assec permet une oxydation de la matière organique et une élimination des prédateurs (crabes, poissons) et des organismes pathogènes. Une fois bien asséché, il est nécessaire d'aérer le sol en utilisant un équipement agricole et de le recompacter ensuite. Pour terminer, la terre sédimentée dans le caniveau de vidange doit être enlevée.

Au cas où la pente du bassin ne permet pas une vidange complète. il faut traiter l'eau qui reste avec de la roténone. Une ou deux applications à 5 ppm sont en général efficaces pour tuer les poissons. Il est à noter que ce produit perd de son efficacité dans l'eau boueuse.

Fig.4.

Fig.4. Le moine d'entreé, vue laterale (a.grilles, b.batardaux)

Fig.5.

Fig.5. Le moine dentreé, vue supérieur (a.grille, b.batardaux, c.grille maille 1cm, d.canal d'alimentation)

2.3 - Installation des grilles

Pour éviter l'entrée des prédateurs et compétiteurs au remplissage du bassin ou une fuite des crevettes au cours d'un changement d'eau, des moines d'entrée et de vidange sont équipés de grilles (fig. 4, 5, 11). Du début d'élevage et jusqu'à un poids moyen de 2 g, on utilise une maille de 700 microns posée sur des supports type filet en plastique “Netlon” 0.5 cm (fig. 6). Plus tard cette maille est enlevée et les deux grilles de “Netlon” restent jusqu' au moment de la pêche.

2.4 - Remplissage

Le remplissage du bassin se fait au minimum une semaine avant l'ensemencement afin de développer la production planctonique. Le moine de vidange est fermé avec de la terre placée entre les batardeaux. Pendant le remplissage, les grilles d'entrée d'eau doivent être nettoyées et contrôlées en continu.

2.5 - Fertilisation

Le but de la fertilisation est de développer la production naturelle du bassin par l'augmentation de la densité planctonique et d'organismes consommables par les crevettes (zooplancton, organismes bentiques, petits crustaces, etc. ) Ceci est particulièrement important au début d'élevage lorsque la biomasse de crevettes est réduite. Cette production naturelle joue un rôle très important dans le systeme semi-intensif.

On distingue deux types de fertilisation :

Les engrais organiques (“chicken manure”) sont utilisés directement par les crustacés où ils suivent le cycle de la destruction et minéralisation bactérienne. Mais l'action est lente et la quantité nécessaire d'engrais est importante (1.000 – 2.000 kg/ha).

Fig.6.

Fig.6- Nettoyage des grilles avant Lamisse en place (a. grille netlon 0,5 cm, b.grille maille 0,7 mm)

Les engrais inorganiques ont une action plus rapide. L'azote et le phosphate favorisent la production primaire (algues). La dose et le temps nécessaires pour démarrer le “bloom” de phytoplanction dépendent de la richesse de l'eau, du sol et de l'évolution du milieu de culture. On recommande une dose initiale de 12 kg d'urea et de 4 kg de triple superphosphate par hectare. Le superphosphate doit être bien dissous pour éviter un blocage de son activite au contact du sol. La distribution dans les bassins de plus d'un hectare se fait par bateau. Une autre possibilité est de mettre l'engrais dans un sac perméable à l'entrée d'eau.

Fig.7.

Fig.7. Exclimatation des post-larves on reservoir

3.- L'ENSEMENCEMENT DES POST LARVES

3.1 - Transport

Le transfert des post-larves de l'écloserie aux bassins doit se faire avec beaucoup de précaution.

Si l'écloserie est prés de la ferme, le transport est normalement fait dans des réservoirs en plastique ou en fibre de verre, équipés d'aération et/ou d'oxygène. la densité est de 500 – 1.000 PL20/l (ou 2.000 – 4.000 PL5/l).

Si le transport est plus long, des sacs en double plastique de 20 à 40 l sont utilisés. Les sacs remplis de 4 à 10 l d'eau et gonflés à l'oxygène, sont placés dans des boîtes isothermiques. La densité est de 200 à 500 PL20/l (ou 1.000 – 2.000 PL5/l). Pour diminuer l'activité respiratoire de post-larves, la température de l'eau est abaissée à 20 – 24 ° C.

3.2 - Acclimatation

L'ensemencement des post-larves dans les bassins représente un changement assez grand des conditions d'élevage. Une acclimatation au nouveau milieu est nécessaire pour limiter le stress dû aux différences de température et de salinité. Le méthode d'acclimatation dépend du moyen de transport utilisé.

a) - Réservoir

Videz la moitié d'eau et la remplacez lentement par l'eau du bassin (fig. 7). Une différence de 2 à 3°C peut être compensée en une heure. Pendant l'acclimatation, il convient de bien nourrir les post-larves en Artemia pour empêcher le cannibalisme. Quand la température et la salinité sont identiques, les crevettes sont ensemencées par vidange du réservoir.

b) - Sac en plastique

Si la différence de température est trés faible, laissez flotter les sacs dans le bassin. Vérifiez surtout la différence de salinité ; si elle est de plus de 5 ppt, il faut alors transférer les post-larves dans un réservoir et acclimater les animaux en procédant comme au paragraphe précédent.

Fig.8.

Fig. 8 Coge de survie

3.3 - Contrôle d'ensemencement

L'utilisation d'une “cage de survie” est une méthode simple pour contrôler le succès d'un ensemencement (fig. 8). Une cage flottante en netlon, équipée d'une maille de 500 microns, est fixée dans le bassin, au niveau du moine de vidange. Cent post-larves acclimatées sont mises dans la cage. Après 24 heures on compte les crevettes vivantes. Si la mortalité est supérieur à 5 %, une quantité équivalente de post-larves est réensemencée le lendemain.

Fig.9.

Fig. 9. Les instruments de mesure pour le controle de la qualite d'eau (a. oxymetre, b. salinometre, c. thermometre, d.disque de secchi)

4 - QUALITE D'EAU

4.1 - Paramètres

Le diagnostic du milieu d'élevage se fait par la mesure de plusieurs paramètres (fig. 9):

On mesure l'oxygène et la température le matin entre 5 – 6 heures. Le soir, entre 15 – 17 heures on relève l'oxygène, la température, le secchi et la salinité. Le pH est mesuré 2 – 3 fois par semaine. La couleur (verte, brune) et l'aspect (transparence, turbité) de l'eau sont également observés. Les données sont notées sur une fiche (fig. 10).

Un contrôle hebdomadaire de l'ammoniaque, des nitrites et des nitrates peut être utile en fin d'élevage, quand la biomasse est élevée (>200 g/m2).

ParamètresToléranceOptimum
Température (° C)25 – 3429
Oxygéne (ppm)3saturation
Secchi (cm) 35 – 50
Salinité (ppt)5 – 4020
pH7,0 – 8,88,2
Ammoniaque (mg NH3-N/1)0,30
Nitrite (mg NO2-N/1)60
Nitrate (mg NO3-N/1)2000

4.2 Le contrôle du milieu

Les paramètres physico-chimiques ont une relation directe avec le développement du phytoplancton, zooplancton et macro faunes dans le bassin. La productivité naturelle est elle-même dépendante de l'augmentation de la biomasse de crevettes (excrétion), de la décomposition de l'aliment, ainsi que de la minéralisation progressive du substrat. Le contrôle du milieu se fait par les changements d'eau, la fertilisation et la quantité d'aliments.

FERME PILOTE DE MOSY-BE     
  FICHE DE SUIVI QUOTIDIEN METEO 
DATE:MATINSOLEILMUAGEUXPLUIEORAGE

BASSINSA L I M E N T A T I O NOBSERVATIONSP A R A K E T R E S
 NATURERATION
(kg)
R E S T EBASSINANIMAUXOXYGENE
(mg/I)
STEMP
(°C)
SECCHI
(ca)
PHHAUT
(ca)
DEBIT
(%/j)
BM            
B6            
B5            
B4            
B3            
B2            
B1            
BG            

SOIRSOLEILNUAGEUXPLUTEORAGE

BASSINSA L I M E N T A T I O NOBSERVATIONSP A R A K E T R E S
 NATURERATION
(kg)
R E S T EBASSINANIMAUXOXYGENE
(mg/l)
STEMP
(°C)
SECCHI
(ca)
PHHAUT
(ca)
DEBIT
(%/j)
BM            
B6            
B5            
B4            
B3            
B2            
B1            
BG            

Fig 10. Fiche de bassin


Fig.11

Fig.11 Hcoine de vidange : sortie d'eau par le found (a. canal d'evacvation, b.bassin)

Fig.12.

Fig. 12. Le calcul du débit au niveau du moine d'entreé ( a canal d'alimentation, b.bassin)

Les changements d'eau sont fonction de la biomasse des crevettes.

Biomasse (gr/m2)Changement d'eau (%/jour)
<20
2 – 102
10 – 204
20 – 406
40 – 608
60 – 8012
80 – 10015
100 – 12020
120 – 14025
>140>25

Il est possible de réaliser des changements d'eau séquentiels, par exemple 30 % une fois par semaine ou de maintenir une arrivée d'eau en continu, ou une combinaison des deux. Un changement d'eau séquentiel se fait par une vidange partielle (sortie d'eau par le fond) suivie d'un remplissage au même niveau (fig. 11).

Le calcul du débit en continu se fait par des mesures au niveau des batardeaux du moine d'entrée (fig. 12).

La formule pour calculer le débit est :

Q = μ * (2*g)½ * L * H3/2 (déversoir à seuil mince avec !contraction latérale)

Pour les bassins:

Q = 1,705 * L * H3/2 avecQ =débit en m3/sec
 L =longueur de la section de passage d'eau (m)
 H =hauteur de la lame d'eau (m)

Après une forte pluie, il peut y avoir un phénomène de stratification de l'eau. L'eau déssalée de surface cause un réchauffement de l'eau du fond et aussi une diminution d'oxygène. Si la différence de salinité entre la surface et le fond est plus de 5 ppt, une évacuation de l'eau de surface (5 – 10 cm) est nécessaire (fig. 13).

Fig.13.

Fig 13. Moine de vidange : sortie d'cou de surface (o. conol d'evocution, b.bassin)

Pour maintenir une population d'algues suffisantes (secchi entre 35 – 50 cm), il faut fertiliser les bassins régulièrement, surtout en début d'élevage quand l'apport d'aliment composé est encore faible. La quantité d'engrais totale comme la fréquence d'application dépendent du site. Il est préférable de commencer avec plusieurs applications d'une petite dose, par exemple 6 kg d'urea et 2 kg de triple superphosphate par hectare et par semaine.

Avec les engrais organiques, on peut utiliser une dose de 300 – 500 kg/ha.

5.- ALIMENTATION

5.1 - Ration

La quantité d'aliment nécessaire pour avoir une bonne croissance, sans polluer le bassin, est fonction de la densité et du poids des crevettes, puis de la production naturelle du bassin, de la qualité de l'aliment et des facteurs physiques (température, salinité et oxygène).

Le tableau suivant donne un exemple pour P. monodon dans un système semi-intensif.

Poids de crevettes (g)% de la biomasse à distribuer par jour
112
310
58
86
104
143–4
182–2.5
>182

La méthode pour estimer la biomasse est décrite dans le chapitre 6.

5.2 - Type d'aliment

Plusieurs sociétés produisent un aliment composé pour P. monodon (liste en annexe 4). Le taux de protéines doit être de 35 à 40 %, lipides 5–7 % et la stabilité du granulé dans l'eau, de 2 heures au minimum. Le tableau ci-dessous donne un exemple pour la composition d'un aliment.

Ingrédient%
céréales35
tourtaux *)15
farine de poisson47
complexe mineraux/vitaminiques3

*) arachide, coton, soja


Fig.14.

Fig.14.Distribution de l'aliment le matin

Fig.15.

Fig.15.Distribution de l'aliment le soir

En général, l'aliment est disponible sous différentes formes, en particules d'un diamètre de 0,1 – 1,5 mm pour le prégrossissement (“starters”) et granulés d'un diamètre de 2 – 3 mm et d'une longueur de 3 – 7 mm pour le grossissement (“growers”).

5.3 - Distribution et contrôle de la consommation

D'une façon générale, la ration d'aliment est fractionnée en deux distributions, 40 % le matin (entre 6 – 9 h) et 60 % le soir (17 – 19 h). Pour des quantités plus importantes d'aliment, il est préférable de faire plusieurs distributions de l'aliment par les crevettes.

La distribution, dans les bassins de moins d'un hectare se fait à partir des digues, pour les bassins plus grands, par bateau. Des piquets plantés dans le bassin indique le parcours à suivre pour bien répartir l'aliment sur l'ensemble de la surface (fig. 14, 15).

Le contrôle de la consommation d'aliment par les crevettes, se fait en utilisant des mangeoires qui sont faites d'un cadre en bois (1 × 0,5 m) équipé d'une maille de 1 mm. A chaque distribution, une petite quantité de granulés est mise dans la mangeoire et après 15 – 30 minutes, la consommation est vérifiée. Dans les bassins de plus d'un hectare 4 – 8 mangeoires sont nécessaires (fig. 16).

La deuxième méthode est la vérification par plongée Une à deux fois par semaine, 2 heures après la distribution d'aliment, une partie du fond du bassin est inspecteé en notant les restes d'aliment et l'état du fond (sol réduit).

La troisième méthode est l'observation directe des crevettes. Si les animaux tournent ou sont visibles sur les bordures des bassins pendant la journée, c'est une indication que la quantité d'aliment est insuffisante.

Sur la base de ces trois méthodes et sur l'estimation de l'indice de conversion (chapitre 6), on peut adapter ou corriger la ration d'aliment.

Fig.16.

Fig.16. Une mangeoire

6.- SUIVI DE LA BIOMASSE

6.1 - Estimation du poids moyen

Une série d'échantillonnages permet de suivre la croissance des crevettes et de les observer (aspect général, couleur, maladies). La fréquence de l'échantillonnage est de l'ordre de 7 à 10 jours.

Suivant la taille des animaux on utilise différents types de filets :

Il est nécessaire de réaliser les échantillonnages en plusieurs endroits du bassin car la répartition des crevettes est souvent hétérogène. Le nombre minimal est d'environ 100 animaux par échantillonnage.

Les crevettes d'un poids inférieur à l g sont pesées à sec sur une balance de laboratoire. Les animaux plus grands sont pesées égouttés, sur une balance de terrain.

Toutes les données sont relevées sur une fiche d'échantillonnage (fig. 17)

6.2 - Estimation du nombre

Cette estimation, avec le poids moyen, permet de calculer la biomasse totale, ce qui est indispensable pour bien évaluer la ration alimentaire.

Au début de l'élevage, le nombre de crevettes ensemencées doit être connu avec précision.

Semaine après l'ensemencementMortalité (%)
15
410
81
91
101

Ensuite on évalue la mortalité en suivant le tableau ci-dessus, On estime la mortalité à 15% au cours des quatre semaines après l'ensemencement, à ce moment correspond le début de l'alimentation. A partir de la 8ème semaine on estime la mortalité hebdomadaire à 1 %, et a partir de la 16ème semaine à 0.5 %.

FICHE D'ECHANTILLONNAGE

Date:

Bassin No
Elevage No
Espèce
     
Nombre
Poids totale (g)
Poids moyenne (g)
Observations
     

Fig. 17 - Fiche d'échantillonnage

Une mortalité des post-larves peut être induite par plusieurs facteurs :

Mais, après plusieurs cycles d'élevages, l'expérience de l'éleveur permet en partie d'éviter ces différentes causes de mortalité.

Afin d'évaluer la quantité de crevettes restant dans un bassin après plusieurs mois d'élevages, on peut utiliser la technique de dénombrement à l'épervier.

Avec un filet épervier dont la surface développée est connue, on peut estimer le nombre de crevettes d'un bassin en multipliant la moyenne des captures ( au minimum 20 lancers par bassin ) par la surface totale du bassin.

6.3 - Analyse des données

Après chaque échantillonnage, on calcule les paramètres suivants :

GROSSISSEMENT P.MONODON
ELEVAGE EXTENSIF ET SEMI-INTENSIF

Fig.18.

Fig.18 - Courbe de croissance

L'indice de conversion pour une période déterminée donne une indication importante pour évaluer la ration alimentaire. En général, cet indice ne doit pas dépasser 2. Si cet indice dépasse 2, la ration doit être diminué de quelques pourcents.

Les courbes de croissance permettent de visualiser l'augmentation du poids moyen et de comparer les données avec des élevages précédents (fig. 18).

Fig.19.

Fig. 19 - Dispositif pour la recolte totale des crevettes (a. moine de vindange, b. canal d'évocuation.)

7.- LA RECOLTE

7.1 - Récolte partielle

Une récolte partielle peut avoir 2 objectifs :

  1. éliminer du bassin les animaux dont le poids moyen est nettement supérieur à la moyenne des autres :
  2. faire une pré-récolte dans le cas de grand bassin ou la biomasse totale à la pêche dépasse les capacités de traitement de l'unité de conditionnement.

Elle se fait par l'intermédiaire d'engins de pêche fixes disposés dans le bassin pendant quelques jours, ou par chalut tracté. La maille est en rapport avec la taille de sélection désirée.

7.2 - Récolte totale

Une récolte totale se fait par vidange du bassin et concentration des crevettes dans un filet à l'extérieur du moine de sortie, dans le canal d'évacuation (fig. 19). La préparation du bassin et du matériel de pêche commence deux jours avant la date la pêche.

  1. Arrêt d'alimentation des crevettes
  2. Mise en place du matériel
  3. Préparation de l'unité de prétraitement
  4. Fermeture des moines d'entrée d'eau avec de la terre
  5. Enlèvement des grilles d'entrée
  6. Début de vidange du bassin

Le vidange doit être faite lentement afin que les crevettes se concentrent lentement devant le moine de vidange. Si le niveau est suffisamment bas, les grilles de sortie sont enlevées et les crevettes descendent dans le filet. L'opération de pêche doit être terminée au plus tard 2 heures après le lever du soleil. Ceci garantit une meilleure qualité du produit en évitant les risques d'échauffement des crevettes dans le bassin et au cours du transport jusqu'au bâtiment de prétraitement.

Fig.20.

Fig.20-Le prétraitement des crevettes

(a - bac de glace, b- bac de metabisalfite
c - table de trie, d- panier de transport
e - balance)

7.3 - Le prétraitement

Le prétraitement des crevettes (fig. 20) consiste en :

7.4 - Analyse des données

A la fin d'un élevage, on calcule la production (en kg par hectare et par an) et l'indice de conversion. Les données sont enregistrées sur une fiche synthétique (fig. 21).

ELEV.NoBASSIN NoSURFACEALIMENT
89/2B44690PRESIDENT

ENSEMENCEMENTESP.DATEAGENoPOIDS M.(G)POIDS T. (KG)No ELEV.LARVAIRE
 P.MONO03/07/8920750000.0060.4589/03/M
 P.MONO04/07/892145000.0050.02 


PECHEP.MONO14/10/8912331813.534.3
 P.MONO31/10/89140173814.525.2
 P.MONO24/11/891646063820.71255


DENSITE INI. (No/M2)15.99
CHARGE INI. (G/M2)0.10
DENSITE FIN.13.37
CHARGE FIN.273.88
SURVIE (I)83.59
DUREE(J)146.00
CROISSANCE(IBM/J)5.58
RENDEMENT(KG/HA/AN)6847.01
  
ALIM. TOTAL(KG)2282.10
IND. CONVERSION1.78
  
FERTILISANT (KG) 
UREA14.00
TSP4.00

PARAMETRESMINMAXMOYENNE
OXY. MATIN (PPM)2.68.25.4
OXY. SOIR2.810.97.8
TEMP. MATIN (°C)222826
TEMP. SOIR263128.5
SECCHI (CM)2014050.2
PH7.058.267.7
SALINITE (PPT)314036.9

Fig.21 - Fiche synthétique d'un élevage

8.- PROBLEMES

L'observation quotidienne de tous les bassins est le seul moyen pour éviter les problèmes.

Les maladies des crevettes ont souvent leur origine dûe à une dègradation du milieu : suralimentation, surfertilisation, changements d'eau insuffisants, intervalle trop court entre deux élevages, utilisation d'un aliment de mauvaise qualité, etc…

Une bonne vérification de la qualité d'eau, de l'etat du fond et de l'état des crevettes, doit être faite régulièrement.

* Plonger dans les bassins pour contrôler l'activité des crevettes, les mues, les restes d'aliments, les mortes…

* Observation des crevettes à chaque échantillonnage :

Au cas où une maladie ou un arrêt de croissance est signalé sur un bassin, le seul remède d'urgence consistera à un changement d'eau total pendant quelques jours.

Si une maladie infectieuse est constatée, il est préférable d'arrêter l'alimentation et la fertilisation. Les traitements directs du bassin (vert malachite, formaline, CuSO4) ne sont pas réellement efficaces et techniquement possibles sur des grandes surfaces. On utilise plutôt des granulés avec un antibiotique. Mais ce traitement est souvent trop coûteux. Alors, la seule alternative qui reste sera une récolte totale.

9.- REFERENCES

  1. Etude de développement de l'aquaculture de crevettes sur la côte nord ouest de Madagascar.
    Sous étude 4 : Etude de faisabilité d'une ferme d'élevage de crevettes. Document FAO MAG/86/006, par consultant France-Aquaculture, 1988.

  2. Manuel de engorde. Document B/PG/87–51 par France Aquaculture, 1987.

  3. Planning, design and construction of a coastal fish farm. Document FAO FIR/AQ/Conf/76/E.68 par Y.A. Tang. 1977.

  4. Site selection for shrimp farming development. Document FAO RAS/84/016 par K. Mintardjo, 1988.

  5. Plan de développement de l'aquaculture de crevettes à Madagascar, phase 1, sélection de sites, techniques et espèces, identification des contraintes et ébauche de stratégie de développement. Document FAO MAG/0053 par France Aquaculture, 1990

  6. Manual on pond culture of Penaeid Shrimp. Document FAO ASEAN 77/SMR/CAL 3, 1978.

  7. Des divers rapports sur le grossissement par le projet FAO MAG/88/006, ferme pilote d'aquaculture de crevettes, 1990.

ANNEXE 1 - LA SELECTION D'UN SITE

Le choix d'un site convenant pour un élevage de crevettes en filière semi-intensive, tiendra compte des considérations ci-après :

a) Les conditions climatiques

b) Les caractéristiques de l'eau

c) Le terrain et les sols

La zone préférentielle pour l'élevage semi-intensif est la zone supralittorale située en arrière de la mangrove. L'exploitation de ces zones évite la destruction de la forêt de palétuviers (écosystème important pour les stocks de poissons et de crustacés).

d) Les conditions socio-économiques

Fig. 22

Fig. 22- Plan d'une Ferme Industrielle

ANNEXE 2 - LA PLANIFICATION D'UNE FERME

Une ferme pour l'élevage des crevettes se compose de :

En général les bassins sont disposés de la facon illustrée sur la fig. 22. La superficie des bassins de prégrossissement correspond à 10% environ de la superficie des bassins de grossissement.

A - La station de pompage

Le calcul pour dimensionner la capacité de la station de pompage se fait en deux étapes :

  1. Volume nécessaire pour le renouvellement d'eau quotidien des bassins de grossissement.

    Hypothèses : Taux de renouvellement moyen par jour : 10 % Durée de grossissement : 5 mois

    Durée d'assec : 0,5 mois après la récolte

    Nombre de récoltes par an : 12/5,5 = 2,2

    Durée d'occupation des bassins : 5 × 2, 2 = 11 mois

    H : hauteur d'eau moyenne dans un bassin (m)

    S : superficie d'eau (m2)

    V : volume d'eau = H × S (m3)

    N : nombre de bassins

    NA : nombre de mois d'activité des bassins = N × 11 mois-bassins

    Q1 = (N × 11)/12 × V × 0,10 (m3/jour)

  2. Volume nécessaire pour le remplissage

    Hypothèse : Taux de remplissage : 33 %/jour/bassin

    Q2 = (2,2 × N × 3)/365 × V × 0,33 (m3/jour)

    Le débit total Qt = Q1 + Q2 (m3/jour)

    T : temps de pompage par jour (heures) suivant la hauteur de la mer

La capacité des pompes doit être de : Qt/T (m3/h)

De la même facon, il est possible de calculer le débit pour les bassins de prégrossissement. La station de pompage comprend un simple bâtiment pour abriter les pompes et les moteurs. Les pompes sont en général de type centrifuge à moteur diesel et réducteur pour un fonctionnement à faible vitesse de rotation.

B - Le canal d'alimentation

Le canal d'alimentation est dimensionné pour assurer le débit calculé au chapitre précédent. En augmentant son volume il peut agir comme un bassin réservoir, utilisé pendant les heures de basse mer où la station de pompage ne fonctionne plus.

C - Les bassins

Les principales caractéristiques sont :

D - Les bâtiments

En fonction de la taille de la ferme et des conditions d'implantation, les bâtiments comprennent:

pregrossissement P.monodon
densite final 31/M2

Fig.23.

Fig. 23 - Courbe de croissance (prégrossissement)

ANNEXE 3 - LE PREGROSSISSEMENT

Il consiste à prégrossir des post-larves en systéme intensif dans des bassins en terre ayant une superficie de 0.5 à 1 hectare. Les juvéniles sont alors transférés dans les bassins de grossissement.

Cette technique présente l'avantage de réduire le temps d'occupation des bassins de grossissement (augmentation du nombre de cycles par an), d'augmenter le taux de survie par un contrôle rigoureux de l'état du fond et de l'entrée d'eau, et de bien connaître la biomasse le jour de l'ensemencement du bassin de grossissement.

Suivant la température, la salinité et la densité, le prégrossissement prend 6–8 semaines (fig. 23). La densité initiale est de 30–40 PL10 - PL 15/m2. Le taux de survie est d'environ 80 - 90 %.

La préparation du bassin, l'ensemencement, l'alimentation, la fertilisation et la récolte sont presque identiques à un grossissement. De par la forte densité des post-larves, l'alimentation commence 1 à 2 semaines après l'ensemencement.

Poids (g)ration (% biomasse/jour)diamètre granulé (mm)
0.01300.3 PL feed
0.01 – 0.125 – 200.5 – 1.0 "
0.1 – 0.520 – 151 – 2 Starter
0.5 – 1.015 – 121 – 2 "
1 – 210>2 Grower

Le transfert de juvéniles dans le bassin de grossissement se fait dans des casiers immergés dans un grand réservoir d'eau de mer, alimentés avec de l'air ou de l'oxygène. Ce réservoir est installé sur une voiture ou une remorque tractèe.

Normalement, les conditions dans les bassins de prégrossissement et de grossissement étant identiques, une acclimation avant l'ensemencement n'est pas nécessaire.

ANNEXE 4

Liste des fournisseurs d'un aliment composé pour l'élevage de P. monodon.

AFRIQUELIVESTOCK FEED Ltd
Claude Delaitre road
Guibies
ILE MAURICE
ASIEGOLD COIN Ltd
PO Box 1849
SINGAPORE 9036
SAN MIGUEL CORPORATION
6766 Ayala Avenue
Makati
Metro Manila
PHILIPPINES
PRESIDENT ENTERPRISES CORP.
2 - 20 Yan Harng
Yeong Kang
Tainan
TAIWAN
CP (Charoen Phokphand Feedmill Co. Ltd)
36, Soi Yenchit
Chand Road
Bangkok
THAILANDE
EUROPEAQUALIM
B.P. 1
Z.I. de Mersac
16440 ROULLET ST ESTEPHE
FRANCE
HENDRIX S.P.A.
37060 Mozzecane
VERONA
ITALIE
TROUW & Co. Bv. INTERNATIONAL
Boxmeer
PAYS BAS
U.S.A.RANGEN INC.
PO Box 706
Buhl
IDAHO 83316
U.S.A.

Cette liste n'est pas exhaustive et ne donne que les adresses de fabricants ayant une réputation internationale.

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