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ANNEXE VII (Suite.)

EXPOSE II - 3

LES POTENTIALITES EN AQUACULTURE MARINE ET CONTINENTALE

Par

RAZAFITSEHENO G.
Chef de Service Aquaculture (DPA)

1. INTRODUCTION

A Madagascar, la pratique de l'aquaculture date d'environ une cinquantaine d'années et consiste plus particulièrement en l'élevage de poissons dans les étangs et les rizières.

Cette pratique est relativement récente si on tient compte de son évolution dans beaucoup de régions du monde, notamment dans les pays asiatiques et européens qui ont une longue tradition aquacole. Un bon exemple à ce titre est la Chine qui a une tradition vieille de plus de 3000 ans. Les techniques utilisées n'y ont cessé d'évoluer dans les formes de production les plus diversifiées.

A Madagascar, l'aquaculture est encore très peu développée, c'est d'ailleurs le cas dans les autres pays africains. L'aquaculture côtière est toutjuste à ses phases d'installation tandis que la pisciculture en eau douce reste toujours au stade familial.

2. SITUATION ET DEVELOPPEMENT

2.1 Aquaculture en eau douce

Jusqu'à présent c'est l'élevage de poisson en étangs et en rizières qui est le plus connu et habituellement pratiqué. Avant 1950, la pisciculture était très limitée à l'échelle nationale et ne concernait que quelque 8000 paysans.

Elle a pris de l'extension après l'introduction des diverses espèces de Tilapia au début des années 1950. En 1956, année de mise en place du secteur du Paysannat qui avait parmi ses attributions l'encouragement de la pisciculture, il existait 23.296 étangs familiaux recensés dont 19.657 dans le Faritany de Fianarantsoa, 3504 dans le Faritany d'Antananarivo, 86 dans le Faritany de Toamasina, 29 dans le Faritany de Toliara et 20 dans le Faritany de Mahajanga qui englobait dans le temps l'actuel Faritany d'Antsiranana.

A partir de 1956, des centres de production d'alevins et des stations d'alevinage ont été créés dans tous les Faritany et des moniteurs ont été formés. Une propagande intense a suscité l'enthousiasme de la population pour la pisciculture. Quelques petites entreprises piscicoles commerciales ont commencé à voir le jour dans les environs de la capitale. Parallèlement à ces actions, 30.000 exemplaires de fiche technique “Ny fiompiana Tilapia”, (l'élevage de Tilapia) ont été distribués aux membres des groupements de collectivités. La pisciculture s'est tellement développée qu'en 1962, on a recensé près de 85.000 étangs de pisciculture familiale dont 65% localisés dans le Faritany de Fianarantsoa et 25% dans celui d'Antananarivo.

Malheureusement, ces efforts n'ont pas été maintenus et soutenus et dès 1964, on a noté une nette régression les centres d'alevinage créés dans les provinces sont devenus inopérationnels faute de moyens financiers et de motivation et bon nombre d'étangs familiaux ont été abondonnés pour manque d'alevins.

Pour remédier à la situation, un projet de développement de la pêche continentale et de la pisciculture a été préparé dès 1974. C'est un projet PNUD/FAO/Couvernement (MAC/76/002) qui, en matière d'aquaculture avait comme objectif principal l'amélioration de la production d'alevins. Puis deux autres projets analogues se sont succédés après ce premier (MAC/82/014 “Vulgarisation de la pisciculture et développement de la pêche continentale” et MAC/88/005 “Promotion de l'aquaculture et privatisation de la production d'alevins” ; la réalisation au cours de ces deux projets sont traitées dans un chapitre à part).

Les actions ne se limitent pas seulement à l'amélioration de la production d'alevins, mais également à la motivation et à l'encadrement des paysans et à l'installation des premiers paysans producteurs d'alevins. Une dizaine de petits centres est opérationnelle depuis le début de la campagne 1989–90 dans la région du Vakinankaratra.

Un autre projet d'assistance (projet intégré MAC/86/005) travaille en parallèle avec le projet MAC/88/005 dans la région d'Itasy.

Actuellement, les actions de vulgarisation piscicole couvrent plusieurs Fivondronana des Faritany d'Antananarivo et de Fianarantsoa.

Les résultats de cession d'alevins ci-après font état d'une amélioration progressive de la situation :

CampagneAlevins cédésPaysans encadrés
1985–86198.8282110
1986–87420.4864480
1987–88522.0007100
1988–89730.0009250
1989–901.313.69911020

2.2 Aquaculture côtière

Les actions dans ce domaine sont encore très limitées et réalisées à titre expérimental.

2.2.1 Projet MAC/76/002 “Développement de la pêche continentale et de l'aquaculture”

2.2.2 Projet MAC/88/006 “Ferme pilote d'aquaculture de crevettes à Nosy-Be”

Actuellement, 7 demandes d'aquaculture de crevettes ont déjà reçu l'accord de principe du Ministère.

2.2.3 Sur financement local FNDE

3. POTENTIALITES AQUACOLES

3.1 Généralités

Le rappel des situations des activités aquacoles décrites précédemment permet de mettre en relief les possibilités de développement de l'aquaculture à Madagascar.

Par le présent chapitre, nous essayons de dégager les potentialités aquacoles existantes sur l'ensemble du territoire national.

Il importe de souligner qu'à part la prospection des sites aquacoles effectuée en 1987 dans le cadre du projet MAC/86/006 “Développement de l'aquaculture de crevettes sur la côte nord-ouest de Madagascar”, il n'y a pas eu d'études ponctuelles et récentes réalisées.

Aussi, mises à part les données sur la superfice des rizières aménageables sur les sites identifiés le long de la côte nord-ouest, celles qui figurent dans le présent document sont des estimations recueillies dans de différentes bibliographies.

Données hydrographiques et halieutiques

Pour une superficie de 596.000 km2, Madagascar dispose de :

3.2 Aquaculture en eau douce

La pratique de la pisciculture en général rentre dans la tradition aquacole des paysans malagasy. La rizipisciculture est assez développée dans les régions des Hauts-Plateaux. Elle commence à regagner l'enthousiasme des habitants des autres Faritany, notamment ceux des plaines rizicoles comme l'Alaotra, Bezaha (Toliara) et Andapa (Antsiranana).

C'est une constatation qui prouve que la pratique de la pisciculture est possible dans bien de régions. La présence des mêmes espèces piscicoles d'élevage (carpe, tilapia, cyprin doré…) dans presque toute l'île et le climat qui se prête toute l'année à cette spéculation sont entre autres, des atouts au développement de l'aquaculture à Madagascar. Il faut noter également dans cette même vision l'existence et la disponibilité :

3.2.1 Potentialités aquacoles

3.2.1.1 Rizipisciculture

Le service des statistiques agricoles fait état de l'existence de 930.000 ha de rizières en 1989 dont :

Le tiers de l'ensemble de cette superficie, soit 300.000 ha peut être aménagé par la rizipisciculture.

Le tableau ci-après fait état de répartition de ces surfaces rizicoles et des principales régions favorables pouvant faire l'objet d'une première action de vulgarisation rizipiscicole.

Répartition des surfaces rizicoles à MADAGASCAR

 Superficie des rizières (ha)Principales régions
Faritany1e saison2e saisonFivondronanaSuperficie (ha)
ANTSIRANANA63.00023.000Andapa, Sambava Antalaha, Vohémar Ambilobe, Ambanja20.000
TOAMASINA29.000148.000Ambatondrazaka, Amparafaravola, Moramanga, Anosibe an'Ala, Vavatenina, Sainte Marie75.000
MAHAJANGA118.00065.000Mandritsara, Befandriana, Bealalana, Antsohy, Port-Bergé, Marovoay15.000
ANTANANARIVO36.000146.000Antananarivo I et II, Manjakandriana Andramasina, Ambatolampy, Antanifotsy, Betafo, Antsirabe, Mandoto, Faratsiho, Arivonimamo, Miarinarivo, Soavinandriana100.000
FIANARANTSOA67.000118.000Fianarantsoa II, Ambositra, Fandriana Ambohimahasoa, Ambalavao, Ambatofinandrahana, Ikalamavony70.000
TOALIARA38.00031.000Mahabo, Morondava, Betioky, Beroroha, Sakaraha20.000
TOTAL351.000531.000-300.000

3.3.3.3. Pisciculture

La pratique de la pisciculture familiale à Madagascar date d'une cinquantaine d'années. Beaucoup de paysans s'intéressaient à cette activité dès les années 1950, époque de propagation de tilapia. A vrai dire, ce n'est plus une activité nouvelle au point de perturber les occupations habituelles des paysans. La pratique de la pisciculture familiale se poursuit toujours malgré le manque d'alevins et l'absence d'encadrement évoqués plus haut. Ce qui est important de mentionner, c'est l'existence presque partout d'un environnement écologique et piscicole favorable. Là où l'élevage de poisson dans les rizières est, par exemple, handicapé par un manque d'eau ou un risque important d'inondation, les paysans font de la pisciculture en étang. Tel est le cas rencontré dans les régions de Miarinarivo, Arivonimamo, Soavinandriana et Tsiroanomandidy où on a dénombré 940 pisciculteurs en étang avec 1172 bassins sur un total de 2160 paysans-éleveurs. Dans les régions de Vakinankaratra et de Fianarantsoa, les étangs piscicoles totalisent 136 ha environ et produisent 69t de poisson (carpe, tilapia) en 1988, soit un rendement de 500 kg/ha/an.

Tout ceci indique qu'une base significative de développement est en place, c'est l'intérêt accordé par les paysans à la pisciculture en général.

A côté des possibilités de développement de la pisciculture familiale, on ne doit pas oublier de mentionner d'autres méthodes qui consistent à utiliser le milieu aquatique existant (lac, marais, retenue d'eau, rivière) comme milieu d'élevage. Les méthodes d'élevage en cage ou en enclos sont traditionnellement pratiquées dans beaucoup de pays avancés en aquaculture (Chine, Indonésie, Philippines, …). A Madagascar, des recherches et expérimentations sont entreprises depuis un certain temps. La mise en pratique de ces méthodes permet une amélioration de la situation. En effet, à partla production directe de poisson qui est l'objectif principal à atteindre, elles permettent également de réhausser la productivité naturelle du milieu dans lequel elles sont appliquées.

Eu égard à l'importance et à la répartition des plans d'eau à Madagascar, il incombe à l'administration de procéder à l'élaboration d'un plan-directeur d'exploitation des eaux continentales incluant assurément ces techniques d'élevage.

3.2.2 Potentialités humaines

Il a été déjà mentionné plus haut que la pratique de la pisciculture rentre dans la tradition aquacole de beaucoup de paysans. Ils ont compris les avantages tirés de l'exploitation ; gain d'argent par la vente d'une partie de la production, poisson disponible pour combler les besoins de la famille. Sans parler de l'existence d'un certain nombre d'habitants urbains qui s'intéressent aussi activement à la pisciculture, on s'est aperçu que depuis la campagne 1985–86, l'effectif de paysans qui ont commandé des alevins ne cesse d'augmenter.

D'après notre constatation générale, si les moyens de vulgarisation et d'encadrement sont suffisants pour couvrir au moins les principales zones préalablement identifiées et si les alevins sont disponibles, il n'y a pas de doute que le nombre de pisciculteurs et rizipisciculteurs n'évolue pas en flèche.

3.2.3 Supports de développement aquacole

Dans ce chapitre, nous nous contentons de mentionner deux aspects : les stations piscicoles et le service de vulgarisation.

3.2.3.1 Station piscicoles

Il existait avant l'indépendance une trentaine de stations piscicoles répartie dans toute l'île. Ces stations étaient utilisées principalement pour la production et l'alevinage de carpe et de tilapia.

Actuellement, une dizaine seulement reste opérationnelle mais encore faut-il souligner qu'avec la méthode de reproduction appliquée dans ces stations (ponte sur kakabans), avec l'état de géniteurs (race en dégénérescence), et avec les difficultés d'acquisition et d'approvisionnement en fournitures indispensables (toile filtis, hypophyses, produits de traitement, aliments appropriés), il n'est pas possible de dépasser la production de 3.000.000 d'alevins cessibles. Or, rien que pour assurer l'empoisonnement annuel de ces rizières, à raison de 2.500 alevins à l'hectare, il faut poor:

Pour faire face à la situation, des mesures devront être prises dont :

3.2.3.2 Service de vulgarisation et d'encadrement

Le service de vulgarisation et d'encadrement existe. Pour le moment, il concerne principalement les régions rizicoles de Vakinankaratra et de Fianarantsoa dans le cadre du projet MAG/88/005 “Promotion de l'aquaculture et privatisation de la production d'alevins” et dans une partie de la région de l'Itasy dans le cadre du projet intégré MAG/86/005.

Le service de vulgarisation et d'encadrement est un support indispensable pour le développement de l'aquaculture et cela durant au moins les premières années d'installation (3–5ans). Dans les Faritany d'Antananarivo et de Fianarantsoa, l'extension de l'intervention du projet MAG/88/005 dans les zones non encore encadrées actuellement est sollicitée. Par ailleurs, d'autres sources de financement sont en vue pour promouvoir la rizipisciculture dans les périmètres rizicoles d'Alaotra, d'Andapa et de Bezaha.

3.3 Aquaculture côtière

3.3.1 Généralités

Sont inclus dans ce volet les types d'élevage possibles en eaux marines et saumâtres.

Le domaine est apparemment très important si on se réfère aux potentialités physiques que Madagascar dispose naturellement :

Les questions qui se posent en premier lieu sont celles qui demandent à connaître l'étendue des sites qui se prête à l'aquaculture, les types d'élevage possibles en milieu marin et en milieu saumâtre et les espèces pouvant faire l'objet d'élevage.

Il importe de noter qu'il n'y a pas eu d'études récentes faites à part celles de prospection des sites aquacoles de crevettes réalisées dans le cadre des projets :

Les résultats de prospections effectuées dans le cadre du premier projet sont donnés dans le paragraphe qui suit. Le rapport de mission du projet TCP/MAG/0053 n'est pas encore disponible.

Contrairement à l'aquaculture en eau douce (pisciculture et rizipisciculture), l'aquaculture côtière est pratiquement à son stade de démarrage. Aucune exploitation spéculative n'y est encore entreprise dans ce domaine.

Comme il a été signalé auparavant, des essais ont été réalisés et se poursuivent encore dans ce domaine : élevage de Chanos chanos, pratique de l'acadja dans les Pangalanes, élevage d'huîtres à Mahajanga et à Toliara. L'aqueculture de crevette a démarré en 1988 par la mise en place d'une fermepilote de 8 ha à Nosy-Be (cette opération fait l'objet d'un autre exposé). Il est à remarquer seulement que ce type d'exploitation intéresse beaucoup d'opérateurs.

Afin d'organiser dans le temps et dans l'espace l'exploitation des potentialités disponibles selon une stratégie et un plan de développement aquacole qui tiennent compte de la sauvegarde de l'environnement, il a été demandé dans le cadre du projet TCP/FAO mentionné ci-dessus l'élaboration d'un plan-directeur d'aquaculture de crevettes. L'étude a commencé en septembre 1990.

3.3.2 Evaluation des potentialités aquacoles

3.3.2.1 Pour les crevettes

Les données disponibles actuellement concernent la région nordouest de Madagascar. Selon le rapport de la mission qui a fait l'évaluation, cette région présente de nombreuses conditions d'environnement favorable au développement de l'aquaculture de crevettes de mer à grande échelle. Le total de surfaces aménageables dans la zone comprise entre Soalala et la Baie du Courrier est évalué à plus de 21.300 ha et présente une production potentielle de 25.300t/an (rendement moyen 1,2t/ha/an). Cette évaluation a été effectuée sur une base prudente en prenant en considération les difficultés d'accès et d'aménagement de certaines zones.

Sur ces 21.300 hectares :

Répartition des sites

RégionSiteSurfaces aménageable (ha)Rendement estimé (t/ha/an)Produit potentiel (t/an)
Région nord de la baie du Courrier à la baie de Befotaka- Lomotro63163
- Ambohimena2242448
- Ampasindava91191
- Baie d'Ambaratra3082616
- Baie d'Antalaha63163
- Baie d'Ampasimena35135
- Baie de Rantavono77177
- Ambongena63163
  924 1.456
Région d'Ambiloge nord- Baie d'Ampasimena2030,8162,4
- Bokotokona1190,895,2
- Ankivanja4062,51.015
- Andranomandevy3082,5770
- Andrano5741,5861
- Ampahaka2241,5336
  1.834 3.240
Région d'Ambilobe ouest et- Port Saint Louis911,5136,5
- Ambatorantsana1051,5157,5
- Sambesaka2941,5441
  490 735

RégionSiteSurfaces aménageable (ha)Rendement estimé (t/ha/an)Produit potentiel (t/an)
Région de la Loza et baie de Narinda- Marovato7981,51.197
- Bemanondro4831,5724,5
- Antatiloky8191,51.228,5
- Loza2451,5367,5
  2.345 3.518
Région de Mahajamba- Ampasimanoro1.5751,52.362,5
- Andranoboka2.8771,54.315,5
- Ampasimbe1.2671,51.900,5
- Maintirano1.8760,3562,8
- Tsiribihina3.7940,31.138,2
  11.389 10.280
Région de Mahajanga sud- Betsiboka4411,5661,5
- Namakia1.3300,81.064
- Marimbitsy8330,8666,4
  2.604 2.392
Région de Soalala- Marotia63021.260
- Soalala3992,5997,5
- Maroleo70021.400
  1.729 3.658
 TOTAL GENERAL21.315 25.279

Cette première évaluation n'a pas pris en compte les petits sites qui pourraient être mis en valeur par les pêcheurs ou par les entreprises artisanales.

Espèces cultivées

Trois espèces de crevettes de mer sont actuellement testées à la ferme pilote de Nosy-Be. En effet, en plus de deux présentes auparavant (Penaeus monodon et P. Indicus), une autre espèce vient d'être ajoutée : P. Semisulcatus.

A la différence de quelques pays africains qui sont obligés d'importer de géniteurs, Madagascar dispose naturellement au large de ses côtes des espèces qui sont propices à l'élevage et entre autres celles citées ci-de ssus. Les géniteurs utilisés pour les premières reproductions à la ferme provenaient de la pêche en mer dans la région.

Dans le domaine de l'aquaculture de crevettes l'élevage de crevettes d'eau douce et plus particulièrement du camaron (Macrobrachium rosenbergii) pourrait être développé dans plusieurs régions notamment sur la côte est où cette espèce trouve les conditions favorables d'existence. Une étude dans ce sens mérite d'être réalisée.

3.3.2.2 Pour les autres espèces

Poisson : Les lagunes peuvent servir de cadre à l'implatation de méthodes d'aquaculture plus ou moins intensive de poisson. Largement développées dans le Sud Est asiatique, elles pourraient être aussi pratiquées dans nos lagunes et de ce fait contribuer à améliorer leur productivité naturelle. Parmi ces méthodes :

Ces méthodes sont données à titre indicatif. D'autres pourraient être pratiquées telles celles qui sont déjà essayées avec de bons résultats dans les salines d'Antsiranana, et aux Pangalanes.

Mollusques : Des bancs d'huître sont rencontrés un peu partout dans nos régions côtières. Des essais d'élevage de Crassostrea cucullata et C. gigas sont entrepris respectivement à Mahajanga et à Toliara. Ils se poursuivent encore à Toliara. L'exploitation commerciale devrait être encouragée dans le cadre de PME/PMI vu d'une part, les possibilités qu'offrent les milieux marins et les débouchés qui sont de plus en plus larges suite au développement du tourisme. Une étude de prospection permettra de localiser les sites et évaluer leur importance.

Algues : Il existe à Madagascar 24 genres d'algues marines utiles sur les 41 identifiés à des fins industrielles, alimentaires et agricoles, dont 6 genres d'algues vertes, 10 d'algues brunes et 8 d'algues rouges (cf. Guide de l'Exploitant des algues).

On les rencontre sur l'ensemble du plateau continental de Madagascar et plus particulièrement sur celui du Faritany de Toliara.

4. CONCLUSION

Le développement de l'aquaculture dans son ensemble répond sans aucun doute aux objectifs macro-économique de l'état :

Les potentialités pour son développement existent naturellement et ne demandent qu'à être mises en valeur aux fins de ces objectifs.

Les résolutions qui seront prises au présent séminaire seront les termes de référence de tous les artisans et promotteurs du développement aquacole.

Quelques propositions de recommandations

4.1 Pour la promotion de la pisciculture et de la rizipisciculture

Il faudrait améliorer la production d'alevins et assurer le transfert du savoir-faire aux producteurs en :

La réhabilitation et la gestion des anciennes stations piscicoles délaissées durant les années passées devront être étudiées en :

Il faudrait penser ensuite àl'amélioration de la production piscicole en :

Pour les nouveaux types d'aquaculture, il convient de faire des études préliminaires et des élevages expérimentaux avant de passer à la phase d'exploitation.

4.2 Pour la promotion de l'aquaculture côtière

S E S S I O N   I I I

AMELIORATION DES METHODES D'EXPLOITATION
DES PRINCIPALES PECHERIES

EXPOSE III - 1

LE SYSTEME DE COLLECTE DES DONNEES STATISTIQUES DES PECHES

Par

RAFALIMANANA Th.,
DASS/DPA

L'analyse de la situation actuelle dans le domaine des statistiques des pêches et la préparation du système de collecte et de traitement des données sur ordinateur constituent l'un des volets importants du projet PNUD/FAO MAG/85/014 “Assistance à l'administration des pêches et de l'aquaculture”. Toute préparation du plan de développement n'est possible que lorsqu'une base de données plus fournies et détaillées est disponible.

1. IMPORTANCE DE LA DISPONIBILITE EN MATIERE DE STATISTIQUE DES PECHES

Dans le cadre du problème général de l'exploitation et de la production des ressources halieutiques malgaches, les besoins en statistiques ont pour principal objet de :

1.1 Disposer d'informations fiables

Divers organismes et institutions à Madagascar comme à l'extérieur demandent régulièrement des éléments statistiques sur les pêches et l'aquaculture. La nature des informations sollicitées varie selon les demandeurs. Généralement, elles concernent les données globales de captures et les caractéristiques structurelles des pêches mais aussi des données socio-économiques, techniques et scientifiques détaillées. L'administration des pêches a le devoir d'informer, done elle doit disposer des données statistiques fiables et complètes autant que possible dans son domaine.

1.2 Permettre une gestion rationnelle des ressources exploitées

La nécessité d'une gestion rationnelle des ressources halieutiques ti re de son intérêt par les conséquences, sur les plans biologique, économique et social, des traits fondamentaux de ces ressources :

Si l'on dispose de statistiques historiques sur la capture totale et le rendement (prise par unité d'effort) en fonction de l'effort de pêche, il est possible de prédire l'état du stock et la productivité d'une pêcherie spécifique (Modèle de Scaefer, de Beverton et Holt et de Ricker).

1.2.1 Aspects biologiquesFigure1

Figure - 1 : Modèle biologique d'une pêcherie monospécifique simple

Lorsque le taux d'exploitation augmente dans une pêcherie, on observe d'abord une augmentation du taux d'accroissement de la production, puis il baisse et atteint la limite supérieure de production du stock (Prise Maximale Equilibrée : PME). Au delà de ce maximum, la production équilibrée tend à baisser. La courbe de rendement (capture par unité d'effort), quant à elle, baisse régulièrement depuis le début de la mise en exploitation du stock.

Les deux courbes peuvent être déplacés dans des limites restreintes, vers le haut ou vers le bas, en changeant la structure d'âge des captures (ou du maillage). Ainsi, on peut obtenir le PME plus élevé pour un effort de pêche plus élevé.

La maximum de production ainsi défini, Prise Maximale Equilibrée, a servi d'objectif pour l'aménagement des pêcheries.

1.2.2 Aspects économiques

Lorsque les données statistiques sur la valeur des captures et d'estimation sur les divers éléments (capital, main d'oeuvre, etc…) de coût de production sont connues, il est aisé de transformer les courbes de la Figure-1 en équivalent économiques (Figure-2).

Figure2

Figure - 2 Modèle bio-économique d'une pêcherie monospécifique simple.

La valeur totale des prises sera approximativement proportionnelle aux poids de celles-ci. Le coût total de production sera directement proportionnelle à l'effort de pêche. L'accroissement unitaire du coût total sera juste couvert par l'accroissement correspondant de la valeur de la production qui en résulte pour un effort de pêche inférieur à celui qui conduit à la PME. C'est à ce niveau d'exploitation que la rentabilité économique est maximale (MEY).

1.2.3 Aspects sociaux

On peut admettre que le volume de l'emploi dans le secteur de la capture proprement dit sera approximativement proportionnel à l'effort de pêche (Figure-3). Par contre, le revenu individuel moyen sera d'autant plus élevé que le taux d'exploitation sera faible. Ainsi pour juger objectivement de l'importance à donner aux diverses formes d'exploitations il faudrait disposer d'élément statistiques continus.

Figure3

Figure - 3 Modèle sociologique d'une pêcherie simplifiée.

1.3 Permettre une planification du développement du secteur

On ne peut planifier le développement ou l'aménagement rationnel d'un secteur d'activité, tel que la pêche, sans connaître sa situation réelle et surout son évolution. La connaissance de la situation peut être réalisée grâce à la conduite d'enquête ponctuelles, mais pour apprécier la tendance de l'évolution de la situation, il faut disposer des séries statistiques.

2. SITUATION ACTUELLE DES SYSTEMES STATISTIQUES DE L'ADMINISTRATION DES PECHES MALGACHE

La compilation des données statistiques en provenance des agents de terrain et/ou des opérateurs économiques des pêches est effectuée au niveau de chaque service respectif, notamment les services de la pêche industrielle, de la pêche artisanale (maritime et continentale), et de l'aquaculture. Les éléments chiffrés traités ne concernent pas uniquement la capture mais surtout des renseignements sur la commercialisation, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Un certain nombre d'unités de collecte de données (Annexe) furent utilisées à la Direction de la pêche et de l'aquaculture, et intéressent principalement :

2.1 - des statistiques structurelles comme :

- l'enquête cadre sur la pêche traditionnelle maritime et continentale;

2.2 - des statistiques de production comme :

2.3 - des statistiques de commercialisation comme :

La couverture statistique des pêcheries malgaches est insuffisante en ce qui concerne le niveau de production. Le système actuel de collecte de données repose essentiellement sur des informations fournies par les opérateurs mêmes. Généralement, les données ne sont disponibles qu'assez tardivement et les moyens de vérification sur leur exactitude font défaut. L'absence des données périodiques, fiables et standardisées altère souvent la qualité des statistiques complilées et la délicatesse des traitements informatiques. En outre, l'utilité des statistiques présentées est affectée par l'absence d'information de base sur les divers secteurs de l'industrie de pêche.

La diffusion des données statistiques devrait répondre aux besoins et exigence des utilisateurs potentiels tels les planificateurs, économistes, investisseurs, etc… La volonté de présenter périodiquement des informations complètes et fiables nécessite une assistance soutenue, afin de pourvoir les moyens et équipements à la mise en place et au suivi du système de collecte adéquat et de traitement des informations.

3. PROPOSITION D'ORGANISATION D'UN SYSTEME STATISTIQUE

Monsieur Gueguen, dans rapport de consultation à Madagascar dans le cadre du projet PNUD/FAO MAG/85/014, propose un système de collecte, de traitement et de diffusion de données susceptibles d'être, à terme, totalement pris en charge par l'Administration des pêches malgache. Toutefois, cette prise en charge devrait être précédée d'une phase transitoire de deux années, coordonnée dans le cadre du projet “Assistance à l'administration des pêches et de l'aquaculture”.

3.1 Caractéristiques du système

Le système recommandé à mettre en place est unique, durable et évolutif.

UniqueLe système couvre les pêcheries industrielles artisanales et traditionnelles.
DurableLe système permet de suivre les fluctuations et tendances dans les domaines biologiques.
EvolutifLe système doit être périodiquement évalué et éventuellement modifié en fonction de l'évolution du secteur et de l'évolution des technologies de traitement de l'information.

3.2 Organisation du système

Pour intégrer à la fois les besoins de l'Administration des pêches et ceux des institutions scientifiques avec lesquelles elle collabore, le système aura deux composantes

Cette organisation tient compte des recommandations formulées par M. Beurier et qui portaient sur :

Le suivi périodique doit permettre d'avoir une photographie de l'ensemble du secteur de la pêche malgache selon une périodicité de 5 années. Il doit contenir un volet :

- social: nombre, répartition de pêcheurs,…
- technologique: navire et engins de pêche, types et nombre.
- production 

Cette description de la situation des pêches est destinée à fournir des arguments pour l'élaboration des plans quinquennaux du secteur.

D'autre part, le suivi permanent doit permettre de disposer, selon un rythme mensuel des résultats quantitatifs sur la production et l'effort de pêche relatifs à certaines ressources halieutiques jugée importantes pour l'économie malgache, notamment en pêche :

- industrielle: crevettes et thons,
- artisanale: crevettes, langoustes, crabes et poissons,
- traditionnelle: crevettes, crabes et certains poissons.

Ces résultats devront servir de base à des études bio-économiques, à la gestion optimale des pêcheries ou à la négociation d'accords avec des opérateurs extérieurs.

ANNEXE

INVENTAIRE DES UNITES DE COLLECTE DE DONNEES

IntituléUnité d'enquêteMéthode de collecteExistence de bases de données
1. Enquête-cadre sur la pêche traditionnelleVillage des pêcheursRecensement completSous dBase III plus
2. Collecte de données statistiques sur l'effort et la capture de la pêche traditionnellePirogue/ pêcheurSondage par choix raisonnéSous dBase III plus
3. Statistiques de débarquement des mini-chalutiers crevettiersSociété détenteur de licence de chalutageCollecteur administrativeNon
4. Statistiques de ébarquement des cha lutiers crevettiersidem- idem -Non
5. Pêche commerciale de thon dans la ZEE malgacheThonier détenteur de licence de pêche étrangère- idem -Non
6. Situation de la production d'alevinStations piscicoles- idem -Non
7. Statistiques de collecte de crevettesOpérateurs agréés- idem -Non
8. Statistiques de collecte de langoutes- idem -- idem -Non
9. Statistiques de collecte de crabes- idem -- idem -Non
10. Situation des exportations du sous-secteur pêcheC.O.S.- idem -Sous dBase III plus
11. Statistiques sur la consommation des produits halieu tiques.Marchés publics- idem -Non

EXPOSE III - 2 (A)

BIOLOGIE ET PECHE DES CREVETTES COTIERES A MADAGASCAR

par
RAZAFINDRAKOTO HERIMAMY LALANIAINA
Centre National de Recherches Océanographiques

INTRODUCTION

La pêche crevettière est l'une des plus importantes activités de pêche à Madagascar, elle produit environ 7 000 tonnes de crevettes par an pour une quarantaine de bateaux de pêche. La majorité des produits sont exportées vers le Japon et l'Europe.

Beaucoup de travaux scientifiques ont été faits sur les pénéides exploitées à Madagascar notamment sur la côte Nord-Ouest, Baie d'Ambaro (LE RESTE, 1978; MARCILLE, 1978; ANONYME, 1989), un seul a été fait pour la Baie de Narindra (RALISON, 1981).

Le travail de RALISON et RAZAFINDRALAMBO (1984) dresse le bilan des connaissances sur la pêche crevettière malgache. Le présent article essaie de faire le point des connaissances sur les pêcheries crevettières côtières à Madagascar.

I. - MODELISATION DE LA BIOLOGIE DES POPULATIONS

GARCIA et LE RESTE (1981) avaient décrit un cycle biologique général des pénéides côtières. A Madagascar l'espèce Penaeus indicus était la mieux étudiée (LE RESTE, 1978; MARCILLE, 1978; ANONYME, 1989).

1.1.- Cycle biologique simplifié des crevettes (fig.1)

Les crevettes sont des animaux à durée de vie très courte, elles ont une longévité entre 1 à 2 ans. Les oeufs sont pondus en pleine mer et les larves planctoniques. Les larves migrent vers la côte, dans les mangroves et les estuaires et deviennent post-larves, elles y restent pendant trois mois environ puis commencent à migrer vers le large sur les fonds de pêche.

1.2.- Cycle vital de Penaeus indicus

Les données disponibles avaient permis de reconstituer la chronologie du cycle vital de P. indicus (ANONYME, 1989) en Baie d'Ambaro mais elle est valable pour la pêche crevettière car cette espèce est la principale composante capturée par des différents secteurs de pêche.

Le diagramme (Fig. 2) bidimensionnel montre le déplacement Qes cohortes au cours des mois, dans l'échelle des tailles.

Il y a deux cohortes importantes :

Le tableau suivant donne une correspondance entre la longueur du céphalothorax et la longueur totale pour trois espèces de pénéides malgaches.

Espècesfemellemâle
Penaeus indicusLT=3,3750Lc+32,8093LT=4,0917Lc+18,6416
P. semisulcatusLT=3,1241Lc+15,9805LT=4,3085Lc+6,9263
Metapenaeus monocerosLT=3,4200Lc+19,2334LT=3,9463Lc+10,3334

Tableau no 1 : Relation biométrique des 3 espèces malgaches (LE RESTE, MARCILLE et BARBE, 1974).

Le phénomène de migration est conditionné par la salinité des eaux. Les migrations s'effectuent de la haute mer vers l'estuaire puis de l'estuaire vers la zone intertidale et de là vers les zones de chalutage.

Les tailles moyennes des migrations sont :

II.- L'EXPLOITATION DES PECHERIES INDUSTRIELLES, ARTISANALES ET TRADITIONNELLES

Pour chaque type de pêcherie et selon la zone qu'il exploite, il y a une relation entre la biologie des populations et la dynamique de l'exploitation.

2.1.- La pêche traditionnelle

Elle travaille au niveau des estuaires et de la zone intertidale, en utilisant des arts fixes tels que le valakira ou de filets ou des sennes de plage.

Le maximum de production de crevettes se situe aux mois de mai-juin-juillet ce qui correspond à l'exploitation de la cohorte “B”. Par contre elle capture peu de crevettes issues de la cohorte “A” car celle-ci ne passe dans la zone intertidale qu'en période de crue.

Figure 1.

Figure 1 : Modèle théorique du cycle biologique et de la pêcherie des Pénéides (GARCIA S., 1985).

Figuer 2.

Figure 2 : Modèle théorique du cycle biologique et de la pêcherie du Pénaeus indicus en Baie d'Ambaro.

RABARISON ANDRIAMIRADO (1989) avance le chiffre de 227 tonnes pour les captures totales de la Baie d'Ambaro en 1988.

Pour la zone de Narindra, des données de collecte de la SOPEBO en 1989 estiment une production de 104,7 tonnes.

Les espèces cibles sont par ordre d'importance Penaeus indicus, Metapenaeus monoceros, Penaeus monodon.

2.2.- La pêche artisanale

Ce secteur est encore appelé secteur semi-industrielle. RAZAFINDRAINIBE (1989) et qui utilise des bateaux dotés de moteurs de 25 CV. L'engin de pêche est un chalut de 12 à 14 mètres de corde de dos.

La production de ce secteur était passée de 23 tonnes en 1977 à 205 tonnes en 1988.

Dans la Baie d'Ambaro, les maximum de captures se font aux mois de mars-avril-mai; en Baie de Narindra, les pics de capture se situent aux mois de mai-juin-juillet. En 1989 en Baie de Narindra la SOPEBO estimait les captures de leur collecte par les mini-chalutiers à 69 tonnes.

2.3.- La pêche industrielle

Elle se répartit actuellement sur 13 zones dont 3 sur la côte est. La production annuelle tourne autour de 7 000 tonnes.

Actuellement, 7 sociétés exploitent ces zones de pêche :

Les captures présentent deux pics durant la saison de pêche; la première en février-mars et le second en août-septembre. L'espèce cible dépend des saisons de pêche. Pendant le début de la saison, la crevette blanche ou Penaeus indicus constitue la majorité des captures et les pêches se font le jour, à partir du mois de juin la pêche est nocturne et environ 60 % de prises sont composées de P. semisulcatus et Metapenaeus monoceros.

Les crevettes sont recrutées sur les zones chalutables à partir de 2 mois et demi (Lc = 16 mm).

III.- LES STOCKS DE CREVETTES

MARCILLE (1978) et RALISON et RAZAFINDRALAMBO (1984) sont les seuls travaux qui ont étudié la dynamique de l'exploitation crevettière. Ces travaux ont donné des estimations des prises maximales soutenues pour chaque zone exploitée.

3.1.- Evaluation de stocks

A l'heure actuelle, beaucoup de modèles sont utilisés pour l'évaluation des stocks exploités. Mais ces modèles demandent parfois beaucoup trop de paramètres qui ne sont pas disponibles. L'un des plus simples est l'étude de la relation qui existe entre l'effort et la capture (SCHAEFER, 1954 et FOX, 1970) et en supposant que le stock est toujours à l'équilibre. Ce qui n'est pas toujours réalisé.

3.2.- Limites des modèles et utilisation

Les deux modèles (Schaefer et Fox) permettent de :

Les résultats obtenus servent surtout de références pour la gestion des zones de pêche et des stocks.

L'une des lacunes majeures qu'ont tous les modèles c'est qu'ils ne donnent pas les intervalles de confiance des valeurs calculées.

3.3.- Résultats

Le tableau no2 donne les valeurs des MSY par zone.

ZONEPME 1PME 2
11 6001 675
2720615
3300386
4310515
5910755
61 370980
7 3 325
8 300
9 478
10 1 329
7–8–9–102 500 *6 271

Tableau no2 : PMG pour zone de pêche

PME 1 : source RALISON & RAZAFINDRALAMBO, 1984 (* RALISON, 1985)

PME 2 : source RAZAFINDRAKOTO H.L. (en préparation)

Les données provenant de la côte Est ne nous permettent pas pour le moment d'utiliser les modèles de surplus de production.

Le tableau no3 et la fig. 3 nous donnent la situation de la pêche industrielle durant ces trois dernières années, on note que les productions fluctuent autour des PME sauf pour la zone 7 où les données donnent un résultat six fois moindre que le PME calculé.

ZONEPME 2PROD 1987PROD 1988PROD 1989
11675189514801466
2615815619610
3386324374353
4515523347438
5755939503547
6980904930979
73 325568565612
8300547462287
9478326421290
101 3929161 3031 216

Tableau no3 : Niveau de production en tonnes des trois dernières années par rapport au PME

Nous n'avons pas donné ici le niveau de l'effort pour chaque MSY car nous avons utilisé pour nos calculs “le concept d'effort relatif” qui n'utilise pas de bateau standard. Mais un travail en cours de préparation au CNRO permettra de situer l'effort de production des onze dernières années par rapport à chaque effort de PME.

Les résultats que nous exposons ici ne concernent que la pêche industrielle car les mini-chalutiers et la pêche traditionnelle ne fournissent pas encore des données de capture et d'effort.

CONCLUSION

Les éléments nécessaires à la gestion des stocks de crevettes cotières qui sont disponibles sont les efforts et les captures de la flotte industrielle. Pour assurer la pérénité des stocks, il est nécessaire d'intégrer dans l'évaluation des stocks les données provenant de la pêche artisanale et traditionnelle.

Fig. no 3 - Niveau de production en 1987 – 1988 – 1989 par rapport au PME

Fig 3.

La biologie des populations est très connue en Baie d'Ambaro surtout pour Penaeus indicus, quant aux autres zones et pour les autres espèces, beaucoup de travaux restent à faire, ce qui demande une participation active des sociétés de pêche dans le domaine des collectes des données.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

ANONYME, 1989.- Actes du séminaire sur l'aménagement des pêcheries de crevettes du nord-ouest de Madagascar Nosy-Be, Madagascar, 13–21 juin 1989. Doc. OISO RAF/87/008/DR/50/89/F : 87 p.

FOX, W.W., 1970.- An exponential Yeld model for optimizing exploited fish populations. Trans. Am. Fish. Soc., 99: 80–88.

GARCIA, S., 1985.- Reproduction, stock assessment models and population parameters in exploited penaeid shrimp populations. In “Second Australian National Prawn Seminar” (eds. P. C. ROTHLISBERG & al.), 139–158.

GARCIA, S. & LE RESTE, L., 1981.- Life cycles, exploitation and managenment of costal shrimp stocks. FAO Fish. Tech. Pap. no203 : 215 p.

LE RESTE, L., 1978.- Biologie d'une population de crevettes Penaeus indicus H. M. Edwards sur la côte nordouest de Madagascar. Trav. Doc. ORSTOM, 99 : 291 p.

LE RESTE, L., MARCILLE, J. et BARBE, F., 1974.- Biométrie de quelques crevettes penaeïdes à Madagascar: Penaeus indicus, Penaeus semisulcatus, Penaeus japonicus, Metapenaeus monoceros. Doc. Sci. ORSTOM Nosy-Be, 46: 29 p.

MARCILLE, J., 1978.- Dynamique des populations de crevettes pénéides exploitées à Madagascar. Trav. Doc. ORSTOM, 92 : 197 p.

RABARISON ANDRIAMIRADO, G.A., 1989.- La pêche traditionnelle à la crevette en Baie d'Ambaro en 1988. In: Actes du séminaire sur l'aménagement des pêcheries de crevettes du nord-ouest de Madagascar Nosy-Be, Madagascar, 13–21 juin 1989. Doc. OISO RAF/87/008/DR/50/89/F: 62–69.

RALISON, A., 1981.- Biologie de Penaeus indicus M.E. en baie de Narindra (Madagascar). Doc. CNRO, no3: 33 p.

RALISON, A. et RAZAFINDRALAMBO, N.Y., 1984. Bilan des connaissances sur la pêche crevettière malgache et propositions d'aménagement. Doc. CNRO, 7 : 35 p.

RAZAFINDRAINIBE, H., 1989.- La performance économique de la flotille de mini-chalutiers pêchant la crevette en zone l à partir de Nosy-Be en 1988. In: Actes du séminaire sur l'aménagement des pêcheries de crevettes du nord-ouest de Madagascar Nosy-Be, Madagascar, 13–21 juin 1989. Doc. OISO RAF/87/008/DR/50/89/F: 55–61.

SCHAEFER, M.B., 1954.- Some aspects of dynamics of populations important to the management of the commercial marine fisheries. Inter-Am. Trop. Tuna Comm. Bull., 1(2): 27–56.

EXPOSE III - 2 (B)

LES POISSONS D'ACCOMPAGNEMENT DU CHALUTAGE CREVETTIER

Par
RAVELOSON H. N., Chef CIRPA
(Fénérive-Est)

1. LA SITUATION ACTUELLE

1.1 Les zones de pêche et les sociétés de pêche crevettière

1.1.1 Délimitation des zones adoptée par l'administration halieutique:

- zone I: Baie d'Ambaro
- zone II: Baie de Narindra
- zone III: Baie de Mahajamba
- zone IV: nord Mahajanga
- zone V: sud Mahajanga
- zone VI: Cap Saint André
- zone VII à X: Sud Cap Saint André
- zone XI: Baie d'Antongil
- zone XII: entre Mananara nord et Toamasina
- zone XIII: sud Toamasina.

1.1.2 Les sociétés de pêche et leur flotte

  Effectifs des bateaux/sociétés 
Puissance
(CV)
TypeP.N.B.SOMAPECHESOPEBOREFRIGEPECHE Est OuestTotal
150G4----4
270G-73--10
280G2----2
285G2----2
375C--1--1
395C4----4
450C-2-2-4
500C478--19
600C----11
850C----11
TOTAL 1616122248

C = Congélateur

G = Glacier

(source : Direction de la Pêche et de l'aquaculture, 1989)

1.2 La capture des poissons d'accompagnement

1.2.1 La pêche

Les poissons d'accompagnement sont inévitablement capturés lors du chalutage qui est jusqu'à présent, la seule méthode pratiquée pour la pêche crevettière industrielle. Ce chalutage est ouvert chaque année pour la côte ouest, du ler février et dure en général 10 mois, la fermeture de la pêche étant fixée par arrêté annuel.

La production de crevettes comporte deux saisons distinctes (RALISON, 1978): la haute saison qui va de février à juillet et la basse saison qui va d'août à décembre.

A chaque relevage du chalut, les crevettes sont triées, traitées puis conservées en premier lieu. On s'occupe ensuite des poissons qui ne sont retenus qu'en partie, et le reste est rejeté en mer. Le tonnage des poissons mis à terre est variable suivant la capture totale et la saison de pêche crevettière.

1.2.2 Mode d'exploitation des poissons d'accompagnement

Les principales espèces retenues à bord sont, comme poissons fins :

Seules les grosses pièces dépassant en général la taille de 20 cm sont retenues à bord.

En 1983, une mission PNUD/FAO a estimé que, selon la zone et la saison, le rapport crevettes/poissons dans les captures varie de 1/1 à 1/5, cela veut dire que les poissons représentent 50% à 83% des captures.

Pour les zone I,II,III réunies, nous avons estimé de 1983 à 1984 qu'il y a eu en moyenne 83% de poissons dans les captures, et parmi ces poissons il y avait 28% de poissons fins avec 72% de poissons farinables. Les poissons farinables sont composés en majeure partie de Leiognathidés, puis de juvéniles et de petites espèces comme les sardinelles.

Il a été observé pendant la même période que le tonnage de poissons débarqués par les sociétés de pêche crevettière évolue positivement de la bonne saison à la saison creuse. Pourtant, ceci n'indique pas une saison de l'ensemble des poissons d'accompagnement : la quantité totale des espèces capturées ne reflètait aucune saison nette. Les variantes de débarquements de poissons étaient donc principalement influencées par la saison des crevettes, et donc aussi par la disponibilité de main-d'oeuvre et du stockage à bord.

Ainsi, ce n'est qu'une partie des poissons d'accompagnement pêchés qui est retenue et débarquée pour la consommation. Un gaspillage est alors observé, et en plus de celui-ci, il se produit souvent des pollutions de plages dûes aux charriages des rejets de poissons par la mer, gênant beaucoup les riverains.

Si la crevette produite est principalement exportée, il serait équitable qu'en contrepartie, les sociétés de pêche crevettière participent activement à la production de denrée alimentaire pour la nation en mettant encore plus, voire la totalité des poissons d'accompagnement exploitables, à la portée du marché local.

2. LES CONTRAINTES A UNE EXPLOITATION RATIONNELLE ET OPTIMALISEE DES POISSONS D'ACCOMPAGNEMENT

2.1 Les contraintes techniques

Jusqu'à présent, il est techniquement impossible d'éviter la capture des poissons lors du chalutage.

Selon les zones et les rendements en crevettes, la quantité de poissons retenus varie, bien qu'il soit possible de retenir plus. Ainsi, contrairement à la côte nord-ouest ou ouest, le littoral est réputé pour son faible rendement en crevettes, la société qui y travaille met à terre une plus grande quantité de poissons fins et en plus elle débarque aussi des poissons appelés “tout-venant” de taille plus faible et/ou de qualité plus basse (juvéniles, Leiognathidés, Clupéidés, Trichiurus lepturus, …).

Les infrastructures et l'organisation de la pêche ne prévoient pas l'exploitation des poissons considérés seulement comme un appoint des sociétés de pêche crevettière. Ainsi l'espace pour le stockage et la main-d'oeuvre sont limités à bord et sont réservés presque en exclusivité pour la crevette (produit de haute valeur commerciale) surtout pendent la haute saison. En outre, les poissons de plus basse valeur, nécessite aussi de l'énergie pour sa conservation, or les marées peuvent durer jusqu'à 30 jours. Et les marins sont peu ou pas stimulés avec les faibles primes (quand elles existent) de tonnage qu'ils obtiennent avec le poisson, elles sont par contre élevées pour les captures de crevettes.

La faible disponibilité du froid nécessite d'une part pour évacuer les produits vers les grands centres de consommation, et d'autre part pour la conservation jusqu'à la vente aux consommateurs limite la quantité de poissons exploitée.

2.2. Les contraintes économiques

Principalement, c'est la capacité d'absorption du marché éxistant, elle-même déterminée par le prix et l'habitude alimentaire des consommateurs, qui limite la quantité écoulable dans la production de poissons d'accompagnement. En effet, le prix n'est pas toujours à la portée des consommateurs sauf pour certaines catégories (exemple : trois-dents, soisoy, …).

Une importante augmentation des débarquements de poissons demanderait des charges supplémentaires pour la société : à savoir l'énergie, le personnel en plus, voire les dépenses occasionnées par les extensions des infrastructures à terre ou des transformations à bord. Or, les sociétés de pêche sont peu enthousiates à investir dans ce sens, car pour un même investissement elles préfèreraient le faire pour la crevette qui est jugée plus rentable et source de devises.

Ainsi, à son cours actuel, le poisson intéresse peu les sociétés de pêche alors que son prix est prohibitif pour beaucoup de consommateurs.

3. PROPOSITION DE STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DE LA MISE EN VALEUR DES POISSONS D'ACCOMPAGNEMENT

3.1 Dans un premier temps, après une étude au préalable de sa faisabilité technique et économique, les sociétés de pêche doivent exploiter le maximum (à déterminer) de poissons fins. Les sociétés peuvent certainement dégager une marge bénéficiaire bien que celle-ci soit plus faible par rapport à celle obtenue avec la crevette.

Cette production doit évoluer positivement chaque année car une simple réorganisation des activités en mer et à terre pourra faire atteindre cet objectif.

3.2 Ensuite, la totalité des poissons fins doit être exploitée avec l'extension du marché existant et en élargissant le rayon de distribution. En plus, la production des poissons “tout-venants” est à prévoir si elle n'a pas été faite avec les poissons fins dans le premier temps. En effet, certaines bourses ne peuvent se permettre que l'achat de produits à meilleure prix.

A ce stade, de légères transformations des installations à bord et à terre seront nécessaires. Et on peut déjà impliquer des entreprises spécialisées à la collecte, la distribution et même la transformation des poissons d'accompagnement, qui travailleraient en aval des sociétés de pêche afin de pouvoir libérer ces dernières d'une activité qui ne les intéresserait pas trop. Dans ce cas, les sociétés de pêche se limiteraient à la pêche et l'autre entreprise s'occuperait de la collecte et de la commercialisation de poissons.

3.3 A la fin, une révision totale de la méthode d'exploitation de la pêche crevettière est indispensable pour permettre la mise en valeur des poissons farinables. Des usines annexes de transformation seront aussi indispensables. Ce sera une activité nouvelle pour la société car elle ne pourra pas augmenter indéfiniment ses investissements dans la pêche crevettière qui a ses limites.

L'accroissement de la production de poissons destinés à la consommation humaine, repose toujours sur l'indispensabilité du développement des chaînes de froid depuis les lieux de production jusqu'à ceux de la distribution.

4. ACTIVITES PRIORITAIRES ET PROJETS A COURT ET MOYEN TERMES

4.1 Actuellement

Il est démontré que les sociétés de pêche produisent moins qu'elles peuvent réellement faire, il est souhaitable qu'elles maintiennent au moins la quantité la plus élevée parmi les performances qu'elles ont faites depuis, en ce qui concerne la mise à terre de poissons d'accompagnement. Chaque société doit faire évoluer

positivement chaque année sa plus haute performance, à grand défaut, elle doit la garder.

4.2 A court et moyen termes

4.2.1 Projet - 1 : “Etude de la faisabilité technique et économique de la mise en valeur du maximum de poissons fins”

  1. Etude de la possibilité technique par type de bateau de la société et par société de pêche en tenant compte de :

  2. Etude de la rentabilité économique à chaque société :

Ces études devront aboutir à la détermination d'une meilleure organisation de l'exploitation de la pêche crevettière pour pouvoir produire le maximum de poissons fins à meilleur prix, et satisfaire le marché existant. Cette réorganisation concerne entre autres, les durées de marées et les travaux à bord et à terre.

4.2.2 Projet - 2 : “Rétention de la totalité des poissons fins et d'une partie des autres catégories de poissons d'accompagnement”

Si à partir du Projet - 1, il s'avère qu'il n'est pas possible de mettre à terre la totalité des poissons fins, alors que le marché n'est pas saturé, il faudra développer la production :

  1. Etude de la faisabilité technique de légères transformations à bord et à terre pour permettre l'exploitation de la totalité des poissons fins et d'une partie des poissons “tout-venants”. Si de telles transformations ne sont pas possibles pour les bateaux, rechercher une solution de rechange permettant de garder à bord les poissons d'accompagnement, ou de les transborder règulièrement chaque fois que le bateau est encombré.

  2. Si nécessaire, étude de la possibilité et de la rentabilité de la mise sur pied de sociétés annexes qui s'occuperont de la mise valeur des poissons d'accompagnement. Elle pourront disposer de bateaux de collecte qui établiront les rendez-vous réguliers avec les bateaux de pêche dans chaque zone de pêche crevettière.

La création de ce genre de société peut être incitée dans le cadre des PME/PMI.

4.3 A long terme

A long terme, l'exploitation des poissons farinables est à prévoir, et la création d'usines et d'ateliers de transformation peut aussi être encouragée dans le cadre des PME/PMI. Mais la mise en valeur de ces poissons farinables repose sur le développement d'un grand nombre d'activités en aval (élevage industriel, fabrication de produits utilisant le poisson comme matière première).


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