par R.H. Randriamiarana - Chef CIRPA du Vakinankaratra
I. Contexte général
La Circonscription de la Pêche et de l'Aquaculture du Vakinankaratra (CIRPA 12) est formée par six Fivondronana (Ambatolampy, Antanifotsy, Faratsiho, Betafo, Antsirabe I et Antsirabe II) et couvre 32.970 km2 de superficie.
Le relief montagneux s'étage de 1.300m à 1.500m, le climat étant de type tropical d'altitude avec des nuances dûes aux fortes variations du relief. A l'Ouest, la saison sèche s'avère plus marquée et pour le reste de la zone, les gelées ne sont pas rares en altitude.
Le sol est en général, ferralitique, souvent dégradé, acide et désaturé sur les collines, dominé dans les bas-fonds par les sols hydromorphes, les sols tourbeux et les sols alluviaux.
Concernant l'hydrographie, la partie Nord est drainée par l'Onive, affluent du Mangoro. A l'Ouest se trouve le bassin de l'Iandratsay, au Sud celui de Manandona, deux affluents de la Mania. L'étiage se situe en général en Octobre et la remontée des eaux se fait sentir dès Décembre, avec pour débits maxima entre Janvier et Mars.
C'est une région à forte vocation agricole et essentiellement rizicole. La population estimée à 2.200.000 habitants et accusant une densité relativement élevée (66 habitants/Km2), est essentiellement rurale (88%).
En général, les revenus de la production animale se trouvent inférieurs aux revenus de la production végétale.
II. La CIRPA du Vakinankaratra et les moyens dont elle dispose
La Circonscription de la Pêche et de l'Aquaculture du Vakinankaratra a été instaurée officiellement le 16 mai 1988. Ses attributions majeures sont :
La continuation des activités du Projet PNUD/FAO/MAG/82/014 (“Vulgarisation de la Pisciculture”) ;
L'assistance technique aux opérateurs piscicoles ;
L'identification et l'élaboration de projets adaptés au milieu ;
La collecte des données statistiques ;
La couverture administrative des Fivondronana concernés ;
La production et la cession d'alevins à partir de la Station Piscicole d'Ambatofotsy - ambatolampy.
La vulgarisation de la rizi(pisciculture) en milieu rural.
Les moyens dont dispose la CIRPA sont les suivants :
a) Personnel : | • Un ingénieur des Eaux et Forêts (Chef CIRPA) |
• Trois Adjoints Techniques des Eaux et Forêts : | |
- Chef Section Aquaculture et Formation | |
- Chef Section Vulgarisation et Pêche | |
- chef Station Piscicole - Ambatolampy | |
• Vingt Neuf Vulgarisateurs piscicoles | |
• Deux ECD - Chauffeurs dont un à la Station d'Ambatolampy | |
• Trois ECD - Gardiens dont deux à la Station d'Ambatolampy | |
• Six ECD - Ouvriers à la Station d'Ambatolampy | |
• Deux ELD - Ouvriers spécialisés à la Station d'Ambatolampy | |
b) Infrastructure : | |
• Bureau loué par bail à loyer No11-T | |
• Station Piscicole d'Ambatofotsy - Ambatolampy | |
• Station Piscicole d'Andempombe (en veilleuse) | |
• Station Piscicole d'Antsampandrano (en veilleuse) | |
• Station Piscicole de Mandoto (abandonnée) | |
• Quelques mobiliers | |
c) Matériels roulants : | |
• Une voiture Toyota - Hilux appartenant au PNUD/FAO et sous la gérance de l'Expert de la FAO | |
• Quatre moto-cross hors d'état de fonctionnement appartenant au PNUD/FAO. |
III. Problèmes rencontrés
Commencé en Janvier 1985, le projet PNUD/FAO/MAG/82/014 - “Vulgarisation de la pisciculture et développement de la pêche continentale” a pris fin en Juin 1988. Contre toute attente, il dut faire face à plusieurs contraintes alors qu'il devait affronter la campagne de production et de cession d'alevins 1988/89:
Les moyens matériels ont diminué considérablement ; ceux qui restaient étaient en très mauvais état.
Les paysans sont habitués à être suivis de près et servis à “domicile” (Cession d'alevins).
Les contraintes administratives (ordre de route, décision sur terrain…) ne permettaient plus d'agir comme au temps du projet.
L'approvisionnement en intrants, carburant, fournitures, petits matériels était assez précaire, le budget de fonctionnement (contrepartie) étant géré par la Direction Centrale.
L'utilisation des recettes de “l'Income Account” était suspendue momentanément, faute de CTP signataire du compte bancaire.
Inexistence de document de base concernant les lacs.
Absence de données statistiques sur la production, la consommation et la commercialisation des produits halieutiques dans toute la Circonscription.
Faibles notions et expériences des Agents de la CIRPA sur la Pêche continentale.
Les pêcheurs ne sont pas des professionnels
Les commerçants ne sont pas habitués aux contrôles.
Ces problèmes généraux en aquaculture risquaient d'entraîner une léthargie du service et de provoquer le mécontentement des paysans-pisciculteurs.
La plus grave des conséquences est que si la continuité de l'activité n'est plus assurée, alors que la technique piscicole n'est pas encore maîtrisée par les paysans, ce serait l'opportunité de l'opération de vulgarisation piscicole qui serait remise en cause. Les actions déjà entreprises réduites au néant et la sincérité du service piscicole mis en doute.
IV. Les solutions adoptées
Consciente de ce grave problème, l'équipe de la CIRPA du Vakinankaratra s'était surpassée.
Quant aux moyens matériels, la CIRPA a demandé l'aide du Service Provincial de la Pêche et de l'Aquaculture d'Antananarivo (SPPA.1) et de la Direction de la Pêche et de l'Aquaculture (DPA). Le grand probléme résidait dans le fait que les dépenses à faire ne figuraient pas dans le programme d'emploi du budget du SPPA étant donné que ni le véhicule, ni les motos n'appartenaient pas au MPAEF mais au PNUD/FAO.
De même, les petits matériels de production d'alevins et de cession d'alevins ainsi que les intrants nécessaires ne figurent pas encore sur le Budget du SPPA d'Antananarivo.
Face à cette situation, le SPPA et la DPA s'étaient efforcés d'aider la CIRPA à mener à bien la campagne de reproduction et de cession d'alevins 1988/89, chacun dans les limites de ses possibilités.
Toutes les commandes n'étant pas évidemment satisfaites, la CIRPA était obligée de réaliser les objectifs avec le minimum qu'elle a pu recevoir. Ce qui a entraîné une réorganisation de travail :
changement des réunions mensuelles avec les vulgarisateurs sur terrain, en réunions trimestrielles ;
les assistances techniques aux exploitants piscicoles ne se faisaient plus que sur demande des interessés et si possible, à leurs frais ;
diminution du nombre de points de cession d'alevins en ne satisfaisant que les lieux où les commandes étaient élevées et l'accessibilité bonne
La Station étant mise à la disposition du Project MAG/82/014, le budget de fonctionnement n'était prévu, ni par le SPPA, ni par la DPA. Cette Station piscicole d'Ambatofotsy-Ambatolampy disposait d'un compte courant (Income Account) mais le signataire est un Agent de la FAO d'où, son immobilisation à la fin du projet.
On a dû adapter les techniques de production d'alevins avec les moyens disponibles (problème de caisse d'incubation, de produits de traitement …). Les protocoles d'élevage ont été aussi modifies par manque d'intrants, en intensifiant l'utilisation des engrais organiques (compostiére). Les programmes de travail ont été perturbés : retards en approvisionnement en intrants, carburant, petits matériels et fournitures de bureau, livraisons pas toujours conformes aux commandes.
Il faut préciser que travailler dans de telles conditions nécessite une volonté à toute épreuve ; le mérite revient au Chef de la Station Picicole d' ambatofotsy-Ambatolampy.
N'étant ni utilisateur de crédit ni détenteur de décision sur le personnel, le chef CIRPA était toujours obligé de se référer au chef hiérarchique, ce qui lui a pris pas mal de temps et provoquait un retard dans les décisions ; par conséquent l'opportunité de l'intervention même était remise en cause.
Les Agents de la CIRPA se déplaçaient souvent sans être munis d'ordre de route réglementaire qui, en général, doit-être délivré par le chef SPPA à Antananarivo. Celui-ci ne pouvait pas en envoyer réguliérement, alors que le programme de tournée fût pré-établi. Un simple ordre de mission ne pouvait pas rembourser les dépenses occasionnées par les déplacements de ces agents. La motivation des tournées administratives aurait pu être altérée. Ce qui ne fut pas fort heureusement.
Les paysans habitués à être suivis de près et servis presque à “domicile” ont commencé à protester sur la périodicité des visites des encadreurs et sur l'insuffisance ou même l'inexistence de point de cession chez eux. Ce phénomène a été même discuté au niveau des Fivondronana et après des explications sur la fin du project et l'insuffisance des moyens à la disposition de la CIRPA, la conclusion venant des paysans était simple : “sans les Expatriés, les techniciens nationaux s'en sortent difficilement”. La CIRPA avait tenu à démontrer le contraire.
Pour les réalisations des activités sur terrain, une collaboration étroite avec les autres services de développement (ODR, FIFAMANOR, AVEAMM, CIRIR …) nous a été trés utile car en plus des déplacements conjoints, leurs agents formés par CIRPA ont assisté efficacement aux encadrements techniques.
Concernant la pêche, tout était au point de commencement pour cette activité. On avait procédé comme suit:
Formation des Agents de la CIRPA avec un rappel théorique de base et des applications pratiques sur terrain, ce qui a demandé beaucoup de temps avant d'être efficaces.
Sensibilisation et conscientisation des pêcheurs et des commerçants.
Commencement des enquêtes pour constituer un document de base afin de pouvoir orienter les travaux.
Etablissement d'un plan d'action après les enquêtes pour une étude approfondie des lacs, de la pêche et de la commercialisation des produits halieutiques.
Ces études permettraient plus tard d'identifier les besoins et d'élaborer des projects adaptés au milieu pour la préservation de la nature, l'amélioration de la production et la maintenance de la salubrité.
V. Les réalisations de la circoncription
1. Aquaculture
Dans ce domaine d'activités, les résultats de travail sont les suivants :
Vulgarisation - Encadrement : 8049 (rizi) pisciculteurs encadrés, c'està-dire, une augmentation de 12,48% sur la campagne 1987–1988 des pisciculteurs (Tableau 1)
production d'alevins : aux environs de 600.000 alevins cessibles ;
cession d'alevins : une augmentation de 16,24% par rapport à l'année dernière (Tableau 2) ; (Ce n'était pas les alevins qui manquaient mais les moyens pour la distribution) ;
élaboration du projet PNUD/FAO/MAG/88/005 - “Promotion de l'Aquaculture et Privatisation de la Production d'Alevins”.
identification d'une trentaine de pisciculteurs-reproducteurs ;
formation et information d'agents appartenant à d'autres services.
Fivondronana | N o m b r e | N o m b r e | Effectif | ||||
Rizipisciculteur | Rizière | Surface (ares) | Pisciculteur | Etang | Surface (ares) | ||
Antsirabe I | 106 | 146 | 2.040,50 | 148 | 211 | 382,11 | 254 |
Antsirabe II | 1.620 | 2.186 | 17.485,34 | 835 | 1.121 | 3.344,33 | 2.265 |
Betafo | 1.417 | 2.223 | 19.413,36 | 1.679 | 2.304 | 3.647,67 | 2.953 |
Ambatolampy | 370 | 502 | 3.663,05 | 246 | 333 | 793,23 | 573 |
Faratsiho | 1.269 | 1.602 | 11.378,60 | 725 | 832 | 891,77 | 1.571 |
Antanifotsy | 262 | 333 | 3.211,07 | 244 | 302 | 1.279,92 | 433 |
TOTAL | 5.044 | 6.994 | 57.191,92 | 3.967 | 5.103 | 10.339,03 | 8.049 |
Fivondronana | Nombre des pêcheurs | Embarcation | Engin de pêche | Observations |
Antsirabe I (Andranobe) | 57 | - Barque en tôle de fût Dimensions : 3 × 0,70 m | - Filet maillant :
confectionné par les pêcheurs avec fil monofilament de 5 kg Dimensions : 12 × 1cm Mailles : 4 × 2 cm - Canne à pêche -Nasse | Ce ne sont pas des pêcheurs professionnels. Ils considèrent la pêche comme activité secondaire |
2. Pêche
En ce qui concerne les activités dans la pêche on a réalisé des activités suivantes :
formation des cadres moyens en matière de “pêche continentale” ;
étude monographique du Lac d'Andranobe ;
recencement des pêcheurs d'Andranobe (Tableau 3) ;
reconnaissance et étude préliminaire des autres plans d'eau.
3. Commercialisation
Pour améliorer notre connaissance sur la commercialisation, on a effectué les travaux suivants :
enquêtes statistiques des produits halieutiques sur le marché (Tableau 3);
contrôle de salubrité des produits sur le marché;
étude du circuit de commercialisation des produits halieutiques.
FIVONDRONANA | N o m b r e | OBSERVATIONS | ||
Points de cession | acheteurs | alevins cédés | ||
Antsirabe I | 4 | 130 | 30.291 | |
Antsirabe II | 28 | 1.039 | 111.518 | |
Betafo | 33 | 1.351 | 104.390 | |
Ambatolampy | 6 | 183 | 23.258 | |
Faratsiho | 6 | 863 | 83.800 | |
Antanifotsy | 5 | 180 | 28.400 | |
Ambositra | 1 | 180 | 16.447 | |
Sous-total | 83 | 3.926 | 398.104 | |
Antananarivo | 3 | 58.930 | avec les moyens de la CIRPA 11 | |
Miarinarivo | 1 | 26.856 | avec les moyens de la CIRPA 13 | |
TOTAL | 87 | 483.890 | augmentation de
16,24% sur l'année dernière Recettes : 9.677.800 FMG |
VI. Suggestions
Les CIRPA sont la base des activités sur terrain de la DPA en ce moment. De ce fait, les intervenants devraient disposer des moyens nécessaires pour l'accomplissement de leurs tâches et du pouvoir de décision pour les interventions pertinentes.
Chaque CIRPA devrait être utilisatrice de crédit afin d'éviter les perturbations des travaux sur terrain et assurer leurs efficacités.
Chaque CIRPA devrait établir son budget prévisionnel, son programme d'emploi et son plan de travail annuel. Après approbation des Chefs hiérarchiques, le Chef CIRPA serait le seul responsable sur les réalisations.
Les personnels à affecter sur terrain devraient subir une formation et un stage pratique pour être immédiatement efficaces.
Quant à la méthode de travail, le chef devrait créer des “motivations” afin d'intéresser ses collaborateurs aux travaux à réaliser pour atteindre les objectifs.
A propos de la facon de travailler, un climat de confiance paraît le plus opportun dans l'exécution des travaux, ce qui entrainera des discussions constructives et une bonne entente entre les superviseurs et les exécuteurs. Toutefois, un système de suivi devrait être adopté et pré-établi avec des contrôles discrets afin d'éviter des revirements possibles. Les sanctions positives ou négatives appliquées devraient être immédiates pour servir d'exemples.