par G. Razafitseheno - Chef Service Aquaculture - DPA
I. Introduction
Depuis le jour où l'homme a compris que le poisson était bon pour sa consommation, il s'est lancé dans sa capture. Puis de nouveaux besoins, des nouvelles idées sont apparues. Les relations entre l'homme et la mer se sont développées. Les océans ont commencé à dévoiler à l'homme leurs plus intimes secrets. Leurs richesses ont répondu favorablement à ses besoins qui ne cessent d'évoluer et de se diversifier. La pêche est la principale source d'approvisionnement en produits halieutiques. Pour satisfaire la demande toujours croissante de la population, l'homme met en oeuvre les moyens d'exploitation de dernier cri. Par les techniques et par l'echelle des opérations, la pêche est aujourd'hui tout autre chose qu'à l'époque où fut créée par exemple la FAO.
Cette particularité n'a pas manqué d'engendrer de problèmes. En effet, le secteur des pêches a connu depuis un peu plus de dix ans beaucoup de difficultés dues en partie au déclin des captures de quelques espèces importantes. Les ressources ne permettent plus une expansion illimitée. Du point de vue demande, elle ne cesse d'augmenter, les produits de la pêche tiennent dans de nombreux pays une place importante dans l'alimentation et représentent presque le quart des disponibilités mondiales de protéines animales.
Trois possibilités permettent d'accroître les disponibilités en ressources halieutiques :
amélioration de l'aménagement des pêches,
meilleure utilisation des produits, notamment par la réduction des pertes après captures,
développement de l'aquaculture.
II. Situation du développement aquacole
1. Situation globale
L'aquaculture a moins de cinquante ans d'histoire dans la plupart des pays africains. Sa planification reste une discipline récente. L'aquaculture est un moyen direct pour augmenter la production. Beaucoup de pays notamment les Etats insulaires, redoublent actuellement d'efforts pour développer l'aquaculture.
A l'echelle mondiale, l'aquaculture fournit environ 12% de la production d'animaux et de plantes aquatiques en poids, et beaucoup plus en valeur.
Son expansion est plus rapide en Asie qu'en Afrique. La plus forte croissance de production a été celle des espèces ayant une grande valeur commerciale (crustacés, poisson). De 1975 à 1985, le taux de croissance était de 74%. A la fin de ce siècle, les produits aquacoles représenteront selon les estimations, 20 à 25% de la production halieutique mondiale en poids et plus de 50% en valeur.
Sur la base des tendances régionales de la croissance de la productivité depuis une dizaine d'année, la moyenne de production aquacole mondiale est estimée à 22 Millions de tonnes entre 1985 et 1995 (toutes espèces confondues).
2. Situation par région
(i) Asie
L'aquaculture a une place importante en Asie qui fournit plus de 80% de la production aquacole mondiale.
Diverses espèces sont élevées dans cette région : crustacés, poissons, algues marines, mollusques. L'élevage de crustacés se développe très rapidement. La Thaïlande est le premier producteur mondial de crevettes géantes d'eaux douces, tandis que la Chine a dépassé les Philippines et l'Indonésie dans la production de crevettes tigrées marines.
L'Asie est le premier producteur d'algues marines.
L'élevage de mollusques est pratiqué en Chine, Japon et Corée. Plus de 70% de la production mondiale de mollusques proviennent de ces trois pays.
En 1985, la pêche apportait à chaque habitant asiatique quelque 11 Kg de produits, alors que l'aquaculture en forunissait 2,2 Kg en moyenne (9,5 Kg par habitant en Corée et un peu plus de 5 Kg par habitant aux Philippines et au Japon).
(ii) Proche Orient
La production aquacole s'élève à environ 88.000 Tonnes en 1985, soit moins de 0,4 Kg/hab. L'élevage de carpes et de tilapia est dominant en Egypte (40.000 T), en Turquie (19.100 T), en Israel (13.000 T) et en Iraq (4.500 T) à la même époque.
(iii) Europe
La pisciculture est très développée en Europe. En 1985, la production aquacole s'élève à quelque 1.136.000 Tonnes dont 296.000 Tonnes pour l'URSS (90% de cyprinidés).
Principales espèces cultivées : carpe commune, truite, moule, huître.
(iv) Pacifique
La production aquacole de cette région atteint 22.000 Tonnes en 1985 (soit 0,9 Kg/Hab/an) dont 93% de mollusques et 6% de poissons (salmonidés d'Australie et de Nouvelle Zélande).
(v) Afrique
En Afrique, la production aquacole est encore faible. Le développement se porte essentiellement sur l'élevage artisanal de Tilapia en étang. La pisciculture représente plus de 99% de la production aquacole qui se situe en 1985 autour de 61.000 Tonnes (soit 100g/Hab) dont 49.000 Tonnes pour l'Egypte.
(vi) Amérique du Nord
La production de poisson d'élevage (silure et truite) représente plus de 50% de la production aquacole.
L'élevage de crustacés n'est pas encore développé (moins de 10% de la production aquacole totale).
(vii) Amérique latine
L'élevage de crustacés (crevettes) est le secteur le plus dynamique. La pisciculture en eaux douces l'est également avec des espèces introduites (carpe, tilapia, truite).
Malgré l'intérêt considérable que suscite l'aquaculture dans cette région, la production aquacole reste encore faible : 76.000 Tonnes, soit 0,2 Kg/Hab/an en 1985.
III. Conclusion
L'élevage des crustacés a enregistré la croissance la plus forte, suivie par les poissons, tandis que la culture des algues marines et des mollusques est restée plus ou moins stationnaire.
La plus forte croissance de production a été celle des espèces ayant une grande valeur commerciale et l'expansion de l'aquaculture rurale, artisanale et intégrée a été plus lente que prévue.
Plusieurs problèmes biotechniques entravent encore la croissance de ce secteur, mais on reconnait de plus en plus que la mise en place du soutien et de l'infrastructure nécessaires aux niveaux local, national et régional est primordiale.
