PROJET PNUD/FAOANG/80/027
Développement de la Pêche dans la Province de MoxicoRapport technique 1/82
Rapport de la Mission Préparatoire
TABLE OF CONTENTS

par

H. Matthes
(Consultant de la FAO)

Département des Pêches, FAO
Rome
Mars 1982

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TABLE OF CONTENTS

ANNEXE A

ANNEXE B

ANNEXE D

ANNEXE E

ANNEXE F

Introduction

Dans le cadre du développement de la pêche et de la pisciculture continentales en République populaire d'Angola, la mission avait pour objet principal de préparer un projet révisé pour la pêche continentale dans la province de Moxico. Des considérations et propositions concernant le développement de la pêche et pisciculture dans les autres provinces, ainsi que des contacts avec le Ministère des pêches maritimes sont également présentées ici.

Remerciements

L'expert désire exprimer sa gratitude à toutes les personnes et organisations qui lui ont facilité sa mission, en particulier le personnel du secteur pêche continentale et pisciculture du Ministère de l'agriculture la délégation provinciale et la déléguée de la Coopération de Moxico, à Luena, ainsi que les autorités municipales de Cazombo, Luacano et les pêcheurs, pour leur assistance, leurs informations et surtout, leur hospitalité, dans la période difficile que traverse le pays.

Itinéraire

29.7.81Jimena (Espagne) - Rome
5.8.81Rome-Alger
7.8.81Alger-Luanda
25.8.81Luanda-Luena
26.8.81Luena-Sacassange-Luena (station piscicole)
27.8.81Luena-Lumeje (rivière) - Luena
29.8.81Survol zone entre Luena-Cameia-riv. Luena-riv.
Chifumage et Cazombo (Zambèze)
31.8.81Cazombo-Chifumage-Chicaluege-Cazombo
1.9.81Survol Cazombo-Dilolo-riv. Cassai-Luacano-Luena
3.9.81Luena-riv. Cassai-Luena
4.9.81Luena-Luanda
8.9.81Luanda-riv. Bengo (lagunes Panguila, Banda, Lumango)-Luanda
11.9.81Luanda-riv. Kwanza-Parc Quissama
12.9.81Parc Quissama-riv. Kwanza (estuaire)-Luanda
13.9.81Luanda-Ilha de Musso-Luanda
20.9.81Luanda-Bahia de Mussulo-Luanda
24.9.81Luanda-Rio Kwanza (Catete-Bom Jesus) village Mazozo (lagunes)-Luanda
5.10.81Luanda-Brazzaville
8.10.81Bzv-Dakar
16.10.81Dakar-Casablanca-Tanger-Ceuta
17.10.81Ceuta-Algeciras-Jimena
1.11.81Jimena-Malaga-Madrid-Rome

Personnes contactées (par ordre chronologique)

M. P. Gonzàlez Alberdi - FAO, Rome: 30.7.81/5.8.81/30.9.81/4.10.81/1–6.11.81

M. G. Asplund - UN Res. Rep., Luanda: 8.8.81/3.10.81

Mme Else Kornerup - UN Asst.Res.Rep., Luanda 8.8.81/2.10.81

Cda A. Luyeye Madimba - Chef secteur pêche continentale/pisciculture Ministère agriculture, Luanda - 10.8.81/4.10.81

Cda B. Dias da Silva - Pisciculture, Ministère agriculture, Luanda, 10.8.81/1.10.81

Cda. João Braga - Directeur National de la Conservation de la Nature (Ministère de l'agriculture) 13.8.81 et 1.10.81

Cda.E. Matos - Faculté Sciences, Université de Luanda, 12.8.81

Cda.J. Amaral - Chef Département, Fac.Sci.Université de Luanda, 14.8.81

Cda. A.L. Perez, 14.8.81

Cda João Carlos, Directeur, Museo Nacional de Historia Natural, Luanda, 15.8.81

M. Hans Horbach - Ambassade des Pays-Bas, Luanda, 15.8.81

M. Svensson - SIDA, Ambassade de Suède, Luanda, 17.8.81

Cda. Ernesto Chicucuma - Délégué Provincial de l'Agriculture (Ministère de l'agriculture), Luena, 25.8.81

Cda. Sidonio Mateus; Directeur Provincial du Département de la Conservation de la Nature, Luena, 25.8.81/4.9.81

Cda. Celestino Chinhamu (Faisca) Commissario provincial, Luean, 25.8.81

Cda. Delegada Provincial da Cooperação, Luena, 25.8.81/4.9.81

Cda. A.S. Major -Responsable de la pisciculture, Luena, 26.8.81/4.9.81

Cda. A. Jeremias - Directeur provincial, DINACA, Luena, 28.8.81

Cda. L. Castro Minas - Responsable Municipal de Luacano (Lac Dilolo) 28.8.81

Cda. Xavier A. Robindo - Chef Dép.t. des Parcs Nationaux, Luena/Cazombo, 29.8.81/1.9.81

Cda. Zacharias L. de Moura - Comité Central du Parti (Dept. Agro-Pecuario); 29.8.81/1.9.81

Cda. Bartolomeu Avelino - Commissaire municipal de Cazombo, 29.8.81/1.9.81

Cda. Bernardo - Coordinator Provincial, Luena, 29.8.81

Cda. Alfonso Cassangulo - Chef section agricole, cazombo, 30.8.81

Cda. Heitor M. Graça - Pêcheur, Cazombo, 30.8.81

Cda. Silva - Pêcheur, Cazombo, 30.8.81

M. Schadeberg - Unesco, Projet linguistique (ANG/77/009), Luanda, 10.9.81

Cda. Nkossi Luta Kingengo - Directeur, Parc National de Quissama, Luanda/Cuanga, Mussulo, 11–13.9.81/1.10.81

Cda. Henrique L. Alves Primo - Directeur National des Pêches Maritimes, Luanda, 18.9.81

M. Fernando Witte - PAM, Luanda, 28.9.81

Cda. A. Kanga - Conseiller technique du Ministère de l'agriculture (Liaison FAO Luanda, 28.9.81/1.10.81

M. P. Coppini - Rep. Rés. PNUD, Brazzaville, 6.10.81

M. J.Y. Costard - FAO, Expert piscicole, 6.10.81

M. T. Kroepelién - Spécialiste en pêches de la Mission FAO pour la planification de l'autosuffisance alimentaire en Rép. pop. du Congo, Bzv. 6.10.81

M. T. Everett - Chef du projet COPACE, Dakar, 9–15.10.81

Mme V. Séqueira et Mlle P. Mills - WFP (Rome), 5.111.81

Termes du Mandat

Expert-Conseil (Pêches continentales), ANG/80/027

En outre:

  1. l'expert a étudié de façon générale le potentiel pêche continentale en Angola, en particulier dans la province de Luanda (bassin côtier des rivières Dande, Bengo, Cuanza et Longa qui présentent des plaines d'inondation et de nombreuses grandes lagunes) pour laquelle une proposition de projet a été élaborée (annexe A);

  2. le document du projet piscicole proposé par le FENU (ANG/80/CO2) a été commenté afin qu'il soit révisé (annexe B);

  3. le contact a été pris avec la Direction nationale des pêches maritimes, afin de préparer une réunion avec M. González Alberdi (FAO dont l'agenda doit couvrir un large éventail des problèmes qui ont été soulevés et qui sont prioritaires.

  4. une clef d'identification des poissons d'eau douce de l'Angola a été préparée à la demande du Service des pêches continentales (annexe C);

  5. la possibilité de fournir des alevins (principalement T. nilotica) à partir de la station piscicole de la Djoumouna (Brazzaville) a été étudiée avec M. Costard (FAO).

Résultats

1. SITUATION DE LA PECHE DANS LA PROVINCE DE MOXICO

1.1 Généralités

Malgré certaines difficultés à circuler dans la région, les contacts avec les pêcheurs en différents endroits et avec les autorités locales, ainsi que les survols et visites en avion, ont permis d'établir que la pêche dans cette région est presque entièrement traditionnelle.

Par manque d'équipements ainsi que de formation, les pêcheurs de la région n'ont simplement jamais eu accès à une technologie moderne adaptée au milieu.

Même en supposant que la production actuelle puisse atteindre 2 500 t par an (voir section 1.3.3.3), pour les habitants de la province estimés à quelque 250 000, plus quelques 13–14 000 réfugiés (principalement zaïrois) au Moxico et Lunda Sul (chiffres UNHCR) cela ne représenterait toujours que 10 kg/hab./an. Ajoutez à cela le manque de bétail (du fait qu'une partie de la province est zone à tsé-tsé et à la période d'instabilité politique traversée par l'Angola) ainsi que le braconnage intense qui paraît avoir largement dépeuplé le Parc National de Cameia, et l'on voit à quel point la situation est grave.

1.2 Ecosystème

La région comprise entre la ligne du chemin de fer de Benguela (Lobito-Zaïre) depuis Luena jusqu'à Mucussueje au Nord; Cazombo-Kimbala à l'Est; de ce dernier à Lucusse au Sud et Lucusse-Luena à l'ouest, couvre environ 30 000 km2, dont 20 000 k2 sujets à inondations saisonnières (et± 15 000 km2 inclus dans la Parc National de Cameia). La physiographie est plane et mal drainée dans la partie entre les rivières Luena et Chifumage (comprenant presque la totalité du Parc) et légèrement ondulée en dehors de cette zone. La rivière Cassai au Nord (bassin du Congo) coule dans une vallée peu profonde sans méandres marqués ni bras morts. Le point de sa capture (au Pliocène) par le bassin congolais, à l'est de Lumeje, est bien marqué par un coude brusque et l'extension de la zone inondable (savane herbeuse) jusqu'à ses abords. La rivière Lumeje, au Sud de Buçaco, commence déjà à s'étaler, étant bordé d'une zone inondable avec de nombreux méandres et bras morts. Au sud du village de Lumeje, près du lac Cameia, elle se perd dans un vaste marais herbeux où apparaissent des chenaux disjoints et des lagunes. La rivière Luena, à l'est de la ville de Luena, suit une évolution comparable à celle de la Lumeje, mais avec sa plaine d'inondation et ses innombrables bras et méandres constitue la limite sud de la zone, jusqu'à son confluent avec le haut Zambèze. La rivière Chifumage, avec ses affluents et le lac Dilolo présente un aspect tressé à chenaux multiples et jusqu'à son confluent avec le Zambèse en forme la limite est. Le haut Zambèze lui-même coule dans une vallée plus marquée que toutes les autres, avec un courant fort (comme le Cassai) et parfois des rapides, sans zone inondable.

Le sous-sol paraît essentiellement constitué de formations gréseuses, les sols sont essentiellement sableux c'est-à-dire des arénosols (même les alluvions). Des couches alluvionneuses, argilo-sablonneuses (des gleysols et histosols) sont cependant présentes, du moins le long de la plupart des cours d'eau. Ces sols ont tendance à être pauvres et acides.

La végétation des zones hautes (non inondables) est constituée par la savane boisée (Zambézienne); les zones inondables (les “chanas”) par la savane herbeuse, steppique même dans la zone entre la Lumeje-Luena et le Chifumage, s'étendent jusqu'à la ligne du rail. Le bassin du Chifumage, cependant, présente une savane herbeuse avec d'innombrables îlots (100–500 m2, en moyenne) légèrement soulevés où poussent des doums, (hyphaene) principalement et des raffia, et tous les cours d'eau y sont bordés par une galerie forestière fournie, alors que cela n'est pas le cas pour les autres rivières, excepté le Zambèze et le Cassai.

Quant à la végétation aquatique, elle paraît riche et variée, sans dominante particulière, à part les graminées des zones inondables. Les espèces envahissantes, tels que Pistia, Salvinia, Eichornia, Papyrus, Typha, Phragmites, sont absentes ou peu communes. Le phytoplancton paraît plutôt pauvre.

Le climat est tropical modéré (de haut-plateau), l'altitude moyenne se situant autour de 1 100 m, avec une seule saison pluvieuse d'octobre (sept.) à mars (avril), soit 6–7 mois en moyenne, et une pluviosité moyenne de 1 200 à plus de 1 400 mm/an. Malgré une saison sèche assez longue, les rivières et même les ruisseaux continuent à couler toute l'année, du fait d'une nappe phréatique nourrie, à faible profondeur (de 0 à 20 m).

Les eaux sont généralement assez claires à limpides, même dans les lagunes, légèrement acides à basiques (pH 6–8), parfois fort acides (par exemple, la rivière Sacassange affluent de la Luena, avec un pH autour de 5 et des eaux noires). Les fonds sont fermes, sablonneux, mais les plaines inondables sont souvent recouvertes d'une couche argilo-sablonneuse (alluvionnaire) avec une haute teneur en matière organique (terres noires). La profondeur des eaux ne dépasse par 1-1, 5 m (jusqu'à 3 m dans les trous) et en plaine inondée est de l'ordre de 20–50 cm seulement. Durant les premiers mois des pluies, l'eau descend toujours et la crue ne commence qu'en novembre, la décrue en mai. Les températures de l'eau (rivières, lagunes) sont de l'ordre de 18–30°C (18–30°C en août/sept.).

1.3 La pêche

1.3.1 Les pêcheurs

Appartenant surtout aux ethnies Tshokwe et Lunda, ils vivent traditionnellement dans des villages situés en zones plus hautes, où ils pratiquent également une agriculture de subsistence. Durant une grande partie de l'année, y compris à l'époque des hautes eaux, ils sont dans des camps temporaires, souvent isolés, à pratiquer la pêche.

Il n'est pas possible de déterminer leur nombre sur la base des données existantes, mais il y en aurait environ 300 (professionnels) à Dilolo (municipalité de Luacano) et 80 pour cent des habitants des municipalités (districts) de Lumeje, Luacano et Cazombo seraient pêcheurs. Leur nombre varierait entre 40 et 50 000, mais cela inclut sûrement les occasionnels 1. Le nombre de pêcheurs professionnels doit être de l'ordre de 2–3 000 seulement. Ils n'ont jamais eu d'appui technologique ni de formation d'aucune sorte.

1 Surtout cette partie de la population qui exerce la pêche de décrue dans les nombre uses et extensives barricades en zone inondée, et qui comprend les femmes et les enfants.

1.3.2 Les équipements

  1. bateaux: seules des petites pirogues monoxyles sont utilisées (2,5-4 m, rarement plus grandes), maniées par un seul pêcheur. Ils les font eux-mêmes, mais les arbres étant en général très éloignés des zones de pêche, de grandes difficultés se posent pour le transport. Il est évident que dans ces conditions, à part le transport des pirogues elles-mêmes, celui des engins et produits ne se fait que difficilement. Dans beaucoup d'eaux cependant, la profondeur ne dépasse généralement pas 1,5 m et la pêche se pratique sans embarcation d'aucune sorte;

  2. moteurs: sur les lacs Cameia, Dilolo et dans le Zambèze, (à Cazombo quelques pêcheurs ont eu des moteurs hors-bord, mais la plupart estiment que ces moteurs ne serviraient pas à grand-chose, étant donné la quantité de plantes aquatiques (herbes surtout) et le fait que le bruit des moteurs effraie le poisson. Pour le transport, par rivières, sur des longues distances, les moteurs pourraient être essayés;

  3. engins/méthodes: ceux-ci peuvent se classer en 3 catégories: les filets, les lignes et les barricades avec nasses.

    1. les filets: surtout les filets maillants (plus ou moins bien montés et maintenus, en général très sommairement), rarement de plus de 70 m de long sur 1-1,5 m de haut, et utilisés le plus souvent dans les lagunes et les bras morts, pendant le jour, le filet étant utilisé plus comme senne maillante que comme filet dormant et le poisson y étant chassé (à coups de bâton sur l'eau). Les mailles sont de 6 à 11 cm généralement, de taille inégale 1, sauf pour les filets tissés par les pêcheurs eux-mêmes. Les fils sont trops gros (denier 210/9 à 18) en général. Le filet (Lioge) est monté directement sur les ralingues; la ralingue supérieure (5–6 mm de diamètre) est attachée aux flotteurs en bois léger (Chizeke, plur. Vizeke), en joncs liés en paquet ou en fronde de palmier, de 15–25 cm de long, espacés de 35–70 cm. Les poids sont en pierres, généralement espacés de 50–100 cm (selon leur grosseur) ou bien la ralingue inférieure consiste en une grosse corde (2–3 cm de diamètre) faite avec l'écorce tordue d'un arbre (Mulombo) et qui s'alourdit en s'imbibant d'eau.

    2. les lignes: en fil monofilament nylon (Æ 0, 60-0, 80 mm) ou de fabrication locale, avec des hameçons de 2 jusqu'à 9 cm de long (selon les possibilités d'acquisition). Généralement utilisées sans canne et simples (très peu de palangres) et appâtées avec du manioc ou du poisson (tripes), ces engins sont aussi beaucoup utilisés par les pêcheurs occasionnels, surtout les garçons.

    3. les barricades (avec nasses et paniers): celles-ci peuvent s'étendre littéralement sur des kilomètres à travers les plaines d'inondation et, dans les parties (légèrement plus basses) où s'écoulent activement des larges nappes d'eau à la décrue, elles se suivent en série à quelques centaines de mètres d'intervalle. Formées de murets de boue et d'herbe et d'un grossier échafaudage de piquets, branchages et herbes, plaquées de boue dans les zones plus profondes, d'une hauteur de 20 à 100 cm. Des ouvertures y sont pratiquées dans lesquelles sont posées des nasses (Muvua) de taille et formes diverses, ainsi que des chambres de capture (Dilela, pluriel Malela) ou des paniers véranda (Vikanga) qui sont retirés périodiquement.

      Dans le lit mineur des rivières, des barrages de piquets sont aussi construits et munis de nasses plus grandes (lipacassa) avec deux ouvertures opposées;

    4. divers: les femmes (et les enfants) pêchent en groupe (dans les lagunes et bras morts) utilisant un grand panier oblong (Tambi) pour capturer les (petits) poissons près des herbiers surtout. Les poisons végétaux sont aussi utilisés.

      Quelques pêcheurs utilisent aussi le harpon, surtout pour capturer du Clarias mossambicus, lors de ses migrations dans les plaines inondées (pour la reproduction et à la décrue), lorsque ces poissona traversent même, de nuit, les parties exondées à la recherche des eaux permanentes.

1 Le matériel provenant des fabriques de filets (Luanda et Benguela) n'est pas approprié en ce qui concerne la grosseur du fil et le serrage des noeuds courant, c'est-à-dire que le filet n'a probablement pas été traité après tissage pour fixer les noeuds.

1.3.3 La production

En l'absence de toute statistique, une estimation, basée sur des données partielles, entre autres la mention de ± 100 t de “toqueia” (petit poisson séché) vendus à Dilolo, en 1958 (Frade et Pinto, 1961), sur une période de 9 mois. Ceci correspond à environ 400–500 t, poids frais, par an. Si l'on considère ce chiffre comme représentant au plus 25 % de la production totale de “toqueia” (toute la région de Dilolo), on en arrive à 1 600–2 000 t. A ceci il faut ajouter la production “professionnelle” que l'expert estime à 0,5 t/pêcheur/an sur la base de ses observations, ce qui représente 1 250 t pour les quelque 2 500 pêcheurs. La région produirait donc actuellement au moins 2 500 t, plus probablement 3 000 et peutêtre même 5 000 t/an.

Le potentiel, en prenant un chiffre très bas de 15 kg/ha/an de productivité naturelle 1 serait pour les 20 000 km2 de zone inondable (rivières, lagunes et “chanas”) de 30 000 t/an. La pêcherie est donc très sous-exploitée.

Un groupe de 12 pêcheurs, dans la région de Cazombo, pêchant dans un bras mort et une petite lagune isolée (partie d'un ancien chenal) du bassin de la Chifumage, ont capturé 65–75 kg en une journée de pêche, utilisant deux filets maillants d'environ 100 m avec lesquels ils encerclaient le poisson tout en le chassant dans le filet à coups de bâton sur l'eau (sans canot). En tenant compte du fait qu'en ce moment (fin août) le rendement est maximal (poisson concentré), que cette période s'étale sur 4 mois (juillet à novembre) et que le rendement minimal (durant les plus hautes eaux, de février à mai) est toujours d'au-moins 1/10 de celui-ci (selon les pêcheurs), ce groupe, qui pêche en moyenne 4 jours par semaine, soit quelques 200 jours par an, produirait ± 4 690 kg (4 mois) plus 2 580 kg (4 mois) plus 470 kg (4 mois), soit au total 7 500 kg à 8 000 kg/an au minimum. A ceci, il faut encore ajouter la pêche individuell à la ligne surtout, ainsi que la pêche saisonnière (barricades principalement). Le total serait donc proche de 500 kg/an/pêcheur, ce qui confirme les estimations basées sur les déclarations des pêcheurs de Dilolo.

Les espèces capturées, par ordre de fréquence observée sont: Tilapia rendalli (Cundo) Tilapia rendalli (Cundo),

Hepsetus odoe 2 (Mucunga),

Clarias mossambicus (Buli),

Serranochromis spp. (Quele, Tchezele, Pumba) (S. angusticeps et S. thumbergi

T. sparmanni (Tobo),

Schilbe mystus (Zeza),

Hemichromis fasciatus (Tundua)

Sargochromis sp. (Cangenha)

T. macrochir (Queje).

1 Comparable à celle de la plaine d'inondation de la Kafue (Zambie)
2 Comme énormément de ces poissons sautent par dessus le filet et réussissent ainsi à s'échapper, cette espèce est, en réalité, la plus abondante à cette époque.

En poids, le Clarias, T. rendalli et Hepsetus paraissent à peu près équivalents au total, quoiqu'il suffise d'un très gros Clarias pour faire pencher la balance, les Serranochromis viennent ensuite avec les T. sparmanni et les Schilbe toujours représentés.

Il est très intéressant de comparer ceci avec l'ordre de fréquences dressées dans des pêches expérimentales faites en 1958 au lac Dilolo (Frade et Pinto, l.c.) principalement avec un trémail où les espèces suivantes étaient représentées:

T. sparmanni (30 %),

Hydrocynus vittatus (16 %),

Synodontis spp. (12 %),

Gnathonemus spp. (11 %),

Serranochromis spp. (9 %),

T. rendalli (7 %),

Mastacembelus sp. (4 %),

Hemichromis fasciatus (2 %).

Ce qui indique, pour la même époque de l'année (août-septembre) une composition faunistique assez différente dans le lac Dilolo, avec toutefois aussi une forte proportion de prédateurs, quoique beaucoup moins que dans les petites lagunes isolées, où elles deviennent prépondérantes vers la fin de la saison sèche (phénomène aussi communément observé dans les plaines d'inondation des llanos du Venezuela, avec les Serrasalmus spp.). Evidemment, il faut aussi tenir compte de la différence entre engins, prouvée par la capture des poissons anguilliformes comme Mastacembelus dans un trémail.

A remarquer l'absence totale de grands Citharinidae et Cyprinidae dans les captures.

La plupart des Cichlidae observés étaient déjà en état de maturation sexuelle.

Dans les barricades en plaine inondée, les petites espèces capturées sont principalement: Haplochromis spp., Clarias spp., Ctenopoma spp., autres Chichlidae, Barbus spp., Characidae, autres silures.

1.3.4 Traitement et commercialisation

Tout excédent de poisson capturé est nettoyé (étripé et ouvert mais pas écaillé), sauf les petits (toqueia), séchés entiers, et les Clarias qui sont saulement étripés et ensuite séchés sur claie ou sur la paille, sans salaison. Les poissons gras (silures en général, surtout Claritas) sont par contre souvent fumés. En saison des pluies cependant, lorsqu'il y a beaucoup de captures, le fumage est difficile, le bois étant rare sur place. La qualité du poisson ainsi traité est variable, principalement selon la saison. En époque d'humidité ambiante élevée, il moisit et pourrit et la durée de vie est réduite à quelques semaines au plus. Par temps très sec, il s'effrite et à tout moment ce produit est exposé aux attaques par les insectes (dernestes, mouches, etc.). Très peu d'infestation par insectes a été observée sur les poissons examinés en août-septembre. Le poisson salé n'est pas apprécié par la population locale.

Le poisson traité est transporté aux marchés (villages environnants) par tous les moyens, le plus souvent à pied; l'emballage se fait dans des ballots d'environ 10–30 kg, faits de tiges tressées, ou de feuilles et entourées d'un réticule de corde et le tout est attaché à un ou deux bâtons (d'environ 2 m) généralement fourchus, le ballot étant amarré à la fourche; ce système permet de soulever et reposer la charge aisément et de le transporter en travers des épaules.

En saison des hautes eaux, le transport couplé au séchage difficile en cette époque constitue une difficulté majeure et les pêcheurs ont suggéré que des bicyclettes (modèle à gros pneus) seraient la meilleure solution, en attendant que se créent des routes d'accès permanentes. Les pêcheurs eux-mêmes (ou des membres de leur famille, mais souvent aussi des revendeurs), transportent ainsi le poisson aux marchés. Souvent il est vendu en route, mais s'il atteint les marchés locaux, il est vendu à Kz 60 1 le kilo (frais) prix officiel ou Kz 100 séché/fumé. Les prix du marché parallèle varient mais peuvent être dix fois plus élevés (kz 100 pour 100 g de “toqueia” au marché de Luena). Une partie (probablement faible) de la production passe aussi les frontières pour être vendue en Zambie ou au Zaïre, surtout dans le but d'acheter du matériel et autres biens faisant défaut localement.

2. POTENTIEL DE DEVELOPPEMENT

Avec un stock pêchable d'au-moins 20 000 t/an d'une valeur marchande à Kz 60/kg, de Kz 1 200 millions, la ressource en poisson dans la province est importante et, si elle était totalement exploitée, à raison de 4–5 t/pêcheur/an, elle permettrait à quelque 4–5 000 pêcheurs d'avoir un revenu annuel d'environ Kz 180 000 (le poisson étant vendu à Kz 40/kg dans ce cas).

Dans une première période, l'équipement, la formation et l'organisation des communautés de pêcheurs devrait permettre à ceux-ci d'atteindre une productivité de 1–2 t/pêcheur/an.

Le projet proposé pourra équiper quelque 1 000 pêcheurs (en engins de pêche) à ce niveau de productivité, ou bien un nombre plus réduit mais à un niveau de productivité proportionnellement plus élevé.

La création de routes praticables en toute saison: dans une première phase, celle de Luacano à Cazombo (passant par Dilolo) où même l'extension du chemin de fer sur le même parcours, qui serait déjà planifié; ensuite des bretelles vers la Luena à partir de la route Luena-Lucusse-Luimbala et enfin une route avec des bretelles depuis Leua au lac Cameia et le parc de Cameia, serviraient à désenclaver toute la région, non seulement pour la pêche, mais pour l'agriculture et le tourisme (Parc).

Durant les premières années de développement l'étude des possibilités d'implantation (sites et accès) d'autres centres de pêche, du transport du poisson (mécanisation des bateaux?) ainsi que celle, primordiale, de l'évolution des communautés de pêcheurs sous l'impact des activités de développement, devra indiquer les grandes lignes de conduite à suivre.

1 US $ 1 = Kz 30.

3. DIVERS

3.1 Politique du Gouvernement

Celle-ci vise essentiellement à développer la pêche dans le système coopératif, librement consenti. Priorité sera donnée aux coopératives dans l'assistance fournie aux pêcheurs.

3.2 Cartes et documentation

Des cartes au 1/100 000è existent à l'Institut de géodésie et cartographie, à Luanda, et pourront être obtenues pour le projet sur demande du Ministère de l'agriculture. Ces cartes seront essentielles pour le déroulement efficace des activités des projets, surtout en ce qui concerne les enquêtes.

Il s'agit des feuilles No. 200, 201, 220, 222, 223, 224, 242, 243, 244, 245 et 246.

Toute autre documentation requise, pourra être obtenue au travers du même Ministère, mais il n'existe pratiquement rien. Des données climatologiques et du recensement de la population de 1971 existent et peuvent être obtenues.

3.3 Contacts et coopération avec d'autres institutions

Essentiellement il s'agit ici de:

  1. Université de Luanda (faculté des sciences, biologie);

  2. le Musée national d'histoire naturelle, Luanda;

  3. le Musée de Dundo;

  4. le laboratoire du Ministère de l'agriculture;

  5. l'Institut National des Langues (INL);

  6. le Ministère des pêches maritimes;

  7. le SIDA (Suède), Luanda;

  8. le PAM.

Etant donné que le secteur pêche/pisciculture continentales se trouve dans le même département que les parcs nationaux, les contacts essentiels existent déjà, en ce qui concerne les activités pêche dans les pars (Cameia, Quissama) et la conservation.

Les institutions (a) jusqu'à (d) sont intéressées à recevoir des collections (principalement de poissons) afin de constituer des collections de référence, étude et exposition. Seul le Musée de Dundo possède encore des collections (très complètes en ce qui concerne les poissons) qui seraient encore en bon état de conservation.

Par ailleurs, les musées et les laboratoires manquent de matériel (surtout bocaux), de produits préservateurs (formol, alcool), et de personnel technique.

Une collaboration avec le(s) projet(s) est désirable et l'Université de Luanda est très intéressée, puisque cela permettrait aussi d'améliorer la formation. Certains travaux/études/analyses pourront être effectués par eux, à condition que des échantillons/collections leur soient fournis. Ceci couvrirait les analyses d'eau, plancton, identification de plancton, invertébrés, poissons, etc., selon le personnel dont la faculté dispose à un moment donné.

D'autre part, le Département de Biologie est intéressé à envoyer des petits groupes d'étudiants faire des stages pratiques dans le cadre d'un projet pêche ou pisciculture.

Quant au Musée d'histoire naturelle, il ne fait pas collection d'organismes dulcaquicoles, exceptés les oiseaux et mammifères, et le directeur est un taxidermiste. En ce qui concerne l'INL (e), le projet Unesco (ANG/77/009) pourra fournir une assistance, principalement bibliographique, en ce qui concerne les langues locales utilisées par les pêcheurs de Moxico.

Il existe notamment un dictionnaire de langue Tchokwé (Tchokwé-English dictionary and grammar lessons par: M.B. Mc Jannet (1949) Vila Luso (105791); voir aussi: E. dos Santos (1962) Elementos de gramatica Quioca-Agencia geral do Ultramar, Lisbonne), à l'INL; par ailleurs, au département de langues du Musée Royal de l'Afrique Centrale (Tervuren), Belgique, M.A. Coupez pourra être consulté.

Quant au Ministère des pêches maritimes, il est évident que ses infrastructures et services pourront être très utiles, le cas échéant, aux pêches continentales, moyennant des relations suivies et réciproques.

La SIDA (coopération suédoise) accorde une assistance importante aux pêches maritimes, principalement dans les domaines suivants:

  1. Développement de la pêche artisanale: avec un projet pilote à Soyo (bas-Zaïre).

  2. Formation avec:

    1. une école de pêche à Cacuao (près de Luanda), pour la formation pêche (semi)-industrielle, y compris des spécialisations;

    2. des cours (de 6 mois) en biologie marine et en hydrographie pour le personnel attaché au laboratoire de recherche.

  3. Recherche: assistance au Centre de recherches marines (Lobito) y compris la remise en état du bateau de recherche.

  4. Production de bateaux: en étude, pour la petite pêche côtière.

Le PAM, dans le cadre de sa politique d'assistance au développement de la pêche (voir annexe E, surtout les points (e), (g), (i)-i et iii) peut fournir une assistance considérable au projet de Moxico, surtout en ce qui concerne la fourniture de denrées alimentaires aux centres (CCP) pour stimuler la productivité des pêcheurs. Lors de discussions tenues à Rome à ce sujet, il est apparu que le projet se prête très bien à ce genre d'action (notamment échange de poisson contre d'autres denrées) pourvu que le problème du transport (entre Luanda et Luena) puisse être résolu.

4. SITUATION DE LA PECHE CONTINENTALE EN GENERAL

Au niveau national, essentiellement les mêmes problèmes se posent que pour Moxico: manque de matériel, pas de formation, peu d'infrastructures de service, etc.

Les zones autres que Moxico où le potentiel est intéressant et devrait être développé par des actions appropriées, sont:

4.1 Le bas-Zaire (fleuve Congo) avec son estuaire

Cette zone serait très riche en poisson et il y existe une pêcherie artisanale qui ne reçoit aucun appui et qui, bien développée, pourrait fournir en poisson les provinces du Zaire et de Uige. (Le SIDA exécute un projet à Soyo pour la pêche artisanale marine).

4.2 Les rivières Dande, Bengo, Cuanza et Longa: (provinces de Bengo, Luanda, Cuanza Nord et Cuanza Sud)

Celles-ci, dans leur cours inférieur, ont des plaines d'inondations marécageuses et des lagunes parfois très grandes. Ces lagunes couvrent plus de 500 km2 (143 km2 avec une production supérieure à 1 400 t/an pour les rivières Bengo et Dande, selon le rapport Herzet) et les pêcheurs y sont très nombreux mais n'ont aucun appui (voir annexe A, proposition de projet) 1.

4.3 Les systèmes fluviaux du Cunene et Cubango (Okavango)

Dans le sud du pays, ces régions isolées et, en fait, mal explorées, présentent des caractéristiques physiographiques favorables (avec des plaines d'inondation, de nombreux petits lacs/lagunes, des marécages extensifs, etc.). Dans un proche avenir, il sera utile d'y effectuer une prospection afin de déterminer les possibilités de développement d'une ressource certainement aussi importante que celle de Moxico. En attendant, du petit matériel sera distribué aux pêcheurs du Cunene, sur le fonds d'urgence concédé par les Nations Unies en faveur des populations affectées par la récente invasion sud-africaine (annexe.G).

4.4 Les petits lacs naturels et les lacs de barrage

Dans tout le pays, de nombreux petits lacs naturels ainsi que des barrages, dont certains importants, tels celui de Gove (14 000 ha) sur le haut Cunene, présentent des possibilités pêche/pisciculture qui pourraient être intéressantes et devront être étudiées. L'effet de certains barrages sur l'écosystème, surtout celui des zones inondables en aval, par la régularisation des crues notammert, méritent également une étude. Dans le cas des rivières Bengo et Cuanza (bassins côtiers) certains effets négatifs sont déjà constatés (voir annexe F).

1 D'autre-part, des problèmes écologiques s'y posent, notamment en ce qui concerne la végétation aquatique envahissante (voir annexe F).

4.5 Le potentiel des pêches continentales

Malgré l'absence de données en général, une estimation très préliminaire, basée principalement sur des extrapolations à partir d'exemples mieux connus (comme la productivité des plaines d'inondation en Zambie) ainsi que des données partielles sur la pêche (à Moxico et dans les bassins côtiers, près de Luanda), a pu être faite.

En bref, cela donne 20 000 t/an pour Moxico; 10 000 t/an pour le bassin du bas-Zaïre (estimation du Service des pêches); au moins 5–10 000 t/an pour les bassins côtiers (rivières Dande, Bengo, Cuanza et Longa) - basée sur les captures actuelles; et peut-être encore au moins 5 000 t/an pour chacun des bassins du Cumido-Cubango (apparemment très peu productif au Botswana (Okavango), voir Welcomme, 1979), et du Cunene.

Au total donc, une production potentielle de quelque 45 à 50 000 t/an pour les zones majeures. A ceci, la pêche purement fluviale et dans les petits lacs et barrages, pourrait encore contribuer environ 5 000 t, à condition qu'elle soit développée, ce qui présente une grande difficulté: la dispersion (surtout linéaire) dans l'espace, le long des rivières, par exemple. Il est certain, en tous cas, que les rivières à galerie forestière (celles du bassin congolais principalement), sont riches en poisson, mais les difficultés matérielles d'y développer la pêche sont immenses.

5. La pisciculture

Le potentiel piscicole angolais en milieu continental tout comme en milieu marin ou saumâtre (baie de Mussulo, par exemple) est consirable, mais son développement pose des difficultés de financement d'abord, de personnel formé et de continuité (maintien) ensuite.

En effet, la pisciculture est une activité nécessitant d'assez gros investissements au démarrage (du moins pour les centres d'alevinage et de vulgarisation essentiels au départ) ainsi qu'un personnel technique qualifié et motivé qui s'applique sans relàche à un travail intensif et soutenu. Ces conditions étant très difficiles à réunir (et à maintenir), il n'est pas étonnant de voir la plupart des stations piscicoles tomber en panne dès que l'assistance extérieure cesse. Comme l'Angola possède des ressources halieutiques très riches, surtout en milieu marin, il est évident que la priorité est le développement des pêcheries. De même, la mise en place d'un système de distribution national (infrastructures de transport, de conservation et d'emmagasinage) reviendra toujours beaucoup moins cher, par kg de poisson distribué, que la production piscicole, surtout si l'on considère que ces infrastructures (routes, chaine de froid) sont à usage multiple. En fait, la pisciculture ne se justifie qu'en milieu rural difficilement accessible dans les régions où la ressource naturelle fait défaut. Une politique saine de développement piscicole serait donc de déterminer quelles sont ces zones, leur assigner une priorité, pour ensuite, en fonction des moyens disponibles (assistance financière et formation de personnel), commencer par rétablir les stations existantes (pourvu qu'elles soient utiles). Dans une phase ultérieure, la création de nouveaux centres pourra être considérée, à la lumière des expériences duran la première phase. Chaque phase devrait durer 5 ans environ.

Une proposition de projet piscicole, ANG/80/C02 (non préparée par la FAO) a été commentée (voir annexe B) à la demande du PNUD, après étude de deux versions dans les dossiers du Représentant résident. Il est évident que ce projet doit être révisé et il est recommandé qu'il le soit en tenant compte des suggestion ci-dessous. Ce qui parait incompréhensible c'est que, malgré la visite de plusieurs experts piscicoles et les efforts constants du service des pêches, aucune proposition valable n'a encore étédressée!

Dans une première étape, il faudra restocker les étangs des quelques stations existantes déjà remis en fonctionnement avec des alevins de Tilapia nilotica. Il a donc été prévu dans le cadre du-projet de Moxico d'acheter 20 000 alevins au Congo. Cependant, lors de son passage à Brazzaville, l'expert a été informé que la station piscicole de la Djoumouna allait être reprise par un nouveau projet et qu'en ce moment il n'y avait pas de stocks d'alevins de bonne qualité disponibles. Comme la Djoumouna va être elle-même restockée à partir de Bangui, l'expert a recommandé que les alevins requis pour l'Angola soient inclus dans' ce chargement.

Un cours basique en pisciculture (préparé au Mozambique en 1979 et annexé au rapport final de l'expert) pour la formation piscicole du personnel technique a été remis au service des pêches/pisciculture.

Le Centre d'investissement (de la FAO) pourra peut-être financer en première phase les coûts de remise en état de quelques stations piscicoles existantes et il faudra donc les contacter à ce sujet.

Recommandations

1. Dans le cadre du projet de Moxico, l'expert recommande:

  1. que l'expert technologiste des pêches soit une personne sans trop de responsabilités familiales et préparé à vivre en brousse dans des conditions parfois difficiles. Il devra savoir développer des relations étroites avec les pêcheurs, gagner leur confiance et pour cela il est fortement recommandé qu'il apprenne la principale langue locale. Il pourra être un expert P3 ou même un volontaire des Nations Unies, étant donné que le niveau technique n'est pas élevé.

  2. il faudra étudier avec le PAM ( qui peut fournir des biens de consommation s'il y a production), le Ministère du commerce interne, les autorités locales et les pêcheurs, la possibilité de leur fournir des denrées alimentaires en paiement partiel pour leur poisson (voir aussi annexe E, point (g) surtout);

  3. aux lacs Cameia et Dilolo existent déjà certaines infrastructures (bâtiments principalement) qui seraient disponibles pour les Centres Communautaires des Pêches. Il est donc recommandé d'en étudier, avec les pêcheurs, les possibilités d'utilisation.

  4. il faudra étudier les possibilités du transport de poisson (principalement traité) vers les centres, surtout à l'époque des hautes eaux, utilisant des canots motorisés, de faiole tirant d'eau et de fabrication simple, construits localement.

  5. étant donné que beaucoup de poissons (surtout les Hepsetus) s'échappent en sautant par dessus le filet durant la pêche à la senne encerclante, il faudra soit:

    1. utiliser une senne à "veranda" horizontale;

    2. utiliser une senne à poche.

    La dernière solution paraît cependant la meilleure, étant donné que ces poissons franchissent souvent une distance horizontale supérieure à 1 m en sautant;

  6. au cas où un expert ne pourra pas être recruté àtemps (c'est-à-dire lorsque les équipements commandés arrivent) il serà utile de faire appel à un consultant pour assurer au moins l'acheminement du matériel sur Moxico, l'établissement des centres et la distribution de l'équipement. Ceci afin que la pêche puisse au moins déjà démarrer;

  7. l'action gouvernementale, dans l'immédiat, doit consister en:

    1. assurer l'ouverture des crédits aux pêcheurs (de l'ordre de Kz 10 000, par tête) pour l'achat au projet d'une quantité suffisante de matériel. Ce crédit devra être accordé de préférence aux pêcheurs désirant s'associer au CCP.

    2. mettre en disponibilité effective les câtiments nécessaires, c'est-à-dire, au démarrage du projet: un entrepôt à Luena et un bâtiment avec magasin dans chaque centre (pour le centre du Chifumage, près de Cazombo, il faudra en construire un);

    3. recruter un assistant technique pour chaque centre.

  8. il est recommandé de faire décharger les équipements du projet à Lobito (moins de retards qu'à Luanda) pour profiter aussi du chemin de fer (Benguela-Zaïre) le cas échéant. La FAO devra contacter la compagnie de transport angolaise ANGOMAR avec siège à Lisbonne et une représentation à Amsterdam, pour leur demander les disponibilités sur les navires angolais;

  9. la création par le Gouvernement des infrastructures indispensables au développement de la pêche dans la province de Moxico (notamment les bâtiments des CCP et les routes d'accès permanentes) doit être une condition préalable du PNUD pour le financement des phases suivantes du projet.

2. En ce qui concerne le développement des pêches continentales en général;

  1. il faudra envoyer, sur requête à préparer par le Gouvernement, un consultant (généraliste des pêches, de préférence) pour 1 mois afin d'enquêter sur la pêcherie artisanale du bas-Zaïre et de préparer un projet pour son développement. Ceci devrait être fait en coordination avec SIDA (projet de pêche artisanale à Soyo);

  2. une étude doit être faite concernant le développement d'engins et méthodes de pêche adaptés au milieu strictement fluvial; les palangres, les nasses et les filets fixes surtout paraissent prometteurs. Cette étude pourra déjà être entamée dans le cadre du projet de Moxico dans les rivières de la région. De bons emplacements pour les filets à l'étalage (sortes de sennes à poche ou chaluts fixés dans le courant et périodiquement relevés) ne manquent pas dans les rivières près de Luena.

3. En ce qui concerne la pisciculture

Voir chapitre 5 p. 21.

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