CCP:BA/TF 05/9



COMITÉ DES PRODUITS

GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL SUR LA BANANE ET LES FRUITS TROPICAUX

Quatrième session

Guayaquil (Équateur), 19 – 23 septembre 2005

LE MARCHÉ DES FRUITS TROPICAUX EN INDE




Table des matières


I. INTRODUCTION

1. À sa quatrième session, le Sous-Groupe sur les fruits tropicaux a recommandé au Secrétariat d'entreprendre une mise à jour des données du marché en Inde et une étude du marché au Proche-Orient. En raison de contraintes financières, le Secrétariat n’a pas été en mesure d’effectuer une étude de marché pour le Proche-Orient. Il n’a pas été possible non plus d’effectuer une étude sur documents en raison du manque d'informations sur les marchés des fruits tropicaux dans cette région. Par conséquent, le présent document traite uniquement des principales tendances de l’offre, de la demande et du commerce des fruits tropicaux en Inde, ainsi que des perspectives d’avenir.

II. PRODUCTION

2. L’Inde est l’un des principaux pays producteurs de fruits au monde, avec près de 10,4 pour cent de la production mondiale de tous les fruits et près de 40 pour cent de celle de fruits tropicaux. Entre 1995 et 2004, la production a augmenté en moyenne de 3 pour cent par an, tandis que les superficies cultivées et les rendements progressaient, respectivement, de 2,4 et 1,5 pour cent. Durant cette période, la production de fruits a augmenté régulièrement, passant de 36 millions à 47 millions de tonnes, sous l’effet des mesures d'incitation en ce qui concerne l'offre. Elle assure en moyenne 10 pour cent de la valeur brute de la production agricole totale de l'Inde et 13 pour cent des recettes d'exportation totales des principaux produits agricoles. Les principaux États producteurs de fruits sont notamment Uttar Pradesh, Karnataka, Tamil Nadu, Maharashtra et Gujarat.

3. Les principaux fruits tropicaux produits en Inde sont les suivants: banane, mangue, goyave, ananas, papaye, litchi et, dans une moindre mesure: sapote, jaque, phalsa, annona et ber. Les trois principaux fruits tropicaux (mangue, ananas et goyave) ont représenté 33 pour cent de la production totale de fruits en 2004. La production de mangues s'est élevée à 10,8 millions de tonnes en 2004, soit une augmentation de 6,2 pour cent par rapport à 1998/2000, tandis que celles de papayes et d'ananas ont atteint, respectivement, 700 000 et 1,3 million de tonnes en 2004. Durant la période 1995/2004, la production de papayes a augmenté de 4,3 pour cent et celle d'ananas de 2,3 pour cent. L'Inde est le premier producteur de mangues au monde, avec près de 41 pour cent de la production mondiale en 2004, et le second pays producteur de papayes.

4. La production de fruits tropicaux pourrait être développée ultérieurement, notamment en prenant les mesures suivantes:

Tableau 1: production de fruits en Inde

 

Moyenne (1992/1994)

2002

2003

2004

 

(milliers de tonnes)

Bananes

9718

16820

16820

16820

Mangues

10108

10640

10780

10800

Oranges

1743

3120

3070

3070

Pommes

1205

1160

1470

1470

Citrons et limes

863

1440

1420

1420

Ananas

956

1180

1310

1300

Raisin

684

1210

1150

1200

Papayes

470

700

700

700

Poires

127

200

200

200

Pêches et nectarines

83

150

150

150

Pamplemousses et pomelos

83

140

142

142

Prunes

55

80

80

80

Figues

6

11

11

11

Abricots

7

10

10

10

Cerises

4

8

8

8

Source: FAOSTAT

III. ÉCHANGES

5. Bien que l’Inde soit l'un des principaux producteurs de fruits au monde, le volume de ses exportations actuelles reste faible. La plupart des fruits produits en Inde sont consommés sur place. Le volume des exportations représente moins de 1 pour cent de la production intérieure totale et moins de 1 pour cent des exportations mondiales. Plus de 80 pour cent des exportations de fruits de l'Inde sont des fruits tropicaux, notamment mangues, goyaves, ananas et papayes. En 2004, l'Inde a été le deuxième exportateur de mangues au monde, après le Mexique, avec 180 000 tonnes, soit 21 pour cent du total mondial. Les exportations de papayes et d'ananas se sont élevées, respectivement, à 3 550 et 1 624 tonnes. L'Inde importe aussi de grandes quantités de fruits frais, mais ce sont essentiellement des fruits de régions tempérées comme les pommes et les poires, et de grandes quantités de fruits secs comme des dattes et des raisins secs. Le volume total des importations de fruits frais et secs a atteint 216 400 tonnes en 2003 (dernière année pour laquelle on dispose d'une série complète de données sur la valeur des échanges) qui ont été évaluées à 47,1 millions de dollars EU.

6. En 2003, les recettes en devises provenant du commerce des fruits frais et transformés (notamment fruits secs et en conserve; pulpe et jus de fruits) se sont élevées à 140 millions de dollars EU, soit une augmentation de près de 185 pour cent par rapport à la moyenne de 1996-98. La mangue est le principal fruit exporté par l'Inde. En 2003, les recettes d'exportation de mangues fraîches se sont élevées au total à 80 millions de dollars EU, soit 61 pour cent de la valeur totale des exportations de fruits. Près de la moitié des exportations de fruits transformés étaient des produits à base de mangue, comme la pulpe de mangue destinée aux jus et les condiments, y compris les pickles et les chutneys. Toutefois, si l'on compare avec les chiffres à l'échelle mondiale, seuls 2 pour cent de la production en Inde sont transformés contre 70 pour cent au Brésil et 83 pour cent en Malaisie. On estime que 25 à 30 pour cent de la production sont gaspillés par suite de l'insuffisance des infrastructures après récolte.

7. Le Proche-Orient, l'Extrême-Orient et l'Europe sont les principales destinations des exportations de fruits tropicaux frais et transformés de l’Inde. Les produits transformés comme les jus, la pulpe et les pickles sont essentiellement exportés vers la Fédération de Russie et le Proche-Orient. Les autres marchés pour les fruits transformés sont les suivants: Royaume-Uni, Émirats arabes unis, Arabie saoudite, Koweït, Allemagne, États-Unis, Pays-Bas et Suisse. L’Inde exporte également des tranches de mangue séchée, de la purée, de la pâte et du jus de mangue vers nombre de ces marchés. En 2003, les principales destinations des mangues fraîches d’Inde ont été le Bangladesh (42 700 tonnes), l'Arabie saoudite (38 382 tonnes), les Émirats arabes unis (28 621 tonnes), le Yémen (11 189 tonnes), les Pays-Bas (9 106 tonnes), le Koweït (7 150 tonnes), le Népal (5 405 tonnes) et le Royaume-Uni (4 890 tonnes).

IV. CONSOMMATION APPARENTE

8. Les conditions de croissance favorables permettent de produire et d’écouler une grande variété de fruits tropicaux durant toute l’année. Ces fruits sont consommés non seulement dans les régions de production mais dans tout le territoire national. Les marchés centraux des principales villes de l'Inde reçoivent de grandes quantités de fruits tropicaux qui sont ensuite vendues par des détaillants dans d’autres villes. Les statistiques relatives à la consommation de fruits tropicaux ne sont pas disponibles, il faut donc établir des estimations sur la base d'autres informations concernant la production et le commerce.

9. La consommation apparente totale de fruits en Inde a été estimée à 39 millions de tonnes en 2002 (dernière année pour laquelle des données de consommation sont disponibles), soit près de 8 millions de tonnes de plus qu’en 1995, avec une consommation de fruits frais tropicaux estimée à 16,3 millions de tonnes. La consommation annuelle de fruits par habitant a été évaluée à 37 kg en 2002, soit 12 pour cent d'augmentation par rapport à 1995, avec 13,3 kg pour les principaux fruits tropicaux (bananes 7,7 kg), 4,2 kg pour les fruits des zones tempérées et 5,9 kg pour les autres fruits. D'après l'institut de sondage national, 64 pour cent des ménages ruraux ont indiqué avoir consommé des fruits frais en 1999 contre 84 pour cent des ménages en zone urbaine.

10. Les recherches portant sur la consommation de fruits tropicaux ont montré que parmi les principaux États, Kerala, Tamil Nadu dans le sud et Goa dans l’ouest enregistraient les niveaux de consommation de fruits le plus élevés tant en zone rurale qu'en zone urbaine. Viennent ensuite les États suivants: Punjab, Haryana, Delhi et les Territoires de l'Union de Chandigarh dans le nord. Bihar et Orissa dans l’est et Rajasthan et Madhya Pradesh dans le centre du pays ont des niveaux de consommation beaucoup plus faibles.

V. FACTEURS INFLUANT SUR LA DEMANDE

A. POPULATION

11. La croissance démographique a été estimée à 1,67 pour cent par an entre 1995 et 2004. D'après les statistiques officielles, elle devrait tomber à 1,3 pour cent par an à partir de 2015 lorsque l'Inde aura atteint 1,2 milliard d'habitants. Les recherches on fait apparaître un potentiel considérable d'expansion de la consommation de fruits en zone rurale, dans les États où la consommation par habitant est faible actuellement et dans les zones urbaines en expansion.

B. REVENU ET PRIX

12. Le développement économique de l’Inde a été dynamique ces dernières années et la croissance moyenne du PIB a atteint 5,6 pour cent entre 1990 et 2003, surtout sous l'effet d'une forte demande intérieure. L'inflation a été contenue et les exportations soutenues. Cette évolution a déterminé une augmentation de 3,75 pour cent du revenu par habitant de 1990 à 2003, avec une croissance estimative des dépenses en fruits et légumes des ménages de 5 pour cent par an environ pendant cette période. La consommation annuelle de fruits par habitant a également progressé passant de 30 kg en 1992 à 37,7 kg en 2002.

13. La consommation de fruits tropicaux et autres dépend essentiellement du revenu par habitant. Les recherches effectuées par l’Institut de recherche agricole de l’Inde indiquent que le pourcentage de la population qui constitue le groupe ayant le revenu le plus élevé consomme environ six fois plus de fruits que le groupe à revenu le plus faible, tant en zone rurale qu’en région urbaine. Les ménages urbains consacrent 2,25 pour cent de leur revenu à l'achat de fruits frais et secs et les ménages ruraux 1,8 pour cent seulement. En zone rurale, l'élasticité de la demande de fruits par rapport au revenu dans les groupes à revenu élevé a été évaluée à 0,283, tandis que dans les groupes à faible revenu elle est de 0,826. De même, en zone urbaine, l'élasticité-revenu est de 0,293 pour les groupes à fort revenu et 0,782 pour les groupes à faible revenu. Ce sont donc les groupes à faible revenu qui devraient assurer la plus grande partie de la croissance future du marché en Inde.

14. Les prix des fruits ont augmenté plus rapidement que l'indice général des prix entre 1999/2000 et 2003/2004: le prix de gros de tous les produits a augmenté de 21 pour cent mais le prix de gros des fruits a progressé de 39 pour cent. La différence importante entre le prix de gros et le prix de détail peut s’expliquer par l'accroissement des coûts de traitement, distribution et commercialisation ou par le fait que la structure du marché n’est pas compétitive. Le niveau élevé des prix de détail entrave fortement l’accroissement de la consommation, surtout dans les groupes de revenu moyen à faible.

C. HABITUDES DE CONSOMMATION ET PRéFéRENCES

15. Une analyse plus approfondie a montré que la consommation accrue d’aliments sains a suscité un intérêt croissant pour les qualités nutritives des fruits tropicaux, surtout quand le revenu des ménages augmente. Le souci d’un régime alimentaire sain a entraîné une augmentation de la consommation de tous les types de fruits et plus particulièrement de fruits tropicaux. Les fruits des zones tempérées sont consommés essentiellement par les groupes à revenu élevé, tandis que la consommation de fruits tropicaux est davantage répartie entre toutes les classes de revenu. De grandes quantités de mangues vertes fraîches sont utilisées pour la préparation à domicile de pickles et de chutneys. La consommation de litchis et de sapotes reste concentrée dans les groupes à revenu moyen à élevé. L'industrie du tourisme apporte aussi une contribution importante à l'accroissement de la consommation de fruits tropicaux. Le développement des voyages aériens et du tourisme en Inde a permis aux étrangers de goûter une grande variété de fruits tropicaux, ce qui contribue à accroître le marché de la demande de fruits tropicaux en Asie, en Europe et en Amérique du Nord. Un autre facteur stimule cette consommation: ce sont les campagnes de promotion internes. Le gouvernement indien a lancé récemment divers programmes d'éducation nutritionnelle pour sensibiliser le public à l'importance d'un régime alimentaire varié et aux bienfaits de la consommation de fruits. Par ailleurs, les programmes de promotion lancés par le secteur de la transformation des jus de fruits à la télévision et dans les journaux et les campagnes promotionnelles dans les magasins stimulent la demande générale de fruits.

16. Avant 1997, l’importation de fruits frais et secs, à l'exception des dattes et des figues, était interdite. Avec la libération des échanges de produits agricoles, les importations de tous les fruits frais (à l'exception des agrumes, des raisins et des litchis) ont été autorisées de façon générale sur la base d’une licence générale automatique. Dans le cas des pays de l'Association sud-asiatique de coopération régionale1, une taxe d’importation de 44 pour cent ad valorem est prélevée, tandis que pour les autres pays elle est fixée à 45,6 pour cent. On ne signale aucune taxe d'exportation sur les fruits en Inde.

VI. CONCLUSION

17. La demande intérieure de fruits frais en Inde a augmenté avec le relèvement du revenu, la croissance démographique et la sensibilisation accrue des consommateurs aux questions de santé. La consommation de fruits devrait progresser d'environ 4 pour cent par an d'après les projections des taux de croissance du revenu et de la population et les tendances des préférences alimentaires. De plus, la croissance de la demande de fruits tropicaux frais et transformés a été forte ces dernières années et cette évolution devrait se poursuivre à moyen terme.

18. Il existe donc un potentiel considérable pour les producteurs et les fournisseurs nationaux de fruits tropicaux et, dans le cas du marché indien, pour les exportateurs étrangers qui sont concurrentiels sur le marché intérieur. La croissance des sous-secteurs de la production et de la transformation des fruits offre de nombreux débouchés sur le marché de l’emploi et crée des revenus, ce qui a une incidence positive sur la sécurité alimentaire. Par ailleurs, la production de fruits tropicaux offre des possibilités de diversification des cultures et des débouchés aux entrepreneurs ruraux qui fournissent des intrants pour la production et l'achat de fruits destinés à être commercialisés. Cependant, pour que ce potentiel se concrétise pleinement, il faudra apporter des changements dans la chaîne de valeurs, en particulier pour être concurrentiels sur les marchés internationaux où la qualité des produits est déterminante. Il convient d’accorder la priorité au développement d'une infrastructure efficace de gestion après récolte, aux installations de transport et à la qualité des produits, surtout pour les fruits cultivés pour le marché lucratif des exportations. L'amélioration du système actuel ne sera pas facile et nécessitera un soutien considérable du gouvernement, des instituts de recherche et des fournisseurs de technologies afin de mettre en place des installations et des pratiques appropriées à tous les stades de la chaîne de valeurs.

1 Bangladesh, Bhoutan Inde, Maldives, Népal, Pakistan et Sri Lanka.