Commerce et marchés
 

Publications sur le riz

Produits sensibles et spéciaux - une perspective de riz
(La version complète du document en anglais)

Cet document examine la perspective du riz étant indiqué en tant que spécial ou produit sensible et regards aux implications possibles que ceci pourrait avoir sous la libéralisation du marché international de riz. Utilisant un Armington-type modèle, on l'a constaté que la désignation du riz en tant que spécial ou sensible par les pays principaux diminue considérablement les effets de la réforme, en particulier quand aucune concession n'est exigée pour être faite lors d'indiquer le riz ainsi. Le document discute également les critères qui pourraient servir à guider le choix des produits de riz comme sensible ou spécial.

Comment prédire l'impact sur les échanges et sur les prix d'une libéralisation du secteur du riz
Le riz est la principale source d'apport calorique pour la moitié environ de la population mondiale et le principal aliment pour les populations rurales et est le pilier de la sécurité alimentaire dans beaucoup de pays à faible revenu. Il est cultivé surtout par de petits agriculteurs sur des exploitations de moins d'un hectare.

Le riz: que nous enseignent les résultats des modèles d'analyse?
L'année 2004 a été déclarée Année internationale du riz par l'Assemblée générale des Nations Unies en hommage à un produit qui constitue l'aliment de base pour la moitié environ de la population mondiale et qui est aussi une importante source de recettes pour les pays en développement. En raison de son importance stratégique, le riz a fait l'objet d'innombrables interventions des pouvoirs publics qui font que le riz est au nombre des produits agricoles caractérisés par le plus de distorsions. Aussi le riz est-il fréquemment spécifié dans les modèles tendant à analyser les effets de la libéralisation des échanges. L'objet du présent document technique est de passer en revue et de comparer les différents outils d'analyse employés pour évaluer cet impact, le but ultime étant de faire la lumière sur les questions critiques actuellement discutées dans le contexte des négociations commerciales multilatérales en cours dans le cadre du Cycle de Doha de l'OMC.

Commerce international du riz, évolution récente et perspectives
(La version complète du document en anglais)

1. Au cours des dernières décennies, le marché international du riz a connu des transformations majeures, notamment sur le plan du cadre politique général, de la forte expansion des volumes échangés, ainsi que de la tendance persistante au fléchissement des cours mondiaux en termes réels et relatifs, par rapport aux deux autres céréales les plus commercialisées dans le monde, à savoir le blé et le maïs. Le marché mondial du riz reste pourtant considéré comme un marché faussé, étroit, segmenté et volatile. Il s'agit, dans cette étude, de déterminer, à la lumière des tendances commerciales à la libéralisation qui se sont imposées dans les années 90, si le marché répond encore à ce type de qualificatifs.

2. Sur le plan des politiques, les interventions ont diminué dans la foulée des mesures de libéralisation des marchés appliquées par plusieurs pays, dès la fin des années 1980. L'accord de l'OMC intervenu en 1994 a également contribué à discipliner les politiques gouvernementales et à améliorer l'accès au marché. Le riz reste toutefois l'un des produits de base les plus protégés autant dans les pays en développement que développés; il fait l'objet de fortes barrières tarifaires et non tarifaires, de restrictions ou de subventions à l'exportation, d'interventions des entreprises commerciales d'État ainsi que sur le marché intérieur.

3. À partir du début des années 1960, le commerce du riz s'est développé à quelque 3 pour cent par an, soit un rythme de croissance similaire aux échanges de blé ou de maïs. Ce développement est toutefois loin d'avoir été soutenu. La poussée des mesures de libéralisation adoptées dans les années 1990 a coïncidé avec une période d'essor du volume des échanges de riz, après une décennie de croissance relativement modeste dans les années 1980. Les échanges de riz sont passés de moins de 7 millions de tonnes en 1961 à 24 millions de tonnes en 2000, poursuivant une courbe ascendante au début du XXIe siècle pour dépasser 28 tonnes en 2000 - 2002. Cependant, le marché international du riz reste relativement étroit par rapport à celui des autres principales céréales ; il a été en moyenne de 27 millions de tonnes en 2000 -- 2003, soit environ un quart du volume échangé pour le blé et un peu plus d'un tiers de celui du maïs.

4. L'accroissement de la demande d'importation de la part de pays africains et asiatiques a été la cheville ouvrière du commerce du riz dans les années 1990 et au début des années 2000. Ces hausses des importations résultaient souvent de l'application de politiques commerciales plus ouvertes mais souvent aussi de plusieurs revers en termes de production, par exemple en 1997 en raison des conditions climatiques anormales déclenchées par le phénomène de El Ñiño. Bien que certains pays d'Afrique et du Proche-Orient se soient consolidés comme des récepteurs importants et stables de riz, la demande de ce produit sur le marché international reste très éparpillée sur le plan géographique puisque que les dix principaux importateurs ne représentent que 40 pour cent du total.

5. La majeure partie du développement des échanges commerciaux observés au cours des 20 dernières années a été le fait d'exportateurs traditionnels. La Thaïlande reste notamment le principal exportateur de riz depuis 1980. Le Vietnam a développé sa production à pas de géant et, dans les années 1990, se situait en deuxième place en tant que source d'approvisionnement, position dont il a été déplacé au début des années 2000, lorsque l'Inde a commencé à accorder des subventions à l'exportation. Malgré les effets des changements dans les positions relatives des principaux exportateurs, l'offre de riz sur le marché international reste fortement concentrée; les quatre principaux pays exportateurs (Thaïlande, Inde, Vietnam et États-Unis) représentent 66 pour cent des échanges commerciaux et les dix principaux exportateurs, plus de 90 pour cent du total.

6. De plus, le riz n'est pas un produit de base homogène; il existe actuellement plus de 50 cours internationaux officiellement reconnus pour le riz. Il existe en fait différents sous -- marchés caractérisés par un certain nombre de critères, dont les plus importants sont la variété, la qualité (essentiellement définie par le pourcentage de brisures) et le degré de transformation.

7. Le développement des échanges observé dans les années 1990 a été accompagné de changements subtils mais significatifs dans la structure du marché mondial du riz ainsi que dans l'importance relative de chaque segment. Les échanges mondiaux continuent de concerner, pour l'essentiel, le riz usiné, Indica et de qualité supérieure (défini comme le riz contenant moins de 20 pour cent de brisures). Cependant, certaines variétés aromatiques de riz, le riz de qualité inférieure, le riz étuvé et le paddy ont fait preuve d'un grand dynamisme et ont accru leurs parts de marché. Cet accroissement s'est généralement fait au détriment du commerce de riz Japonica, de qualité supérieure et usiné.

8. La plupart des changements mis en valeur dans le texte peuvent être associés à des variations dans la structure géographique des échanges. L'importance croissante de l'Afrique et de plusieurs pays asiatiques en tant que destination des ventes de riz a notamment été à la base d'une hausse substantielle des échanges de riz de qualité inférieure. L'essor des variétés de riz aromatique au sein du commerce mondial et le résultat de l'expansion des volumes acheminés vers l'Union européenne (en particulier de riz Basmati dont l'importation fait l'objet de conditions préférentielles), les États-Unis, le Canada et l'Australie. Cette importance croissante peut toutefois être également associée aux approvisionnements importants de riz Hom Mali (une variété odorante provenant de la Thaïlande) vers certains pays d'Afrique, en particulier la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Sénégal, malgré un pourcentage élevé de brisures. Par ailleurs, le degré élevé de protection existant sur certains marchés du riz Japonica tels que le Japon, la République de Corée, l'Union européenne et la Turquie a limité les possibilités de développement des échanges de riz Japonica. L'échelonnement tarifaire, moyennant lequel plus un produit est transformé, plus le droit de douane qui lui est appliqué est élevé, a favorisé le dynamisme des échanges commerciaux de paddy, en particulier vers l'Amérique latine et les Caraïbes.

9. Un marché international de produits de base est considéré comme «étroit» lorsqu'il ne représente qu'une partie relativement limitée de la production mondiale. Dans les années 80, le marché international du riz ne représentait que de 3 à 5 pour cent de la production mondiale mais l'essor du commerce mondial observé à partir de la moitié de la décennie 1990 a permis «d'intensifier» les échanges et, depuis quelques années, ceux-ci représentent 7 pour cent de la production mondiale. Le marché international du riz reste néanmoins «étroit» par rapport à celui du blé ou du maïs dont les échanges représentent aujourd'hui, respectivement, environ 18 pour cent et 13 pour cent de la production mondiale.

10. Des marchés étroits de produits de base font souvent l'objet de fortes variations en termes de volume, ;en effet, des fluctuations relativement modestes de l'offre ou de l'utilisation dans certains pays grands importateurs peuvent donner lieu à des augmentations ou des contractions majeures en termes d'exportation ou d'importation. En tout état de cause, ces pays ont généralement choisi de maintenir l'équilibre de leur marché intérieur moyennant l'accumulation de stocks ou des prélèvements sur ces derniers, le commerce étant considéré comme une option «résiduelle».

11. Les échanges mondiaux de riz ont connu de profondes fluctuations au cours des deux dernières décennies, oscillant entre un plancher de 10,6 millions à 28,3 millions de tonnes ; la variabilité mesurée par le coefficient de variations (CV) a atteint 37 pour cent, niveau très élevé comparé à la variabilité de 12 pour cent de la production mondiale de riz, et aussi nettement supérieur à la variabilité des échanges de blé et de maïs dont le CV est, respectivement, de 6 et 8 pour cent. La variabilité des échanges commerciaux de riz, mesurée par décennie, rend compte d'une plus grande stabilité. En effet, dans les années 1980, les volumes échangés sur le marché international du riz oscillaient dans une fourchette relativement étroite de 11 à 14 millions de tonnes, ce qui donne une mesure de variabilité de l'ordre de 8 pour cent, assez similaire à celle des marchés du blé et du maïs. Quant aux échanges commerciaux, ils ont fluctué dans une fourchette nettement plus large de 11 à 28 millions de tonnes dans les années 1990, raison pour laquelle le C V a atteint 26 pour cent. C'est pourquoi la forte tendance à la hausse des échanges internationaux dans les années 1990 a été associée à une plus grande volatilité en termes de volume.

12. Le marché international du riz a également été caractérisé par une tendance soutenue à la baisse, en termes réels, des cours mondiaux du riz (représenté par le riz thaïlandais à 5 pour cent de brisures, au prix fob Bangkok) (exprimés en prix constants moyennant l'indice de valeur unitaire des biens manufacturés), entre 1961 et 2003. Le fléchissement en dollars constants des États-Unis a été de 3 pour cent par an et, en 2003, la valeur du riz était inférieure de 40 pour cent, en termes réels, à celle de 1961. Les cours du riz ont également fléchi par rapport à ceux du blé et du maïs. Si, en 1961, une tonne de riz pouvait être échangée contre 2,5 tonnes de blé, elle ne valait plus que 1,3 tonne en 2003. La perte de valeur a été similaire par rapport aux cours mondiaux du maïs.

13. S'il est vrai que la variabilité en termes de volume des échanges de riz a augmenté dans les années 1990 par rapport aux années 1980, cela n'a pas été le cas pour la variabilité des cours mondiaux. Au contraire, les cours mondiaux sont restés relativement plus stables dans le temps et ont affiché des niveaux de volatilité similaires à ceux du blé et du maïs. En fait, sur la base de calculs annuels, les cours enregistrés dans les années 1990 sont restés plus stables pour le riz que pour le blé ou le maïs, contrairement à ce qui s'était passé dans les années 1960 et 1980. Cette stabilisation des cours mondiaux du riz se manifeste également sur la base de calculs mensuels.

14. Par conséquent, la variabilité croissante des courants commerciaux n'est pas associée à des cours mondiaux plus volatils, lesquels ont fait preuve, au contraire, d'une certaine stabilisation. Plusieurs explications peuvent être avancées pour expliquer ce paradoxe. En premier lieu, « l'intensification » du marché international s'est traduite par une plus grande fiabilité des approvisionnements. L'existence d'une plus grande quantité de stocks régulateurs, l'amélioration des flux d'informations sur les marchés et sur les prix, ainsi que de l'introduction de discipline dans les politiques nationales et internationales peuvent également expliquer cette plus grande stabilité des prix sur le marché, en dépit des fluctuations plus marquées dont ont fait preuve les volumes échangés.

15. La conclusion est donc que le commerce international du riz est moins faussé, moins «étroit», plus instable en termes de volume mais plus stable en termes de prix, et aussi plus fiable. Cette situation peut avoir d'importantes implications pour les décideurs et les encourager à réduire la protection intérieure appliquée au secteur rizicole et à ouvrir davantage leur pays au commerce. Il n'est toutefois pas encore sûr que les tendances observées dans les années 1990 se prolongent dans ce qui reste de la décennie 2000 et dans les décennies à venir. Sur cette toile de fond, l'issue des négociations commerciales multilatérales actuellement en cours sera particulièrement déterminante pour façonner l'évolution future du marché international du riz.

Concepción Calpe - Conférence internationale sur la recherche en riz 2004 - Tsukuba, 5-7 novembre 2004