Oficina de Emergencias y Resiliencia de la FAO

Les jardins en sacs de la FAO permettent d’améliorer efficacement la résilience des personnes déplacées internes

Au Mali, la FAO soutient les populations déplacées grâce à la fourniture de kits de production alimentaire d’urgence qui leur permettent de produire rapidement leur propre nourriture au sein des communautés d’accueil

Un participant du projet de la FAO avec les jardins en sacs qu’il a mis en place.

©FAO/Mohamed Cissé

30/10/2023

Depuis 2012, l’insécurité, initialement localisée dans le nord et le centre du Mali, touche désormais l’ensemble du pays contraignant les populations rurales à se déplacer. Elles perdent ainsi accès aux terres cultivables et couvrent difficilement leurs besoins alimentaires de base, tout en ne pouvant reconstituer leurs actifs productifs dans les zones d’accueil où elles s’installent. En février 2022, près de 160 000 personnes de la région de Mopti et 100 000 de la région de Gao étaient recensées comme personnes déplacées internes (PDI), faisant de ces deux zones les plus fortement touchées par le phénomène.

Afin de répondre aux besoins urgents des PDI, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a lancé le projet «Production alimentaire d’urgence au profit des déplacés internes et autres personnes vulnérables des régions en situation de crise», financé par l’Union européenne pour un montant de 669 642 USD. Le projet a été mis en œuvre du 1er juin 2022 au 31 mars 2023. Il avait pour objectif de soutenir les PDI et membres des communautés d’accueil grâce à la mise en œuvre d’activités de production alimentaire d’urgence, afin de réduire leur exposition à l’insécurité alimentaire.

Trouver refuge au sein des communautés d’accueil

Ouattagouna est une commune du cercle d’Ansongo, située dans la région de Gao au nord-est du Mali. Avec l’insécurité accrue de la zone, de nombreuses familles ont dû quitter leurs habitations. Elles ont parcouru plus de 170 km à travers le Sahara, dans des conditions extrêmes, afin de rejoindre le village de Bagoundje de la commune rurale de Gounzoureye, où elles ont reçu une aide alimentaire du Programme alimentaire mondial. Cependant, afin de couvrir leurs besoins alimentaires de base sur le long terme et par leurs propres moyens, ces ménages avaient besoin d’accéder aux terres cultivables pour relancer leurs activités agricoles.



Un participant du projet au sein du village de Bagoundje 2, ravi de ses cultures d’oignons ensemencées grâce aux intrants reçus. ©FAO/Mohamed Cissé

Relancer la production alimentaire grâce à la mise en place des jardins en sacs

Sur le site de Bagoundje 2, la FAO a distribué des kits de production alimen­taire d’urgence à 25 ménages vulnérables, dont 15 déplacés et 10 membres de la communauté d’accueil. Ces kits étaient composés de semences maraîchères (amarante, chou, gombo, oignon et tomate) de fumure organique, d’outils agricoles (pelles, arrosoirs, dabas, piques et binettes) et autres petits matériels, permettant de mettre en place les jardins en sacs. De plus, le chef du village a mis à disposi­tion des participants au projet une superficie clôturée de 0,25 ha, pour leur permettre de mener leurs activi­tés de maraîchage sans risque de dommages causés par la divagation des animaux. La ressource en eau étant déjà disponible, les ménages ont ainsi pu rapidement commencer à cultiver. De plus, les participants ont également reçu une formation sur les techniques de pro­duction alimentaire d’urgence, dispensée par les spécialistes de la Direction régionale de l’agriculture de Gao et le partenaire de mise en œuvre du projet.

Fatoumata, mère de trois enfants, réside sur le site de PDI du village de Bagoundje 2. Elle participe au projet et a reçu un kit maraîcher ainsi qu’une formation. Elle explique: «Je suis chargée de l’entretien de 10 sacs de cultures. Pour la première rotation, j’ai mis en place des cultures de tomate et d’oi­gnon, dont les semences ont été fournies par la FAO. Ensuite, j’ai produit du chou et de l’amarante. Nous avons déjà commencé à consommer la tomate et le chou. Nous sommes en attente des autres récoltes. Puis, je me procurerai d’autres pépinières, telles que le poivron et la laitue, auprès des maraîchers de la zone.» Pour les prochaines rotations, Fatoumata souhaite produire de la betterave, de la carotte et de l’échalotte, afin de diversifier son alimentation et celle de sa famille. Les participants au projet ont décidé d’installer leurs jardins en sacs ensemble, au sein du même site de production, afin de mieux protéger leurs cultures.


Á gauche: Vue sur le système d’irrigation des jardins en sacs. Á droite: Cultures en pleine croissance dans les jardins en sacs des participants au projet. ©FAO/Mohamed Cissé

Couvrir les besoins urgents tout en renforçant la résilience des personnes déplacées

Dans ces zones, l’acheminement de l’aide alimen­taire reste un enjeu majeur, tandis que les personnes déplacées doivent relancer rapidement leurs activités agricoles de subsistance. Ainsi, le projet a privilégié un approvisionnement local en intrants, afin de contourner les contraintes sécuritaires qui ralentissent le déploiement des équipes et la livraison des kits. Au total, 36 034 ménages ont participé aux activités du projet de jardins en sacs, soit plus de 244 000 personnes (dont 74 253 femmes et plus de 100 000 enfants). Le projet a ciblé en priorité les zones d’accueil des PDI.

Les jardins en sacs ont significativement contribué à améliorer la qual­ité de l’alimentation des ménages, notamment grâce à la production de légumes nutritifs. Les PDI ont pu produire leur propre nourriture directement autour de leurs habitations et couvrir rapidement leurs besoins alimentaires essentiels. Fatoumata, grâce à la mise en place de ses 10 jardins en sacs, a produit 18 kg de tomate, qu’elle a pu consommer avec les membres de sa famille, et près de 3,4 kg de gombo lors de la première récole, dont plus d’1 kg qu’elle a partagé avec ses voisins. En outre, les formations dispensées ont également touché l’ensemble des membres de la communauté, qui viennent se renseigner sur les différentes techniques agricoles auprès des participants au projet. La cohésion sociale au sein des zones d’intervention a également été renforcée. Le groupement de Fatoumata a créé un lien social très fort et certains PDI ont notamment fait le choix de s’installer durablement dans le village. Pour ceux qui retourneront dans leurs zones d’origine, les kits distribués pour la mise en place des jardins en sacs sont composés d’intrants que les ménages pourront emporter avec eux. Ainsi, ils pourront continuer leurs activités agricoles au sein de leurs villages et améliorer leur production alimentaire.