Bureau des urgences et de la résilience de la FAO

Crises alimentaires au Nigéria: la FAO intensifie ses activités d’assistance agricole d’urgence

Visites sur site de projets d’intervention d’urgence et de renforcement de la résilience dans l’État de Borno

M. Rein Paulsen, Directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO, s’entretient avec des bénéficiaires d’un projet à Old Maiduguri.

©FAO/Giulia AnichiniViollet

15/12/2023

À la fin du mois de novembre 2023, le Directeur du Bureau des urgences et de la résilience de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et son adjoint sont partis en mission dans l’État de Borno, épicentre de la crise qui frappe le nord-est du Nigéria.

Ils se sont tout d’abord rendus à Bama, dans le plus grand camp de déplacés, qui abrite environ 105 000 personnes depuis le début de l’insurrection lancée par Boko Haram, il y a plus de dix ans. La majorité des personnes qui y vivent sont des femmes en situation de monoparentalité, très dépendantes, et leurs enfants, dont certains n’ont jamais connu que le camp. Les membres de la délégation* ont entendu le témoignage de responsables de ces communautés déplacées à l’intérieur du pays, qui insistent sur les répercussions tangibles qu’apporte dans leur vie l’appui de la FAO, étant donné que la plupart des habitants du camp vivent de l’agriculture et du pastoralisme. Du fait de la croissance de la population dans le camp, cependant, il devient nécessaire d’accroître l’assistance apportée aux familles afin qu’elles puissent vivre dignement tout en bénéficiant de meilleures conditions de sécurité leur permettant de cultiver des terres à l’extérieur de l’enceinte.

À Bama, la délégation s’est aussi rendue sur un site où la FAO distribue du Tom Brown, un complément nutritionnel fabriqué à partir de poudre de poisson mélangée à des céréales et des épices cultivées localement. Préparé sous forme de porridge, il est prisé des femmes enceintes et allaitantes en raison de ses bienfaits pour la nutrition des enfants.  


Distribution de Tom Brown, un complément nutritionnel produit localement, aux femmes du camp de déplacés de Bama. ©FAO/Giulia AnichiniViollet

À Old Maiduguri, la délégation a été témoin de l’action vitale menée par la FAO et financée par le Canada, la Norvège et le Fonds central pour les interventions d’urgence, visant à aider des familles hôtes et des familles déplacées à entreprendre des projets d’aquaculture intégrée et de microjardins. Les membres de la délégation y ont aussi vu des femmes transformer du Tom Brown.


La délégation se rend dans les quartiers d’Old Maiduguri où sont mis en œuvre des projets de la FAO axés sur l’aquaculture intégrée et les microjardins ainsi que dans le centre de transformation de Tom Brown. ©FAO/Giulia AnichiniViollet

Cette mission a mené à deux constats: il est urgent d’apporter une assistance humanitaire en matière d’agriculture et des solutions durables pour lutter contre l’insécurité alimentaire au Nigéria, et il faut renforcer la coordination. En effet, malgré l’appui apprécié de la FAO, les discussions avec les partenaires ont mis au jour des déficits de financement et des difficultés. «La FAO entend renforcer la collaboration avec le gouvernement, ciblant les personnes les plus touchées par l’insécurité alimentaire qui, nous le savons, vivent généralement en zone rurale et doivent leur survie à l’agriculture. C’est là l’expertise et le mandat de l’Organisation. La FAO est déterminée à lutter contre les crises alimentaires dans l’ensemble du pays et à renforcer l’autosuffisance des populations en intensifiant les interventions d’assistance agricole d’urgence», a déclaré M. Paulsen, Directeur du Bureau des urgences et de la résilience de l’Organisation, au cours d’une conférence de presse locale. Cette dernière était organisée à l’occasion d’une cérémonie lors de laquelle des agriculteurs ont présenté des produits issus de l’aviculture, des potagers et des cultures commerciales qu’ils ont pu exploiter grâce à l’appui de la FAO.



Des agriculteurs présentent des produits issus de l’aviculture et d’autres articles produits grâce à l’appui de la FAO, au bureau auxiliaire de Maiduguri. ©FAO/Giulia AnichiniViollet

L’insécurité alimentaire s’aggrave

La moitié environ des victimes d’insécurité alimentaire aiguë dans le Sahel vivent au Nigéria.

D’après les données du dernier cadre harmonisé (novembre 2023), durant la prochaine période de soudure, 26,5 millions de personnes pourraient se retrouver en situation d’insécurité alimentaire aiguë élevée dans les 26 États analysés au Nigéria et dans la capitale fédérale, dont 4,38 millions dans les États d’Adamawa, de Borno et de Yobe, si elles ne bénéficient pas de l’aide adaptée.

Le conflit armé qui se prolonge, les changements climatiques brusques comme les crues et les périodes sèches, les prix record des intrants agricoles et des produits alimentaires, les incidences de la suppression des subventions du carburant et la dépréciation de la monnaie locale sont les principaux facteurs expliquant la persistance de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition dans le nord-est du Nigéria. La situation est particulièrement désastreuse dans l’État de Borno, où une personne sur trois est en situation d’insécurité alimentaire aiguë.

La baisse des financements consacrés à l’assistance agricole d’urgence a fait grimper en flèche l’insécurité alimentaire aiguë et la malnutrition. Heureusement, les conditions de sécurité se sont légèrement améliorées, ce qui permet, dans certaines zones gérées par les pouvoirs publics locaux, d’accéder à davantage de terres agricoles. Il faut profiter de cette situation pour apporter de toute urgence un appui agricole vital. La plupart des familles touchées par la crise dans les États d’Adamawa, de Borno et de Yobe sont des petits exploitants qui vivent de l’agriculture. Si on leur fournit des intrants essentiels, ils seront en mesure de se nourrir et de nourrir le reste de leur communauté.

* Outre le Directeur et le Directeur adjoint du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO, le Représentant de la FAO par intérim, le responsable du bureau auxiliaire de la FAO à Maiduguri et d’autres collègues de l’Organisation, la délégation comptait parmi ses membres l’Ambassadeur de la Norvège au Nigéria, la Cheffe adjointe du Bureau de la coordination des affaires humanitaires à Maiduguri, le Directeur adjoint du Bureau du Programme alimentaire mondial à Maiduguri et le Directeur de la nutrition et de la sécurité sanitaire des aliments du ministère nigérian de l’agriculture et du développement rural.