Vingt ans de conflit entre l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) et les Forces de Défense du Peuple Ougandais entre 1980 et 2006 ont provoqué le déplacement d’environ 1,5 million de personnes dans plus de 100 camps dans l’Acholi (districts de Gulu, Kitgum et Pader) et Lango (Lira et Apac), deux régions du nord de l’Ouganda. Les activités agricoles ont été sérieusement perturbées par le conflit. De nombreux agriculteurs ont été contraints de vendre ou de consommer leurs excédents de semences et sont devenus dépendants des rations alimentaires du Programme Alimentaire Mondial dans les camps de déplacés. De plus, la réticence des commerçants à se rendre dans les régions septentrionales instables, où le pouvoir d’achat des ménages était très faible, a contribué à diminuer la disponibilité des semences. Dans les provinces du Kivu à l’Est de la RDC, les conflits successifs depuis 1994 ont également donné lieu à d’importants mouvements de population. Là aussi, les agriculteurs ont perdu leur capital et l’accès aux stocks de semences, ne pouvant sauvegarder une partie de leurs récoltes pour replanter la saison suivante. Les pratiques traditionnelles et les marchés locaux ont été perturbés. Les ONG internationales ont régulièrement mis en œuvre des distributions d’intrants agricoles aux ménages vulnérables mais ce type de programme pose un certain nombre de problèmes. Par exemple, les variétés de semences distribuées par ces programmes ne répondent pas toujours aux besoins spécifiques des agriculteurs. En outre, les distributions directes de semences perturbent la dynamique du marché local en concurrençant les fournisseurs locaux. La distribution de semences peut donc encourager la dépendance aux marchés extérieurs. De tels programmes de distribution directe demeurent cependant indispensables lorsque des foires aux semences ne peuvent être tenues en raison de l’insécurité.