Qui fait pencher la balance ?
La pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ont mis à nu les immenses défis auxquels sont confrontés les systèmes alimentaires mondiaux. Pour répondre aux besoins des personnes touchées par la faim et la malnutrition, il est vital de s'attaquer aux déséquilibres de pouvoir au sein de la gouvernance des systèmes alimentaires mondiaux (p. ex. les institutions, cadres politiques, lois, réglementations, normes et autres facteurs qui influencent la prise de décisions).1 Ces déséquilibres sont devenus particulièrement prononcés au cours des dernières décennies, en raison de l’engagement croissant des grandes entreprises dans les processus de gouvernance mondiale de l’agroalimentaire. Le Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires (UNFSS) de 2021 a permis de mettre en évidence l’influence des grandes entreprises sur la gouvernance du secteur public. En acceptant la participation des industries agroalimentaires, les dirigeants de l’UNFSS ont contribué à légitimer les revendications des grandes entreprises qui prétendent avoir une place centrale dans les processus décisionnels fondés sur l’intérêt général. De nombreuses organisations de la société civile, mouvements sociaux et spécialistes des systèmes alimentaires ont été profondément troublés par ce qu’ils considèrent être la mainmise des grandes entreprises sur la gouvernance mondiale des systèmes alimentaires. Beaucoup ont boycotté le sommet. L'engagement des entreprises dans la gouvernance alimentaire mondiale n'est en aucun cas un phénomène nouveau. Pourtant, l'influence des entreprise sur l'UNFSS fut considérable, ce qui continue de susciter des inquiétudes quant au rôle des entreprises dans l'orientation future de la gouvernance