Marina Rukhaia est une femme déplacée de 57 ans originaire du village de Dranda, en Abkhazie. Après le conflit entre la Géorgie et l'Abkhazie, elle a déménagé avec sa famille à Saint-Pétersbourg en Russie où ils ont vécu pendant 2 ans, après quoi la famille a décidé de retourner en Géorgie pour que leurs enfants n'oublient pas leur langue et leur culture.

La famille a commencé une nouvelle vie dans le village d'Etseri, dans la municipalité de Tsalenjikha, où un parent leur a offert une très vieille petite maison en bois.  Marina a commencé à travailler comme professeur de physique dans l'école locale du village et s'est parallèlement engagée dans l'agriculture.

"C'était vraiment difficile de déménager une troisième fois, de tout recommencer à zéro, de s'habituer à de nouvelles personnes et à un nouvel environnement. Je me souviens bien, nous n'avions même pas les articles ménagers de base. Je me souviens que la famille devait manger à tour de rôle car nous n'avions pas assez de vaisselle. Petit à petit, nous avons réussi à nous remettre sur pied. Quand on est une femme, on doit porter une grande partie du fardeau d'une vie de village difficile. "

Au départ, la famille de Marina a acheté une vache laitière et a commencé à produire du fromage principalement pour la consommation domestique. Elle a vite remarqué la demande du marché en produits laitiers et la famille a commencé à acheter plus de bétail. Aujourd'hui, Marina possède 10 vaches. La famille a reçu une colonie d'abeilles en cadeau de la part d'un parent, et après avoir identifié la demande locale de miel, elle a décidé de se lancer dans l'apiculture. Actuellement, ils possèdent 26 colonies d'abeilles.

Marina a postulé au programme financé par le gouvernement "Produire en Géorgie" et ils ont reçu une subvention pour planter un hectare de myrtilles.

"Je pense que les femmes doivent combattre leur peur et se défendre, tirer le meilleur parti de toutes les opportunités. C'est un sentiment de satisfaction si particulier lorsque vous pouvez prouver à vous-même et aux autres que vous êtes capable d'améliorer la vie. Si je me regardais en 2022, au début de la trentaine, avant la réinstallation, je ne croirais pas être aussi forte et capable de faire autant".

Marina a deux enfants et deux petits-enfants. Sa fille est émigrée en Grèce. Elle considère que l'unité de sa famille est la clé de sa réussite.

"L'unité de la famille signifie beaucoup, nous savons tous que nos devoirs et responsabilités sont divisés et programmés de manière égale. Cela mène vraiment au succès. Pour mon mari et moi, il n'y a pas de telles tâches ménagères d'homme ou de femme, nous savons que la compréhension mutuelle et la délégation sont essentielles si vous voulez réussir quelque chose dans la vie".

Marina a pris la responsabilité de participer à un champ-école pour productrices et producteurs laitiers mis en place par la FAO. Elle s'intéresse aux nouvelles techniques de production et aux opportunités commerciales qui lui sont offertes dans le cadre du projet.

En participant aux CEP, Marina développe ses compétences de production et échange des connaissances sur les meilleures pratiques d'hygiène et les technologies innovantes. Elle échange également des informations sur les besoins du marché, la législation géorgienne en vigueur en termes de normes de sécurité alimentaire et son implication au niveau de la production agricole.

Les connaissances et les informations adoptées dans le cadre du projet facilitent son accès au marché ; en outre, le projet permet d'établir les premiers liens avec les acheteur·euse·s locaux·ales identifié.e.s avec l'équipe de la FAO.

Le projet permet à Marina d'échanger avec d'autres femmes membres du CEP, ainsi qu'avec le réseau complet des 20 CEP de Samegrelo Zemo-Svaneti, qui compte plus de 250 femmes. Grâce à cette plateforme, les femmes peuvent discuter des défis à relever et jeter les bases d'une collaboration future. Elle a reçu des articles pour soutenir le bien-être animal et la diversification de sa production afin de reproduire les pratiques démontrées. En complément de l'appui technique de la FAO, ONU Femmes fournit à Marina et à d'autres agricultrices une formation aux compétences commerciales et à l'esprit d'entreprise. Ces connaissances lui permettront, ainsi qu'à d'autres femmes, de créer et de développer leurs propres systèmes de production.

Grâce à la pratique obtenue dans le cadre du projet, Marina envisage de se lancer dans la production de fromage vieilli et d'offrir un produit local innovant à sa région.

"Je voudrais encourager les femmes, en particulier les personnes déplacées et celles qui vivent dans les zones rurales. Elles devraient d'abord s'apprécier et ne pas avoir honte d'être engagées dans l'agriculture, qu'elles soient instruites ou non. "

" Favoriser l'autonomisation économique des agricultrices en soutenant la production laitière artisanale grâce à l'approche des champs-écoles (CEP). " Mis en œuvre par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'agence des Nations unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes ONU Femmes, financé par la Direction suisse du développement et de la coopération (DDC), le projet a débuté en octobre 2020 et sera opérationnel jusqu'au 30 septembre 2024.