Système d’information sur les ressources alimentaires et d’engrais en aquaculture
 

Tilapia du Nil - Alimentation et compléments alimentaires

Les aliments fournis en supplément compensent les carences en nutriments dans l’alimentation naturellement présente dans les étangs fertilisés. Ils sont communément adoptés dans les systèmes d’élevage semi-intensifs. Tacon (1988) et De Silva (1995) ont mené des études globales sur les pratiques adoptées dans ce domaine. Le recours à des compléments alimentaires entraîne de fortes augmentations de la production de tilapias par rapport aux étangs seulement fertilisés. Les pisciculteurs doivent cependant être attentifs aux interactions complexes entre les aliments présents naturellement dans l’étang et les aliments fournis en complément. L’adoption de mauvaises stratégies alimentaires peut en effet entraîner des pertes financières. Il faut bien connaître la composition nutritionnelle des différents ingrédients qui composent l’alimentation fournie en complément  (Tableaux 8). Cette dernière peut être composée d’un seul ingrédient ou de plusieurs, simplement mélangés ensemble ou réduits en poudre et associés dans des mélanges semi-humides avant d’être distribués. Les principaux produits alimentaires sont des sous-produits agricoles : son de riz, riz et maïs brisé et parfois des herbes et des feuilles. Les ingrédients secs sont normalement moulus avant d’être dispersés dans l’étang. De nombreux ingrédients bruts d’origine végétale non appropriés pour le frai de tilapia le deviennent pour les alevins et les poissons plus grands. Les granulés disponibles dans le commerce peuvent aussi être considérés comme une source d’aliments supplémentaires quand ils sont utilisés en complément d’un régime de fertilisation des étangs ou bien avec des ingrédients alimentaires bon marché. Certains exploitants ont souvent recours à une alimentation formulée à un stade particulier de la vie du poisson.

On ne dispose pas de tableaux d’ensemble relatifs au recours à des aliments supplémentaires dans l’élevage du tilapia du Nil. Les fabricants d’aliments fournissent cependant souvent des recommandations au sujet des proportions à respecter et on peut suivre quelques règles générales. La quantité d’organismes naturellement présents dans le système d’élevage pouvant être consommés par les poissons baisse progressivement avec l’augmentation de la population de ces derniers, si bien qu’il faut augmenter la quantité d’aliments supplémentaires en conséquence. Les taux d’alimentation devraient être calculés à partir de la productivité naturelle des étangs et du programme de fertilisation. Si la transparence de l’eau diminue, il faut par exemple les réduire. Inversement, si elle augmente, il faut les augmenter et/ou améliorer la qualité des nutriments (par exemple leur teneur en protéines). Les taux optimaux d’alimentation et de fréquence de distribution de celle-ci dépendent des caractéristiques du site d’élevage et des différents types d’aliments supplémentaires utilisés. Dans une étude détaillée relative à la rentabilité de différents intrants utilisés dans l’élevage en étang en Thaïlande, Yi et Lin (2000) ont noté que l’on obtient les meilleurs résultats économiques dans des étangs fertilisés chaque semaine avec de l’urée et du TSP (respectivement à des taux de 28 kg d’azote à l’hectare et de 7 kg de phosphore à l’hectare), et un apport supplémentaire d’aliments sous forme de granulés, dont le niveau de satiété de 50 pour cent n’est atteint que quand les poissons atteignent 100 g. Dans Orachunwong et al. (2001), on remarque que le tilapia hybride rouge élevé dans des cages flottantes et nourri trois ou quatre fois par jour avec un régime contenant 25 pour cent de protéines grandit mieux et présente un meilleur rapport de conversion alimentaire que s’il est nourri seulement deux fois par jour.