Système d’information sur les ressources alimentaires et d’engrais en aquaculture
 

Tilapia du Nil - Déficiences nutritionnelles

Il est important que les pisciculteurs reconnaissent les symptômes de déficience nutritionnelle les plus communs, qui peuvent apparaître quand le régime alimentaire du tilapia présente des carences nutritionnelles ou quand le système d’élevage est pauvre en intrants nutritionnels. Le manque d’acides aminés essentiels provoque en général une perte d’appétit chez le poisson, une croissance retardée et une mauvaise efficacité alimentaire  (Tableau 30, acides aminés essentiels/acides gras essentiels). Chez certaines espèces de poisson (par ex. la truite arc-en-ciel, le saumon rouge, le saumon de l’Atlantique, le saumon chien, le saumon coho), une carence en lysine, en méthionine ou en tryptophane se manifeste sous la forme de scoliose, de lordose, de fines érosions et de cataracte, mais aucun de ces signes n’a été noté chez le tilapia. Comme le manque d’acides aminés essentiels, un manque d’acides gras essentiels entraîne une perte d’appétit et une mauvaise croissance des tilapias. Il se manifeste notamment sous la forme d’un foie gonflé, pâle et gras.

Les carences en sels minéraux sont difficiles à évaluer chez le tilapia car ces éléments proviennent principalement des ingrédients du régime alimentaire et de l’eau d’élevage (Tableau 30, sels minéraux). Chez le tilapia du Nil, on a constaté que le manque de calcium réduisait la croissance, provoquait un mauvais indice de conversion alimentaire et avait pour résultat une mauvaise minéralisation osseuse. Le manque de magnésium provoque une hyper calcification de tout le corps. Le manque de manganèse réduit la croissance et entraîne des anomalies dans le squelette. D’après une étude de Dabrowska et al. (1989), on a noté qu’un excès de magnésium (0,32 pour cent) dans un régime pauvre en protéines (24 pour cent) provoquait de sérieux retards de croissance, avec une chute significative des paramètres sanguins (taux d’hématocrite et d’hémoglobine), alors qu’un manque de magnésium dans un régime riche en protéines (44 pour cent) causait une hyper calcification de tout le corps. Pour obtenir d’excellents résultats avec cette espèce, il faut que le régime alimentaire contienne entre 0,059 et 0,077 pour cent de magnésium.

Jauncey (2000), El-Sayed (2006) et Lim et Webster (2006) ont beaucoup étudié les symptômes de carences en vitamines chez le tilapia dans des conditions d’élevage contrôlées. Leurs travaux sont résumés dans le Tableau 31. Il faut souligner que les signes d’une carence vitaminique sont assez rares chez le tilapia dans des conditions d’élevage. De nombreuses études ont en effet révélé qu’il n’était pas essentiel d’ajouter des pré-mélanges de vitamines aux régimes alimentaires pour tilapia (pour connaître les résultats de ces analyses, voir Jauncey, 2000). Les vitamines obtenues à partir des aliments naturellement présents dans les étangs fertilisés, celles qui sont contenues dans les ingrédients de l’alimentation adoptée et la biosynthèse microbienne de certaines d’entre elles dans l’intestin contribuent toutes de façon importante aux besoins en vitamines du tilapia. On constate par contre souvent une carence en acide ascorbique dans les élevages intensifs. Cette déficience est due à des erreurs de fabrication ou à un stockage incorrect : la vitamine C se dégrade en effet sous l’effet des températures élevées et après un long stockage. Elle est aussi rapidement consommée quand les poissons sont stressés.

La carence en vitamine E provoque l’anorexie, réduit la croissance et entraîne la mort. La vitamine E est un puissant antioxydant qui protège les acides gras insaturés. Sa carence peut également avoir des effets pathologiques dus à l’oxydation des lipides (congestion, hémorragies, lordoses, exophtalmie, etc.). L’intégration d’antibiotiques dans l’alimentation réduit la capacité de synthèse des vitamines de la part des poissons. La vitamine B12 est par exemple totalement produite par le tilapia dans des conditions normales mais devrait être ajoutée à l’alimentation quand le poisson reçoit des traitements antibiotiques.

Vitamin deficiency symptoms of tilapia under controlled culture conditions have been extensively reviewed by Jauncey (2000), El-Sayed (2006) and Lim and Webster (2006) and these are summarized in Table 28.  It should be noted that under culture conditions, vitamin deficiency signs are not a common occurrence in tilapia. In fact, several studies have reported on the “non-essentiality” of adding vitamin premixes to tilapia diets (for review, see Jauncey, 2000). Vitamins obtained from natural food in fertilized ponds, endogenous vitamins present in feed ingredients used in tilapia feeds and the microbial biosynthesis of some vitamins in the gut are all likely to contribute significantly to the vitamin requirements of tilapia. Ascorbic acid deficiency is common in intensively cultured fish. This is often due to manufacture error or to improper storage. Indeed, vitamin C is degraded at high temperatures and after long term storage. Moreover it is rapidly consumed when the fish are stressed.

Vitamin E deficiencies cause anorexia, reduced growth and death. It is also a strong antioxidant that protects unsaturated fatty acids. Vitamin E deficiency may also lead to pathological effects as a consequence of oxidized lipids (congestion, hemorrhages, lordosis, exophthalmia etc.) Incorporation of antibiotics into the feed reduces the vitamin synthesizing capacity of fish. For instance, vitamin B12 is entirely produced by Nile tilapia in normal conditions but should be added to the feed when fish receive antibiotic treatments.