Système d’information sur les ressources alimentaires et d’engrais en aquaculture
 

Poisson-chat nord-africain - Alimentation

Les larves et les jeunes juvéniles ont besoin d’aliments vivants pour assurer leur croissance et leur survie de façon optimale. L’élevage initial des larves et du frai de poisson-chat a normalement lieu dans une nurserie, pendant 12 à 14 jours minimum, à une température de 28 °C. Des recherches ont montré que les aliments vivants, sous la forme enrichie de nauplii d’Artemia, de petits Daphnia, de Moina ou de rotifères, étaient essentiels pendant les 4 à 6 premiers jours qui suivent le début de l’alimentation exogène (Hogendoorn, 1980; Uys et Hecht, 1985; Verreth et van Tongeren, 1989; Haylor, 1993; Hecht 1996; Awaiss et Kestemont, 1998). Ce type d’aliments est préférable à une alimentation seulement sèche (Appelbaum et van Damme, 1988). Nwachukwa (1999) a découvert que le périphyton pourrait aussi être utilisé partiellement ou totalement pour remplacer Artemia dans l’élevage des larves. On passe progressivement à un régime alimentaire sec à partir du sixième ou du septième jour après la ponte et jusqu’à la fin du dixième. Ensuite, le frai est exclusivement nourri avec des aliments secs. Pendant cette phase, la meilleure taille des granulés correspond à 2,2 pour cent de la longueur totale moyenne des larves. Les jeunes juvéniles devraient être nourris toutes les deux heures avec des quantités qui représentent quotidiennement 25 pour cent de leur poids (Uys, 1984). On trouvera aussi des taux d’alimentation prévus chez Verreth et Den Bieman (1987). Plusieurs protocoles ont été mis au point pour l’élevage des larves et des jeunes juvéniles (jusqu’à la taille de fingerling). Ils sont présentés dans le Tableau 8. Tous ces protocoles donnent de bons résultats en termes de taux de croissance et de survie. Les coûts peuvent être réduits en remplaçant Artemia par de petites souches de Daphnia.

Au bout de 12 à 14 jours, le frai est mis en charge dans des étangs-nurseries à des densités comprises entre 65 et 2 000/m2 (Viveen et al., 1985; Hecht, Uys et Britz, 1988; Hecht et al., 1998). La densité dépend de l’âge des poissons et de l’intensité des protocoles d’élevage. Dans des conditions d’élevage en étang, il est recommandé d’alimenter le frai trois fois par jour avec des quantités qui correspondent quotidiennement à 25 pour cent du poids et contiennent 38 à 40 pour cent de protéines (Hecht, Uys et Britz, 1988). Dans des conditions d’élevage en bassin, le régime alimentaire doit contenir environ 50 pour cent de protéines. Quand les poissons atteignent un poids moyen de 1 g, ils sont prêts pour être mis en charge dans les étangs ou les bassins de grossissement.

Grossissement

Les Figures 9, 10, 11 et 12 illustrent différentes technologies et alimentation adoptées dans l’élevage du poisson-chat nord-africain

Dans des conditions d’élevage intensif en étang avec échange d’eau, les alevins (1 g) sont mis en charge dans les étangs de grossissement (0,1 ha) à une densité de 100 000/ha. Ils sont nourris conformément aux fiches d’alimentation présentées dans le  Tableau 9. La population doit être régulièrement allégée en vue de maintenir une biomasse maximum qui ne dépasse pas 40 tonnes/ha. L’eau de l’étang doit être complètement renouvelée tous les quatre jours.

 

La production de poissons est plus importante dans des bassins où l’eau est renouvelée par rapport à celle des bassins où ce n’est pas le cas : la capacité maximale de stockage des poissons est de l’ordre de 40 tonnes/ha dans des conditions ouvertes contre 18 à 20 tonnes/ha dans des conditions fermées. La capacité maximale de stockage des poissons est la biomasse de poissons dans l’étang quand le taux de croissance commence à ralentir (Isyagi, Veverica, Asiimwe et Daniels, 2009). Si on prévoit de prélever les poissons quand ils auront atteint environ 800 g dans des conditions statiques, les alevins de 15 g sont mis en charge à une densité de 24 750 poissons/ha. Ces chiffres permettent un taux de mortalité de 10 pour cent pendant la phase de grossissement.

Le grossissement dans des conditions d’élevage intensif en bassin est assez différent par rapport à celui réalisé en étang (Oellerman, 1995; Oellermann et Hecht, 1996; Hecht, Oellermann et Verheust 1996; Akinwole et Faturoti, 2007; Ayinla, 2007). En raison des fortes densités d’élevage (de 170 à 450 kg/m3), il est préférable d’alimenter les poissons 5 à 6 fois par jour, avec des rations du même type que celles recommandées dans le  Tableau 9. Ce tableau ne propose cependant que de grandes orientations et, en raison du prix élevé des aliments, on conseille aux éleveurs d’observer le comportement alimentaire des poissons afin d’ajuster en conséquence les rations quotidiennes. Il est possible d’adopter et d’élaborer d’autres stratégies pour réduire le coût des aliments. Ali (2001) a par exemple découvert qu’il était possible de réduire le coût des intrants alimentaires en alternant des périodes de trois jours avec une alimentation plus limitée (qui ne satisfait que les besoins essentiels du poisson-chat nord-africain) avec des périodes caractérisées par une alimentation qui correspond à l’appétit des poissons. Une étude ultérieure (Ali et Jauncey, 2004), montre cependant que ce type d’alimentation alternée ne permet qu’une croissance compensatoire partielle de C. gariepinus. Un échantillon de poissons devrait être en outre pesé chaque semaine ou tous les 10 jours afin d’ajuster les rations alimentaires.