Système d’information sur les ressources alimentaires et d’engrais en aquaculture
 

Poisson-chat nord-africain - Engrais et fertilisation

On utilise couramment des engrais organiques et inorganiques pour fertiliser les étangs qui servent à l’élevage du frai et des alevins lorsque les conditions prévoient un apport supplémentaire d’aliments. Bok et Jongbloed (1984) ont décrit les avantages de la fertilisation intensive des étangs en utilisant du fumier de volailles dans de telles conditions d’élevage semi-intensif. Il est cependant inutile de fertiliser les étangs quand un régime alimentaire complet du point de vue nutritionnel est prévu. Il faut souligner que le chaulage des étangs et le taux de fertilisation varient beaucoup selon la qualité et le PH de l’eau. Ils dépendent aussi du type des sols et de leur pH. On ne dispose pas de fiches spécifiques sur la fertilisation des étangs destinés à l’élevage du poisson-chat nord-africain et les recommandations fournies ci-après proviennent de la littérature générale en la matière.

De Graaf et Janssen (1996) mettent l’accent sur l’importance de la présence abondante de zooplancton dans les étangs-nurseries. Une bonne fertilisation est par conséquent nécessaire et il faut suivre des techniques sélectionnées et testées. Avant de mettre en charge un nouveau lot de frai, on doit laisser sécher le fond du bassin pendant quelques jours, pour permettre une minéralisation (oxydation) des nutriments, puis le chauler. Le chaulage a plusieurs effets bénéfiques. Il permet notamment la désinfection (chaux vive) du substrat en augmentant le pH de l’eau. Le pH devrait être stabilisé entre 7 et 9 avant la mise en charge des alevins dans l’étang. Le chaulage agit aussi comme un régulateur du pH et augmente la disponibilité en carbone pour la photosynthèse. On a le plus communément recours à la chaux vive (CaO), à l’hydroxyde de calcium (Ca(OH)2) et à la chaux agricole (CaCO3). La quantité de chaux à utiliser dépend du pH du sol et varie par conséquent d’une région à l’autre. Les sols limoneux (loam) ou calcaires exigent plus de chaux que les sols sablonneux, tout comme les étangs nouvellement creusés par rapport à ceux de conception plus ancienne. On trouvera des taux de chaulage recommandés dans le Tableau 10.

Pour les étangs neufs destinés à l’élevage du poisson-chat nord-africain, les travaux de Viveen et al. (1985) suggèrent d’utiliser de la chaux agricole à un taux compris entre 200 et 1 500 kg/ha et de la mélanger à la couche supérieure (5 cm) du fond de l’étang asséché. L’étang est ensuite rempli d’eau (jusqu’à une hauteur de 30 cm) et laissé tel quel pendant une semaine avant la fertilisation. Pour les étangs plus anciens, on recommande de mélanger 100 à 150 kg/ha de chaux vive à la vase du fond de l’étang pour éliminer les agents pathogènes, les parasites et les prédateurs invertébrés. L’étang est ensuite laissé tel quel pendant 7 à 14 jours puis rempli d’eau jusqu’à une hauteur de 30 cm. Son pH est ajusté en ajoutant de la chaux agricole.

Il faut beaucoup de zooplancton pour que le frai de poisson-chat nord-africain puisse se développer dans de bonnes conditions. L’abondance en zooplancton dépend des floraisons de phytoplancton. En eau douce, la production primaire est en particulier limitée par les quantités maximales de phosphate dans l’eau, ainsi que par celles d’azote, alors que des niveaux élevés de potassium ont une action favorable (de Graaf et Janssen, 1996). Une fertilisation appropriée, avec des engrais chimiques ou organiques, est nécessaire pour garantir une floraison rapide et appropriée de phytoplancton, puis un bon développement du zooplancton. Le choix des uns ou des autres est en grande partie déterminé par leur disponibilité et par la situation économique des éleveurs. Les principaux engrais chimiques utilisés sont le super-phosphate (environ 20 pour cent de P2O5), le super-phosphate triple (45 pour cent de P2O5), l’urée (environ 45 pour cent d’azote) et l’azote-phosphate-potassium 15:15:15 (15 pour cent d’azote, 15 pour cent de P2O5 et 17 de K2O). Il est vivement recommandé de dissoudre les engrais dans un premier temps et de répandre ensuite la solution uniformément à la surface de l’eau. Sinon, les granulés de phosphore peuvent facilement être absorbés par la boue et être perdus pour la production primaire. Les travaux de De Graaf et Janssen (1996) suggèrent aussi que les engrais phosphorés doivent être placés sur des plates-formes immergées ou dans des sacs suspendus pour améliorer la libération lente des sels minéraux dans la colonne d’eau. En l’absence de tout travail spécifique sur les étangs d’élevage destinés au frai ou aux alevins de poisson-chat nord-africain, on conseille de suivre les conclusions et les recommandations d’Hepher (1963, 1967) et de Boyd (1982). Le travail d’Hepher (1962, 1967) a montré que l’application de doses d’engrais supérieures à 0,5 mg de phosphate/litre ou 1,4 mg d’azote/litre n’a aucune justification biologique ou économique. Ces chiffres sont équivalents à une application de 60kg de super-phosphate simple à l’hectare (11 kg de P2O5/ha) et de 60 kg d’ammonium sulfate à l’hectare (13 kg N/ha) à deux semaines d’intervalle (entre 0,8 et 1,0 m de profondeur d’eau et pour 8 000 à 10 000 m3 d’eau/ha) (Tacon, 1987, 1988). De même, Boyd (1982) et l’ASEAN (1978) recommandent d’adopter des stratégies de fertilisation chimique qui maintiennent l’azote soluble et l’orthophosphate à des taux respectifs de 0,1–0,5 mg de P/litre et 0,9 5 mg de N/litre et 0,11 mg de P/litre (ASEAN, 1978).

Les engrais organiques les plus communément utilisés sont les fumiers de volailles (poulets, canards), de porcs et de vaches. Le rapport azote/phosphore et les teneurs en azote, en phosphate et en phosphore de ces fumiers sont proposés dans le Tableau 10 tandis que l’on trouvera dans le Tableau 11 plusieurs fiches d’application à ce sujet. Il est important de noter que l’application de ces taux n’a rien d’absolu et que les données des tableaux doivent être considérées comme de simples indications. Si on n’obtient pas de floraison de phytoplancton au bout de 6 à 8 jours de soleil, il faut ajouter plus d’engrais. Le niveau de plancton est approprié quand l’eau est de couleur verte et que la lecture du disque de Secchi indique un résultat de l’ordre de 20 à 25 cm. L’effet biologique de la fertilisation organique est amélioré si le fumier est étalé uniformément à la surface de l’eau sous une forme liquide ou semi-liquide (Tacon, 1988). Il faut noter que les étangs d’élevage ne peuvent assimiler qu’une certaine quantité de fumier chaque jour. Il faut donc en ajouter fréquemment (chaque jour si possible), en petites quantités et en milieu de matinée, c’est-à-dire quand le niveau d’oxygène augmente. On évite ainsi la désoxygénation des étangs chargés de fumier (Hepher et Pruginin, 1981).

Amisah, Adjei-Boateng et Afianu (2008) ont montré que la fertilisation des étangs est plus efficace quand on y plante des pieux en bambou : on favorise ainsi le développement de périphyton. Dans leur étude, quatre pieux de bambou étaient plantés au m2 et les étangs étaient fertilisés avec du fumier de porcs, à un taux initial de 20 kg/100 m2, puis toutes les deux semaines à un taux de 10 kg/100 m2.