Approvisionnement en juvéniles
Les juvéniles sont obtenus soit par la collecte de naissain sauvage ou provenant d'une écloserie (naissain sans collecteurs). Actuellement, la majorité de naissain provient des gisements de reproduction naturels, alors que la production en écloserie est plus focalisée dans des zones où il n y a pas d'apport naturel en naissain. Cependant, l'effondrement des gisements et l'impact de maladies (
Bonamia ostreae) ont incité les écloseries industrielles à essayer de développer des souches résistantes aux maladies.
Géniteurs
La maturité sexuelle et la reproduction d'
Ostrea edulis sont obtenues par augmentation de la température de l'eau et en fournissant à volonté (
ad libitum) de la nourriture (phytoplancton). Le conditionnement est basé sur l'imitation du cycle de reproduction naturel et les conditions environnementales naturelles. Comparées aux autres espèces traditionnellement cultivées en écloserie (p. e.
Crassostrea gigas ou
Ruditapes philippinarum), la fécondation in vitro reste difficile pour cette espèce, avec un taux de survie extrêmement bas. Jusqu'ici, une phase d'incubation reste donc nécessaire. D'un point de vue technique, la maturation synchronisée et l'induction de ponte restent aussi des tâches difficiles. Le stress thermique pour induire la ponte ne permet pas une identification sexuelle complète. Malgré le fait que l'utilisation des produits chimiques (sérotonine) a facilité le contrôle de la reproduction, cette technique ne peut pas être utilisée d'une manière routinière. Par conséquent, deux techniques ont été développées. La première est la ponte en masse, basée sur la maturité de l'ensemble du lot d'huîtres. Cette technique ne permet ni l'estimation de la contribution des individus reproducteurs de la future génération ni le contrôle de la fécondation croisée. La deuxième technique permet le contrôle de la reproduction (de même parents) en permettant la maturité seulement de deux huîtres par bac et ensuite collecter les larves produites. Toutes ces contraintes démontrent que tout le processus de reproduction n'est pas entièrement maîtrisé au niveau des écloseries.
Production en écloserie
L'élevage en écloserie nécessite la production de microalgues convenables comme nourriture. Les espèces normalement utilisées sont des flagellés combinés avec des diatomées pour fournir un régime bien équilibré et pouvoir faciliter la gamétogenèse et le développement larvaire. La quantité de nourriture dépend de la densité larvaire. La production en écloserie reste faible car les souches résistantes aux maladies n'ont pas encore été développées.
Collecte de naissain naturel
La plupart des cultures d'huîtres plates européennes restent basées sur l'utilisation des collecteurs de naissain et l'obtention de juvéniles sauvages. Les collecteurs de naissain sont soit des coquilles de moules, implantées en juin - juillet (18°C), le plus souvent de 30-60 m
3/ha en densités (Pays Bas) ou des filets en tubes qui sont remplis avec des coquilles de moules (chaque filet contient 600 coquilles de moules) et mis en suspension (France). Dans le dernier cas, les filets sont suspendus sur des cadres en acier dans des eaux peu profondes (3-6m de profondeur). Depuis que les ostréiculteurs utilisent les coquilles cuites de moules qui vont se séparer naturellement, comme collecteurs de naissain, il n y a plus besoin de main d'œuvre. Normalement, un cadre en acier soutient environ 120 filets en tube et une production de 70 à 75 kg de naissain/an. Plus tard, des plateaux couverts par de la chaux ont été utilisés dans des zones intertidales pour ce processus. L'intérêt majeur de l'utilisation de cette technique est la capacité d'équipement automatique pour décoller le naissain des collecteurs et par conséquent réduire les coûts de fonctionnement.
Nurserie
Malgré le fait que les huîtres ont des coquilles protectrices, elles se cassent si elles ne sont pas manipulées avec soin durant les processus de tri et sélection. Il est donc nécessaire de collecter les huîtres après fixation en filtrant l'eau de mer sortante du bac de conditionnement. Ensuite le naissain est cultivé selon les techniques traditionnelles pour les stades de micro-nourricerie et nourricerie. Ceci implique l'utilisation des plateaux de micro-nourricerie fabriqués avec des toiles en nylon et le système de re-circulation de flux avec des échanges d'eau fréquent (p. e. table d'eau, descendants «downwellers», et ascendants «upwellers»). Quand le naissain est sorti de l'eau, il faut faire attention en s'assurant qu'il ne se dessèche pas ou qu'il ne subit pas une élévation de température. En atteignant une taille de 5-6 mm (retenu par un tamis dont la maille est de 4 mm), le naissain peut être transféré dans des paniers pour son grossissement en mer ouverte.
Techniques de grossissement
Deux principales techniques de production ont été utilisées pour produire des huîtres plates. En surélévation et à plat.
Technique: en surélévation
Cette technique consiste en des plateaux flottants ou radeaux, filières, cordes suspendues, lanternes ou paniers en plastique suspendus sur des radeaux, tables basses intertidales et poches d'huîtres. En Espagne, les radeaux flottants, comme ceux utilisés pour les cultures de moules, sont aussi utilisés pour la culture d'huîtres. La technique consiste à attacher manuellement des huîtres de taille moyenne (5 cm) aux cordes. Les ouvriers détachent périodiquement les cordes des radeaux pour les nettoyer en enlevant les algues et graines de moules. Ensuite, les paniers en plastique sont suspendus sur des radeaux. Les huîtres sont rendues moins denses en grandissant.
Techniques: à plat
Le naissain d'huîtres est directement semé par bateau sur un fond sub-tidal à une densité de 50-100kg/ha, 5 à 10 fois moins que les huîtres creuses (
Crassostrea gigas) en France. La taille commune au repeuplement, qui est réalisé en mai-juin, est de 1 cm (après 1 an environ). La récolte d'huîtres qui se faisait manuellement par une pelle, est maintenant réalisée soit par bandes (ceintures) transporteuses ou par eau de mer (décollées par jet d'eau). Les pratiques de gestion traditionnelles incluent l'utilisation des filets en coton pour collecter les étoiles de mer (prédateurs), ainsi que des cadres dentés en acier dragués par un remorqueur le long de la concession. Les cultures d'eau profonde maximisent le taux de croissance depuis que la maladie de Bonamiose a fortement réduit le taux de survie d'huîtres de 3-4 années. Les huîtres, de deux ans (60-80 g) sont récoltées par dragage avant que la maladie ne cause des mortalités. Malgré cette pêche précoce les taux de survie restent faibles, environ 5 pour cent après un cycle de 3 année d'élevage.
Au Maine (USA), les huîtres sont cultivées dans des plateaux flottants jusqu'à qu'elles atteignent 35-50 mm en fin d'automne. Les organismes indésirables «fouling» sont contrôlés biologiquement par le brouteur periwinkle
Littorina littorea. Les huîtres sont ensuite transférées sur des concessions pour croître jusqu'à la taille commerciale. Le développement des méthodes de contrôle efficace pour l'élimination des prédateurs comme les étoiles de mer et crabes est le problème principal pour les cultures à plat.
Techniques de récolte
Depuis que la majorité des cultures d'huîtres plates est développée dans des zones sub-tidales et d'une manière extensive pour éviter les problèmes de maladies, les huîtres sont habituellement récoltées avec deux dragues en acier d'environ 3,5-4 m de largeur et 2 m de profondeur équipées avec des lames dentées de 3-5 cm, fonctionnant soit par des manivelles hydrauliques ou pneumatiques.
Alors que les cultures intertidales sont réalisées sur des tables basses, les ostréicultures ramènent les sacs aux locaux d'emballage pour tri, classement et re-stockage.
Manipulation et traitement
Une fois les huîtres ont atteint la taille commerciale, les ostréicultures les classent et les gardent temporairement dans de l'eau propre avant leur commercialisation. En France, les huîtres sont commercialisées selon leurs tailles (calibre 0 à 5). Des camions réfrigérés sont communément utilisés pour transporter les huîtres selon les réglementations de l'Union Européenne.
En Espagne, comme tous les autres coquillages qui sont destinés au marché, les huîtres doivent être dépurées. Elles sont arrangées dans des caisses ou bacs de dépuration remplis avec de l'eau mélangée avec du chlore. Le poids maximum autorisé est de 30 kg/m
2, alors que le temps de dépuration dure 42 heures. Les huîtres sont emballées dans de la glace et transportées par des camions jusqu'aux marchés. Durant la vente, elles sont maintenues à des températures variant entre 3-10°C.
Coûts de production
Malgré leur variabilité selon des caractéristiques des sites d'élevage et principalement du taux de survie, les coûts de production sont susceptibles d'être élevés. Ceci est principalement du aux problèmes de maladies associées à cette espèce et les faibles taux de survie qui ont incités les conchyliculteurs à réduire la production, mais aussi à prolonger le cycle de production. Les huîtres plates européennes sont cultivées extensivement, et sont parfois mélangées avec les huîtres creuses (
Crassostrea gigas) pour réduire les effets de maladies, chose qui augmente le classement des activités. Des investissements sont nécessaires pour travailler dans les eaux profondes avec un matériel spécifique. Les cultures sous radeaux nécessitent une importante main d'œuvre et exigent un temps considérable aussi bien pour préparer les unités que pour les nettoyer durant le cycle de production. Comparée à la culture dans des eaux profondes, qui est hautement mécanisée en utilisant des matériels hydrauliques ou dragues, la culture sous radeau nécessite des manipulations manuelles régulières pour les différentes opérations.
Herpesvirose |
virus Herpes (OHSV-1) |
Virus |
Pas d'impact direct observé au niveau de la population |
Pas de mesures curatives disponibles; s'assurer d'une sélection de site & des pratiques de gestion pour limiter l'impact & surveillance obligatoire pour le transfert d'huîtres, système de zonation |
Maladie de la charnière |
Ostracoblabe implexa |
Champignon |
Impact limité mais des malformations noires à l'intérieur des coquilles qui peuvent empêcher le développement & causer éventuellement des mortalités |
Bonamiose |
Bonamia ostreae |
Protozoaire |
La plupart des huîtres infectées ne montrent pas de symptômes macroscopiques évidentes; cependant, parfois des infections accompagnées par un jaunissement & branchie extensive & lésions au niveau du manteau deviennent systématiques & habituellement létales quand les huîtres sont de 2-3 ans |
Marteliose |
Marteilia refringens |
Protozoaire |
Décoloration de l'épithélium de la glande digestive; cessation de croissance; perte de la condition des tissus; diminution des réserves de glycogène peut causer la reproduction des mortalités |
Microsytose |
Microcytos mackini |
Protozoaire |
Pustules vertes à jaune ou abcès comme des lésions (<5 mm), résultant de l'infiltration des hemocytes & nécrose, se produit à l'intérieur de la paroi du corps, sur la surface des palpes labiaux ou manteau, ou muscle adducteur; souvent renferme une cicatrice brunâtre adjacente à la surface du manteau; parasite peut causer des taux de mortalité anormales chez les vieilles huîtres |
Mesures préventives
A l'égard des règlements de coquillage, les mesures préventives ont pour objectif de n'autoriser l'importation que des pays où il n y a pas d'éruption de maladie, et ce, selon la liste spécifiée par l'OIE (voir Code Internationale de la Santé des Animaux Aquatiques (pathogènes à déclaration obligatoire)). Les trois parasites mentionnés dans le tableau ci-dessus sont des pathogènes a déclaration obligatoire notificative, par conséquent limiter tout transfert d'huître plate d'une zone enzootie à des zones indemnes de maladies. L'importation des mollusques doit se faire seulement à partir des pays où il n y a pas d'éruption de maladies causées par ces agents pendant au moins les deux dernières années et où il n y a pas de parasites détectés dans les mollusques testés durant les programmes de surveillance de santé officiels en utilisant les procédures décrites par le OIE, pour au moins deux années. De plus, les Directives Zoo Sanitaires Européennes ont imposé un système de zonation pour limiter l'expansion des maladies. Par conséquent, la surveillance des populations d'
O. edulis et les parasites est critique pour prévenir et limiter les risques associés. Sans cure, les mesures préventives ont été adoptées pour limiter les effets des maladies, principalement au niveau des pratiques de gestion, incluant la sélection du site et la réduction de densité.
Fournisseurs d'expertise en pathologie
Assistance peut être obtenue à partir des organismes suivants:
- European Shellfish Zoosanitary Reference Laboratory (OIE Reference laboratory for Marteilia and Bonamia diseases), IFREMER La Tremblade, BP 133, 17390 La Tremblade, France.
- Department of Fisheries & Oceans, Pacific Biological Station, Nanaimo, BC, Canada V9R 5K6.
- Instituto de Investigaciones Marinas Consejo Sup. de Invest. Cie., Eduardo Capelo 6, 36208 Vigo, Spain.
- CEFAS, Weymouth Laboratory, Barrack Road, The Nothe, Weymouth Dorset, DT4 8UB, UK.
- CIDC Lelystad, Institute for Animal Disease Control, PO Box 2004, 8203 AA Lelystad, The Netherlands.