II/E-2
ESSAI DE FERTILISATION DES ETANGS A LA STATION DE RECHERCHES PISCICOLES DE BOUAKE, COTE D'IVOIRE

par

P. LESSENT
Centre Technique Forestier Tropical
Bouaké, Côte d'Ivoire

Résumé

En vue d'augmenter la production de plancton dans les étangs de pisciculture du type familial, un essai de fertilisation a été entrepris au cours du premier semestre 1965 à la Station de Bouaké, dans des étangs chaulés au préalable.

L'essai préliminaire de chaulage a abouti à un épandage de 500 kg de CaO par hectare tous les 2 ou 3 mois.

Les engrais utilisés furent le sulfate d'ammoniaque et le superphosphate. Le sulfate d'ammoniaque accroît sérieusement la production des étangs chaulés (40 pour cent) et le superphosphate accentue l'influence favorable du sulfate d'ammoniaque (12 à 13 pour cent).

Par contre, le prix de revient excessif de l'opération de chaulage, dans les conditions où elle a été réalisée, diminue considérablement l'intérêt de l'accroissement de production obtenu.

POND FERTILIZATION EXPERIMENT AT THE BOUAKE PISCICULTURE STATION, IVORY COAST

Abstract

In the first six months of 1965 the Bouaké Station carried out an experiment on fertilizing limed family-type fish ponds with a view to increasing plankton growth.

For the preliminary liming 500 kg of CaO per hectare were applied every two or three months.

Ammonium sulphate and superphosphate were used as fertilizers. Ammonium sulphate substantially increases the production of limed ponds (40 percent) and the superphosphate enhances this effect (12 – 30 percent).

Under the conditions of this experiment, gains in the form of increased production are offset by the high cost of liming.

ENSAYO DE FERTILIZACION DE ESTANQUES EN LA ESTACION DE INVESTIGACIONES PISCICOLAS DE BOUAKE, COSTA DE MARFIL

Extracto

Con objeto de aumentar la producción de plancton en estanques piscícolas de tipo familiar, se ha realizado un ensayo de fertilización durante el primer semestre de 1965, en la estación de Bouaké, en estanques previamente fertilizados con cal. Para el ensayo preliminar de fertilización con cal fué necesario utilizar cada dos o tres meses 500 kgs. de CaO por hectárea.

Los abonos empleados fueron sulfato de amoníaco y superfosfato. El sulfato de amoníaco aumentó bastante la producción de los estanques fertilizados con cal (40%) y el superfosfato acentuó la influencia favorable del sulfato de amoníaco (12 a 30%).

En cambio, el excesivo costo de la operación de fertilización con cal, en las condiciones en que se realizó, disminuyó considerablemente el interés del aumento de la producción obtenida.

1 BUT DE L'ESSAI

Pour obtenir une croissance satisfaisante des espèces microphages dans les élevages intensifs effectués dans des étangs à température élevée, il est admis qu'une distribution de nourriture artificielle est généralement recommandée.

Cette nourriture est utilisée par les poissons:

1. en consommation directe d'une part,
2. par décomposition provoquant une prolifération de plancton d'autre part.

Dans les élevages intensifs, cette nourriture doit être distribuée abondamment et régulièrement.

Ceci impose aux pisciculteurs d'apporter aux poissons une quantité souvent importante de déchets ou de sous produits mais surtout de répéter la même opération de nombreuses fois pendant la durée de l'élevage, ce qui a souvent pour résultat de les décourager.

Or un étang peut être considéré comme un vaste milieu de culture pour algues qui servent de nourriture au zooplancton et aux poissons. Il suffit donc de favoriser au maximum leur développement pour accroître sensiblement la production. C'est le but des essais de fertilisation des étangs que nous avons entrepris début 1965 avec le sulfate d'ammoniaque et le superphosphate de chaux dans des étangs préalablement chaulés.

2 ESSAI PRELIMINAIRE DE CHAULAGE DES ETANGS

Cet essai avait pour but de préciser la quantité et la fréquence des épandages de chaux agricole nécessaires pour maintenir le pH au-dessus de 7 et le S.B.V. entre 1,5 et 2,0 (sans chaulage, les étangs de la station ont un pH voisin de 6,9 et un S.B.V. de 1,1).

Trois étangs de 400 m², déjà empoissonnés avec Tilapia nilotica, ont été utilisés de septembre à fin décembre 1964, avec des épandages de 20 à 40 kg de chaux agricole à 50 pour cent de CaO, soit 250 et 500 kg de CaO par hectare.

Des mesures de température, pH, S.B.V. et oxygène dissous ont été effectués régulièrement chaque semaine à la même heure. Aucune mortalité n'a été constatée pendant l'expérimentation dont les résultats sont les suivants :

1. le pH et le S.B.V. s'élèvent aussitôt après l'épandage,
2. l'augmentation est plus forte après un épandage de 40 kg (soit 500 kg de CaO par hectare),
3. l'influence sur le pH et le S.B.V. d'un épandage de 20 kg de chaux ne dépasse guère une quinzaine de jours,
4. l'influence d'un épandage de 40 kg de chaux sur le pH et le S.B.V. dure environ deux mois,
5. les chiffres de saturation en oxygène dissous auraient tendance à diminuer dans les étangs traités avec 40 kg de chaux agricole.

Le chaulage idéal semble donc être un épandage uniforme de 500 kg de CaO par hectare tous les 2 ou 3 mois.

3 MISE EN PLACE DE L'ESSAI DE FERTILISATION DES ETANGS

L'essai de fertilisation avec le superphosphate et le sulfate d'ammoniaque dans des étangs préalablement chaulés a été mis en place en janvier 1965.

Etangs D3 et D4 : chaulage + sulfate d'ammoniaque + superphosphate
Etangs D6 et D7 : chaulage + sulfate d'ammoniaque
Etangs D8 et D9 : chaulage sans engrais

Tableau I

Essai de fertilisation des étangs préalablement chaulés sans nourriture artificielle Résultats obtenus après 4 mois d'élevage

(1) Les poissons étrangers pêchés dans les étangs sont des Tilapia zillii et nilotica qui sont passés à l'état d'alevins au travers des grillages lors du remplissage des étangs. Leur poids individuel à la vidange variait de 20 à 80 g maximum.

La durée d'élevage prévue était de 4 mois.

Les opérations de chaulage ont été effectuées les 14 janvier et 13 mars sur la base de 500 kg de CaO par hectare.

Notons que deux jours après le chaulage du 13 mars, on a constaté une mortalité importante de poissons dans l'étang D6 qui a été le seul de la série à réagir de cette façon.

Il semble donc qu'un tel chaulage constitue l'épandage maximum à réaliser pour ce traitement.

L'empoissonnement a été réalisé dans chaque étang de 400 m² le 18 janvier 1965 avec:

Les dépôts d'engrais ont été effectués les 22 janvier, 22 février, 20 mars et 21 avril dans des paniers immergés près de la surface de l'étang.

Etangs D3, D4, D6 et D7

50 kg d'N ammoniacal par hectare, soit 2,500 kg de sulfate d'ammoniaque à 21pour cent par étang et par mois.

Etangs D3 et D4

60 kg de P₂O₅ par hectare, soit 1,325 kg de superphosphate triple à 45 pour cent par étang et par mois.

Pendant toute la durée de l'expérimentation, l'alimentation en eau des étangs a été réglée de façon à compenser seulement les pertes par infiltration et évaporation.

Aucune nourriture artificielle n'a été distribuée aux poissons.

A la fin de la durée d'élevage prévue (4 mois), les étangs ont été vidés complètement et les résultats de la pêche figurent dans le Tableau I ci-après.

4 RESULTATS OBTENUS

Il apparaît nettement:

1. que, dans des étangs préalablement chaulés, l'engrais a une influence certaine sur la production de poisson,

2. que le sulfate d'ammoniaque seul accroît de près de 40 pour cent la production des étangs chaulés,

3. que le superphosphate accentue l'influence favorable du sulfate d'ammoniaque dans des proportions de 12 à 30 pour cent.

5 BILAN ECONOMIQUE DE L'OPERATION

Des données figurant au Tableau II, il apparaît :

1. que le bilan est dans l'ensemble déficitaire et ceci sans tenir compte des frais d'exploitation divers autres que l'achat des engrais,

2. que les dépenses effectuées pour le chaulage des étangs sont excessives par rapport à la fertilisation proprement dite avec les engrais chimiques et qu'il y a lieu de réduire le chaulage au maximum pour rendre l'opération rentable.

Tableau II

Bilan économique de l'opération

C'est pourquoi nous nous proposons de poursuivre ces essais de fertilisation début 1966 dans des étangs non chaulés d'une part, dans des étangs chaulés avec un épandage plus faible d'autre part, par comparaison avec des étangs chaulés dans les conditions précédentes.