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1. RESUME DES RAPPORTS NATIONAUX

1.1. Chypre

A Chypre le développement de la mariculture a commencé en 1972 avec la création de la station gouvernementale d'élevage marin de Gastria. Toutefois, à cause des problèmes politiques intérieurs qui ont frappé l'île, c'est en 1976 que la mariculture a réellement pris son essor avec l'élevage en étangs de mulets dans la région d'Akrotiri. La surface des étangs était de 3 x 0,37 ha, et leur profondeur de 2 à 3 m; l'eau hypersaline (de 40 à 60 ), avec des températures allant de 10° à 32°C. Les étangs ont été peuplés de trois espèces de Mugil à des densités de 20 000 poissons/ha, et l'on a pratiqué l'aménagement intensif avec alimentation à la demande (deux fois par jour) et fertilisation de l'eau avec des engrais chimiques. Le frai utilisé avait été recueilli à l'aide de sennes de plage pendant l'hiver. La production a atteint 600 kg/ha en 14 mois, et on a observé des taux de survie médiocres. L'espèce qui a la croissance la plusrapide, M. cephalus, a atteint de 304 à 548 g; venait ensuite M. capito (133–167 g) et enfin M. auratus (51–112 g). Toutefois, on a signalé que ces espèces n'avaient suscité qu'un faible intérêt.

Un point intéressant pour le développement de l'aquaculture à Chypre est la présence d'Artemia salina en quantités considérables dans le lac salé de Larnaka (150 kg d'oeufs récoltés en 1977). Depuis cinq ans, on a fait des expériences sur les méthodes de récolte et le traitement et plus récemment sur la décapsulation en vue de l'utilisation dans les projets de pisciculture. On a entrepris des expérience d'inoculation dans le lac salé d'Akrotiri.

Comme il n'y a pas de lagunes côtières, l'élevage intensif en nasses et l'élevage en étangs sont les seuls choix possibles. L'élevage en nasses a débuté en 1978 dans le port de Paphos (salinité 39 , température 15,5°C–27°C). En 1978, on a fait des essais d'élevage de serranidés dans des nasses en filet de nylon. Le frai, importé de France, a été nourri de granulés secs, deux fois par jour; en un an, les alevins sont passés de 1,4 g à 168 g. La densité finale en nasses a atteint 10 kg/m3, mais on a également observé des poissons difformes ayant des taux de mortalité élevés.

Parmi les autres espèces locales, on élève également Diplodus sargus. Le frai est recueilli à l'aide de sennes de plage pendant la période qui va de juin à août et les alevins passent de 0,6 g à 55 g en un an. On fait également des essais d'élevage des anguilles en nasses mais on n'a pas encore obtenu de résultats concluants.

On a également fait des essais préliminaires d'élevage de siganidés, à savoir Siganus rivulatus et S. luridus, en utilisant du frai sauvage. Comme dans d'autres pays, on a noté leur bon comportement en nasses si on les préserve des algues gênantes.

Depuis deux ans, on a également tenté d'élever des tortues dans le but de conserver l'espèce.

1.2. France

Le rapport français n'a porté que sur les poissons et crustacés. L'élevage des mollusques est plus important économiquement que l'aquaculture des poisson et crustacés, qui n'a pas dépassé le stade expérimental ou pilote; pourtant cette dernière est déjà une tradition établie et, depuis la dernière session du COPRAQ, l'évolution a été minime en ce qui concerne les nouvelles techniques.

On pratique l'aquaculture extensive dans les lagunes côtières du sud de la France et en Corse, sur plus de 2 500 ha.

La production annuelle est estimée en gros à 100 tonnes et les principales espèces élevées, par ordre d'importance, sont les suivantes: mulets, anguilles, serranidés, dorades et soles.

Le système est analogue à celui des “valli” en Vénétie (Italie); toutefois, des essais de rationalisation des opérations ont été entrepris par l'Institut scientifique et technique des pêches maritimes (ISTPM) à Salses-Leucate et par le Centre technique du génie rural, des eaux et des forêts (CTGREF) en Corse (lagunes côtières de Biguglia, Diane et Urbino) et dans l'étang de Mauggio dans le Languedoc.

Deux espèces de salmonidés, le saumon coho Oncorhynchus kisutch, et la truite aro-en-ciel, Salmo gairdnerii, sont élevées en eau de mer de façon intensive. Le Centre national pour l'exploitation des océans (CNEXO) et le CTGREF sont les principaux promoteurs de cette activité.

En raison des températures élevées des eaux côtières françaises durant l'été pour ces espèces, l'élevage en eau de mer n'est pratiqué que d'octobre-novembre à mars-juin.

Durant la période initiale, l'élevage a lieu en eau douce jusqu'à ce que la truite aro-en-ciel ait atteint un poids de 180–200 g (ce qui correspond à l'âge de dix mois) et le saumon 120–150 g; ils sont ensuite transférés dans des nasses qui sont placées en eau de mer jusqu'à ce qu'ils atteignent une taille commerciale, qui peut aller de 300 à 1 500 g.

On a pour ces deux espèces les données suivantes: a) surface utilisée pour l'élevage en eau de mer = 50 000 m2; b) surface utilisée pour le prégrossissement en eau douce = 10 000 m2; c) production annuelle de 100 à 120 tonnes de truites et de 50 tonnes de saumon coho; d) quantité de juvéniles mis en eau de mer: de 150 à 200 000 pour les saumons et de 200 à 250 000 pour les truites aro-en-ciel.

Une autre espèce que l'on estime adaptée à l'élevage on eau saumâtre est le loup Dicentrarchus labrax.

Plusieurs groupes s'intéressent à l'élevage des loups; parmi eux, le CNEXO a créé une station pilote à Palavas-les-Flots, avec écloserie et utilisant des nesses flottantes pour le grossissement à l'extérieur. Deux autres écloseries sont exploitées par la Station de biologie marine et lagunaire de Sète et le Groupement agricole d'exploitation en commun - CAEC - Les poissons du soleil. Dans plusieurs localités de la côte méditerrannéenne française, on utilise des bassins ou des cages flottantes pour le grossissement des juvéniles jusqu'à ce qu'ils atteignent une taille commerciale. Franoe Aquaculture, une filiale du CNEXO, tente actuellement d'implanter la première ferme intégrée de dimension commerciale à Pinia, en Corse, et le CTGREF a entrepris d'élever des loups en effluents de centrale électrique à Martigues-Ponteau. Le commercialisation des premières tonnes de loups produits en aquaculture intensive a été effectuée par la Société Méditerranée Pisciculture en 1978.

Les données chiffrées pour cette espèces sont les suivantes: a) surfaces utilisées: environ 40 000 m2 à terre (surface totale et non uniquement surface des bassins) et de 200 à 300 m2 en cages flottantes; b) estimation de la production commerciale totale: entre 5 et 7 tonnes; c) nombre de juvéniles produits en écloseries (placés ensuite en grossissement extérieur): de 800 000 à 1 000 000.

Il y a un nombre considérable d'espèces dont l'élevage n'a pas encore atteint un développement commercial équivalent à celui des espèces précédemment citées, telles que crevettes pénéides, soles, anguilles, dorades, turbots, Diplodus sargus, “rascasses” et rougets.

En ce qui concerne les crevettes pénéides, les problèmes techniques que pose leur élevage ont été résolus par le CNEXO, qui a conduit des espériences sur Penaeus japonicus et P. kerathurus à Palavas. L'Association “Les compagnons de Maguelone” élève également ces espèces.

Le principal problème posé par ces espèces est de nature économique: les coûts de production sont trop élevés pour que l'opération soit rentable.

Pour la sole, les problèmes techniques ont été résolus et le CNEXO a créé une installation pilote à Noirmoutier. La société Aqua-Service élève des anguilles en utilisant les rejets d'eau chaude de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-eaux.

En ce qui concerne le thème retenu pour la présente session, à savoir l'alimentation des larves et des juvéniles, les résultats des travaux menés depuis la dernière session peuvent être résumés de la façon suivante:

  1. Poissons

    Il y a plusieurs équipes qui mènent des recherches sur la nutrition aux premiers stades larvaires: le CNEXO, l'Université de Montpellier et le GAEC - Les poissons du soleil. Elles appliquent des méthodes analogues utilisant la culture parallèle d'algues, Tetraselmis sp., qui sert à alimenter le rotifère Brachionus plicatilis, auquel on peut aussi donner de la levure de boulanger à la place d'algues.

    On continue à récolter le zooplancton sauvage, système bon marché et sûr dans certaines zones; le zooplancton peut même être congelé. On a essayé des régimes artificiels, mais on a remarqué des problèmes d'acceptabilité par les jeunes poissons. Après les premiers jours on donne des nauplii d'Artemia salina aux larves et, en dehors du zooplancton sauvage, on n'a pas trouvé d'autre substitut. Comme le problème de la disponibilité d'oeufs de A. salina en boîte ne fait que s'aggraver, le développement de cette industrie à une échelle commerciale se trouve réellement entravé, et il faudrait trouver un substitut.

  2. Crevettes

    Pour ce qui est des crevettes, les techniques japonaises consistant à élever du plancton dans le même bassin que les larves ont été abandonnées et, à l'heure actuelle, on cultive séparément les organismes qui servent d'aliments au premier stade larvaire. Une nouvelle technique a été mise au point au C.O.B. (Centre océanologique de Bretagne), qui dépend du CNEXO, afin de réduire la quantité de proies vivantes nécessaire aux derniers stades larvaires. Cette technique est basée sur l'utilisation de poisson frais ou de moules finement broyés puis pulvérisés dans les réservoirs d'élevage sous forme de particules gélifiées grâce à l'adjonction d'alginate qui, réagissant dans l'eau, sert d'agent de liaison et permet d'éviter que les aliments ne contaminent l'eau. Cette technique a donné des résultats prometteurs au laboratoire. Toutefois, comme pour l'élevage des poissons, l'approvisionnement en oeufs de A. salina reste un obstacle.

En oe qui concerne la coordination nationale du développement de l'aquaculture, étant donné le nombre de ministères intéressés (12), un comité interministériel a été créé en 1978. Ce Comité a déjà établi un plan national qui prévoit des délégués régionaux, et a aussi défini une politique de financement du développement de ce secteur.

1.3. Grèce

En Grèce, l'aquaculture est une activité relativement récente dont l'expansion est liée au développement de l'élevage des truites, et, à plus petite échelle, des carpes communes. En ce qui concerne l'élevage des truites, il existe environ 120 installations et on a signalé une production totale de 2 000 tonnes/an; pour la carpe commune, les chiffres indiquent 10 élevages s'étendant sur 80 ha et une production de 32 tonnes/an.

L'aquaculture en eau saumâtre et l'aquaculture marine en sont encore à leurs débuts en Grèce, mais les perspectives sont bonnes.

En ce qui concerne l'élevage des mollusques, le potentiel de mytiliculture et d'ostréiculture a été étudié par l'Institut de recherches océanographiques et de pêche. Les stocks naturels ont été repérés et on a utilisé la méthode de suspension pour la collecte des larves dans la baie de Thermaïkos. Dix-huit élevages, qui ont produit 16 tonnes de Mytilus galloprovincialis, Venus verrucosa, Ostrea edulis, et d'autres espèces sont actuellement exploités dans les golfes de Thermaïkos et de Saronikos. L'élevage de Pecten spp. a débuté dans l'île de Lesbos; jusqu'à présent la production a été de 2 tonnes/an. Dans la même région, un projet pilote d'élevage d'Ostrea edulis par la méthode de suspension a débuté l'année dernière. La croissance individuelle en 8 mois a été considérable (plus de 8 cm de longueur).

L'intérêt porté à l'élevage des crevettes pénéides a conduit aux premières expériences de propagation artificielle, pour lesquelles on a choisi l'espèce Penaeus kerathurus. Le projet a pour objectif la production massive en laboratoire de postlarves, le peuplement des surfaces appropriées à l'aide de ces postlarves et leur élevage en bassins jusqu'à ce qu'elles aient atteint une taille commercialisable. Le peuplement de la baie d'Amurakikos à l'aide de postlarves de P. kerathurus a commencé l'année dernière. Cette année, des postlarves élevées dans deux réservoirs rectangulaires en béton d'une capacité de 22 m3, avec un système de double fond et une couche de sable de 10 cm d'épaisseur, sont passées de 0,08 g (poids initial) à 3,2 g de poids individuel en 60 jours.

L'élevage des poissons en lagunes d'eau saumâtre est pratiqué de façon extensive en Grèce. Les espèces les plus importantes sont les suivantes: mulet (Mugil spp.), dorade (Sparus aurata), loup (Dicentrarchus labrax) et anguille (Anguilla anguilla). Ce type de mariculture est pratiqué dans des lagunes peu profondes, clôturées, et les poissons se nourrisent des aliments naturels qui s'y trouvent. On les capture à l'aide de pièges au cours de leur migration vers la mer.

Les élevages de ce type couvrent une superficie de 35 000 ha, et la production annuelle s'élève à 2 230 tonnes. Les élevages les plus importants se trouvent dans les sites suivants:

  1. Golfe d'Amurakikos sur la côte de la mer Ionienne. Les lagunes couvrent une surface de 10 000 ha, et la production annuelle moyenne est de 50 kg/ha.

  2. Région de Missolonghi et lagune de Klissova sur la côte nord du golfe de Patras. On y produit en moyenne 55 kg/ha par an, sur 20 000 ha.

  3. Lac de Vistonis - Lagune de Lagos sur la côte nord-est de la Grèce. Les lagunes s'étendent sur 4 000 ha et les captures annuelles moyennes s'élèvent à environ 80 kg/ha.

  4. Estuaire du fleuve Nestes sur la côte nord de la mer Egée. Ces eaux, qui couvrent environ 1 400 ha, sont très productives. L'élevage des espèces Sparus aurata et Mugil spp., sans alimentation complémentaire, y est rentable. La production s'élève à 200 tonnes/an.

En outre, la récolte de civelles sauvages pour peupler des bassins a récemment été entreprise dans deux petits élevages du golfe de Thermaïkos et un projet d'élevage de Mugil cephalus, Sparus aurata et Dicentrarchus labrax a été mis en route cette année à l'Institut de recherches océanographiques et de pêche.

Les expériences d'acclimatation de truites aro-en-ciel Salmo gairdnerii à l'eau de mer sont également en cours. Ces expériences ont pour but de déterminer la meilleure taille pour le frai destiné à l'acclimatation et les meilleurs régimes pour l'élevage en eau de mer.

1.4. Israël

Pour Israël, la mariculture offre une nouvelle voie prometteuse de développement de l'aquaculture, principalement parce qu'il serait difficile d'accroître l'aquaculture en eau douce étant donné la pénurie de celle-ci. En ce qui concerne la mariculture, pour laquelle l'eau n'est pas un facteur limitatif, Israël a l'avantage d'avoir des températures plus chaudes que les pays méditerranéens d'Europe et, avec une plus forte activité photosynthétique, les espèces élevées croissent plus rapidement.

Le laboratoire de mariculture IOLR à Elath est depuis sept ans le centre du développement de la mariculture israëlienne. C'est vers la fin de 1972 que les travaux sur l'élevage des dorades ont commencé.

Avant cela, on avait étudié pendant trois ans les possibilités de créer des élevages d'huîtres locales Saccostrea cuculata et de poissons de l'espèce Siganus rivulatus. Ces choix initiaux étaient erronés en raison du faible taux de croissance des huîtres et de leur vulnérabilité (prédateurs, maladies) et, dans le cas des Siganus rivulatus, de leur mauvaise réponse en captivité.

1.4.1 Recherche fondamentale sur la dorade

L'idée fondamentale qui a guidé les travaux sur la dorade était d'étudier l'ensemble des aspects à considérer pour créer des élevages de dorades. On a estimé qu'une équipe interdisciplinaire, travaillant dans un même site à résoudre le même problème général, donnerait les résultats les meilleurs et les plus rapides. Les divers domaines de recherche et de développement ont été les suivants: nutrition, maladies, reproduction, élevage des larves et techniques d'élevage (cages flottantes en mer, bassins d'eau saumàtre et d'eau de mer). Il convient de souligner que l'équipe n'a pas cédé aux pressions croissantes exercées sur elle afin qu'elle fasse porter ses recherches sur d'autres organismes (diverses espèces de poissons, huîtres, crevettes, langoustes, etc…). On a estimé rationnellement que pour être le plus vite possible à même de pratiquer l'élevage, il était indispensable de concentrer tous les efforts sur une seule espèce.

Une fois achevés les premiers travaux fondamentaux, d'autres espèces ont été introduites dans le programme de développement de la polyculture.

Pour les dorades, on a obtenu les résultats suivants:

  1. Nutrition

    1. On a mis au point un régime de grossissement complet permettant aux dorades de croître deux fois plus rapidement qu'à l'état naturel

    2. les besoins fondamentaux en vitamines ont été déterminés

    3. des régimes de sevrage ont été mis au point pour les larves de dorades (à partir de 35 jours)

    4. on a étudié l'équilibre énergétique de l'alimentation des dorades

    5. des travaux sur les acides gras essentiels sont en cours

    6. à l'avenir, les travaux porteront essentiellement sur les problèmes suivants:

      trouver d'autres sources de protéines pour remplacer dans l'alimentation des espèces élevées la farine de poisson qui coûte cher; réduire les doses de vitamines onéreuses; mettre au point des régime alimentaires pour d'autres espèces de poissons que l'on souhaite élever à l'avenir, comme le loup (Dicentrarchus labrax); mettre au point des régimes économiques pour l'élevage des crevettes (Penaeus japonicus, P. monodon); mettre au point des régimes de sevrage pour les larves de poissons aux premiers stades.

  2. Maladies

    On a rencontré et étudié trois principaux types de maladies:

    1. vecteurs parasitologiques (endo et ectoparasites)

    2. vecteurs bactériologiques

    3. maladies métaboliques

    Les maladies métaboliques ont été étudiées en collaboration avec l'équipe de nutrition. On estime que ces maladies sont liées à des carences dans les aliments offerts.

    Les travaux de parasitologie ont compris l'étude de l'apparence, des cycles biologiques, des épidémies et de la dynamique des parasites. Des techniques curatives ont été mises au point. On a adopté la même approche pour les maladies bactériennes. Ces travaux ont déjà été publiés.

  3. Reproduction

    La reproduction contrôlée de Sparus aurata a été le thème des recherches de l'équipe sur la reproduction des poissons du laboratoire de mariculture de l'IOLR à Elath.

    L'étude de la reproduction induite a permis de comprendre le cycle des gonades chez cette espèce, et on a pu mettre au point des techniques de reproduction induite. A l'heure actuelle, on connaît une technique pour forcer la dorade à se reproduire pendant 5 mois de l'année (deux mois de part et d'autre de la saison de ponte naturelle).

    On a adopté deux grandes approches:

    1. Approche endocrinologique - intervention dans le système sexuel et hormonal du poisson au moyen d'un traitement hormonal. Cette approche a permis de mettre au point des techniques reproduisibles d'ovulation et de ponte chez Sparus aurata, mais n'a pas encore livré une compréhension fondamentale de la maturation des gonades. On prévoit d'effectuer ces travaux fondamentaux à l'avenir, car on estime qu'une compréhension complète du contrôle hormonal de la maturation sexuelle et de la ponte est extrêmement importante pour intervenir dans la reproduction des poissons.

      Le but pratique du projet ci-dessus est d'étendre la saison de la ponte au delà de ses limites actuelles, de telle sorte que les écloseries commerciales puissent à l'avenir fournir du frai aux élevages pendant toute l'annèe. Un autre objectif du projet est de remplacer l'agent hormonal actuellement utilisé (HCG) par une autre hormone. La molécule de HCG est grande (poids moléculaire ~ 50 000) et connue pour susciter une réaction immunologique chez le poisson, qui neutralise l'hormone. Ainsi, on ne peut utiliser cette hormone qu'au petit nombre de fois sur un même poisson au cours de la saison. Cette situation bloque toute possibilité de travaux sur la reproduction et la sélection à l'avenir. On se propose de poursuivre les travaux préliminaires entrepris en 1977 sur l'application de LH-RH comme agent inducteur.

    2. Approche mésologique - induction de la maturation sexuelle et de la ponte par manipulation du milieu. On sait que la plupart des organismes qui ont une saison de reproduction annuelle reçoivent un signal du milieu qui déclenche le cycle sexuel. Chez de nombreuses espèces de poissons, le cycle peut être déclenché par une modification de n'importe quel paramètre - température, salinité ou photopériode. Les expériences relatives aux deux premiers paramètres n'ont pas donné de résultate positifs. On a essayé une simulation du comportement naturel des poissons, qui quittent les lagunes pour frayer en mer. Les conditions de température et de salinité des deux milieux sont très différentes. Au moment de la migration en direction de la mer, les températures sont plus basse et la salinité plus élevée dans la lagune qu'en mer. On se propose d'entreprendre une expérience sur le photopériodisme, en l'associant à l'interaction de la salinité et de la température. La principale idée qui sous-tend cette approche est que l'on souhaite réduire au minimum l'intervention humaine qui permet aux poissons d'entrer dans le cycle du frai. On pense que les oeufs pondus dans de telles conditions seront de meilleure qualité, et qu'ainsi on obtiendra un meilleur taux de survie des larves.

      Le contrôle de la maturation et de la ponte par manipulation du milieu aidera à étendre la période de reproduction des poissons à l'année entière, ce qui est très important pour maintenir la viabilité des entreprises. La solution finale pour contrôler la reproduction des poissons, pourrait consister à associer les deux approches, une fois qu'on les aura parfaitement comprises l'une et l'autre.

  4. Elevage des larves

    L'élevage des larves de dorades a posé un problème difficile et de taille. Il est évident que tant qu'il ne sera pas résolu, l'élevage à grande échelle restera un souhait impossible à réaliser. A l'heure actuelle, l'élevage des larves de Sparus en grand nombre et avec un taux de survie raisonnable est le seul grand problème qui ne soit pas encore résolu; toutefois on a fait des progrès considérables dans ce sens. Le laboratoir est disposé à s'occuper d'une installation pilote où l'on élèvera les poissons dans des cages flottantes placées en mer et/ou dans des bassin (d'eau de mer et d'eau saumâtre - voir ci-dessous), mais le problème de l'élevage massif des larves de Sparus continue à faire obstacle aux progrès. Après avoir étudié et compris certains des problèmes que pose l'élevage des larves en milieu artificiel, on a trouvé que pour atteindre l'objectif visé, à savoir un taux élevé de survie, il fallait une installation d'élevage très bien contrôlée. La température, la salinité l'éclairage, la qualité de l'eau (du point de vue chimique et du point de vue physique), le débit de l'eau, et l'aération sont certains des paramètres qui définissent le milieu physique d'élevage. L'installation n'est pas encore construite, mais elle devrait être réalisée et exploitable pour la saison de frai 1980/81.

    En 1975, la première année où l'on ait élevé des larves, on a produit 250 poissons. Ils ont été nourris principalement d'aliments vivants (algues, rotifères et artemia) jusqu'â l'âge de 60 jours. Depuis lors, on en a élevé bien davantage, et durant la dernière saison (1979) quelque 50 000 alevins du stade postlarvaire sont sortie de l'écloserie. Toutefois, on est encore loin du but souhaité. La survie est encore très faible, et la plupart des facteurs de mortalité aux différents stades larvaires ne sont pas compris.

    A l'heurs actuelle, les problèmes partiellement résolus sont les suivants:

    1. Chaîne alimentaire - on a établi un régime d'alimentation permettant aux larves de se développer. On connaît des méthodes efficaces de culture massive pour produire les organismes alimentaires.

    2. Technique d'incubation - on a mis au point une technique d'incubation efficace qui permet, si les oeufs fécondés sont de bonne qualité, d'obtenir un taux d'éclosion de 80 pour cent.

    3. Taux de survie - les meilleurs résultats obtenus jusqu'à présent se situent entre 2 et 5 pour cent des larves écloses. La densité finale du frai postlarvaire est d'environ 3 poissons par litre. Comme on l'a déjà dit, ce n'est pas encore satisfaisant. La technique actuelle exige une énorme quantité de travail et est loin d'être économique.

    4. Conditions du milieu en réservoir - un effort considérable a été fourni pour déterminer les conditions de milieu optimales pour le développement des larves. On est parvenu à quelques conclusions provisoires concernant l'apport d'air, le débit d'eau et l'éclairage.

    5. Conditions biologiques - on est parvenu à se faire une bonne idés des densités souhaitables d'organismes alimentaires dans les réservoirs d'élevage des larves, et l'on sait à quel moment il faut qu'il commence à y avoir un chevauchement entre une certaine sorte d'aliment et la suivante; on connaît également les densités larvaires souhaitables aux différents stades. On a établi un procédé de sevrage permettant de passer des aliments vivants aux aliments secs qui donne de bons résultats; il faudrait toutafois l'améliorer.

1.4.2 Techniques d'élevage des dorades

Comme l'objectif du laboratoire était de parvenir à élever des Sparus aurata aussi rapidement que possible, un programme de mise au point de techniques d'élevage a été lancé. Il a débuté pendant les premières phases du projet, bien avant que l'on ait trouvé des solutions pratiques aux principaux problèmes que posent la nutrition, les maladies, la reproduction et l'élevage des larves. Ce programme d'urgence avait pour but d'inclure également dans la recherche fondamentale des problèmes de nature pratique. La masse de questions non résolues adressées par le département de l'élevage aux projets sur la nutrition, les maladies et la qualité de l'eau ont donné des directives immédiates à ce programme de recherche. Le programme d'élevage existe maintenant depuis cinq ans et on a mis au point deux méthodes principales pour élever Sparus aurata sur une échelle commerciale: l'élevage en cages flottantes en mer et l'élevage en bassins d'eau de mer. On a également également étudié la possibilité de pratiquer la pisciculture en bassins d'eau saumâtre.

  1. Cages flottantes en mer - le projet a débuté en septembre 1974. Il a duré quatre ans et a eu lieu dans une baie protégée, à 150 km d'Elath. Pour résumer les résultats finals des quatre années de travail, une méthode permettant d'élever Sparus aurata de façon satisfaisante et rentable a été mise au point. Les poissons ont atteint une taille commercialisable (250–300 g) 16 mois après éclosion; le taux de conversion des aliments utilisés était de 1:2,5, et la densité des poissons de 220 par mètre cube.

    Pour élargir la portée des travaux, les expériences ont été transférées sur un littoral exposé en 1978. Il y a encore de nombreux problèmes techniques et biologiques à résoudre dans ce nouvel environnement. L'objectif des travaux actuels et futurs dans ce domaine est d'adapter la technique mise au point dans une baie protégée aux conditions du large.

  2. Bassins d'eau de mer - ce projet a débuté en 1975. Une série de huit bassins, mesurant 250 m2 chacun, a été construite sur des terrains appartenant au laboratoire d'Elath. Les résultats de la première année ont été très prometteurs. Les rendements, après extrapolation pour les ramener à un dunam (1 000 m2) se situaient aux alentours d'une tonne par an. Mais, depuis lors, ils ont baissé chaque année.

    Deux projets fondamentaux concernant ces bassins ont été effectués: sur la pisciculture en bassins d'eau de mer (voir les résultats ci-dessus) et sur l'écologie des bassins d'eau de mer destinés à la pisciculture. L'étude écologique, qui n'est pas encore terminée, confirmera peut-être l'hypothèse expliquant la baises des rendements. Tous les paramètres physiques, chimiques et biologiques et leurs interactions dans les bassins ont été étudiés. La production primaire dans les bassins, due à la fertilisation de l'eau résultant de l'alimentation des poissons et à l'intensité des rayons solaires, peut atteindre 20 tonnes de carbone organique par an.

    Une grande partie de ces matières se dépose au fond du bassin et s'y décompose, en majeure part de façon anaérobie, libérant dans l'eau des composés toxiques tels que H2S, CH4, NH4 etc. A mesure que le bassin vieillit, la décomposition organique augmente et une plus grande quantité de ces composés toxiques est libérée dans la colonne d'eau. En conséquence, la qualité de l'eau se détériore, les taux de croissance baissent, et, dans les cas extrêmes, les poissons meurent. Comme les bassins sont alimentés en permanence d'eau de mer fraîche pour compenser l'évaporation et pour maintenir les niveaux de salinité tolérés par les poissons, une expérience d'ostréiculture dans les effluents (voir ci-dessous le rapport sur les huîtres) a été entreprise. Les études préliminaires sur la croissance des huîtres sont très prometteuses. A l'avenir, on se propose d'entreprendre des travaux concernant le nettoyage de l'eau des bassins par un système consistant à la faire circuler à travers les bancs d'huîtres au rythme du temps moyen nécessaire à la reproduction des algues.

    A l'heure actuelle, d'après les résultats des expériences d'élevage en cages et en bassins, on estime qu'il sera possible d'élever une population très dense de poissons dans un bassin lorsque la qualité de l'eau sera maintenue à un niveau très élevé, ce qui permettra d'obtenir des randements élevés de poissons et d'huîtres par unités de surface, de temps et de travail.

    D'autres espèces de poissons ont été introduites dans les bassins en même temps que Sparus aurata: Siganus rivulatus (qui mange les macroalgues), Mugil cephalus (qui consomme le plancton et les détritus) et Dicentrarchus labrax, qui a des qualités très semblables à celles de la dorade.

  3. Etangs d'eau saumâtre - comme il y a de vastes réserves d'eau saumâtre d'origine terrestre dans la vallée de l'Arava (eau à 10 ppm: TDS (teneur totale en sels dissous)), et comme les dorades sont euryhalines, on a décidé de tenter d'élever des dorades dans ces eaux. L'idée est partie du fait que ces eaux ne sont pas utilisées pour l'agriculture, et que la faible salinité peut même avoir un effet favorable sur la croissance des poissons. Toutefois, on a rencontréles mêmes problèmes que dans les bassins d'eau de mer, mais de façon encore plus accentuée car, dans les étangs d'eau saumâtre, l'eau n'était pas renouvelée du tout. Les huîtres ne peuvent pas vivre en eau saumâtre, en raison de sa composition ionique qui est différente de celle de l'eau de mer. A l'heure actuelle, ce projet de recherche et de développement est dans une impasse. On a l'intention, à l'avenir, d'utiliser cette eau pour compenser l'évaporation dans les bassins d'eau de mer, ce qui réduirait de façon significative les quantités d'eau qu'il faut apporter dans les bassins à l'aide de pompes pour maintenir le niveau de salinité souhaité.

    Les projets concernant les bassins ont donné d'importants résultats secondaires: création d'un laboratoire d'analyse de l'eau de mer, et introduction du principe de polyculture et du concept de mariculture intérieure dans les zones arides situées à proximité de la mer.

    En ce qui concerne les plans futurs en matière de pisciculture, les disciplines suivantes seront introduites dans les activités du Centre: génétique des poissons, comportement des poissons, et laboratoire de biochimie pour les département de nutrition et d'endocrinologie.

1.4.3 Huîtres (Crassostrea gigas et Ostrea edulis)

Lors des travaux d'engraissement en bassins de sparidés et d'autres organismes, il a vite été évident que d'importantes quantités de phytoplancton se développaient dans les bassins, sous l'effet de la fertilisation par les excréments des poissons. Des expériences ont été entreprises dans le but de trouver un organisme commercialisable qui utiliserait cette source d'aliment afin qu'elle ne soit pas perdue. Parmi les espèces examinées, l'huître comestible est apparue la plus prometteuse. Un millier de jeunes huîtres, à peine fixées, élevées dans des bassins et des rigoles d'écoulement, ont eu la croissance la plus rapide dont on ait jamais parlé, atteignant une taille commercialisable de 65 g en 9 mois. Ces huîtres étaient également beaucoup plus grasses et de forme beaucoup plus régulière qu'elles ne le sont généralement en Europe, ce qui cuvre la possibilité d'approvisionner une clientèle spécialisée.

Dans la deuxième série d'expériences, on a construit une rigole pour recevoir les effluents de quatre bassins mesurant 250 m2 chacun, de façon à obtenir une estimation des productivités quel' on peut attendre d'un tel système. Dans cette rigole, la production annuelle a été de 1,3 tonne d'huîtres par millier de mètres carrés de bassin de pisciculture. On a également élevé de petites quantités d'huîtres européennes plus chères, avec lesquelles on a obtenu de bons résultats. Les deux principaux problèmes que pose l'élevage des huîtres dans les rigoles sont les suivants: a) il a fallu nettoyer les bancs d'huîtres tous les quinze jours pour empêcher les excréments de s'accumuler et b) la concentration de phytoplancton dans l'eau provenant du bassin à son arrivée dans la rigole était très élevée, de sorte que les huîtres “avalaient et recrachaient” une grande partie des aliments disponibles ce qui en privait les huîtres fixées en aval. On a maintenant mis au point un système qui permet de réduire le temps de nettoyage des huîtres d'un jour par semaine à environ 15 min par semaine et, l'année prochaine, les travaux porteront essentiellement sur l'optimisation de la concentration des aliments parvenant aux huîtres. En améliorant l'assimilation, on devrait pouvoir obtenir des rendements beaucoup plus élevés par unité de surface.

On a fait un certain nombre d'essais d'ostréiculture en eau saumâtre, après évaporation pour obtenir la salinité de l'eau de mer. A l'heure actuelle, après cinq essais, toutes les huîtres sont mortes.

1.4.4 Autres espèces

a) Muge cabot (Mugil cephalus)

Cette espèce est pêchée depuis longtemps en mer Méditerranée et dans le golfe de Suez, et aussi un peu dans le golfe d'Aqaba. On l'élève également dans des bassins d'eau douce en Israël. On recueille les juvéniles en mer pendant l'hiver et on constitue des peuplements composites, avec des carpes et des tilapias. Bien que la muge cabot ne soit pas un poisson très cher, il vaut la peine de l'élever en même temps que des sparidés ou d'autres poissons analogues car le muge, qui se nourrit de détritus, occupe une niche écologique non utilisée par ces carnivores. En même temps, il contribue à réduire les dépôts anaérobies qui se forment sur le fond. L'approvisionnement en alevins du stade postlarvaire recueillis en mer est inférieur à la demande, et par la suite on devra entreprendre un programme de reproduction des muges. Les muges élevés en même temps que des sparidés dans les bassins d'Elath ont eu une croissance très rapide.

b) Crevettes (Penaeus semisulcatus et Penaeus japonicus)

Les crevettes capturées en Méditerranée orientale ont trouvé en Europe des marchés tout prêts à les absorber, mais entre 1973, date à laquelle la pêche à la crevette a débuté, et 1977, les captures sont tombées d'un record de 102 tonnes par an à 37 tonnes par an. Des expérienoes préliminaires d'alimentation et d'engraissement des crevettes ont été entreprises à Elath afin d'avoir une première idée des besoins et des caractéristiques de croissance de ce coûteux produit de la mer. Des postlarves ont été fournies par l'Université de Tel-Aviv. On a établi que l'on pouvait élever des crevettes jusqu'à une densité d'environ 125 kg par dunam (1 000 m2) dans des bassins de terre en les nourissant avec les aliments habituellement donnés aux poissons. Les premières expériences concernant les régimes ont indiqué un certain nombre de façons d'améliorer ce régime de base pour les crevettes. Les meilleurs résultate d'engraissement obtenus à l'heure actuelle indiquent que les crevettes peuvent atteindre une taille commercialisable de 25 g en mois de six mois. Cette année, on étudie un aliment disponible dans le commerce dans le but d'obtenir des rendements constants de plus de 125 kg par dunam (1 000 m2). Un programme organisé de reproduction des crevettes et d'évaluation de leur alimentation sera entrepris l'annés prochaine.

c) Sigans (Siganus sp.)

Le sigan est une espèce relativement peu coûteuse qui se trouve dans la mer Rouge et en Méditerranée. Pendant la saison, il est possible de recueillir de grandes quantités de frai dans le milieu naturel sans grand effort. Le principal marché de oe poisson se trouve à Elath, mais un autre est en train de se constituer dans le nord d'Israël. La valeur de cette espèce réside dans son aptitude à consommer de grandes quantités de macroalgues, laissant les nutriments qui se trouvent dans le bassin aux microalgues (phytoplancton), dont s'alimentent les huîtres. Comme le sigan se nourrit d'aliments qui se trouvent dans le bassin et que les sparidés et les mulets ne consomment pas, cela augmente la productivité totale du bassin. Etant donné l'état actuel du marché du sigan, on continuera à ne l'élever que pour équilibrer la production des bassins.

d) Loup (Dicentrarchus labrax)

Le loup est un poisson de mer de prix élevé qui peut également vivre en eau douce. Il a une réputation de prédateur agressif vis-à-vis des poissons plus petits. Un grand nombre de loups ont été élevés à partir d'oeufs pour le compte d'Israël Water Carrier (Mekorot) qui les utilise comme “poissons policiers” dans ses systèmes, et on en a également fourni à un certain nombre de kibbutzim pour la même utilisation. En eau douce, les tilapias ont tendance à se reproduire de façon incontrôlée et les juvéniles font concurrence aux adultes et en retardent la croissance. Avec la présence de loups dans les bassins, on ne devrait plus être obligé d'éliminer les tilapias femelles à la main ou de n'élever que des poissons mâles obtenus en pratiquant des croisements spéciaux. L'élevage des loups est un peu plus délicat que celui des sparidés, et, à l'heure actuelle, il ne semble pas plus avantageux du point de vue de la mariculture. Toutefois, si les expériences d'utilisation de ce poisson pour “nettoyer” les bassins et réservoirs d'eau douce donnent de bons résultats un petit programme de reproduction pourrait être entrepris afin de subvenir aux besoins.

1.5. Italie

Au cours des dernières années, l'Italie a considérablement accru ses efforts de recherche dans le domaine de l'aquaculture et la production qui en est dérivée a également augmenté. Toutefois, la coordination entre les chercheurs et le secteur de la production n'a pas été très positive. L'absence d'une politique gouvernementale claire pour le développement de ce secteur en est en partie responsable. Cela n'a toutefois pas empêché les investissements publics et grâce à une série d'entreprises qui, en l'absence de coordination, n'ont pas atteint le maximum de leur potentiel, un certain progrès a été accompli.

1.5.1 Secteur de la production

Deux grandes orientations ont été suivies en ce qui concerne le développement de la mariculture en Italie: la première visant à améliorer les pratiques traditionnelles d'élevage extensif, comme la valliculture, et la seconde visant à mettre au point des techniques d'élevage intensif.

La production totale de l'aquaculture extensive, y compris celle de la valliculture et des diverses lagunes côtières, s'élève à environ 6 000 tonnes par an, et les principales espèces produites sont les suivantes: dorade, loup, anguille, et plusieurs espèces de mulets, qui sont des espèces qui se nourrissent dans les “valli” et les lagunes côtières car elles ne se reproduisent pas dans ce milieu.

La méthode de culture a déjà été longuement décrite; elle donne, en moyonne, pour une “valle” bien aménagée une production annuelle d'environ 150 kg/ha, mais dans certains cas -à cause de la détérioration du milieu - elle peut tomber jusqu'à des niveaux aussi faibles que 20 kg/ha. Il arrive souvent maintenant que le recrutement naturel ne suffise pas à couvrir les besoins en ceufs et alevins pour assurer un peuplement adéquat, et l'on est obligé de compenser avec des oeufs et alevins produits artificiellement, en particulier dans le cas des loups et des dorades. Alors que la demande de mulets (d'environ 3,5 millions) est en général satisfaite, celles de loups (de 100 000 à 150 000) et de dorades (de 200 000 à 300 000) ne le sont pas.

Pour accroître le rendement des valli, on a proposé quelques projets qui associent l'élevage intensif pendant les 18 à 20 premiers mois et l'élevage extensif jusqu'à l'âge de 32 mois. Au départ, 18 000 h bénéficieront de ce plan d'aménagement amélioré dont l'objectif de production est de 30 000 tonnes par an.

Un autre projet est prévu pour les valli de Comacchio, avec un objectif annuel de production de 1 000 tonnes/10 000 ha.

La zone de lagune autour d'Orbetello produit à l'heure actuelle environ 400 tonnes/an/ 3 000 ha, et on y exécute un autre projet dont l'objectif est d'augmenter la production de la région à 1 200 tonnes/an en utilisant les oeufs et alevins provenant d'une écloserie actuellement en construction. Cette écloserie devrait produire 1 million de juvéniles sevrés par an; la moitié de sa production sera vendue aux aquiculteurs et le reste servira à peupler les lagunes.

L'Italie méridionale offre également de bonnes perspectives pour ce type d'aquaculture, surtout parce que son climat y est plus favorable. Sur la côte ionienne de la Basilicate, il existe déjà une exploitation extensive d'anguilles qui couvre 104 ha et dont la production annuelle s'élève à 135 kg/ha.

L'esturgeon est une des espèces envisagées pour les travaux futurs: en 1980, une écloserie devrait commencer à produire un million d'alevins par an.

En ce qui concerne l'élevage intensif, la principale espèce exploitée est l'anguille, ensuite vient le loup et, dès que l'on aura mis au point des techniques de propagation artificielle, il y aura aussi la dorade.

Une installation pilote dont l'objectif de production est de 200 tonnes d'anguilles et 50 tonnes de loups par an, a été construite dans la région de Comacchio. Il existe déjà près de Calvisano un élevage intensif d'anguilles où l'on emgraisse des civelles et de jeunes anguilles. La production obtenue jusqu'à présent atteint 2 000 tonnes par an, mais cette exploitation doit avoir un potentiel proche de 6 000 tonnes par an.

Cette exploitation comprend encore 11 ha d'étangs sur la côte ionienne de la Basilicate, qui sont consacrés à l'élevage intensif d'anguilles; la production actuelle est de 500 tonnes par an, mais elle pourra atteindre 1 000 tonnes.

La dorade et le loup sont des poissons qui se vendent cher sur le marché italien. En ce qui concerne la dorade, le frai sauvage est rare et résiste mal an froid, ce qui limite la production en dehors des “valli” du nord de l'Adriatique où, de toute façon, elle n'atteint guère que 15 à 30 kg/ha. La production massive d'alevins pour le repeuplement reste un problème non résolu.

Pour ce qui est des loups, qui sont de plus puissents prédateurs que les dorades, la production des “valli” n'atteint que 10 à 15 kg/ha, et la taille des peissens varie beauocup plus. Toutefois, pour cette espèce, on est capable de preduire du frai en masse, et des programmes d'amélioration de l'aménagement sont en cours. L'écloserie de la SIRAP (Pellestrina) a atteint un niveau de production de 1,5 million d'alevins.

Le Centro Ittiologico Valli Venete a conçu un autre plan de monoculture de cette espèce, qui comprend les activités suivantes:

  1. élevage des alevins jusqu'à une taille de 8–10 cm à l'aide d'aliments secs en granulés, complétés de nauplii d'Artemia salina pendant les tout premiers jours;

  2. élevage des juvéniles jusqu'à ce qu'ils atteignent un poids de 120–150 g dans des réservoirs en béton de 80 à 120 m3 ou dans des bassins on terre de 200 à 400 m2 (et de 1,5 m de profondeur), à des densités de 1–2 kg/m2 dans les bassins en terre et 4–5 kg dans les réservoirs en béton;

  3. élevage des juvéniles dans des bassins en terre de 500 à 600 m2 et 2 m de profondeur jusqu'à ce qu'ils atteignent un poids de 300 à 400 g, à une densité de 2 kg/m2.

Dernierpoint à mentionner en ce qui concerne la production, la mytiliculture est un type d'élevage important dont la production annuelle atteint 45 000 tonnes, mais, malheureusement, les perspectives d'expansion sont minces à cause des réglements en vigueur et du manque d'intérêt des pouvoirs publics.

1.5.2 Activités de recherche

a) Mulets

Bien que l'élevage des mulets soit de moins en moins important en Italie à mesure que les conditions du milieu se détériorent, le CNR (Conseil national de la recherche) poursuit ses travaux sur la nutrition de cette espèce, en suivant deux grandes orientations: i) écologie trophique et ii) besoins alimentaires (mise su point de régimes complets et complémentaires pour l'élevage intensif).

Pour ce qui est du premier type de recherche, les variables qui caractérisent la valeur trophique des détritus, qui constituent la principale source d'énergie pour les mulets, ont été identifiées.

En ce qui concerne les besoins alimentaires, après avoir étudié les processus naturels d'ingestion et de digestion, on a recherché les taux optimaux d'alimentation quotidienne pour Mugil chelo et M. auratus, en élevage intensif. On a en outre étudié les effets de la salinité sur la croissance.

En dehors de ces recherches sur la nutrition, les expériences sur la reproduction induite et l'élevage des larves ont été poursuivies à l'écloserie municipale d'Orbetello, donnant des résultats encourageants.

b) Anguilles

La SILVALCO exécute à Comacchio avec des fonds du Conseil national de la recherche un programme de recherche qui s'intitule “rationalisation de l'élevage intensif des anguilles”, et qui a les objectifs suivants: évaluation de l'efficacité des méthodes traditionnelles de pêche ainsi que de la pêche électrique, essais de techniques d'aération, étude de la composition de la population d'anguilles selon la taille, afin de trouver des indices de comportement et d'estimer les taux réels de conversion des aliments, et étude des différences de taille et de condition des jeunes anguilles à leur entrée dans l'élevage.

Ce dernier point est très intéressant car il aidera à déterminer la valeur du point de vue biologique, et donc aussi du point de vue économique, des lots de jeunes anguilles vendus pour l'élevage.

Dans certaines universités, des recherches ont également été effectuées sur l'influence de la densité d'élevage sur la preportion des sexes et d'autres sur la dépendance génétique.

c) Loup et dorade

La recherche sur l'optimisation des paramètres qui influencent la reproduction des loups et leur élevage au stade larvaire se poursuit. Des expériences d'alimentation des larves à l'aide d'aliments artificiels dès les tout premiers jours ont donné des résultats encourageants du point de vue de la réduction du cannibalisme.

En ce qui concerne la dorade, on poursuit les recherches sur les facteurs qui empêchent la production massive de frai et d'alevins. A l'exploitation de la SIRAP, il a été établi que les variations de la température et de la salinité influencent les taux de survie à la fois pendant le développement embryonnaire et pendant les premiers stades larvaires.

Des problèmes dus à la présence de vibrions se sont posés; on les étudie.

d) Thonidés

Un programme sur la reproduction du thon Thunnus thvnnus a été entrepris en 1978 avec la collaboration de chercheurs de l'Université des pêches de Tokyo. Ce programme conjoint a pour objectif la reconstitution des stocks de cette espèce à la fois au Japon et dans les mers qui entourent la Sicile.

e) Crevettes

L'espèce étudiée est l'espèce locale Penaeus kerathurus, et les recherches sont effectuées principalement au laboratoire d'exploitation biologique des lagunes de Lesina.

Des recherches ont été effectuées sur la reproduction induite, par deux méthodes: en agissant sur la photopériode et par ablation des antennes oculaires. On a observé certains effets de potentialisation de la lumière dans le cas de l'induction de la maturation par ablation des antennes oculaires.

En ce qui concerne la nutrition, il y a eu quatre principaux thèmes d'étude: i) contenu de l'estomac de spécimens capturés à l'état sauvage; ii) mise au point d'un régime alimentaire artificiel complet; iii) mise au point de régimes alimentaires à base de produits frais - produits ou sous-produit de la pêche peu coûteux -; et iv) recherche sur l'influence des acides gras polyinsaturés W-3 et W-6 sur la croissance des pénéides.

On effectue également quelques recherches sur la pathologie des stades larvaire et adulte.

Les résultats de oes expériences seront appliqués dans une installation pilote qui sera construite dans le sud de la Sicile et qui comprendra 16 000 m2 de réservoirs pour l'élevage intensif et deux hectares d'étangs pour la polyculture.

f) Artemia salina

Le Centre de référence sur l'artemia collabore avec des chercheurs italiens à l'étude du stock d'artemia de Margherita di Savoia, qui jusqu'à présent semble avoir de nombreuses caractéristiques positives.

g) Algues

Depuis 1974, les pêcheurs récoltent Gracilaria confervoides dans la lagune de Lesina. Actuellement, le produit sec représente jusqu'à 100 tonnes par an, mais lorsque l'exploitation sera rationalisée, la récolte pourrait atteindre 400 à 500 tonnes par an. Les espèces de ce type sont envisagées dans le projet de recherche “océanographie et fonds marins” du Conseil national de la recherche, qui évalue actuellement les ressources en algues des lagunes naturelles et des salines artificielles de Sicile.

h) Elevage de mollusques

En dehors des recherches sur les techniques de dépuration des moules, on a réussi à obtenir la reproduction artificielle de Tapes decussatus.

i) Aquaculture thermale

L'ENEL (Organisation nationale de l'énergie électrique) a entrepris un projet visant à utiliser la chaleur perdue aux fins de l'aquaculture, principalement pour l'élevage de P. kerathurus et de diverses espèces de poissons de valeur. Pour commencer, les travaux de l'installation de recherche porteront sur 2 300 m3.

1.6. Espagne

Le rapport officiel de la délégation espagnole représentée par l'Instituto Español de Oceanografia (Institut espagnol d'océanographie) a été complété par le rapport de l'Instituto de Investigaciones Pesqueras (Institut de recherches sur les pêches); le résumé d'activités qui suit est une synthèse de ces deux rapports.

Jusqu'à présent, à peu près toutes les activités d'aquaculture sur la côte méditerranéenne et le long de la côte atlantique méridionale (où l'on élève les mêmes espèces que dans les laboratoires méditerranéens) ont consisté en recherches ou en applications au stade de l'installation pilote. Il est très probable que, dans un avenir très proche, des activités de production seront entreprises car des contrats ont déjà été signés ou le seront bientôt avec des organismes semi-publics ou privés.

1.6.1 Recherche et applications au stade pilote

a) Crustacés

On étudie principalement deux espèces: Penaeus kerathurus et Palaemon serratus. Les travaux concernant la première espèce sont menés au laboratoire de Mar Menor (IEO) ainsi qu'aux laboratoires de Torre de la Sal et de Cadix (IIP).

On a signalé au laboratoire de Mar Menor (IEO) des taux de survie atteignant 65 pour cent pour PL30 à des densités de 3 500 PL30/m2. Pour les tests de croissance, des postlarves ont été placées dans des salines mais les résultats ont été négatifs.

Pour la même espèce, la nouvelle station de recherche de Torre de la Sal (IIP) a signalé un taux de survie de 78 pour cent jusqu'à PL1 à des densités de 2 800 PL1/m2. La production de postlarves de cette espèce est actuellement limitée parce que les réservoirs en ciment récemment construits à la nouvelle station sont en cours de nettoyage, et que le potentiel de production n'est donc pas entièrement exploité. Cette station de recherche fait également des essais de régimes alimentaires artificiels pour les postlarves, qui donnent des résultats encourageants. Cette année, la station a produit 7 000 postlarves. Les chiffres actuels indiquent que la superficie totale consacrée à l'élevage à la station est d'environ 1 500 m2, avec un potentiel d'expansion de 15 000 m2. En dehors des études concernant la nutrition, on a fait des expériences de maturation induite qui ont donné de bons résultats: en prenant des femelles aux gonades inactives, par ablation des antennes oculaires et en agissant sur la photopériode et la thermopériode.

Le Centre de Cadix (IIP) s'occupe également de la propagation artificielle de P. kerathurus, et la production de postlarves varie entre 2 000 et 15 000 selon les années. On a également fait des expériences d'engraissement avec cette espèce, en plaçant 2 500 spécimens dans un bassin en terre de 700 m2. La croissance observée a été de 24 kg en dix mois d'élevage extensif, avec un taux de survie final de 66 pour cent.

En ce qui concerne la deuxième espèce, Palaemon serratus, le laboratoire de Mar Menor (IEO) a réussi à obtenir un taux de survie de 93 pour cent pour une production de 2 000 PL/m2. Toutefois, la croissance des postlarves n'a pas été satisfaisante à cause du cannibalisme et des taux médiocres de conversion des aliments.

Le station de recherche de Torre de la Sal (IIP) s'intéresse également à cette espèce. La production totale a été de 6 000 juvéniles (âgés de 70 jours), à une densité de 2 720/m2.

Il y a un autre crustacé dont on s'occupe en Espagne: Artemia salina. L'IIP effectue des études en vue de sa production massive sous contrat avec des investisseurs privés. La station de recherche de Torre de la Sal effectue également des études sur la caractérisation des différentes races et leur distribution géographique en Espagne.

b) Mollusques

Les recherches ont porté sur le céphalopode Sepia officinalis. Le Centre de Cadix (IIP) a effectué des expériences sur son potentiel pour l'élevage, et la production obtenue a été de 20 000, 25 000 et 2 300 specimens respectivement en 1977, 1978 et 1979.

Les points positifs pour l'élevage de cette espèce sont sa croissance rapide, la possibilité d'obtenir des oeufs fécondés à l'état sauvage et une meilleure acceptation sur le marché des specimens de petite taille (6–7 cm) qui sont vendus aux meilleure prix. Les points négatifs sont son comportement agressif et les difficultés que pose son alimentation puisqu'elle se nourrit de proies vivantes en mouvement. Des taux de mortalité élevés ont été observés en élevage extensif à des densités supérieures à 10 000/ha. La croissance a été de 300 à 400 g en 5 mois, avec une densité finale d'un specimen pour 13 m2. En élevage intensif en réservoirs de ciment de 8 m3, une bonne croissance a été observée à des densités maintenues à 5 kg/m2.

c) Poissons

Les espèces dont on envisage l'élevage en Espagne sont les suivantes: loup Dicentrarchus labrax, dorade Sparus aurata, sole Solea solea, et mulet Mugil spp.

En ce qui concerne le loup, le laboratoire de Mar Menor (IEO) signale une production de 20 000 alevins (âgés de 60 jours) avec un taux de survie de 20 pour cent, et termine actuellement des expériences sur leur alimentation à l'aide d'aliments secs artificiels jusqu'à ce qu'ils atteignent une taille commercialisable. Pour la même espèce, la station de recherche de Torre de la Sal signale une production d'environ 17 000 alevins (âgés de 67 jours) avec un taux de survie jusqu'à ce stade de 34 pour cent et une densité de peuplement de 5 000 alevins/m3. On a expérimenté différents types d'hormones sur cette espèce. Le Centre IIP de Cadix a produit 1 500 alevins de cette espèce par reproduction induite et a effectué des expériences d'élevage semi-intensif dans des salines, obtenant une croissance moyenne de 400 g en 18 mois.

En ce qui concerne la dorade, considérée en Espagne comme une meilleure espèce que le loup, le laboratoire de Mar Menor (IEO) signale une production de 30 000 alevins (10–15 mm) à des densités de 10 à 16 alevins/l. On fait actuellement des expériences de sevrage de ces alevins à l'aide d'aliments secs artificiels. Un accord a été signé avec l'Institut national de l'industrie (I.N.I.) en vue de la production de 250 000 alevins de dorades que l'on élèvera jusqu'à ce qu'ils aient atteint une taille commercialisable.

A la station de recherche de Torre de la Sal (IIP), 4 000 alevins (âgés de 45 jours) ont été produits avec un taux de survie de 11 pour cent, et le Centre de Cadix de ce même institut en a fourni 20 000 en 1979. Ce centre collabore avec une compagnie privée à la construction d'une installation pilote qui produira des alevins de dorades, et utilise des bassins de terre de plusieurs hectares de préférence aux salines, pour les expériences de polyculture des loups. Lors des expériences d'engraissement de cette espèce en élevage extensif à des densités de 10 000/ha, on a observé une croissance relativement lente, les specimens atteignant le poids moyan de 130 g en 12 mois. A de plus faibles densités et en polyculture, les dorades ont atteint 150 g en 8 mois (les meilleurs spécimens ont atteint 250 g).

La sole est une espèce prometteuse pour l'élevage, et la station de recherche de Torre de la Sal l'étudie. En 1979, 24 000 alevins (mesurant entre 5 et 7 cm) ont été produits, avec un taux moyen de survie de 81 pour cent après 30 jours (taille moyenne 19 mm). Les densités de peuplement allaient de 6 000 à 10 000 alevins/m2, selon les réservoirs. Partant de cette taille, ils ont atteint en un an une longueur de 18 cm, avec un taux de survie de 96 pour cent. Pour induire la maturation, le traitement employé a consisté en une photopériode de 16 heures associée à des injections, à doses croissantes, de PMSG et HCG ensemble. Une fois que l'ovaire est entré dans sa phase d'hydratation, on a injecté seulement HCG, et la ponte est survenue après 29 jours de traitement.

Au laboratoire de Mar Menor (IEO) où l'on élève des mulets, on a fait pondre artificiellement des femelles de Mugil chelo, produisant 5 500 alevins (13 mm) à des densités de 5 à 6 alevins/1 et avec un taux de survie de 23 pour cent. Au même laboratoire, M. saliens a pondu naturellement, et on a obtenu 6 400 alevins avec un taux de survie analogue à celui de M. chelo, mais à une densité plus faible, de 2 à 4 alevins/1.

1.6.2 Alimentation des poissons, mollusques et crustacés au stade larvaire

Les techniques employées par l'IIP, pour alimenter les poissons et les crustacés au stade larvaire ont recours à l'utilisation de phytoplancton et de zooplancton comme premiers aliments.

Pour ce qui est du phytoplancton, les espèces suivantes sont le plus communément utilisées: Skeletonema costatum, Tetraselmis suecica et Scenedesmus obliquus, alors qu'en ce qui concerne le zooplancton les principales espèces sont Erachionus plicatilis, Daphnia magna et Artemia salina. On a également entrepris des recherches sur l'élevage massif du rotifère Herarthra fennica, du cladocère Simocephalus vetulus et de copépodes de la famille des harpactidés. Pour l'élevage de Sepia offioinalis, le centre de Cadix a utilisé Magopodopsis slayeri, Diamysis bahirensis at Palaemonetes varians.

Les taux de B. plicstilis et de A. salina pour l'alimentation des poissons et crustacés au stade larvaire ont été déterminés. Pour l'élevage massif de B. plicatilis, on a utilisé des conteneurs de 60 l et on a nourri les rotifères, qui ont atteint des densités allant de 150 à 250/ml, à l'aide de Tetraselmis cultivé. On les a ensuite transférés dans des réservoirs coniques de 150 à 250 l, où on les a nourris de levure de boulanger et d'extrait de son de riz. Là ils ont atteint des densités allant de 60 à 120 rotifères/ml, puis on les à nouveau transférés dans des raceways de 1 200 à 3 000 l, où on les a à nouveau nourris de Tetraselmis. A ce troisième stade, ils sont utilisés pour nourrir les poissons et crustacés au stade larvaire.

En ce qui concerne A. Salina, on obtient les nauplii en décapsulant les oeufs (à l'aide d'hypochlorure de sodium). On élève les instars dans des réservoirs coniques et dans des raceways, et on les nourrit de Tetraselmis, de levure de boulanger et de son de ris. Les densités obtenues varient entre 1 500 et 15 000/1, selon la taille.

On étudie également les aliments secs artificiels susceptibles d'être utilisés pour nourrir P. kerathurus mais, bien que certains progrès aient été réalisés, on ne peut pas encore considérer qu'ils constituent des régimes complets. En dehors de régimes spéciaux mis au point localement, on expérimente actuellement les rations françaises et japonaises.

On essaye aussi un granulé spécial, fabriqué en Espagne, pour l'alimentation du loup, et le centre de Cadix (IIP) emploie un granulé pour truite modifié mélangé à de la chair de crabe broyée pour alimenter les dorades à partir du troisième mois. Avec ce régime, la mortalité a été nulle.

1.7. Yougoslayie

Les stades initiaux du développement de la mariculture en Yougoslavie ont été consacrés à la préparation d'un programme de recherche par le Groupe yougoslave de mariculture. Ce programme a été accepté par les entreprises et les institutions gouvernementales du secteur, puis des projets de recherche ont été entrepris.

Bepuis la dernière session, les instituts de recherche marine de la côte adriatique ont entrepris les activités de recherche suivantes:

  1. poursuite des recherches sur la nutrition de la dorade, du loup, du mulet et des anguilles à l'échelle du laboratoire, en cages et dans des lagunes;

  2. construction de petites écloseries pour la propagation artificielle des poissons;

  3. expériences de reproduction induite et naturelle des loups; élevage des alevins ainsi produits jusqu'à ce qu'ils atteignent une taille commercialisable. On a obtenu les résultats suivants après 19 mois et demi d'élevage en eau à des température allant de 10° à 26°C: une longueur moyenne de 241 mm, un poids moyen de 196 g, et un coefficient de condition assez variable, allant de 1,7 à 3,6;

  4. l'élevage de loups en cages à partir de frai produit par la SIRAP en Italie; le poids atteint après 6 mois et demi d'élevage a été de 22 g, le coefficient de condition variant entre 1,5 et 2. La température de l'eau a varié entre 18° et 25°C;

  5. anquêtes pour localiser les aires d'alevinage des poissons présentant un intérêt du point de vue économique, principalement les sérioles (Seriola spp.) et les anguilles;

  6. enquêtes pour déterminer les zones les mieux adaptées à la mariculture le long de la côte et, pour en assurer la protection légale.

En ce qui concerne les activités et les projets futurs, on peut établir la liste suivante:

  1. Construction d'une écloserie commerciale pour la production de frai de loups pour l'élevage en cages, et commencement de l'élevage de truites en eau de mer.

    Afin de tirer la meilleur parti possible des ressources existantes (en termes de sites et de qualité de l'eau) on réalisera le peuplement avec des alevins provenant d'écloseries et d'autres recueillis à l'état sauvage (pour les loups et d'autres espèces telles que les mulets, anguilles et dorades). On envisage également d'importer une certaine quantité de frai.

  2. Poursuite des recherches sur la physiologie et la toxicité aux fins de la pisciculture. Dans ce domaine de recherche, une attention spéciale sera accordée aux risques de pollution des milieux marins du fait de l'eutrophisation résultant de l'élevage intensif.


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