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7. CAPTURE ET PRODUCTIVITE

7.1 Productivité

Kapetsky (1974) calcule la productivité de cinq espèces de poissons du Kafué en utilisant un modèle de plaine inondable pour la mortalité et la croissance, comme il a été expliqué dans la section 5.6. Le total pour les poissons de deux ans d'âge et au dessus varie de 56 à 76 kg/ha/an pour S. andersoni et S. macrochir, deux espèces herbivores d'assez grande longévité, et de 12 à 6 kg/ha/an pour Hepsetus odoe et Serranochromis augusticeps, deux prédateurs de vie brève. Un très grand pourcentage de la production (85 à 99 pourcent) des poissons au dessus de deux ans est âgé de trois ans. En règle générale, une partie importante de la production est composée d'individus d'un et deux ans. C'est pourquoi, la production des cinq espèces étudiées par Kapetsky est, si l'on considère la durée totale de leur vie, probablement de beaucoup supérieure aux 199 kg/an estimés pour les poissons de deux ans et au dessus.

Figure 11
Figure 11

Figure 11. Partie de la plaine inondée de l'Ouémé, montrant la répartition des trous à poisson “whedo” (ou “Houédo”).

  1. Photographie aérienne (I.G.N. Paris)

  2. Interprétation: les segments noirs sont les trous à poisson déjà pêchés. Les lignes parallèlles blanches indiquent que la végétation recouvre des “Houédo” non encore pêchés.

7.2 Ichtyomasse

Les estimations des stocks disponibles ont été effectuées en nombre limité, en empoisonnant ou en pêchant à fond plusieurs sections de cours d'eau et de plaines inondées.

Dans le lit principal du cours d'eau: On a supposé qu'à l'époque des hautes eaux, l'ichtyomasse moyenne dans une section du lit principal du Kafué est la même que dans la lagune d'eau libre de la plaine inondée (Université du Michigan, 1971), soit 337 kg/ha. Pendant les basses eaux, Kapetsky (1974) a trouvé 106, 386 et 576 kg/ha pour trois biefs du Kafué et, pour la totalité du cours d'eau, une valeur moyenne de 348 kg/ha, avec un écart de ± 59,5 kg.

Au début de la saison sèche, Daget et al. (1973) ont trouvé dans trois biefs de la Bandama des estimations de 341, 227 et 141 individus à l'hectare. L'ichtyomasse équivalente pour une partie du fleuve en janvier était de 125 kg/ha et, en mai, de 50, 177 et 305 kg.

Loubens (1969) a estimé entre 370 et 5 620 kg/ha (moyenne 2 435) les stocks disponibles à différentes époques d'échantillonnage dans le même bras mort du Chari. Dans d'autres biefs du fleuve, il a obtenu des chiffres de 870 et 2 170 kg/ha. Ces estimations sont relativement élevées comparées à celles de l'ichtyomasse dans la Bandama et le Kafué, tandis que celles des bras morts sont du même ordre que les chiffres trouvés pour les lagunes du systéme du Kafué.

Dans les lagunes et la plaine inondée: L'Université du Michigan (1971) signale, en période de crue, une ichtyomasse de 2 682 kg/ha dans la partie de la lagune plantée de végétation aquatique, de 337 kg/ha en eau libre et de 64 kg/ha dans le marais herbeux.

En saison sèche, au moment de l'étiage et alors que les lagunes sont coupées du lit principal, les estimations dans deux lagunes différentes ont été de 3 306 et 2 693 kg/ha. Au bout de trois mois, ces chiffres sont tombés à 684 et 501 kg/ha respectivement. Dans la lagune, Kapetsky (1971) a trouvé les plus grosses concentrations de poissons (879 ± 122,8 kg/ha) dans les zones à végétation aquatique et les plus basses (575 ± 122,8 kg/ha) dans les eaux libres.

Holden (1963) a trouvé que les stocks disponibles dans les mares de la plaine inondée de la rivière Sokoto varient beaucoup selon la nature du fond. Les fonds intermédiaires (de sable et boue mélangés) donnaient 1 029 ± 536 kg/ha; les fonds sableux 475 ± 148 kg/ha et les fonds de boue 144 ± 83 kg/ha. Pour tous les types de fond, l'ichtyomasse moyenne était de 415 kg/ha, ce qui, réparti sur toute la superficie de la plaine inondée (où les mares ne comptent que pour 3 pour cent), donne de 12 à 17 kg/ha. On a également trouvé (Centre technique forestier tropical, 1972a) que l'ichtyomasse dans le fleuve Sénégal était influencée par la forme des mares. Ici, les mares du type allongé donnaient des rendements élevés (275-200 kg/ha), tandis que ceux des mares circulaires étaient trés réduits, de 1,50 à 20 kg/ha. Dans cette zone, le rendement moyen était médiocre (37,5 kg/ha) et, sur les 6 000 hectares de mares de la plaine inondée, le tonnage total a été estimé à 200 tonnes.

Loubens (1969) a estimé à 700 kg/ha l'ichtyomasse dans une mare d'eau libre de la plaine inondée des Yaérés.

C'est dans les “houédo” artificiels du delta de l'Ouémé que l'on a le mieux étudié les mares de plaine inondée. Nous présentons ci-dessous les observations faites par plusieurs chercheurs et résumées par la FAO (Tableau VII - Fig. 12), que l'on pourra comparer avec les résultats d'autres régions. L'ichtyomasse est en général élevée, bien que du même ordre que celle qui a été trouvée dans les mares de la Sokoto et dans quelques lagunes du Kafué.

TABLEAU VII

Ichtyomasse dans quelques mares “houédo” de la plaine inondée de l'Ouémé (Dahomey)

AnnéeNombre d'échantillonsRendement (kg/ha)
1955172 060 ± 1 140
1956142 140 ± 1 390
1958  32 130
1968  21 590
1970321 570 ± 410

L'ichtyomasse totale des mares de la plaine inondée, dans le système de l'Ouémé, est estimée entre 2 255 et 1 719 tonnes pour les 1 095 hectares de “houédo”.

Figure 12

Figure 12. Dispersion de la relation entre la superficie et le rendement des mares “houédo” de la plaine inondée de delta de l'Ouémé

Comme Holden l'a mentionné (1963), le rendement élevé de la pêche dans la plaine inondée et les mares, et particulièrement dans les “houédo”, est le résultat de l'espèce d'“éclusage” artificiel qui y concentre la faune ichtyologique de l'ensemble de la zone inondée. Rapportée à la superficie totale de celle-ci, l'ichtyomasse se situe entre 61,8 et 47,1 kg/ha.

Dans l'ensemble du système: D'après ce qui précède, il semble raisonnable d'attendre un stock disponible d'environ 300 à 500 kg/ha dans la composante fluviale du système et de plus de 1 000 kg/ha dans les lagunes et mares de la plaine inondée.

Dans le Tableau VIII, on a conjugué les estimations de l'Université du Michigan (1971) pour obtenir la somme de l'ichtyomasse du système du Kafué en saison sèche et en saison des pluies.

TABLEAU VIII

Estimations de l'ichtyomasse dans le système des Kafué Flats en saisons de hautes et basses eaux
(d'après l'Université du Michigan - 1971)

1970Ichtyomasse (tonnes)
LagunePlaine inondéeFleuveTotal
Hautes eaux
Juin-Juillet
85 3748 7041 78695 864
Basses eaux
Septembre-Octobre
56 426-97957 405

7.3 Captures

La relation théorique qui donne la capture par longueur kilométrique

km1 = 0,0064 (distance kilométrique de la source)0,954

a été calculée par Welcomme (sous presse). Elle indique que les captures par kilomètre de fleuve augmentent avec la distance depuis la source. Cette augmentation est probablement due surtout à l'accroissement de la superficie de la plaine inondable, qui fait partie de l'évolution normale du lit du fleuve lorsqu'on se rapproche de l'embouchure. Que ces captures, en n'importe quel bief du cours d'eau, dépendent de la superficie de la plaine inondable de ce bief, on le voit sur la Fig. 13, où l'on a reporté en abscisses les surfaces inondables et en ordonnées les captures annuelles par kilomètre de bief, sur le Niger et la Bénoué. La relation: Capture = 2,65 (Surface de la plaine inondable) - 0,98 correspond bien aux données (r = 0,91; Sy·x = 2,5).

Figure 13

Figure 13. Captures par kilomètre de bief de fleuve, en fonction de la superficie de la plaine inondable (en km2 du bief)

Sur le Tableau IX figurent les captures enregistrées sur 12 plaines inondées.

TABLEAU IX

Pêche commerciale dans 12 plaines inondables africaines

Nom de la plaine inondableSuperficie à le pointe de la crue (ha)Captures (t)Rendement (kg/ha)Années
Barotsé512 0002 3954,681967
Kafué Flats434 0005 98413,791961–1972
Shiré (Total)140 0008 97264,081969–1973
Niger (Delta central)2 000 000134 00067,001971
Massili1 50047531,001972
Okavango1 600 0008000,50est.générale
Ouémé100 0006 48464,841969–1970
Sénégal600 00036 00060,001972
Niger (Niger)90 7044 70051,821970
 (Dahomey)
27 4401 20043,731970
 (Nigeria)
480 00014 35029,901969
Bénoué310 0009 57030,871969
Yaérés700 00017 50025,001955

Les captures moyennes sur toutes les plaines inondées ont été de 37,48 ± 23,06 kg/ha/an. On a néanmoins des raisons de penser que les plaines inondées des Yaérés, de la Barotse et de l'Okavango sont extrêmement sous-pêchées. De même, Motwani (FAO/ONU, 1970) mentionne que les niveaux actuels de rendement sont modérés par rapport aux possibilités existantes, en Nigeria, dans le Niger et la Bénoué. Quant aux autres plaines inondées mentionnées dans le Tableau, toutes semblent faire l'objet d'une pêche très poussée. Si l'on ne tient compte que de celles-ci, l'estimation moyenne des captures est de 49,53 kg/ha/an, avec un écart de ± 18,98. Il semble donc raisonnable de s'attendre à des pêches de cet ordre dans presque toutes les zones de plaine inondée (c'est-à-dire une pêche potentielle de 834 000 tonnes pour les plaines inondées énumérées sur le Tableau I).

7.4 Fluctuations des captures d'une année à l'autre

On dispose de trois séries de données qui permettent d'évaluer l'effet des variations du régime hydrologique sur la pêche. Il n'entre dans aucune de ces séries une mesure fiable de l'effort de pêche, lequel peut lui-même être sujet à des variations d'une année ou même d'une saison à l'autre. Des corrélations excellentes entre les indicateurs hydrologiques et les captures peuvent être obtenues, en dépit des réserves formulées par Williams et Muncy (sous presse) sur la valeur de cette méthode.

Les niveaux du fleuve et les captures ont été enregistrés dans les pêcheries du Kafué depuis 1954. Mais, on estime que la pêche n'a pas atteint son expansion maximale avant 1958 (Muncy, sous presse) et le régime des crues s'est modifié depuis la construction d'un barrage d'aval en 1972. En conséquence, les calculs ont été en grande partie basés sur les années 1958 à 1971, bien qu'ils aient été effectués sur une plus longue période mais d'une façon moins décisive. L'Université du Michigan et al. (1971) ont trouvé une corrélation (r = 0,77) pour les captures en fonction du volume d'eau retenu dans le système représenté par un facteur de décrue (DDF) de la saison précédente, selon la relation suivante: Y'n = - 6 630 + 1 830 loge DDFN-1. L'Université de l'Idaho (1971) a trouvé des corrélations du même ordre en utilisant l'indicateur de crue (FI) pour représenter l'intensité de l'inondation. Celles-ci étant T = 0,72 pour l'année précédente et 0,71 deux années auparavant. Muncy (1973, sous presse) présente une analyse complète de ces facteurs. En résumé, il a trouvé une corrélation négative très faible (r = - 0,171) entre le volume d'eau (calculé d'après les niveaux de septembre à décembre) et les captures de la même année. On attribue ce résultat à une efficacité moindre de la pêche pendant les mois de crue intense. De bonnes corrélations positives existaient entre les captures et l'intensité des crues des années précédentes (y-1 et y-2).

On dispose aussi de séries de données pour le niveau d'eau et les captures dans le Shiré (1969–1973) et le Delta central du Niger (1966–1974)1 qui n'avaient pas été analysées auparavant. L'analyse ci-dessous des données sur les trois systèmes utilise le HI 1 de Kapetsky (voir 4.1) pour calculer l'effet du régime de crue dans chacun d'eux.

1 D'après les débarquements de poissons à Mopti seulement

Du Tableau IX, il ressort des corrélations très significatives entre les captures et le régime de crue des années précédentes (y-1) pour les trois systèmes. Dans certains cas, on obtient de meilleures corrélations en se servant des échelles semi-logarithmiques ou entièrement logarithmiques, quoique l'amélioration ne soit pas considérable: aussi, a-t-on dans toutes les autres analyses employé seulement les relations linéaires. Les corrélations avec l'indicateur hydrologique HI de la même année ne sont pas significatives dans deux systèmes et le sont moins, pour le Niger, que HIy-1 et HIy-2. Le régime de crue de y-2 est significatif seulement pour le Niger.

TABLEAU X

Coefficients de corrélation pour les régression linéaires, semilogarithmiques et logarithmiques en fonction de HI 1 la même année (y), d'avant (y-1) et deux ans auparavent (y-2), dans trois systèmes africains de plaines inondables

SystèmeAnnée de
HI
r
LinéaireSemi-logLogarithmique
 Shiréy0,07 0,31 * 
y-10,90(99%)0,76(95%)0,19 
y-20,07 0,11 0,06 
Miger
(Mopti)
y0,74(98%)0,83(99%)0,81(99%)
y-10,90(99,9%)0,94(99,9%)0,91(99,9%)
y-20,86(99,9%)0,90(99,9%)0,13 
Kafué
(Namwala)
y0,26 * * 
y-10,70(99%)0,68(99%)0,12 
y-20,48 0,44   

( ) Rapport
* Pas calculé

Du point de vue biologique, et d'après les données statistiques du Tableau X, on pour-rait s'attendre que le régime de crue des deux années précédentes (y-1 + y-2) ait une incidence sur les captures de l'année y. Il n'y a pas d'autocorrélation significative entre les captures et le FI d'une année quelconque et des années précédentes. Aussi a-t-on procédé à une série de régressions en pondérant les indicateurs hydrologiques d'après la formule (αHIy-1 + [1 - α] HIy-2).

Sur le Tableau XI figurent les coefficients de corrélation correspondants et les erreurs-types d'estimation.

TABLEAU XI

Coefficients de corrélation et erreurs-types d'estimation pour diverses pondérations de HIy-1 et HIy-2 appliquées à trois systèmes africains de plaines inondables

Rapport
HIy-1 + HIy-2
Système
ShiréNigerKafué
  rSy·xrSy·xrSy·x
1-0,90181 2060,89835 5140,70021 453
0,90,10,90761 1710,92104 8390,72741 397
0,80,20,90101 2100,93934 3070,74451 359
0,70,30,86001 3700,95353 7320,75291 340
0,60,40,81241 6270,96103 4730,74851 350
0,50,5  0,96153 4500,72901 394
0,40,6  0,95473 7350,69451 465
0,30,7  0,94054 264  

L'augmentation du coefficient de corrélation et la diminution de l'erreur-type de l'estimation, dans les trois cas, indiquent que les variations de captures pour l'année y s'expliquent mieux par l'incidence des crues conjuguées des deux années précédentes que par l'effet de chacune prise individuellement.

Les meilleures corrélations linéaires, portées sur la Fig. 14, sont les suivantes:

Kafué: Cy = 2 962 + 70,5442 (0,7 HIy-1 + 0,3 HIy-2),

correspondant à 57 pour cent de la variation des captures.

Shiré: Cy = 5 857 + 38,1135 (0,9 HIy-1 + 0,1 HIy-2),

correspondant à 82 pour cent de la variation des captures.

Niger: Cy = 3 239 + 32,1039 (0,5 HIy-1 + 0,5 HIy-2),

correspondant à 92 pour cent de la variation des captures.

Figure 14A
Figure 14B
Figure 14c

Figure 14. Meilleures corrélations entre les captures et le régime des crues pour:

  1. La pêche Cy dans les Kafué Flats = 2962+70,5442(0,7HIy-1+0,3HIy-2)
  2. La pêche Vy dans le Shiré = 5857+38,1135 (0,9HIy-1+0,1HIy-2)
  3. La pêche Cy dans le Delta central du Niger =
    3239+32,1039(0,5HIy-1+0,5HIy-2)

Quoiqu'encore relativement imprécis, les résultats précédents indiquent cependant clairement qu'il existe une relation entre le régime hydrologique et les captures, même si pour définir plus exactement ces relations, de nouvelles données devront être calculées sur d'autres systèmes et pour des périodes de temps plus longues. Il est surtout intéressant ici de déterminer si le facteur responsable des fluctuations est bien l'intensité de la crue ou celle de la décrue (ou bien un complexe des deux). L'analogie de la corrélation obtenue dans le Kafué n'a pas de quoi surprendre, car l'intensité de la crue (HI 1) est inversement liée à la sévérité de la décrue (HI 2) (r =-0,78). La corrélation entre ces deux facteurs dans le Shiré est bien inférieure (r =-0,45), ce qui peut rendre compte de la diminution de la corrélation de capture avec HI 2 (log capture y = 4,3 + 0,21 log HI 2y-1: r = -0,54 ou capture y = 100,37 - 4,47 HI 2y-1: r = -0,43). Un autre facteur d'influence peut être l'étendue d'eau restant dans le système, par rapport à celle existant à la pointe de la crue. Dans le Kafué, la proportion est d'environ 34 pour cent, contre 68 pour cent dans les marécages de l'Eléphant et de Ndinde. On peut supposer que, plus la décrue est sévère, ce qui se traduit par un moindre pourcentage du volume d'eau dans le système pendant la saison sèche, plus ce facteur influe sur les fluctuations de la pêche.

On s'est efforcé à diverses reprises de prévoir les captures futures, à partir des renseignements existants sur le régime des crues, en utilisant des formules de régression semblables à celles décrites précédemment. Pour vérifier la méthode, on a procédé à une série d'analyses sur chaque série de données, en calculant les régressions successives et en les utilisant pour prévoir les captures de l'année suivante. On estime que, si l'on peut valablement prévoir les captures dans l'année à venir y + 1 à partir des données de la crue actuelle (HIy et HIy-1), les prévisions seront d'autant plus précises que l'on aura ajouté un plus grand nombre de données à la régression. D'autre part, pour que ces estimations servent vraiment leur propos (que ce soit en vue de réglementer le nombre de pêcheurs, de prévoir les livraisons de poissons aux marchés, etc.), leur erreur devra ne pas excéder 10 pour cent, en plus ou en moins, des captures réelles. En fait, les résultats qui figurent au Tableau XII indiquent que l'addition de données supplémentaires n'améliore pas les estimations et que celles-ci ont une approximation qui dépasse rarement 25 pour cent. En outre, l'augmentation de la série de données provoque une légère tendance à surestimer les captures. D'où l'on peut conclure que, dans l'état actuel de nos connaissances, et à partir des analyses de régression des résultats antérieurs, il n'est pas possible de prévoir les captures futures dans les bassins fluviaux avec le degré de précision voulu. Les prévisions peuvent toutefois être suffisamment approchées pour évaluer les effets des barrages, des projets d'irrigation, etc., où l'on peut se contenter d'une approximation à 30 pour cent près.

7.5 Résumé

Comme on peut s'y attendre d'après la biologie du poisson (Chapitre 5), les modes de productivité et de rendement des pêches dans une plaine inondable varient considérablement à la fois dans l'année et entre plusieurs années consécutives. La faune ichtyologique se multiplie pendant la saison des crues et atteint son maximum à leur pointe. Les populations déclinent ensuite à la fois en nombre et en poids, pendant la saison sèche, pour atteindre leur minimum juste avant la crue suivante. Les variations dans les captures (et probablement dans les populations) peuvent être liées aux différences d'intensité des crues dans les années antérieures: celle qui a le plus d'influence étant la crue de l'année précédente. De même, le degré de décrue, qui affecte le volume d'eau restant dans le système, semble avoir un effet. Ainsi, les années de pêche optimale suivent une ou plusieurs années de bonnes crues, alors que le volume d'eau demeurant dans le système pendant la saison sèche est relativement abondant.


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