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4. RECOMMANDATIONS

4.1. Nous avons vu que les PPE constituent des milieux fragiles, servant souvent de pôles de développement. Ils sont menacés par l'attrait qu'ils exercent sur des populations riveraines en augmentation rapide.

Il est donc indispensable de prévoir des plans de développement intégré portant sur l'ensemble du bassin versant du PPE. Ce plan doit porter sur l'utilisation de l'eau (village, bétail, agriculture), la prévention de la pollution par les eaux usées et par les déchets domestiques, les engrais et les pesticides agricoles. Il doit aussi prévoir la protection de la végétation environnante, surtout des arbres, afin de prévenir le comblement progressif par les produits de l'érosion. Enfin, le plan de développement doit sensibiliser les riverains sur la bonne utilisation du PPE et des ressources qu'ils peuvent en tirer, en particulier les poissons.

Les actions de sensibilisation devraient être orientées en priorité vers les femmes et les enfants, principaux exploitants des PPE.

4.2. La gestion du stock halieutique doit être orientée au profit des riverains. En effet, il s'agit d'une ressource limitée ne pouvant pas faire l'objet d'un commerce important. Par contre, le poisson des PPE constitue un apport en protéines de haute valeur, permettant de complémenter utilement l'alimentation des riverains. Un effort de sensibilisation est indispensable; il faut faire comprendre aux populations les limites de cette ressource. Ainsi, il pourrait être possible de convaincre les riverains de n'utiliser que des engins de capture non destructeurs en nombre limité (hameçons, filets fixes à mailles suffisamment larges, interdiction des engins traînants). Un matériel coûteux ne pourrait pas être rentabilisé, faute de ressource suffisante.

Il faut noter que les pêcheurs ont la possibilité de se procurer dans le commerce (proche ou lointain) toutes sortes d'équipements de pêche dont l'usage est interdit mais la fabrication, l'importation et la vente sont autorisées. Une révision des règlements serait souhaitable. De plus, les prix de détail du matériel de pêche augmentent en fonction de l'éloignement des grands centres urbains. Les riverains des PPE doivent, pour acheter leur équipement, soit se déplacer en ville et supporter les dépenses du voyage, soit accepter de payer un prix très élevé au commerçant local.

L'utilisation du poisson devrait être limitée aux seuls riverains. Pour cela, son commerce devrait être interdit. Ce genre d'interdiction du commerce existe dans plusieurs pays pour le gibier; il devrait être appliqué aux poissons de certains PPE.

4.3. Les administrations concernées par les PPE (Agriculture, Santé, Eaux et Forêts, Elevage, Développement Rural, etc.) devraient agir en parfaite harmonie, principalement lorsque leurs programmes ont des conséquences sur la productivité d'un plan d'eau.

Chaque projet devrait être présenté avant le début de son exécution à l'ensemble des responsables techniques et des représentants des riverains, afin que toutes ses conséquences directes ou lointaines puissent être analysées.

Dans de nombreux pays, les administrations concernées manquent de moyens pour effectivement gérer les stocks halieutiques. Dans ces conditions, les agents cherchent surtout à faire augmenter les captures afin de pouvoir collecter plus de taxes. Leur action a pour résultat d'aggraver la surexploitation au lieu de la réduire. Il est indispensable que les administrations reçoivent les moyens nécessaires pour mener à bien leur tâche.

4.4. Peu de riverains connaissent les problèmes concernant la gestion d'un PPE. Cela est vrai auprès des PPE naturels, mais est encore plus grave à proximité des réservoirs artificiels où il n'existe pas de tradition de gestion de l'eau parmi la population.

Plutôt que de charger des pêcheurs professionnels étrangers à la région de capturer l'ensemble du stock halieutique, il serait préférable de créer des équipes mobiles, disposant d'un minimum d'équipement de capture et de transport d'alevins, chargées de former les riverains à ce mode de gestion, et de les aider, tout au moins au début, à pêcher les poissons. Ces équipes devraient faire porter leurs efforts sur les PPE ayant un potentiel certain (par exemple, une superficie d'au moins un hectare, et de l'eau en permanence) et une population riveraine intéressée par le travail et la récolte, et non pas par d'hypothétiques dons de matériel qu'il serait possible de revendre par la suite.

Les administrations responsables de ces équipes devraient veiller à éviter le cumul d'activités antagonistes: vulgarisation de méthodes de pêche, contrôle du matériel de pêche et répression, perception de taxes.

4.5. Les PPE sont des milieux fragiles. Il convient donc de créer des réserves au sein desquelles faune et flore de l'ensemble d'un bassin versant seraient protégées. Pour arriver à ce but, la persuasion et l'enseignement sont plus efficaces que l'imposition de lois venues de l'administration et incomprises des riverains. Un des moyens possibles pour faire accepter ce genre de proposition pourrait consister à “sacraliser” le PPE et les bois voisins avec l'accord des Anciens du village. Plusieurs agents des Eaux et Forêts considèrent très sérieusement cette option.


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