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Documents d'information (continuer)

MONOGRAPHIE DE L'OPERATION PECHE, MOPTI

par

P. Raimondo
responsable de la formation
Opération Pêche, Mopti
Service des Eaux et Forêts
Mali

1. DONNEES PHYSIQUES

L'action de l'Opération Pêche s'étend sur trois régions (4ème, 5ème et 6ème) comprenant 14 Cercles et 59 Arrondissements (voir Annexe 1).

1.1 Situation

La zone d'intervention englobe l'ensemble du Delta Centrale, la région des lacs et s'étale jusqu'à la boucle du Niger s'étendant:

du Nord au Sud sur environ 400 km,

de l'Est à l'Ouest sur environ 600 km.

Elle est délimitée par:

Douna au Sud: 13°08' Latitude Nord,

Bamba au Nord: 17°06' Latitude Nord,

Labbezanga à l'Est: 0°41' Longitude Est,

Markala à l'Ouest: 6°06' Longitude Ouest.

1.2 Relief

Le faible denivelé de la zone explique la vaste étendue du Delta du fleuve Niger qui est situé entre les altitudes 272 m et 262 m avec une pente très faible de 0,05°/00.

1.3 Climat

Les bassins du Niger et du Bani ainsi que le reste du réseau hydrographique situés à l'intérieur de la zone d'intervention sont sous l'influence de trois types de climat:

Les caractéristiques climatologiques essentielles s'expliquent par le mécanisme de circulation de deux masses d'air:

1.31 Les Vents

Le régime de vents est dominé par:

En général, leurs vitesses sont assez faibles. Le plus fréquemment elles sont de l'ordre de 2 à 4 m/s.

1.32 Les Températures

Les écarts des températures journalières et des moyennes annuelles sont plus accentués au Nord qu'au Sud.

Tableau I

Températures moyennes (Période 1941–1970: Source - Météorologie Nationale)

 JFMAMJJASOND
MARKALA (Ségou)            
 Maximum32,335,538,239,539,438,432,430,631,834,735,332,3
 Minimum15,518,021,124,125,724,222,522,021,021,618,816,2
MOPTI            
 Maximum31,835,737,940,438,234,231,632,334,334,439,831,1
 Minimum13,816,419,722,935,324,723,222,723,122,718,715,3
GAO            
 Maximum31,234,237,640,642,541,637,335,537,939,336,531,8
 Minimum13,716,620,023,626,927,725,824,324,724,119,615,0

1.33 Les Précipitations

L'ensemble de la zone d'opération est comprise entre les isohyètes interannuelles 700 mm au Sud et 100 mm au Nord. Les précipitations annuelles normales diminuent graduellement du Sud au Nord (environ 1 mm par km).

La saison des pluies a généralement une durée de quatre mois et demi; elle commence le plus souvent au mois de mai pour terminer au mois de septembre. Elle est caractérisée par un maximum très marqué en août. Mais dans ces trois dernières années un déficit pluviométrique progressif par rapport à la pluviosité normale a été enregistré au niveau du territoire national et des pays limitrophes réduisant très nettement le débit des cours d'eau et, par conséquent, réduisant l'étendue des zones inondées ainsi que la superficie des lacs.

Tableau II

Déficits pluviométriques 1971–1973 (Source - Direction Hydraulique)

 Pmm NormalePmm
1971
Pmm
1972
Pmm
1973
D%
1971
D%
1972
D%
1973
D%
1973/72
4ème Région        
 Markala666-418372,2-37,244,1-12,2
 Ké-Macina572546439385,3  4,523,332,6-11,0
5ème Région        
 Djénné641603433432,5  5,932,432,5  -0,3
 Tenenkou580--292,6--49,6-
 Mopti546493390326,2  9,728,640,3-16,4
 Niafunké329364  64-10,680,1--
6ème Région        
 Diré243355154181,946,136,625,1+17,5
 Tombouctou220170150103,522,731,852,5-30,3
 Gourma Rharous176158-133,610,2-21,1-
 Bamba205  95100  81,753,748,860,1-18,3
 Gao263175163143,533,538,045,4-12,0

1.34 L'Humidité Relative

On enregistre des humidités relatives très fortes pour la latitude de la zone.

Tableau III

Humidité relative en %
(Période 1951–1970: Source - Météorologie Nationale)

 Moyenne MaximaMoyenne Minima
Markala (Ségou)7231
Mopti7228
Gao5317

Les points bas sont atteints en mars à Markala et Mopti, en février à Gao, les points hauts en août pour les trois stations.

 Points basPoints hauts
 MaximaMinimaMaximaMinima
Markala (Ségou)63119646
Mopti58  99545
Gao39  88335
1.35 L'Evaporation

L'évapotranspiration potentielle mesurée au “Piche” croît sensiblement du Sud vers le Nord.

Tableau IV

EvaporationStation d'observation 1973
(Source: OICMA Kara)
Potentielle/moisKara (Diafarabé)Niafunké
 Janvier364, 1 mm440,4 mm
Février--
Mars488,1 mm606,6 mm
Avril495,2 mm658,0 mm
Mai427,4 mm501,9 mm
Juin318,7 mm481,2 mm
Juillet224,2 mm-
Août122,7 mm297,1 mm
Septembre182,3 mm358,7 mm
Octobre253,5 mm507,2 mm
Novembre337,2 mm467,7 mm
Décembre273,8 mm369,1 mm
 Totaux Annuels3 487.2 mm   4 687.9 mm   

1.4 Hydrographie

Le réseau hydrographique de la zone est constitué de nombreux cours d'eau, de nombreux lacs, d'inombrables mares permanentes et d'une vaste zone inondée pendant la crue des eaux.

1.41 Les Cours d'Eau

Les cours d'eau plus importants où l'activité de la pêche est particulièrement développée sont regroupées dans le tableau ci-dessous:

Tableau V

Noms des Cours d'eau (Source - Direction Hydraulique)

 Longueur/kmAmontAval
Bani122 DounaBélénikégny
   "115 BélénikégnySofara
   "65 SofaraMopti
Bani cumulé302 DounaMarkala
 
Niger40 MarkalaDioro
   "64 DioroMacina
   "48 MacinaDiafarabé
   "122 DiafarabéMopti
   "126 MoptiAkka
   "99 AkkaNiafunké
   "39 NiafunkéTonka
   "47 TonkaDiré
   "85 DiréKabara
   "146 KabaraRharous
   "57 RharousBamba
   "110 BambaBourem
   "95 BouremGao
   "97 GaoAnsongo
   "83 AnsongoFrontière
Niger cumulé1 258 MarkalaLabbezanga
 
Diaka180 DiafarabéLac Walado
Mayo Dembi70 SeveriAîre
Mayo Ronéo74 SeveriDebaré
Koli-Koli126 KorientzéOré oya
Mayo Doyo85 GaroundouLac Aougoundou
Bara Issa120 AwoyeIssafay
Sornere (Mayel Tarabe)124 Saré AbéSaraferé
Tassankan103 NangaGoundam Lac Télé
Karaï Bosso150 GabongoNiger (Issa Ber)
Binga Ganya51 ChirfigaBougoubery
        122 563 km  

Parmis les autres cours d'eau, nous citerons:

  1. au niveau de Dioro:

  2. au niveau de Diafarabé-Mopti:
    sur la rive gauche du Niger:

Tous ces affluents se dirigent vers le Nord - N.NE, parallèlement au Diaka.

sur la rive droite du Niger:

1.42 Les Lacs

Tableau VI

Les lacs situés sur la rive droite du Niger (Source - Direction Hydraulique)

Nom du LacAltitude mètres IGNCapacité millions m3Profondeur MaximaleLargeur kmLongueur kmSurface km2aMoyenne Précipitations mm/an
Korientze   512  55440
Korarou262     2,53080 à 170450
Aougoundou261  2,5 à 12 1580 à 130380
Niangaye2601 300     6,50  7 à 1340400350
Do 80010     818120350
Garou 4353,52 à 630106320
Gakore 1505   65 à 12  29320
Titolaouin   804      5,6     5,6  22320
Tinguere   302,53  5  12320
Kabongo   75  9,201 à 5253 à15300
Haribongo 29011,50426  55300
Tidaimouen   1,5 à 4,516  63 
Issei   311       40,25 
Akhariben   3    12,5       40,75 

a Ce qui représente au total une surface d'eau variant entre 1 115 et 1 267 km2

Tableau VII

Lacs situés sur la rive gauche du Niger (Source - Direction Hydraulique)

Nom du LacAltitude mètres IGNCapacité millions m3Profondeur MaximaleLargeur kmLongueur kmSurface km2aMoyenne annuelle Préci/mm
Walado-Debo266  0,2 à 822100 à 120500
Debo266  1 à 8,5030  90 à 100500
Horo   1020  25 à 225300
Fati 500  6,301016 à 24    80 à 165290
Télé2556255   2 à 735190 à 250245
Faguibine     250,305 600   10,500,5 à 1580535 à 888250
Gouber     247,801607   4 à 710    20 à 66210
Komango     247,302406   3 à 89 à 15    33 à 91210
Douna Kaina)   5 à 930 à 50      325 
Douna Behri)

a Ce qui représente au total une surface d'eau variant entre 1 398 et 2 230 km2

Parmi les mares nous ne citerons que les plus importantes:

Tableau VIII

Caractéristiques de l'eau du fleuve Niger (Barigondaga)
mg/l

Année 1974 moisTempérature sup. °CpHSBV CaCO3 mg/lOxygène gouttes PAOM i n e r a u xCO2 mg/lTurbidité cmVitesse cm/s
AciditéDureté CaDureté MgPhosphatesSulfatesChloruresSilice
Janvier16,87,310 0105  1,513  3,7   72,5109   
Février20,77,3  9 0  550,1210,530  4,190150,2
Mars24,27,710 0     2,550,0410,517  2,777123   
Avril28,48,211  80  88    1,25 12,5   65,5133,2
Mai28,29,117110      45  85,9
Juin30,510,5  13100      40  79,6

Nota: Pour l'instant nous ne possédons pas de données supplémentaires. Les tableaux seront complétés et transmis en début 1975.

Tableau IX

Caractéristiques de l'eau du fleuve Bani (Djibitaga)

Année 1974 moisTempérature sup. °CpHSBV CaCO3 mg/lOxygène gouttes PAOMineraux mg/lCO2 mg/lTurbidité cmVitesse cm/s
AciditéDureté CaDureté MgPhosphatesSulfatesChloruresSilice
Janvier19,97  11 0      5,5   42,5103,5
Février20,87,913 0  860,0910,2531   354128,7
Mars25,87,916 010100,09 7,5  12,53   42,5113,4
Avril30,18,313120206  1,25 330  91,8
Mai27,69,415110      525  80,8
Juin28,8 18  8       519116   

1.5 Facteurs Biologiques: flore et faune

1.51 La Végétation Aquatique

La végétation recouvre toute la zone inondable et elle peut différer suivant la nature des cours d'eau.

  1. Zones à fond vaseux:

  2. Zones à fond rocheux:

Les associations végétales constituent les plus importants biotopes pour la nourriture des poissons, les phytophages surtout, et pour le développement des alevins.

1.52 Les Invertébrés

Les fonds rocheux des cuvettes du lit mineur des fleuves sont tapissés d'huîtres d'eau douce Etheria elliptica qui limitent l'utilisation des engins de pêche active, les sennes notamment.

Les autres invertébrés que l'on peut constater sont généralement:

1.53 Les Poissons

Les cours d'eau du territoire malien sont très riches en espèces de poisson (voir index des noms scientifiques et familles d'appartenance ainsi que les noms vernaculaires en Bambara, Sonraï et Bozo en annexe No. 1).

Toutes les espèces sont consommables et presque toutes sont consommées; leur qualité et leur valeur nutritive sont bonnes. Ces poissons qui sont bentophages, planctonophages et ichtyophages, exploitent bien les possibilités trophiques des fleuves. La zone inondable est de la plus haute importance pour l'accroissement des alevins et l'engraissement des poissons.

1.54 Prédominance des Espèces

Au cours de l'enquête menée par l'équipe d'encadrement à partir de l'expérience et du résultat de capture (non quantifié) de chaque pêcheur on a pu établir una échelle de priorité de prédominance des espèces de poisson que voici indiquée secteur par secteur ci-après:

Tableau X

Prédominance des espèces

SecteurOrdreEspècesPériode de capture active
DIORO1Alestes dentexNovembre – Décembre Mars à Juin
2Synodontis batinsoda
3Hydrocyon forskaly
4Tilapia nilotica
    
DIAFARABE1Alestes dentexNovembre – Décembre Mars à Juillet
2Hydrocyon forskaly
3Auchenoglanis occidentalis
4Tilapia - Labeo - Citharinus
    
MOPTI1Synodontis batinsodaNovembre à Juillet
2Tilapia - Clarias
3Alestes dentex
4Lates niloticus
    
AKKA1Hydrocyon forskalyJanvier à Juillet
2Synodontis batinsoda
3Tilapia nilotica
4Mormyrus rume
    
DIRE1Alestes dentexJanvier à Décembre
2Hydrocyon forskaly
3Synodontis batinsoda
4Clarias anguillaris
    
GAO1Alestes - LabeoFévrier à Août
2Lates niloticus
3Synodontis batinsoda
4Hydrocyon forskaly
    
ENSEMBLE ZONE1Alestes dentexNovembre à Août
1Synodontis batinsoda
1Hydrocyon forskaly
1Tilapia nilotica
2Labeo senegalensis
3Lates niloticus
4Bagrus - Mormyrus - Citharinus
1.55 Les Prédateurs

On constate la présence de grandes quantités d'oiseaux ichtyophages variés dont les plus répandus sont:

Pendant les basses eaux abondent:

2. DONNEES DEMOGRAPHIQUES

2.1 Population

La zone d'intervention est regroupée en six secteurs. Les secteurs sont subdivisés en 40 bases de vulgarisation. Le nombre de base diffère d'un secteur à l'autre suivant l'importance démographique, économique, sociale et suivant les surfaces d'exploitation ainsi que le volume de production piscicole.

La répartition de la population, secteur par secteur, est indiquée aux Tableaux XI et XII.

2.2 Ethnies

L'ensemble de la population des pêcheurs est composée de plusieurs ethnies à nette prédominance Bozo et Somono. Elles sont réparties dans le Tableau XII:

Tableau XI

SecteurNombre de bases activesNombre de villages campts.Nombre de famillesPopulation activePopulation totaleMoyenne personnes familles% Population activeMoyenne P/B
HFHFT
DIORO331   8473 6124 01311 21613,232,235,767,93 738
DIAFARABE3881 6996 6965 91018 39410,836,432,168,56 131
MOPTI3732 7237 3096 65019 583  7,137,333,971,26 527
AKKA4531 5425 0784 36814 506  9,435,030,165,13 626
DIRE363   8372 3942 046  7 519  8,931,827,259,02 506
GAO389   8753 2482 788  9 14010,435,530,566,03 046
Totaux généraux zone d'intervention
619  397  8 52328 337  25 775  80 358  9,435,232,067,34 229

Tableau XII

Ensemble zone - Répartition ethnique

EthniesNombre de famillesPopulation activePopulation totale% Population activeMoyenne personnes familles% Ethnies/population totaleObservations
HFHFT
BOZOS4 778   17 131  15 707  49 326  34,731,866,510,3  61,3  Dans les divers
SOMONO1 342   4 8604 54613 30336,534,170,79,916,6  figurent:
SONRAI7742 1231 6015 54338,328,867,17,17,0- Dogons
MARKA6341 8581 7125 25335,332,567,98,26,5- Foutas
PEULHS (Rimaïbe)5581 2081 1223 34836,033,569,56,04,2- Mossis
SORKOS248   664   5121 83536,127,964,07,42,3- Bellah
HAOUSSA  83   263   361   98526,736,663,311,8  1,2- Habbés
BAMBARA  68   166   160   57828,727,656,48,50,7 
DIVERS  38     64     54   18734,228,863,14,90,2 
Total8 523   28 337  25 775  80 358  35,232,067,39,4100,0     

2.3 Densité

La densité des pêcheurs sur les superficies exploitables est de l'ordre de 21 personnes/km2, soit environ 2 familles/km2.

2.4 Habitat

On remarque un habitat concentré et essentiellement permanent de l'amont jusqu'à la limite Nord du secteur de Mopti. Au delà de cette limite l'habitat est plus dispersé.

2.5 Nomadisme

Le nomadisme est une caractéristique particulière des pêcheurs. Une partie d'entre eux suit les migrations des bancs de poisson; l'autre partie quitte les villages d'origine, s'installe sur un lieu fixe pour y effectuer une campagne de pêche variant de 5 à 10 mois de l'année.

Au niveau de la zone le nomadisme s'accentue à mesure que l'on se déplace de l'amont vers l'aval du fleuve Niger:

Tableau XIII

Nomadisme

SecteurPopulation nomadePopulation totale% Population nomade
Population totale secteur
DIORO-11 216-
DIAFARABE   34518 394  1,9
MOPTI2 89719 58314,7
AKKA6 57914 50645,3
DIRE3 937  7 51952,4
GAO3 648  9 14039,9
Total17 406  80 35921,7

La population nomade est répartie par région et cercle de provenance comme suit:

RégionCerclePopulation déplacée% Déplacée/total nomade% Nomade/Pop. totale zone
4èmeSégou4 15823,95,2
   "Ké-Macina5 28430,36,6
   "San     50  0,3  0,06
5èmeDjénné2 84016,33,5
   "Mopti1 586  9,11,9
   "Ténénkou3 19018,34,0
   "Niafunké   186  1,10,2
6èmeDiré   112  0,60,1
Total 17 406  100,0  21,7   

3. DONNEES ECONOMIQUES

3.1 Moyens de Production

3.11 Superficie

La pêche est pratiquée dans tous les biotopes; elle est active surtout dans les cuvettes et bas-fonds du lit mineur du fleuve aux basses eaux, dans les mares et dépressions à la décrue, dans les lacs presque toute l'année.

On évalue en année normale de pluviosité à 387 000 ha les superficies des plans d'eau exploitables dans toute la zone d'intervention de l'Opération Pêche.

Les superficies productives sont les suivantes:

-Fleuve Niger et ses affluents   613 km2 
-Ensemble des lacs3 004 km2 
-Mares - Dépressions  260 km 
  Total3 877 km2, soit 387 000 ha
3.12 Rendements

Rapportées aux superficies exploitables les 76 000 tonnes de production estimée en 1973 correspondent à un rendement de 196 kg/ha.

La surface productive des zones inondables est de l'ordre de 17 000 km2, une production de:

3.13 Embarcations

Le moyen de déplacement des pêcheurs est constitué à 95 % par la pirogue du type Djénné. Il s'agit d'une embarcation pointue en planche de bois (Khaya senegalensis) et à fond plat.

La longueur des pirogues utilisées par les activités de la pêche varie de 9 à 18 m. Celles utilisées pour le transport (personne ou poisson) peuvent atteindre 30 m de long.

L'étanchéité entre les planches est soigneusement assurée (chiffon, goudron, beurre de karite) et la coque est dotée d'une bonne flexibilité.

L'ensemble des embarcations existantes au niveau de la pêche d'intervention figurent secteur par secteur dans le tableau ci-après:

Tableau XIV

Embarcations

SecteurP i r o g u e s
1–2 t3–5 t6–15 tTotal
NMMNMMNMMNMM
Dioro   66917    530  210   676  57
Diafarabé1 361  2  8721-  51 448  28
Mopti1 460102227642391 724125
Akka1 727392348958772 019205
Diré   87516  60262368   958110
Gao1 133  2  81  7  4141  1 218150
Total NM-M7 22586689249  129  340  8 043675
Total cumulé7 3119384698 718
% tonnage tot.pirog.83,810,85,4100,0

NM - Non motorisée
  M - Motorisé

Du tableau ci-dessus l'on constate que:

3.14 Moteurs hors-bord

Les moteurs hors-bord ont été introduits au Mali il y a 20 ans environ. Actuellement au niveau de la zone on en compte 749 ainsi répartis par secteur et par marque:

Tableau XV

Moteurs hors-bord

SecteurM a r q u eTotal Secteur
ArchimèdePentaJohnsonEvinrude
B 22U 22  
DIORO  65    1--  66
DIAFARABE  28---  28
MOPTI  77  77--154
AKKA114  79326222
DIRE  66---  66
GAO1501593  1213
TOTAL500216627749
     Total zone
% marques sur total moteurs66,828,80,86,0100,0

L'impact de la motorisation sur l'activité spécifique de la pêche est extrêmement faible, les pêcheurs n'utilisant les moteurs que pour le transport de leurs produits et des membres de leur famille.

Il est par contre significatif de voir que le nombre total des pirogues à gros tonnage est loin d'avoir atteint l'équipement moteur optimum.

Tableau XVI

Equipement existant - équipement optimum

TonnageP i r o g u e sTotalObservations
1–2 t3–5 t6–15 t
Total7 311    938    4698 718    
Motorisées86    249    340+74675+74c
% motorisées1,2 26,5 72,4       7,7 
% sous équipement moteurs1,6a56,4b27,6       9,4 
Moteurs à pourvoir117    529    129+28775+28c

a Equipement moteur des populations se deplaçant sur des lieux de pêche éloignés de leur campement (Debo, Faguihine, Niangaye)

b 17,1% des pirogues sont utilisées pour la pêche et n'ont pas besoin d'être équipées

c 21,7% pirogues ont deux moteurs couplés

3.15 Les Engins de Pêche

Les engins de pêche les plus importants et les plus répandus sont: les filets (dormant, dérivant, sennes, épervier), les palangres, les harpons et les nasses.

Les matériaux textiles utilisés pour leur confection sont presque entièrement synthétiques.

  1. Les Sennes: “Dioba” ou “Dioni”

    Leur longueur peut varier de 500 à 1 500 m, leur hauteur de 6 à 8 mètres et rarement elle atteint 10 mètres. Les mailles sont variables de 25 à 65 mm, exceptionnellement on rencontre des sennes à mailles de 80 à 100 mm.

    La valeur d'une senne en francs varie de 600 000 à 2 500 000 Mal.F. suivant la grandeur.

    Le prix d'une senne d'une longueur de 775 m et d'une hauteur de 12,50 m confectionnée par les élèves au Centre de Formation Professionnelle de la pêche à Mopti s'élève à 1 400 000 Mal.F.

    Les pêcheurs utilisent les sennes aux basses eaux. Cet engin prend tous les poissons, y compris les miniatures des espèces de valeur.

  2. Les Dérivants: “Teni” ou “Fele Feledio”

    Les filets dérivants ou maillants sont généralement en nylon. Ils sont de dimensions très variables: leur longueur peut passer de 50 à 250 mètres, mais elle se situe le plus souvent entre 50 et 150 mètres et leur hauteur varie de 1 à 3 mètres. Les mailles qui prédominent sont celles de 40 à 80 mm. Les flotteurs sont d'origine végétale et les lests sont constitués par de l'argile cuite. Le prix d'un filet dérivant (230 m de long x 2,90 de hauteur) confectionné au Centre de Formation est de 25 000 Mal.F.

    Cet engin est utilisé surtout au début de la crue et au moment de la décrue et prend les Hydrogrons, Synodontis, Clarias, Tilapia, Lates, etc.

  3. Les Dormants: “Bamadio”

    Les filets dormants ont des caractéristiques sensiblement semblables aux filets dérivants. Ils sont utilisés pour la capture de nuit. La valeur d'un filet dérivant (230 m de long x 2,90 de hauteur) se situe autour de 25 000 Mal.F.

    Cet engin prend surtout les poissons à écailles tels que les Hydrogrons, Lates, Tilapia, Heterotis, etc.

  4. Les Eperviers: “Cilidio”

    Entièrement confectionnés en nylon, les éperviers ont des dimensions qui varient selon la nature du fond ou la profondeur. Ils sont particulièrement utilisés dans les zones de fleuve à fond rocheux se révélant très productifs aux basses eaux.

    Avec les éperviers on prend des poissons de toute espèce et de toutes dimensions.

  5. Les Deux Mains: “Koba”

    Les deux mains, sorte d'épuisette double traine à force de bras dans l'eau est utilisé surtout dans les mares par les agriculteurs-pêcheurs (Rimaïbe, Marka, etc.). Cet engin est peu productif dans le fleuve.

  6. Les Palangres: “Gangari” ou “Duba”

    Les pêcheurs utilisent des haceçons sans appât, rarement appâtés. Ils ont des longueurs et des dimensions variées. Les hameçons vont du numéro 1 à 10, leur nombre se situe entre 100 et 800.

    Les avançons ont une longueur de 15 cm et sont espacés de 10 cm. On utilise généralement une ligne mère en nylon et des flotteurs végétaux, leur rendement est assez bon. Les Lates niloticus, les Hydrogrons, les Bafius et les Heterobrondius de grandes dimensions sont pris aux hameçons appâtés de poissons vivants.

  7. Les Harpons: “Tina”

    Les harpons sont largement employés non seulement sur le fleuve mais aussi dans les mares et aux abords des ouvrages hydrauliques. Avec cet engin, on peut prendre surtout des poissons d'une certaine dimension.

  8. Les Nasses: “Djene”

    Le type de nasse couramment utilisé est confectionné de feuilles de palmier. On l'installe à la montée et à la baisse des eaux. Les nasses sont assez productives.

  9. Les Barrages

    Ils sont relativement nombreux et posés sur les communications entre les mares, bras de fleuve et le fleuve principal à la baisse des eaux. Ils sont confectionnés de bois, d'arbustes et d'épineux.

    Du recensement effectué par les moniteurs au niveau de la zone d'interventions est ressortie la situation suivante:

Tableau XVII

Engins de pêche

SecteursFiletsDivers
EpuisetteDérivantDormantEpervierSennePalangreHarponNasseBarrageAutres engins
DIORO1 1117471 5041 504     931 7411 3871 394   11 221   
DIAFARABE3 5766032 365760  954 1801 5772 6032 940   863
MOPTI3 0511 087   1 9323081344 2701 525   280285636
AKKA   9741603 0904173343 4542 149   891315866
DIRE   130105   6285221681 781   678   139  46  45
GAO   1235811 044669273   9031 281   336  25  11
Total Zone8 9653 283   10 563  4 180   1 097   16 329  8 5975 6433 612   3 642   

3.2 Commercialisation

Il n'est pas exagéré de qualifier d'inquiétante la situation de la commercialisation du poisson séché et fumé. De 1966 à 1973 les exportations passent de 7 079 t à 1 514 t. Les quantités globales de poisson séché et fumé contrôlées à Mopti passent de 1966 à 1973 de 11 600 à 5 333 t.

Tableau XVIII

Commercialisation 1966–1973

Année19661967196819691970197119721973
SéchéFuméSéchéFuméSéchéFuméSéchéFuméSéchéFuméSéchéFuméSéchéFuméSéchéFumé
Extérieur3 5093 5703 0262 8163 0223 7563 3362 6361 9013 2471 0692 7991 2521 598590  924
Intérieur2 3472 1741 8001 8822 0332 0342 5122 5863 4662 5822 5052 4702 4892 5161 8321 987
 5 8565 7444 8264 6985 0555 7905 8485 2225 3675 8293 5745 2693 7414 1142 4222 911
Total cumulé11 6009 52410 84511 07011 1968 8437 8555 333
% séché 50,48 50,67 46,61 52,83 47,94 40,42 47,63 45,42
% fumé 49,52 49,33 53,39 47,17 52,06 59,58 52,37 54,58
% extérieur 61,03 61,34 62,50 53,95 45,98 43,74 36,28 28,39
% intérieur 38,97 38,56 37,50 46,05 54,02 56,26 63,72 71,61

Des chiffres ci-dessus indiqués on peut remarquer:

3.21 Prévisions de la Commercialisation

Suivant les résultats du premier trimestre 1973 comparés au premier trimestre 1974 on peut estimer que l'année 1974 connaîtra un tonnage commercialisé très bas d'environ 3 550 t au total.

3.3 Evaluation Quantitative de la Production Globale (base année 1973)


A.Poisson séché et fumétt
(1)Production commercialisée contrôlée:  
- à Mopti5 333 
- dans le reste de la zone d'intervention   367 
  5 700
(2)Production commercialisée non contrôlée:  
- sur expéditions Mopti: 10% soit 570 t   570 
- sur expéditions reste zone: 15% soit 855 t   855 
  1 425
   Production réellement commercialisée 7 125
(3)Pertes à l'emballage: 3% soit 214 t   214 
(4)Perte au stade de la conservation: 25% en moyenne soit 1 783 t1 783 
(5)Autoconsommation pêcheurs: 20 g/jour × 80 358 × 360 jours   578 
(6)Consommation populations rurales: 15 g/jour × 1 200 000 × 360 jours6 480 
(7)Production primaire réellement préparée 16 178  
(8)Equivalent en frais:  
- 45,4% en poisson séché - rendement ¼ de la production primaire soit 7 345 t × 429 380 
- 54,6 en poisson fumé - rendement ⅓ de la production primaire soit 8 833 × 326 499 
    Total équivalent en frais 55 879
B.Consommation poisson frais  
(1)Autoconsommation pêcheurs  
- 150 g/jour × 54 112 actifs × 360 jours2 922 
- 50 g/jour × 26 246 non actifs × 360 jours   472 
(2)Consommation populations rurales  
38,9 g/jour × 1 200 000 × 360 jours représentant:  
troc ou achats aux pêcheurs16 800 
    Total consommation en frais 20 194
C.Production globale pêchée arrondie à 76 000

Effets de la Sécheresse

L'effet immédiat de la sécheresse dans le delta central a été caractérisé par une diminution progressive des eaux freinant la reproduction et la croissance des poissons par interruption du cycle d'inondation. La migration des espèces dans les zones inondées correspond donc à des impératifs biologiques. Le niveau trophique des espèces est réglé par le jeu cyclique des inondations qui ramènent dans le lit du fleuve des quantités importantes de nourriture (phyto-zooplancton, etc.) indispensable à la croissance du poisson. Dans ces écosystèmes que constituent les zones d'inondation, la productivité est donc liée à l'abondance de la nourriture disponible qui influe sur la capacité biogénique du milieu. Le degré d'abondance de la nourriture varie en fonction de l'importance des zones inondées. Il en est résulté pendant la sécheresse un déséquilibre entre la biomasse animale et végétale qui a sérieusement perturbé la biologie des espèces comportant une diminution considérable de la production du poisson.

Essais d'analyse sur les effets de la sécheresse

Facteurs197119721973Moyenne
1971–73
Moyenne inter. annuelleDéficit ou excédent
Précipitations en m4,933,903,264,035,46-1,43
Crues Niger en m6,755,705,606,006,75-0,75
Est. zones inondées2 400 0002 000 0001 700 0002 030 0002 200 000170 000
Ha       76 000   
Est. de la prod. en t  100 000     90 000      88 000     95 000    7 000

Du tableau ci-indiqué on peut remarquer qu'il existe des corrélations importantes entre les différents facteurs cités qui se traduisent par une baisse importante de la production du poisson.

A noter que si l'on réfère a un rendement/ha de 43 kg (2 200 000 ha: 95 000 t = 43 kg/ha) et on le multiplie au déficit de 170 000 ha non inondés, on arrive au résultat d'une production déficitaire de 7 310 t.


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