Malgré le fait que le bar européen est cultivé dans les étangs, et les lagunes, le gros de sa production provient de l’élevage en cage en mer.
Systèmes lagunaires extensifs
La méthode traditionnelle extensive de la gestion des lagunes consiste à placer des barrières spéciales dans les sites lagunaires appropriés pour capturer les poissons durant leur migration en automne vers la pleine mer. Les barrières sont faites de roseaux, filets, ou ciment, elles restent ouvertes de février à mai pour que la lagune puisse être naturellement approvisionnée en juvéniles. Dans ce système le bar européen est toujours cultivé en polyculture avec, des espèces comme le mulet, et l’anguille. Les individus de cette espèce atteignent une taille commerciale de 400-500 g dans 37 mois, avec une production totale dans la lagune de 50-150 kg/ha/an. Le facteur limitant est l’alimentation naturelle du bar qui, comme il est prédateur, peut radicalement réduire les ressources naturelles de l’écosystème lagunaire.
Systèmes lagunaires en semi intensif
Ces techniques impliquent un enrichissement artificiel avec des juvéniles, une fertilisation de lagunes, et une amélioration des projets. Des pêcheurs spécialistes capturent les juvéniles des zones côtières durant mai et juin, ensuite ces derniers sont transportés dans des bacs oxygénés pour les premiers stades de grossissement dans des étangs spéciaux, jusqu’à ce qu’ils atteignent la taille qui leur permettra de survivre dans la lagune. Des projets d’amélioration de la productivité impliquent le développement de suffisamment de canaux, en faisant des passes vers la mer pour améliorer les échanges d’eau et l’enrichissement en plancton et petits alevins. Des fossés périphériques (avec eau douce et eau de mer) sont creusés pour le contrôle de la salinité, ainsi que d’autres fossés d’hiver d’au moins 2 m de profondeur dans plusieurs endroits de la lagune. Finalement, le contrôle de la végétation est important pour éviter la suffocation des poissons. Des pertes de production de poissons dans les lagunes sont dues à l’insuffisance d’enrichissement en petits alevins, à la prédation, à la diminution de l’apport d’eau douce (manque de pluie), et au manque de projets d’amélioration. La production n’est élevée que dans les systèmes extensifs et arrive jusqu’à 500-700 kg/ha/an.
Production d'écloserie
Géniteurs
Pour assurer un apport fiable et suffisant en œufs de bonne qualité, la plupart des écloseries ont établi leurs propres unités de géniteurs, où des reproducteurs de différents groupes d’âges sont maintenus à long terme. Les parents peuvent provenir soit d’une ferme d’élevage ou de la nature. L’âge optimal pour la femelle est entre 5 et 8 ans, alors que pour le mâle il est entre 2 et 4 ans. La gestion des géniteurs en captivité dans les stations de reproduction inclut la maturation naturelle, l’induction de l’ovulation en manipulant la photopériode ou grâce à un traitement hormonal, la fécondation dans les bacs de reproduction et l’incubation dans un système d’eau en flux ouvert.
Ponte
A l’arrivée de la saison de reproduction, il est nécessaire de déplacer un groupe de géniteurs matures de leurs bacs de conditionnement aux bacs de reproduction, où ils peuvent être mieux traités et leur performance peut être facilement surveillée. La proportion mâle/ femelle dans les bacs de reproduction est gardée à 2:1. Alors que les mâles sont sélectionnés au moment de l’émission spontanée du sperme ou par lacération, le stade de maturité de la femelle doit être vérifié en extrayant des oocytes des ovaires par un cathéter. Seules les femelles avec des oocytes à la fin du stade gamétogenèse, p. e. avec un diamètre plus grand que 650 mm sont sélectionnées.
Manipulation de la photopériode
Quand il y a un besoin en œufs fécondés hors saison de reproduction, on provoque la gamétogenèse par manipulation de la photopériode et de la température. L’écloserie décide des périodes de production des œufs selon son plan de commercialisation et/ou les besoins de la ferme.
Traitement hormonal
Le traitement hormonal est utilisé pour déclencher la dernière phase de maturation des ovules. La gonadotrophine humaine (HCG) est utilisée à une dose de 800-1 000 UI par kg/pc, elle est administrée en deux injections dans les muscles dorsaux, séparées d’un intervalle de 6 heures.
Techniques de grossissement
Dans la production intensive, les unités de grossissement sont approvisionnées en petits alevins provenant des écloseries et un régime alimentaire contrôlé est alors appliqué.
Les juvéniles sont délivrés aux aquaculteurs comme un stock en grossissement de taille de 1,5-2,5 g. Ces juvéniles atteignent 400-450 g dans 18-24 mois. L’aliment est distribué par un distributeur automatique chaque 10-15 minutes aux poissons de petite taille (2-15 g), ou manuellement aux poissons de plus grandes tailles. Le tri est nécessaire au moins deux ou trois fois par cycle, afin d’éviter de grandes différences de croissance et le cannibalisme. L’engraissement peut être fait dans des bacs ou cages.
Système de cage
Les filets de cages peuvent être de différents types mais le principe est le même: ils sont tous basés sur un échange d’eau à travers les filets. La qualité des sites est par conséquent hautement variable, selon les conditions locales telles que la marée et les courants d’eau. Les cages sont normalement faites d’acier avec des dimensions de 4 à 10 m², et des filets suspendus de 6-8 m de profondeur. Certaines fermes sont ancrées prés de la côte et peuvent être servies de la terre ferme. D’autres sont en pleine mer ou au milieu d’une baie protégée et ne peuvent être servies que du bord d’un bateau. L’entretien des cages est un facteur important, le changement fréquent de filets est essentiel, spécialement durant les périodes chaudes (chaque 15-20 jours), le nettoyage chaque semaine pour enlever les organismes indésirables « fouling » et les traitements périodiques avec des produits anti-fouling sont aussi nécessaires. Les poissons morts et moribonds sont écartés par les plongeurs, une fois chaque semaine et quotidiennement durant l’éruption de maladies.
Système de bacs
Les bacs sont normalement alimentés en eau de mer (38‰) et maintenus en flux ouvert sous des températures ambiantes. Alternativement, l’eau saumâtres (30‰) pompée des lagunes voisines peut être utilisée. Des densités de stockage élevées sont appliquées (20-35 kg/m³); ce qui exige un contrôle précis de la qualité d’eau et des observations soigneuses de la santé des poissons. Un système de circulation, pour contrôler la température de l’eau (entre 13-18 °C) est utilisé durant l’automne/hiver, fréquemment à plein temps en écloserie et la phase du pré-engraissement du cycle de production, ce système est aussi utilisé pour l’engraissement dans des fermes de haute technologie. Cette pratique améliore la croissance mais peut être très coûteuse (filtration, dégazage de l’air, traitement à l’UV, enlèvement des catabolites)
Techniques de récolte
Les poissons sont généralement mis à jeun pendant 1 à 12 jours, selon les variations saisonnières de la température de l’eau avant abattage. Dans les fermes commerciales, les bac à terre ou les cages sont vidés par des épuisettes ou pompes à vide dans, le cas de densités très élevées (70-100 kg/m³), juste avant de tuer les poissons par asphyxie dans de l’eau glacée. Dans le cas des cages, la récolte est pratiquée seulement quand les conditions climatiques ne menacent pas la sécurité des ouvriers. Le temps entre la récolte et l’abattage dépend de la distance entre les cages et la ferme, normalement pas plus que deux heures, incluant le temps de transport. Quand la ferme a ses facilités d’abattage, les poissons sont placés dans de l’eau glacée avec des morceaux de glace et sont immédiatement abattus.
Un rassemblement prolongé avant récolte est à éviter, pour assurer une bonne qualité du produit et le bien être du poisson. L’activité élevée des muscles à l’abattage entraîne une réduction rapide des réserves énergétique (p. e. adénosine triphosphate, ATP), l’accumulation de l’acide lactique et par conséquent la chute du pH post- mortem. Un animal qui lutte à l’abattage devient rapidement rugueux, ce qui affecte la qualité des filets en rendant molle la texture des muscles.
Les méthodes d’abattage doivent provoquer une perte rapide et irréversible de conscience. Les méthodes qui tuent les poissons rapidement permettent une réduction de stress, ainsi que l’amélioration du bien être et de la qualité du poisson. Il a été démontré que les meilleures méthodes consistent à pointer le cerveau, à donner un coup sur la tête ou à la destruction de la corde spinale. Cependant, ces procédures d’abattage sont moins pratiques dans les situations commerciales pour le bar européen, à cause de la taille commerciale du poisson et le coût élevé du personnel qualifié.
Manipulation et traitement
Les méthodes de récolte varient selon l’échelle de l’opération. Le besoin de récolter rapidement de grands volumes nécessite l’automatisation, bien que des petites opérations puissent être faites par des méthodes manuelles. Dans les deux cas, l’objectif doit être de maintenir la qualité du produit final par des manipulations soigneuses, pratiquées par un personnel qualifié. La manipulation inclut les transferts d’une unité d’élevage à une autre, aussi bien durant la récolte que pour le transport des poissons vivants. L’hygiène doit suivre les principes généraux appliqués en traitement. Les filets et les bacs doivent être nettoyés régulièrement. Durant la récolte, il faut faire attention pour empêcher la prédation, ainsi que les dommages physiques causés par les filets et le pompage. L’épiderme et les écailles sont facilement enlevés durant ces procédures. Il faut faire attention durant l’emballage aussi, pour éviter les pertes d’écailles et pour préserver l’apparence et la brillance de la peau. Le poisson entier est normalement vendu frais emballé par lot. Seule, une petite partie est vendue congelée avec des emballages individuels. Les poissons frais ne doivent pas être gardés dans de la glace pour plus de 4 ou 5 jours avant d’arriver au marché.
Coûts de production
Les petits juvéniles représentent normalement 15 à 20 pour cent des coûts de grossissement. En écloserie, les coûts de la main d’œuvre sont de ~30 pour cent du total. Une autre grande contribution est celle de l’aliment (30 pour cent), suivie par les dépenses administratives, le carburant et l’énergie (chauffage et alimentation automatique). Généralement, les coûts de grossissement sont plus faibles dans les fermes à grande échelle.
En Italie, par exemple, les coûts de production des juvéniles sont de l’ordre de 0,30 EUR/kg (0,39 USD/kg), et la production des poissons, incluant toutes les autres dépenses, coûte 4,00 EUR/kg (5,20 USD/kg).
Même si c’est une espèce robuste, le bar européen, sous les conditions d’élevage, est sujet à une grande variété de maladies qui ont des effets importants sur la production commerciale et qui peuvent empêcher l’expansion de cette industrie dans certains pays.
Le stress est considéré comme un facteur important co-responsable de l’apparition des maladies, ainsi un entretien amélioré d’élevage doit réduire au minimum, le stress. Un autre problème est le manque de produits thérapeutiques efficaces autorisés, notamment pour les parasites, dans la majorité des pays Européen.
Les maladies communément rencontrées sont montrées dans le tableau suivant.
Dans certains cas, des antibiotiques et d'autres produits pharmaceutiques ont été utilisés pour les traitements mais leur inclusion dans ce tableau n'implique pas une recommandation FAO.
Maladie Virale encephalo-retinopathie |
Nodavirus |
Virus |
Symptômes de nervosité |
Bonne prophylaxie; Bonnes conditions d’élevage |
Vibriose |
Vibrio anguillarum; Vibrio ordali; Vibrio spp |
Bactérie |
Anorexie; couleur foncée; ulcère de la peau; distension abdominale; splénomégalie; viscérale pétéchie; entérite nécrotique |
Vaccination des juvéniles; antibiotique traitement |
Photobactériose ou Pseudotuberculose |
Photobacterium damsela subsp. pasteurella |
Bactérie |
Anorexie; assombrissement; splénomégalie; lésions de la rate ou granulomatose de rate (forme chronique) |
Antibiotique traitement |
Myxobacteriose |
Flexibacter maritimus |
Bactérie |
Ulcère de la peau; nécrose; érosion des nageoires |
Antibiotique traitement |
Mycobacteriose |
Mycobacterium marinum |
Bactérie |
Emaciation; croissance faible; hypertrophie du rein et de la rate avec des granulomes |
Bonne prophylaxie |
Epitheliocystose |
Chlamydia-like |
Bactérie |
Nodules sur la peau et branchies |
Bonne prophylaxie |
Amyloodiniase |
Amyloodinium occelatum |
Dinoflagellés |
Peau foncée; apparence trouble de la peau (maladie de velvet) |
Traitement avec l’eau douce |
Cryptocaryoniase |
Cryptocaryon irritans |
Ciliés |
Lésions de peau; taches blanches ou taches blanches multifocales (maladie marine des taches blanches) |
Traitement avec l’eau douce |
Scuticociliatose; autres ciliatose |
Philasterides dicentrarchi; Uronema sp.; Tetrahynema sp. |
Ciliés |
Lésions de peau et branchies; dépigmentation; ulcérations; hémorragies de certaines zones de la peau |
Traitement avec l’eau douce |
Myxosporidiose |
Shaerospora dicentrarchi; S. testicularis; Ceratomyxa labraci |
Myxosporidés |
Réduction de la production; réduction du taux de croissance; faible mortalité |
Pas de traitement |
Microsporidiose |
Glugea sp. |
Microsporidés |
Réduction de la production; faible mortalité |
Pas de traitement |
Infestation branchiale |
Diplectanum aequans; D. laubieri |
Monogènes trématode |
Peau trouble; rougeur localisée, avec production excessive de mucus hyperplasie épithéliale; hémorragie des branchies |
Prophylaxie correcte; bonnes conditions d’élevage |
Infection à Anisakis |
Anisakis spp. |
Nématode |
Larve dans la cavité coelomique |
Prophylaxie correcte |
Atteinte par des Isopodes |
Ceratothoa oestroides; Nerocilla orbiguyi; Anilocra physoides |
Crustacés (isopodes) |
Retard de croissance; nécrose des branchies et tissus de la peau; adultes et larve |
Prophylaxie correcte |
Fournisseurs d’expertise en pathologie
Contacter les autorités gouvernementales responsables pour mettre en vigueur les demandes statuées, telles que les licences, le contrôle des décharges, contrôle des maladies, etc.
Les diagnostics sont normalement réalisés par des départements gouvernementaux, ou organisations privées ou par des individus. En Italie, par exemple, le secteur de l’aquaculture est géré par la Direction Générale des Pêches et d’Aquaculture du Ministère d’Agriculture, qui couvre aussi bien les eaux intérieures, marines, que saumâtres. Les autorités gouvernementales contrôlent les maladies des poissons par le biais des Services Vétérinaires Publiques, qui sont organisés sur une base régionale, en plus, des praticiens privés qui sont disponibles.
En Italie, les principaux laboratoires sont:
- Maladies de poisson, Crustacés, et Mollusques Centre National de Référence. Coordinateur Scientifique: Dr. Giuseppe Bovo, Istituto Zooprofilattico Sperimentale delle Venezie, Legnaro, Padova, Italie.
- Laboratoire de Pathologie Générale et Pathologie des poissons. Coordinateur Scientifique: Prof. Marco Galeotti D.V.M. Dipl. E.C.V.P., Department of Animal Science, Faculty of Veterinary Medicine, University of Udine, Italie.