Approvisionnement en juvéniles
Normalement chaque écloserie a une unité, où les géniteurs de différents groupes d’âges allant d’1 an pour les mâles jusqu’à 5 ans pour les femelles, sont gardés dans des conditions de stockage de long terme. Les géniteurs peuvent aussi provenir des fermes d’élevage ou du milieu naturel.
Au début de la saison de reproduction des groupes sélectionnés de reproducteurs sont transférés à partir de leurs bacs de conditionnement aux bacs de reproduction. Le contrôle du sexe ratio dans les bacs de pontes est un facteur très important pour la daurade royale et des précautions doivent être prises car l’inversement sexuel est socialement déterminé. La présence de jeunes mâles à la fin de la période de ponte, par exemple, augmente le nombre des poissons âgés qui changent en femelles. D’un autre côté, la présence des femelles âgées réduit l’inversement sexuel chez les jeunes poissons.
En dehors de la saison de ponte
La daurade royale peut être conditionnée par des manipulations environnementales pour étendre ou modifier sa période de reproduction. Les poissons sont stockés dans des bacs équipés par des systèmes de chauffage/refroidissement d’eau et un contrôle informatisé de température et d’intensité lumineuse. La maturité sexuelle est obtenue en exposant les géniteurs aux conditions de température et photopériode qui ont lieu durant la période de ponte naturelle. La ponte des femelles peut être obtenue par une inoculation de 5 à 20 mg/Kg de GnRHa (1) (D-Ala6; Pro9Net-mGnRH).
Il y a deux principaux systèmes d’élevage larvaire appelés système à petite échelle et à grande échelle. Le système d’élevage à petite échelle (<10 m3) est caractérisé par un contrôle très rigoureux des paramètres environnementaux et il est conçu pour produire un grand nombre de juvéniles (150–250/litre). Le système à grande échelle (~200 m3) simule un écosystème naturel. Cette technique garanti beaucoup mieux la qualité larvaire que le système à petite échelle, mais produit beaucoup moins de juvéniles (maximum 10/litre).
Les larves de la daurade royale épuisent leur sac vitellin après 3–4 jours d’alimentation endogène. Après ce stade, les yeux sont pigmentés et la bouche est développée, permettant aux larves de se nourrir de larves d’autres organismes. Dans la majorité des systèmes d’élevage les premiers organismes vivants utilisés pour l’élevage larvaire de la dorade sont les rotifères (p. e. Brachionus plicatilis); Ces derniers sont choisis grâce à la facilité relative avec laquelle ils peuvent être cultivés à grande échelle. Après 10–11 jours, les rotifères sont distribués avec les nauplius d’Artemia salina jusqu’à ce que les larves achèvent leur métamorphose (32–35 jours après éclosion). Avant d’être distribués aux larves, les rotifères et l’artémia sont quotidiennement enrichis avec des préparations lipidiques commerciales, pour améliorer leurs teneurs en certains acides gras essentiels (EPA; DHA) et vitamines qui sont critiquement importants pour une bonne croissance, développement et survie. Dans les écloseries Méditerranéennes les microalgues (p. e. Chlorella sp., Isochrysis galbana, Pavlova lutheri, Nannochloropsis oculata, N. gaditana, Dunaliella tertiolecta) sont utilisées aussi bien pour la production des rotifères que pour améliorer la qualité d’eau dans les bacs larvaires, en créant ce qu’on appelle l’eau verte «green water» qui est utilisée durant les phases initiales de l’élevage.
Le sevrage par un aliment sec formulé riche en protéines (50–60 pour cent), commence quand le poisson atteint un poids de 5–10 mg.
Nurserie
Les juvéniles d’environ 45 jours sont généralement transférés dans une section de l’écloserie équipée avec de grands bacs ronds ou rectangulaires (10–25 m3), où le sevrage va avoir lieu. Le stade de sevrage est un vrai système d’élevage intensif. Les densités initiales de larves sont généralement de 10–20 ind./litre à la température de 18 °C et une salinité de 35–37‰. Les densités finales peuvent atteindre 20 kg/m3 avec des poissons de 2–3 g. L’aliment est donné à un intervalle de 2 heures de 08,00h à 20,00h, à des pourcentages croissants d’aliment artificiel composé de 150–300 µm de particules. L’aliment sec doit être fournit à environ 20 g/m3.
Techniques de grossissement
La daurade royale peut être cultivée suivant plusieurs méthodes: dans des étangs et lagunes côtières, avec des méthodes extensive ou semi intensive; ou dans des installations à terre et cages en mer, avec des systèmes d’élevage intensif. Ces méthodes sont très différentes, spécialement quand il s’agit des densités d’élevage et de l’aliment utilisé.
Système extensif
Ce système est basé sur la migration naturelle des poissons euryhalins, qui sont alors capturés, généralement par les pièges classiques en filets. Comme cette pratique constitue une source limitée et imprévisible de juvéniles naturels, plusieurs unités commerciales modernes de production extensive comptent aussi bien sur les juvéniles naturels pêchés que sur ceux d’élevage. Généralement, des daurades de 2–3 g sont mises dans les lagunes en avril-mai.
Dans ces systèmes les daurades royales atteignent la première taille commerciale (350 g) dans 20 mois et sont normalement en élevage avec des mulets, des anguilles et des bars. Dans les lagunes du Nord de la Méditerranée, un hivernage dans des bassins profond, avec la stratification de l’eau douce/eau de mer, est nécessaire pour préserver les daurades royales d’une année.
La production totale de ce genre de polyculture varie de 30–150 kg/ha/an selon la productivité de la lagune. Dans les lagunes du nord-est de l’Italie, la production de la daurade royale est de 15–30 kg/ha/an. Durant le cycle de production, les poissons se nourrissent a base de ressources naturelles, aucune alimentation supplémentaire n’est rajoutée. Dans les systèmes d’élevage extensifs la densité des poissons n’excède généralement pas 0,0025 kg/m3.
Systèmes semi intensifs
Dans ces systèmes le contrôle humain de l’environnement de la ferme est plus important que dans le système extensif. Il peut simplement impliquer le peuplement des lagunes avec des juvéniles qui ont été en pré-grossissement dans le système intensif, pour minimiser la mortalité et réduire le temps de l’élevage. Dans ce cas, il est aussi possible de fertiliser la zone d’élevage pour augmenter la disponibilité de nourriture naturelle. D’autres types d’élevage semi-intensif nécessitent plus de contrôle, avec un apport supplémentaire d’aliment artificiel et d’oxygène. Ce système d’élevage semi intensif est normalement réalisé dans des filets formant une clôture à l’intérieur d’une zone limitée de la lagune. La production finale peut varier largement, selon la taille des juvéniles stockés et la quantité de nourriture donnée. La densité dans les systèmes semi intensifs n’excède pas normalement 1 kg/m3et la production oscille entre 500 et 2400 kg/ha/an.
Systèmes intensifs
Le grossissement intensif suit normalement les autres phases d’élevage intensif, à savoir la reproduction, l’élevage larvaire, et le pré-grossissement, comme décrit ci-dessus. Les phases de pré-grossissement et grossissement intensives de la daurade royale peuvent être réalisées dans des installations à terre avec des bacs rectangulaires en béton qui varient en taille (200–3000 m3) selon la taille des poissons et de la production demandée. Le grossissement peut aussi se faire dans des cages en mer, dans des sites abrités ou semi-exposés (cages flottantes) ou totalement exposés (cages semi-submersibles ou submersibles).
Les systèmes intensifs peuvent être appliqués sur des juvéniles achetés à partir d’autres écloseries séparées, mais les grandes unités de production cultivent leurs propres juvéniles. Dans les systèmes de grossissement intensifs, le taux de conversion alimentaire (TCA) est normalement très favorable (environ 1,3 :1).
Quand les daurades royales sont élevées dans des bacs, elles le sont à des densités très élevées, allant de 15–45 kg/m3 et une injection massive d’oxygène est alors nécessaire pour assurer la survie des poissons. Sous d’excellentes conditions (18–26 °C), des petites daurades royales pré-grossies (5 g) atteignent leur première taille commerciale (350–400 g) dans à peu près une année.
Le grossissement dans des cages en mer est simple et économique; c’est le système d’engraissement normalement utilisé dans le bassin de la Méditerranée. Bien que les densités (10–15 kg/m3) sont plus faibles que celles des bacs, il y a de grands avantages qui rendent l’élevage en cages économiquement rentable, vu qu’il n y a pas de coûts de pompage, d’aération, ou de traitement d’effluents. Cependant, il n’est pas possible de contrôler la température dans les cages d’élevage, ce qui explique la longue période d’élevage nécessaire pour atteindre la taille commerciale, ou le besoin de stocker des juvéniles de plus grande taille. En moyenne, les plus grands juvéniles (10 g) atteignent la première taille commerciale (350–400 g) dans les environs d’une année, alors que de plus petits juvéniles (5) atteignent la même taille en 16 mois.
Apport de nourriture
L’aliment artificiel composé dont les particules ont un diamètre de 150–300 µm est distribué par un distributeur automatique à 2 heures d’intervalle à partir de 08:00h jusqu’à 20:00h pour les plus petits poissons (1–3 g), ou manuellement pour les poissons de plus grande taille. Le tri est nécessaire au moins deux ou trois fois par cycle, afin d’éviter de grandes différences de croissance. L’engraissement peut être fait dans des systèmes de bacs ou cages.
Techniques de récolte
Avant la récolte quelques jours de jeun sont nécessaires. La longueur de cette période varie selon la température et le taux d’alimentation (par exemple, à 25 °C, 24 heures peuvent être suffisantes). A des températures plus faibles, 48–72 heures sont nécessaires. Après une période de jeun adéquat, les poissons sont prêts à être récoltés. Avant de commencer cette opération, la présence de poissons morts ou agonisants doit être vérifiée.
Il est possible de récolter les poissons dans toutes les conditions climatiques dans les installations à terre. Dans les bassins en béton, les ouvriers poussent les poissons vers l’entrée de l’eau en utilisant un petit chalutier, ensuite ils sont attrapés avec des épuisettes ou par pompage. Une grande attention est réservée au nettoyage du fond du bac avant la récolte; ceci assure un poisson plus hygiénique avec de bonnes caractéristiques organoleptiques, puisque ce nettoyage évite que des matériaux indésirables entrent dans les branchies et la bouche des animaux.
Les poissons des cages en mer peuvent être récoltés quand les conditions climatiques sont favorables pour la sécurité des ouvriers. Les poissons doivent être rassemblés dans une aire relativement petite pour qu’ils puissent être pêchés par des épuisettes ou des pompes à vide.
Manipulation et traitement
Dans aussi bien les cages en mer que les installations à terre, les daurades sont normalement tuées par un choc thermique; les poissons sont placés dans des cuves (cuves en plastiques ou en acier) avec de l’eau glacée qui doit être saturée en CO2, afin de réduire leurs souffrances. Au moment de sortir les poissons de l’eau pour les emballer, il faut faire rapidement pour éviter de grandes pertes et pour préserver la vivacité et l’apparence brillante de la peau.
Coûts de production
En Italie, les coûts de production pour des juvéniles de 2 g varient de 0,10 à 0,18 EUR par poisson, selon le système d’engraissement. Les coûts pour les petits juvéniles de 5 g sont d’environ 0,26 à 0,28 EUR par poisson. Les coûts d’élevage pour produire des daurades de 350 g oscillent entre 3,0 et 4,0 EUR, selon le système d’élevage.
Les problèmes majeurs de maladies affectant la daurade royale sont cités dans le tableau ci-dessous.
Dans certains cas, des antibiotiques et d'autres produits pharmaceutiques ont été utilisés pour les traitements mais leur inclusion dans cette table n'implique pas une recommandation FAO.
Pasteurellose (Pseudotuberculose) |
Photobacterium damselae subsp. piscicida |
Bactérie |
Anorexie; nécrose focalisée des branchies |
Vaccination des géniteurs et juvéniles; utilisation des immunostimulants et vitamines pour traitements; bonne hygiène et désinfection de l’eau; antibiotiques |
Vibriose |
Photobacterium damselae subsp. damselae |
Bactérie |
Peau noire; léthargie; abdomen distendu; hémorragies |
Eviter l’utilisation d’aliment avec une teneur lipidique élevée; antibiotiques |
Vibrio alginolyticus |
Bactérie |
Hémorragies; peau noire; lésions de la peau |
Bonne hygiène; antibiotique |
Vibrio anguillarum |
Bactérie |
Léthargie; anorexie; tête en position basse |
Bonne hygiène et désinfection de l’eau; antibiotiques |
Lymphocystis |
Iridoviridae |
Virus |
Pseudotumeur blanchâtre |
Réduire le taux d’alimentation; réduire la biomasse; éviter additionnel stress sur les poissons infectés; faible pathogénie - pas de traitement |
Aquareovirus |
Aquareovirus |
Virus |
Aucun |
Pathogénie faible, pas de traitement |
Syndrome de Distension d’Intestin (SDI) |
Virus-like particle |
Virus |
Abdomen distendu, tournoiement désorienté; immobilité avec la tête en bas |
Traitement efficace à UV de l’eau entrante durant les premiers stades larvaires |
Myxosporidiose à Myxidium leei |
Entermyxum Myxidium leei |
Endoparasite |
Léthargie; abdomen distendu; hyperpigmentation |
Eviter de stresser les poissons, pas de traitement |
Syndrome de maladie d’hiver |
Pseudomonas anguilliseptica (multifactorial) |
Bactérie |
Syndrome ventre en haut 'Belly up', avec ou sans hémorragie |
Désinfection efficace et période de nettoyage pour les unités d’engraissement à terre; adapter au régime alimentaire préparer le poisson pour la période d’hiver; traitement antibiotique inefficace in vivo |
Fournisseurs d’expertise en pathologie
Chaque pays producteur a une autorité gouvernementale responsable pour maintenir les demandes statuaires, telles que les licences, le contrôle des décharges, le contrôle des maladies à déclaration obligatoire, etc. Contacter le gouvernement relatif aquaculture/pêches/département de la santé animale. Les services de diagnostic peuvent être fournis par des départements gouvernementaux ou organisations privées ou individus.