Approvisionnement en juvéniles
Dans les systèmes traditionnels de filtration des rizières, les juvéniles rassemblés autour de l'écluse piscicole peuvent pénétrer dans les rizières extensives pendant la marée haute. Dans le passé, des alevins sauvages ont été également capturés et vendus aux crevetticulteurs. Cependant, avec la création des écloseries et aussi en raison de la pêche excessive, la dépendance des alevins sauvages a régressé.
Stock de géniteurs
Les reproducteurs de crevette peuvent provenir de la pêche ou de la maturation induite des spécimens adultes sauvages maintenus en captivité (145 mm LT). En cas d'utilisation de géniteurs sauvages, ces derniers sont soigneusement transportés à l'écloserie et maintenus dans des systèmes ouverts afin de se rétablir du stress. Les femelles sont transférées individuellement dans des réservoirs en fibre de verre cylindro-coniques de 500-1 000 litres contenant de l'eau de mer micro-filtrée et stérilisée à une salinité de 30-35 ‰ et à un pH de 8,0-8,2. Une température ambiante entre 27-31 ºC est idéale pour la ponte, qui a lieu la nuit, après quoi les reproducteurs sont enlevés et transférés vers les réservoirs de re-maturation.
La taille de la
P. indicus utilisée pour la reproduction devrait de préférence dépasser 145 mm en LT (20 g) pour les femelles et 140 mm (17 g) pour les mâles. Les spécimens, après un traitement prophylactique avec du formol de 100 ppm pendant 30 minutes, sont stockés à une densité de 4/m³ avec un sex-ratio de 1:1 dans des bassins circulaires de 100 tonnes avec un filtre biologique in situ. Les bassins sont couverts et placés dans une salle obscure. Trois bassins de la taille susmentionnée peuvent répondre aux besoins en stock de reproduction d'une écloserie ayant une capacité de 18 millions. Les crevettes sont alimentées quotidiennement avec des oligochètes intertidaux, des palourdes et de la chair de calmar. Les pédoncules oculaires de la femelle sont unilatéralement amputés par un appareil d'électrocautérisation pour la stimulation endocrinienne.
Les crevettes atteignent la maturité 9 à 27 jours après l’ablation et l'intervalle entre deux pontes consécutives peut être de 3-15 jours. La
P. indicus atteint la maturité et fraie en captivité sans ablation du pédoncule oculaire en maintenant le pH entre 8,0 et 8,2 et l'intensité de la lumière en dessous de 500 lux et en les alimentant avec des oligochètes et de la viande fraîche de palourde. Cependant, les femelles ayant subit une ablation du pédoncule oculaire produisent dix, huit et six fois autant de frais, des oeufs et nauplii, respectivement, comparés à celles qui n'ont pas subit d'ablation.
Les estimations du nombre total d’oeufs pondus sont obtenues par échantillonnage. L'éclosion des oeufs se passe dans le même bassin. Après évaluation du nombre total des nauplii obtenus, les oeufs sont rassemblés, lavés et mis dans les bassins d'élevage larvaires. Les écloseries de petite taille achètent les nauplii auprès des centres spécialisés en la production des nauplii pour leur élevage ultérieur jusqu’au stade de postlarves vu que les unités de maturation du stock de reproduction requièrent des investissements et une infrastructure plus élevés. Les commerçants emballent les nauplii à une densité de 20 000/litre; la technologie d'emballage à une densité plus élevée de 100 000/litre a été aussi développée.
Production d'écloserie
De plus petits bassins d'intérieur d'une capacité de 2-5 tonnes sont exploités dans l'élevage des larves jusqu'au stade PL3-5. Les nauplii sont à une densité de 75-100/litre et sont nourris à base d’une culture mélangée de diatomées dominées par les
Chaetoceros spp. ou
Skeletonema spp. La concentration des diatomées dans les bassins d'élevage larvaires est toujours maintenue au-dessus de 20 000 cellules/ml. Dès le deuxième ou troisième stade de mysis voir même après, les larves sont alimentées aussi par un mélange d'oeuf-crevette-crème dont les particules sont de 100-150 µ, des nauplii d'
Artémia ou d’aliments en microparticules. Les essais d'élevage larvaire sans inclusion de nauplii d'
Artémia ,qui sont coûteux, sont réussis, mais la survie est plus élevée quand l'
Artémia est donné comme aliment.
Nurserie
Les postlarves (PL5) de chaque bassin d'élevage larvaire sont transférées dans un bassin d'alevinage, d'une capacité de 10 tonnes, pour arriver à PL20. A partir du PL5 et plus, des régimes artificiels sont généralement adoptés pour réduire la détérioration de la qualité d'eau. Avec une densité de stockage de 75 nauplii/litre, le taux de survie est évalué à 75 pour cent du stade nauplii à PL5 et à 80 pour cent de PL5 à PL20. Douze cycles larvaires peuvent être obtenus en 8 mois. Les postlarves PL20 peuvent être directement élevés dans les étangs de grossissement.
Techniques de grossissement
Les systèmes suivis dans l'élevage sont: traditionnel, extensif, extensif modifié, semi-intensif ou intensif. Les systèmes d'élevage traditionnels sont encore appliqués dans les étangs de marée le long de la côte sud-ouest de l'Inde. L'élevage commercial semi-intensif est adopté dans le Moyen Orient et dans les pays du Golfe. L'élevage semi-intensif de la
P. indicusdans certaines régions d'Inde a été remplacé par la
P. monodon, vu les retombées économiques plus élevées de cette dernière.
Elevage traditionnel
Ce système d'élevage, qui implique le captage et le confinement des juvéniles de crevette ramenés par la marée, est pratiqué au Bangladesh, Inde, Indonésie, Myanmar, Philippines et Viet Nam. Sur la côte sud-ouest de l'Inde, les rizières de 0,5 à 10 ha, qui sont sujettes à l'influence des marées, sont empoissonnées naturellement avec les alevins sauvages de plusieurs espèces de crevettes et de poissons entre novembre et avril. Ces champs sont, de façon saisonnière, exploités entre juin et septembre pour une récolte simple de riz. Les vastes champs avec des superficies plus grandes allant de 2 à 75 ha, où la culture de riz est impossible, sont aussi exploités pour la filtration des crevettes tout le long de l'année. Dans les étangs, les crevettes s'alimentent de la nourriture naturelle et leur production oscille entre 400 à 900 kg/ha/an. La
P. Indicus représente 36-43 pour cent de la production totale des crevettes.
Élevage extensif modifié
Des étangs d'une superficie de 1 à 2 ha avec des unités d'admission et des sorties séparées, sont construits, sur des sites élevés permettant ainsi leur drainage complet. Les étangs sont fertilisés avec des engrais organique et inorganique et sont stockées à des densités de 60 000-100 000/ha. Les crevettes se nourrissent d’organismes naturels procurés par la fertilisation d'étang, et complétés par des régimes artificiels. L'échange de 10-15 pour cent d'eau est effectué quotidiennement. Une production de 1 000 à 2 500 kg/ha/récolte est réalisée après 3-4 mois d'élevage.
Élevage semi-intensif
Des étangs semi-intensifs sont stockés à des taux de 20-25 PL/m² avec des alevins d’origine aquacole. L'échange d'eau est effectué régulièrement par pompage. Quatre à 6 aérateurs/ha sont utilisés pour maintenir les niveaux requis d'oxygène dissous. Des productions de 2 500 à 5 000 kg/ha/récolte sont réalisées.
Élevage intensif
L'élevage intensif de la
P. indicus a été introduit pour la première fois avec le lancement de l'élevage commercial de crevette vers la fin des années 80. La densité de stockage adoptée était de 50-100 PL/m². Les aliments artificiels sont fournis 4-5 fois/jour. L'aération forte et l'échange d'eau réduisent au minimum la détérioration de l'environnement. Les taux de production réalisés varient entre 10 000 et 20 000 kg/ha/an, alors qu'un seul entrepreneur annonce une production de 12 000 kg/ha/an sur la côte sud-est de l'Inde. Actuellement, ce système d'élevage n'est plus pratiqué en Inde. Cependant, les systèmes intensifs sont adoptés en Arabie Saoudite où une entreprise privée a déclaré une production de 13 500 tonnes de la
P. indicus provenant d’étangs d’une superficie totale de 2 800 ha.
Apport de nourriture
En Inde les crevetticulteurs utilisent des aliments commerciaux fabriqués localement (pas conçus spécifiquement pour ces espèces) ainsi que des aliments importés et qui sont conçus pour la
Penaeus monodon. certains crevetticulteurs préparent leurs propres aliments mais ces derniers sont qualitativement médiocres. Le coût d’aliments importés est généralement plus élevé. En Arabie Saoudite, la société Nationale de Crevettes (
National Prawn Company) fabrique des aliments spécifiquement pour la
Penaeus indicus vu qu'elle produit exclusivement ces espèces.
Techniques de récolte
En élevage traditionnel, la récolte commence 2 mois après le stockage et elle a lieu à partir du crépuscule jusqu'à l'aube durant 7-8 jours pendant chaque période de pleine et nouvelle lune. Des filets coniques à mailles fermées sont adaptés aux écluses piscicoles pendant la marée basse pour le captage du stock. La récolte finale de l'élevage extensif est effectuée après 3-4 mois de grossissement. L'eau est évacuée pendant la marée basse et réduite encore par le pompage, utilisant un appareil mobile à moteur diesel. Les crevettes restantes sont récoltées à l'aide un épervier. Dans les systèmes extensifs modifiés et les systèmes semi-intensifs, la récolte se fait par vidange complète d'étang, les crevettes qui s'échappent par l'écluse piscicole sont captées par un filet. Le reste est ramassé manuellement. En Arabie Saoudite, les méthodes de récolte mécaniques sont adoptées.
Manipulation et traitement
Les crevettes sont lavées, nettoyées et pesées juste après la récolte, avant leur transfert à l'eau glacée à 0 ºC. Les caisses rectangulaires, dans lesquelles les crevettes sont mises, sont alors transportées vers les installations de transformation par des camions isothermes. Dans les unités de transformation, les crevettes sont nettoyées et triées en diverses catégories conformément aux normes d'exportation. Selon les besoins du marché, la crevette peut être transformée en plusieurs produits, à savoir bloc congelé simple, prêts à manger, réfrigérés entier, IQF, et produits cuits, qui sont exportés par navire porte-conteneurs ou fret aérien. Les principaux transformateurs et exportateurs ont adopté les systèmes HACCP et OIN contrôle de qualité en tant qu'éléments de la stratégie mondiale de commercialisation.
Coûts de production
Les coûts de production varient selon le site, le type de système d'élevage, l'échelle de production, le nombre de cycles de production par an, et l'éruption des maladies, etc. Le coût moyen de production de semence en Inde a été évalué à 1,6 USD/1 000 en 2000. En 1996, le coût de crevettes adultes produites dans un système extensif modifié a été estimé à 4,20 USD/kg, cependant et compte tenu que ces espèces ne sont plus cultivées commercialement en Inde (extensivement), aucune estimation des coûts actuels n'est disponible. Les coûts de production de ces espèces élevées en Arabie Saoudite, ne sont pas disponibles.