La monoculture est la pratique la plus commune dans l'élevage de la truite arc-en-ciel, et les systèmes intensifs sont considérés nécessaires dans la plupart des situations pour rendre l'opération économiquement attirante.
Un site potentiel pour la production commerciale de la truite doit avoir une source d'eau de bonne qualité, qui répond à certains critères, durant toute l'année (sans aération 1 l/min/kg de truite sans aération ou 5 l/sec/tonne de truite avec aération).
DO2 |
Proche de saturation. |
CO2 |
<2.0 ppm. |
Température |
12-21ºC. |
pH |
6.5-8.5. |
Alcalinité (comme CaCO3) |
10-400 mg/litre. |
Manganèse |
<0.01 mg/litre. |
Fer |
<1.0 mg/litre. |
Zinc |
<0.05 mg/litre. |
Cuivre |
<0.006 mg/litre dans de l'eau douce ou <0,3 mg/litre dans de l'eau dure. |
L'eau du forage où le pompage n'est pas nécessaire, peut être utilisée, mais l'aération peut être nécessaire dans certains cas. L'eau de puits super saturée en azote dissous peut conduire à la présence de bulles de gaz dans le sang du poisson, en empêchant la circulation, c'est ce qu'on appelle la maladie des bulles de gaz. L'eau de rivière peut aussi être utilisée, cependant, les fluctuations de la température et du flux altèrent la capacité de la production. Pour éviter ces problèmes, les truites sont généralement cultivées dans des raceways ou étangs alimentés par de l'eau en circulation, mais certaines sont produites dans des cages ou systèmes de re-circulation.
Approvisionnement en juvéniles
Développement des géniteurs
La truite ne se reproduit pas naturellement dans les structures aquacoles, alors les oeufs sont artificiellement pondus à partir de géniteurs de haute qualité quand elles sont entièrement matures. Même si la truite à deux ans peut pondre, les femelles sont rarement utilisées pour la reproduction avant d'avoir trois ou quatre ans. Le nombre de géniteurs nécessaires dépend du nombre de juvéniles ou fingerlings demandés pour satisfaire le plan de production de la ferme. Le nombre peut être calculé en se basant sur les taux de survie aux différents stades et de fécondité des géniteurs femelles. Généralement, un mâle pour trois femelles est jugé satisfaisant comme sexe ratio pour les géniteurs. Les mâles et les femelles sont généralement séparés. La maintenance des géniteurs peut être coûteuse et demande une main d'oeuvre nombreuse. Certaines fermes qui veulent éviter ces dépenses, achètent les œufs oeillés à d'autres. Ces œufs doivent être certifiés sans maladies, mais malgré cela ils doivent être traités avec de l'iode (100 mg/litre pendant 10 min) après arrivage et graduellement acclimatés à la température de l'écloserie. Les géniteurs sont sélectionnés pour leur croissance rapide et maturité précoce (normalement après 2 ans). Le changement de sexe peut être utilisé comme un moyen de gestion, tous les géniteurs femelles sont utilisés pour produire la progéniture femelle à croissance rapide. Les mâles matures sont opérationnels par administration de l'hormone mâle 17-methyl testostérone avec l'aliment de commencement au stade larvaire.
Lacération et fécondation
La reproduction de la truite arc-en-ciel est bien maîtrisée et les techniques sont bien développées. La fécondation à sec sans eau est la méthode la plus commune. Les ovocytes sont prélevés manuellement à partir des femelles (sous anesthésie) en appliquant une pression sur les nageoires pelviennes vers l'orifice ou par pompe à air, causant moins de stress aux poissons et produisant des ovocytes propres et en bon état. L'insertion d'une aiguille hypodermique d'environ 10 mm dans la cavité du corps proche des nageoires pelviennes et l'injection de l'air (2 psi) expulse les ovocytes. L'air est enlevé de la cavité du corps en massant les côtés du poisson. Jusqu'à 2 000 ovocytes/kg du poids du poisson sont collectés dans un récipient sec et sont gardés à sec pour l'amélioration de la fécondation.
Les mâles sont lacérés de la même manière, et la laitance est collectée dans un récipient, en évitant la contamination par l'eau et l'urine. Les laitances de plusieurs mâles sont mélangées entre elles (pour assurer une bonne fécondation et éviter l'autofécondation) puis mélangées avec des ovocytes. L'eau est ensuite ajoutée pour activer le sperme et permettre aux ovocytes d'augmenter de taille d'environ 20 pour cent en remplissant l'espace périvitellin entre la coque et le noyau. Ce processus est connu sous le nom de durcissement des œufs 'water-hardening'. Les œufs fécondés peuvent être transférés entre 20 minutes, et 48 heures après la fécondation, mais pas après le stade oeillé (les yeux sont visibles à travers la coque). Une exposition directe à la lumière est à éviter durant tous les stades de développement, car elle peut tuer les embryons.
Une technique qui a été développée pour améliorer le rendement de la production, consiste à utiliser des femelles mono sexes, ou triploïdes. La triploïdie est induite en exposant les œufs à une pression ou à une source de chaleur alors que les mono sexes sont obtenues par des œufs femelles fécondés (XX chromosomes) par du sperme provenant du sexe reversé de femelles masculinisées (XXX chromosomes). C'est un processus par lequel des truites femelles qui produisent normalement des œufs sont masculinisées de façon à développer, au lieu des ovaires, des testicules qui produisent du sperme et qui ne renferme que l'information génétique nécessaire pour donner des femelles (au lieu de mâles et femelles). Les truites femelles se vendent mieux que les truites mâles. Les testicules matures chez le poisson qui a subi le reversement de sexe sont de grande taille, ronds et sans orifice. Les testicules sont enlevés et lacérés pour vider la laitance dans un récipient. Un volume égal d'un fluide en extension est ajouté pour rendre le sperme mobile, et prêt pour féconder les ovules normaux. L'avantage de cette technique est que seuls les géniteurs sont de sexe reversé, et ils sont cultivés séparément, alors que les poissons destinés au marché ne sont pas exposés au traitement hormonal.
Production d'écloserie
Les oeufs sont incubés sans perturbation jusqu'à ce qu'ils atteignent le stade oeillé, dans des pondoirs, des incubateurs en flux vertical, ou des jarres d'éclosion. Les pondoirs d'éclosion et de culture sont de 40-50 cm de largeur, 20 cm de profondeur, et d'environ 4 m de longueur. Ils ont généralement 2 couches d'oeufs placés dans des paniers en fil ou tamis (plateaux de Californie) maintenus 5 cm au dessus du fond, et l'eau circule à travers le plateau (3-4 L/min). Quand les œufs éclorent (4-14 semaines) la larve tombe dans la maille au fond du pondoir. Les incubateurs en flux vertical (incubateurs de santé) sont empilés l'un sur l'autre (jusqu'à 16 plateaux). Une seule source d'eau circule, à 3-4 l/min, à travers les oeufs, déborde dans l'autre plateau au dessous, et sont ainsi aérés, permettant à un grand nombre d'oeufs d'éclore dans un minimum d'espace et d'eau. Les larves à sac peuvent être gardées dans les plateaux entre 10 à 14 jours après éclosion. Le temps nécessaire à l'éclosion varie selon la température de l'eau, allant de 100 jours pour une température de 3,9 °C à 21 jours pour 14,4 °C (environ 370 degrés jours). Les récipients d'éclosion, sont disponibles au commerce ou fabriqués à partir de tonneaux de 40 l ou des tuyaux en PVC. L'eau circule du bas vers le haut. Ce système permet l'incubation d'environ 50 000 œufs à un prix raisonnable: les œufs sont suspendus dans de l'eau qui les fait rouler permettant que ceux ci occupent les deux tiers du volume de l'incubateur d'œufs, le flux fait lever 50 pour cent des œufs de leurs profondeurs statiques. Dans toutes les méthodes mentionnées ci-dessus les œufs morts sont écartés régulièrement pour limiter les infections par les champignons. Ces infections peuvent être contrôlées par l'addition du Formol à (37 pour cent solution de formaldéhyde) l'eau entrante à 1:600 de dilution pour 15 minutes chaque jour, sauf pendant les 24 heures d'éclosion. En atteignant le stade oeillé, l'agitation (qui consiste à faire tomber les œufs de 40 cm) enlève les œufs faibles et non développés.
La truite éclore (typiquement 95 pour cent) avec une réserve de nourriture dans le sac vitellin (qui dure de 2-4 semaines), elle est alors appelée jeune alevin à sac vitellin ou alevins. L'éclosion d'un lot d'œufs dure normalement 2-3 jours, durant ce temps tous les œufs avec coquilles «eggshells» sont régulièrement écartés, ainsi que les jeunes alevins morts ou déformés. Les oeufs incubés séparément sont transférés des pondoirs après éclosion. Après éclosion, les plateaux sont enlevés et le volume d'eau dans les pondoirs est toujours peu profond (8-10 cm) avec un débit réduit jusqu'à ce que les jeunes alevins atteignent le stade de nage, le sac vitellin est alors résorbé, et une activité de recherche de nourriture commence.
Elevage de fingerlings
Les larves sont traditionnellement élevées dans des bacs en fibre de verre ou dans des bacs en béton, préférablement de forme circulaire, pour maintenir un courant régulier et une distribution uniforme de larves, mais les bacs carrés sont aussi utilisés. Les bacs sont normalement de 2 m de diamètre ou 2 x 2 m carré, avec une profondeur de 50-60 cm. L'eau est délivrée vers les côtés du bac en utilisant une coude de tuyau ou une barre d'arrosage pour créer un courrant d'eau. La vidange se fait au centre du bac et la sortie est protégée par une toile de maille. Cette position assure la formation vers le centre, d'un tourbillon d'eau qui rassemble les saletés et facilite leur enlèvement. La fosse ou tuyau de drainage est connecté au tuyau coude sur le côté qui peut être utilisé pour régler le niveau d'eau.
Les larves sont nourries spécialement d'aliment artificiel de démarrage, distribué à l'aide de distributeurs automatiques, et ceci à partir du stade ou approximativement 50 pour cent des larves arrivent à nager vers le haut. Quand la plupart des poissons s'alimentent activement, la ration alimentaire quotidienne doit représenter 10 pour cent du poids des poissons pendant 2-3 semaines, d'une manière continue en utilisant un distributeur à courroie. Le granulé, préparé à partir de la farine de poissons (80 pour cent), huile de poissons et de graines, fournit un équilibre nutritionnel, encourageant la croissance et la qualité du produit, et il est formulé de manière à contenir approximativement 50 pour cent de protéines, 12-15 pour cent de lipides, des vitamines (A, D et E), des minéraux (calcium, phosphore et sodium) et un pigment pour avoir la couleur rose de la chair (quand elle est désirée). C'est un régime alimentaire commercial riche en énergie et une bonne pratique d'alimentation avec un TC aussi faible que 0,8:1. Quand les larves sont de 15-25 mm de long, l'alimentation est basée sur les profils de température et la taille des poissons. Les distributeurs d'aliment automatiques sont utiles mais l'alimentation à la main est recommandée dans les premiers stades pour s'assurer qu'il n y a pas de suralimentation, mais ces dispositifs automatiques d'alimentation sont plus efficaces pour des poissons de plus grande taille. Comme la croissance continue, l'oxygène dissous est surveillé et les poissons sont transférés dans de plus grands bacs pour réduire la densité.
Techniques de grossissement
Plan de Raceway ou �tang
Quand les jeunes truites atteignent 8-10 cm de longueur (250 poisson/kg) elles sont déplacées à l'extérieur dans les installations de grossissement. Ces structures sont composées par des raceways en béton, des étangs de flux ouvert Danois, ou des cages. Les raceways et les étangs individuels sont en général, de 2 à 3 m de largeur, de 12 à 30 m de longueur et de 1 à 1.2 m de profondeur. Les raceways fournissent une eau bien oxygénée dont la qualité peut être améliorée en augmentant le débit; cependant, le stock est vulnérable à la qualité de l'eau externe, et aux températures ambiantes qui influencent significativement les taux de croissance. Le nombre de raceways ou étangs dans une série varie avec le pH [pH bas (6,5-7,0) réduit la concentration d'ammonium non ionisé] et la pente de la terre (40 cm descente entre chaque raceway est nécessaire pour l'aération). Le plan courrant du raceway ou de l'étang est montré ci-dessus. Pour l'hygiène, la qualité de l'eau, et les problèmes de contrôle de maladies, le système parallèle est meilleur, vu que les contaminations ne peuvent circuler qu'à travers une petite partie du système. Les jeunes truites sont stockées dans les deux systèmes avec une densité qui va de 5 à 50 truites/m² pour produire jusqu'à 30 kg/m² avec une eau et un apport d'aliment adéquats, bien qu'une production plus élevée est possible.
Les poissons sont cultivés jusqu'à la taille commerciale (30-40 cm), atteinte, normalement au bout de 9 mois, quoique certains poissons demandent plus de 20 mois pour atteindre des tailles beaucoup plus grandes. Le stock est normalement trié, quatre fois (à 2-5 g, 10-20 g, 50-60 g et >100 g) durant un cycle de production (première année), quand la densité doit être réduite, permettant ainsi une croissance rapide, une amélioration de la gestion d'aliment et l'obtention de poissons uniformes. Le nombre des poissons et les tailles échantillonnés (deux fois par mois) permettent des estimations du taux de croissance, du taux de conversion alimentaire, des coûts de productions, ainsi que la capacité de charge, une considération essentielle à prendre en compte pour une bonne gestion d'une ferme aquacole.
Les cages (6 m par 6 m par 4-5 m profondeur) constituent un autre système de grossissement pour la truite où les poissons (jusqu'à 100 000) sont gardés dans des cages flottantes aussi bien en eau douce qu'en eau marine (après le stade de fingerling), assurant un apport d'eau de bonne qualité et suffisamment d'oxygène dissous. Cette méthode est techniquement simple, et utilise l'eau à un coût plus bas que le système à flux ouvert, cependant, les stocks sont plus exposés aux problèmes de qualité d'eau externe et aux prédateurs de poissons (rats et oiseaux), et les taux de croissance dépendent des températures ambiantes. Le stockage à des densités de 30 à 40 kg/m² peut être achevé et les poissons transférés aux cages en mer présentent des taux de croissance plus rapides, et atteignent les grandes tailles commerciales. Les juvéniles d'environ 70 g peuvent atteindre 3 kg dans moins de 18 mois.
Apport de nourriture
L'aliment pour la truite arc-en-ciel a été modifié au cours des années et les producteurs d'aliment fournissent maintenant des régimes sous forme de granulé compact pour tous les stades du cycle de vie. Les granulés préparés de cette manière contiennent une grande quantité d'huile de poisson (plus de 16 pour cent de lipides) d'où leur richesse en énergie. Les taux de protéines dans l'aliment ont augmenté de 35 à 45 pour cent et les lipides excédent maintenant 22 pour cent dans les aliments riches en énergie. Les aliments formulés pour la truite arc-en-ciel utilisent la farine de poissons, l'huile de poissons, les graines et d'autres ingrédients, mais la quantité de la farine de poisson a été réduite de moins de 50 pour cent durant les dernières années avec l'introduction d'autres sources de protéines telles que la farine de soja. Ces régimes riches en énergie, sont efficacement convertis par la truite arc-en-ciel, souvent à un taux de conversion proche de 1:1. Les méthodes d'alimentation varient selon les systèmes de production. L'alimentation manuelle est convenable pour les petits poissons consommant de la nourriture fine. Les distributeurs automatiques, électriques ou utilisant l'énergie solaire, sont fréquemment utilisés pour distribuer une quantité fixe à des intervalles dépendant de la taille des poissons, de la température, et de la saison. Les distributeurs libre-service peuvent être utilisés pour des poissons plus grands que 12 cm.
Techniques de récolte
Les méthodes de récolte varient mais les niveaux d'eau dans les structures de maintenance sont généralement baissés et les poissons sont prélevés par un filet. Dans les enclos et les cages, les poissons sont concentrés par des filets type «sweep nets» et sont soit pompés vivants de l'enclos de maintenance et transportés aux unités d'abattage, généralement par un bateau, ou abattus sur le site. Tout le processus est réalisé avec l'objectif de réduire au minimum le stress, et maximiser, ainsi, la qualité de la chair.
Manipulation et traitement
Les poissons destinés au re-stockage et pêche à la ligne sont manipulés avec précaution et examinés pour contrôler la qualité des nageoires, la taille, et pour repérer tout signe extérieur des maladies avant d'être mis dans un étang spécial en attendant le transport. Les poissons destinés à la consommation sont tués après des examens similaires mais moins rugoureux. Avant l'abattage, tous les poissons doivent être mis à jeun pendant 3 jours et, une fois tués, la tête doit être gardée car, le poisson décapité s'abîme plus rapidement. Les truites arc-en-ciel sont envoyées au marché soit fraîches ou congelées, et leur durée de conservation est de 10 à 14 jours si elles sont gardées dans de la glace. Les truites sont commercialisées comme des poissons entiers vidés, en filets (souvent dans des écailles), ou comme des produits valorisés, tels que la truite fumée.
Coûts de production
Comme n'importe quelle affaire, les truiticulteurs souhaitent augmenter leurs revenues et réduire leurs dépenses. Ceci peut être fait en utilisant la meilleur valeur/juvénile et matériel, et en atteignant un TC alimentaire efficace. Le coût moyen de production est entre 1,20 et 2,00 USD/kg. Les coûts de fonctionnement peuvent commencer à 100 USD par 1 000 juvéniles de 6-8 cm achetés, et alimentés pendant une année à 1 000-1 400 USD. Les coûts de vétérinaire et médicaments sont de 50 USD/tonne avec un transport et une commission de vente d'environ 500 USD/ tonne.