La production mondiale des pétoncles du Japon repose presque entièrement sur le captage de naissains sauvages et leur grossissement en suspension ou en terre. Les méthodes de culture en surélévation ont été développées au Japon et se sont répandues dans d'autres pays du nord de l'Asie-Pacifique. La même technologie basée sur l'expérience japonaise est adoptée dans le monde entier pour de nombreuses espèces de mollusques d'intérêt commercial.
Approvisionnement en juvéniles
Les pétoncles fraient au printemps à des températures variant entre 7 et 12 °C. La densité de fixation dépend de la concentration des larves dans la colonne d'eau qui est surveillée de très près pour prévoir le moment et l'intensité de fixation. Des collecteurs de naissains sont suspendus dans la colonne d'eau quand les programmes de surveillance montrent que plus de 50 pour cent des larves dépassent 200 µm de longueur. Deux types de collecteurs de naissains sont utilisés:
- Les sacs d'oignon remplis de monofilament en plastique, attachés par 10 à une corde d'une longueur de 5 m.
- Les plateaux coniques en plastique perforé qui sont attachés ensemble en lots, souvent de 25, par corde pour former une corde d'une longueur de 2,5 m, qui est ensuite couverte par des mailles fines.
Les deux types de collecteurs sont utilisés. Les larves se fixent sur les mailles des sacs 30-40 jours après la ponte. Les larves qui ont atteint la taille de fixation peuvent passer à travers la maille externe des deux types de collecteurs et se fixer sur le monofilament ou les plats coniques, elles se métamorphosent, ensuite, et se développent. Les plus grands prédateurs ne peuvent pas accéder aux naissains en élevage, de même ces derniers ne peuvent pas s'évader. Les deux types de collecteurs sont attachés à des filières submergées, horizontales, maintenues par des bouées et suspendues à 5-10 m au-dessous de la surface d'eau et jusqu'à 5 m au-dessus du substrat. Les collecteurs sont généralement gardés en place jusqu'à ce que les naissains soient prêts à se détacher, quand la taille de leur coquille dépasse 8-10 mm. La température optimale pour le développement larvaire est de 15±2 °C et la salinité optimale est de 30±2‰. A des densités de 20-30 larve/m
3, 100-400 alevins, par collecteur, peuvent être récoltés. La récolte de naissains peut s'élever jusqu'à 500-1 500 par unité de sac de collecteur quand la densité larvaire est dans la marge de 50-100/m
3. Exceptionnellement, le rendement peut être plus important.
Nurserie
Les naissains sont récoltés des collecteurs environ 3 mois après leur fixation quand la taille de leur coquille est d'environ 10 mm. Ils sont alors transférés à la culture intermédiaire (nurserie) dans des paniers pyramidaux en suspension type (
pearl nets) en automne. Il faut veiller à enlever les prédateurs, qui ont pu se fixer sur les unités, ainsi que les organismes qui concurrencent pour la nourriture et l'espace (par exemple les moules). Chaque élevage en suspension sur des paniers pyramidaux type (
pearl net) a une superficie de fond de 0,12 m² et peut être stocké de 50-60 naissains de 10 mm. Les paniers pyramidaux type (
pearl nets) sont attachés ensemble pour former des unités verticales «cages» de longueur variable, selon la profondeur d'eau. Il peut y avoir de 5 à 30 filets par unité, et les unités sont suspendues à des filières submergées et placées 5-10 m au-dessous de la surface d'eau. Après 10 semaines, les coquilles des naissains atteignent 20-30 mm et occupent environ 60 pour cent du volume du filet. Un taux de survie de 90 pour cent est réalisable pendant cette période. En octobre, la densité est réduite à 15-20 pétoncles par filet. La culture intermédiaire continue alors en hiver jusqu'au printemps suivant. Quand les pétoncles atteignent ~50 mm, ils sont alors prêts pour le grossissement.
Techniques de grossissement
Le grossissement jusqu’à la taille marchande se fait soit par l'ensemencement au sold'alevins d'un an ou dans diverses formes de culture en suspension. La culture des pétoncles est principalement une activité coopérative dans les pays asiatiques et peut faire partie d'un système de polyculture.
Culture en suspension
Cette culture utilise les mêmes méthodes de base que la culture intermédiaire. Cependant, les lanternes multi-niveaux suspendues 5 m au-dessous de la surface d'eau sont fréquemment utilisées dans des profondeurs de 10-15 m. Les paniers pyramidaux type (
pearl nets) sont les plus adoptés dans l'eau plus profonde car ils se balancent moins avec le mouvement de la mer en cas de houle, qui peut provoquer une mortalité parmi les pétoncles. La densité est réduite au fur et à mesure que les pétoncles se développent. Les pétoncles âgésd'une année ayant une taille de 20-30 mm sont à 15-20 par panier (
pearl nets) et le nombre est encore réduit à 5-7 un an après quand la taille de leur coquille est de 50-70 mm. Les pétoncles d'une taille marchande (100 mm) seront prêts pour la récolte en 2 ou 3 ans (un peu avant quand les conditions d'alimentation et de température sont favorables). Les pétoncles sont souvent cultivés en suspension auriculaire en paires à partir des lignes horizontales dans l'eau peu profonde ou des lignes verticales dans les milieux plus profonds quand ils approchent 10 cm de taille. Dans cette méthode l'oreille de la coquille est perforée et on y fait une boucle avec un fil en nylon qui est attaché aux lignes verticales ou horizontales dans des concessions situées dans les zones d'eau peu profonde.
Culture à plat
Quand la semence dépasse les besoins de la culture en suspension, le surplus ayant une coquille de 20-30 mm est ensemencé au sol dans une eau peu profonde à 10-20/m
2. Cependant, les couches de sol sont souvent stockés avec des naissains de ~50 mm au mois de mars avec des densités de 5-6/m
2. Les pétoncles cultivés à plat prennent une année de plus pour atteindre la taille marchande en comparaison à ceux cultivés en suspension.
Techniques de récolte
Les pétoncles sont récoltés à une taille de coquille d’environ 100 mm après 2 ou 3 ans d'élevage. La récolte à partir de la culture à plat se fait par plongée sous marine ou par dragage. La récolte provenant de la culture en suspension utilise divers types d'embarcations, souvent équipées de treuils mécaniques. La période de la récolte est sensible à la présence, dans les eaux, des toxines paralytiques nocives des mollusques et crustacés (PSP, DSP, etc.); nécessitant ainsi, une surveillance rigoureuse.
Manipulation et traitement
Les pétoncles n'ont pas la capacité de retenir l'eau de la cavité du manteau ainsi elles dessèchent rapidement et meurent une fois à l'extérieur d'eau. Un soin particulier doit être pris pour éviter toute exposition anormale à l'air et au soleil. Durant la manipulation il faut s'assurer que les pétoncles soient enlevés des unités d'élevage et transportés rapidement vers les usines d'emballage/traitement qui ne consiste généralement qu’au lavage et écaillage. Les pétonclesentiers sont transportés congelés vers les marchés locaux et la chaire écaillée est congelée ou mise en boîte.
Coûts de production
Il est difficile d'obtenir des informations sur les coûts de production, non seulement parce que l'information est généralement une propriété industrielle mais aussi à cause des caractéristiques spécifiques du site d'emplacement, de la diversité des méthodes utilisées et des niveaux très variables de la technologie adoptée. Les pétoncles engendrent une valeur au débarquement de 6-7 USD/kg au Japon (2004). Il n'y a pas de coût d'aliments; c'est une ressource qui n'exige aucun aliment pendant tout son cycle d’élevage. La main-d'oeuvre constitue le principal coût et la culture des pétoncles en demande beaucoup. La culture est souvent réalisée par des Coopératives de pêches.
Aucune maladie spécifique aux pétoncles du Japon n'est signalée dans les diverses bases de données telles que l'AAPQIS (http://www.aapqis.org). De même aucune maladie à l'origine des mortalités rares n'est mentionnée dans les prospectus. Comme la plupart des bivalves, les coquilles sont souvent perforées par les polychètes, Polydora sp. et Dodecaceria concharum, les éponges parasites, Cliona sp., et les myxosporidies, Myxosporidia. Le sporozoaire parasite, Perkinsus sp. est endémique chez la plupart des populations.