FAO au Gabon

Employabilité des jeunes, un défi majeur pour une croissance économique soutenue, partagée et durable en Afrique centrale

Etudiants en Guinée équatoriale qui apprennent de nouveaux procédés et techniques agricoles (Photo:©FAO/ Maribel Ibule Djole)
06/11/2017

06 Novembre 2017, Libreville- Environ la moitié de la population mondiale vit encore avec l’équivalent d’environ 2 dollars par jour. Dans plusieurs pays de l’Afrique centrale, avoir un emploi ne garantit pas la capacité d’échapper à la pauvreté. La lenteur et le caractère inégal des progrès font que les gouvernements doivent revoir et réorganiser leurs politiques économiques et sociales pour espérer éliminer la pauvreté.

Aussi, l’Afrique a la plus jeune population du monde. Plus de 50% de cette population a moins de 25 ans. Dans la plupart des pays d’Afrique centrale, les Recensements généraux de la population et de l’habitat dénombrent la population active des jeunes âgés de 15 à 29 ans à plus de 45%. Aussi, les jeunes représentent l’avenir en termes de sécurité alimentaire des pays en développement. Cependant, de multiples obstacles se dressent devant ceux qui essaient de gagner leur vie par l’agriculture. Dans de nombreuses régions du monde, il existe une forte pression sur les terres arables, ce qui rend le démarrage en agriculture particulièrement difficile et ce n’est pas le cas en Afrique centrale même s’il y a des efforts à faire encore pour sécuriser le droit au foncier agricole. Les jeunes font par ailleurs face à des difficultés pour obtenir des crédits ou accéder aux autres moyens de production nécessaires à l’activité agricole (les intrants de bonne qualité notamment).

Lors de la dixième réunion de l’équipe multidisciplinaire de la FAO pour l’Afrique centrale, qui s’est tenue du 30 octobre au 02 novembre 2017, à Libreville, les experts et les responsables des pays de la sous-région ont travaillé sur le thème : “ Améliorer et rendre durable les systèmes de production agricoles et alimentaires pour créer les emplois décents pour la jeunesse en Afrique centrale ”. Selon les experts responsables des programmes stratégiques de la FAO, le thème de cette réunion est venu à point nommé pour la prise en compte des Objectifs de Développement Durable notamment les ODD 1, 2, et 8 relatifs à la lutte contre la pauvreté, la lutte contre la faim et le travail décent ainsi que les implications de la déclaration de Malabo dans les politiques nationales de développement rural.

La FAO a lancé, en mai 2017, un nouveau programme régional pour améliorer la coordination et stimuler les efforts de la FAO en matière d'emploi des jeunes en Afrique, ancré dans l'Objectif stratégique 3 de la FAO "Réduire la pauvreté rurale". «L’objectif ultime est de réduire la pauvreté rurale en s'attaquant au chômage et au sous-emploi parmi les jeunes ruraux pauvres, en mettant l'accent sur les emplois dans l'agriculture et l'agrobusiness » a expliqué Tony Nsanganira, Responsable du Programme Emplois des Jeunes au Bureau Régional de la FAO pour l’Afrique.

Favoriser l’engagement des jeunes dans l’agriculture pour atteindre l’objectif faim zéro

Dans la mise en œuvre de leurs programmes de développement, les pays doivent favoriser la création d’emplois pour les jeunes autour des chaînes de valeur agropastorales. Etant donné le nombre et la force de travail que constituent les jeunes, ils doivent être ciblés de façon explicite et exclusive dans des programmes dédiés. Des indicateurs spécifiques dans les politiques, les stratégies, les programmes et les projets de développement en production végétale, animale, halieutique ou sur les produits forestiers non ligneux doivent rendre compte de  du ciblage des jeunes.  Ils doivent aussi répondre aux principales difficultés rencontrées par les jeunes, notamment l’accès à la connaissance et au savoir-faire, l'accès sécurisé à des terres agricoles, l’accès aux marchés et aux services financiers ; ils doivent adapter les formations et les services de vulgarisation existants aux besoins des jeunes et que faciliter le partage de l'information et le développement des réseaux. Promouvoir la participation des jeunes et leur leadership dans les organisations de producteurs et d’autres institutions rurales leur donnera également les moyens d’intervenir dans le dialogue de politique publique et de faire en sorte que les stratégies de développement de l’agriculture tiennent compte de leurs préoccupations.

La formulation de projets pour l’emploi des jeunes devrait se faire de manière inclusive. «Il faut développer un programme dédié à la formation et à l’accompagnement ciblé des jeunes en agriculture, lequel doit impliquer les jeunes dans le développement d’idées correspondant à leur point d’entrée en agriculture. Ainsi, sur la base de ces idées, nous pourrons développer des programmes efficaces qui toucheront aux leviers importants de la motivation des jeunes sur toutes les chaînes de valeur en agriculture » a expliqué Cyprien Biaou, expert en élevage.

En Afrique centrale, un projet de promotion de l’horticulture urbaine et péri-urbaine, financé par l’Africa Solidarity Trust Fund (ASTF), cible les jeunes et les femmes de six pays (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée-Equatoriale, Tchad et Sao-Tomé-et-Principe) depuis 2015. Grâce au développement d’une approche ciblant les jeunes en particulier, ceux-ci ont vu leurs capacités renforcées en bénéficiant d’un appui technique qui a augmenté la productivité des exploitations, notamment au niveau de la chaîne de valeur horticole et plus particulièrement sur les maillons de  la transformation de produits agricoles.

Pour réaliser une croissance économique durable, il est nécessaire de créer les conditions garantissant aux jeunes des emplois de qualité qui stimulent l’économie sans avoir des effets nocifs sur l’environnement. Dans cet exercice, il est important d’établir les partenariats stratégiques entre les différents secteurs ministériels, les universités, les secteurs privés, la société civile et les bailleurs de fonds.  En République du Congo par exemple, la FAO a organisé un forum avec la collaboration de l’Ecole Nationale SAF, afin de sensibiliser les jeunes sur l’intérêt de l’entrepreneuriat agricole dans la lutte contre le chômage des jeunes congolais, à travers les témoignages et le partage. Ces jeunes ont répondu massivement à l’invitation et ont d’ailleurs émis le souhait de voir ce genre de forums organisés régulièrement et avec la participation d’autres institutions-partenaires. Un bel exemple dont d’autres pays pourraient s’inspirer.