FAO au Gabon

Partager ses expériences afin que les communautés puissent apprendre d’elles-mêmes

Photo: © FAO
20/02/2018

20 février 2018, Rome - Les champs-écoles des producteurs, basés sur une approche communautaire spécialisée dans l'éducation et la formation agricole, sont de plus en plus sollicités à travers le monde pour leur capacité à aider les petits agriculteurs à faire face à des défis complexes.

Typiquement, un champ-école de producteurs (CEP) compte une trentaine de personnes qui se rencontrent régulièrement tout au long de la saison pour identifier des problèmes communs et trouver des solutions relatives à leurs domaines de production agricole. Il y a bien des enseignants mais les écoles sont conçues pour apprendre en participant, ce qui permet le développement de nombreuses innovations et une multitude de méthodes sociales et techniques. Après avoir mis en place le premier CEP à la fin des années 80, la FAO les soutient aujourd'hui dans plus de 90 pays avec notamment 70 CEP créés en Afrique. On compte maintenant plus de 12 millions de «diplômés» à travers le monde.

Pour lutter contre la chenille  légionnaire d'automne en Afrique, où le ravageur représente une grave menace pour les cultures et la sécurité alimentaire, la FAO s'appuie en grande partie sur des initiatives des CEP qui permettent aux petits agriculteurs d'utiliser des méthodes simples, efficaces et abordables.

«Les champs-écoles des producteurs contribuent au développement de pratiques agricoles durables, s'inspirent de l'écologie pour gérer des écosystèmes agricoles complexes et promouvoir un développement avec à son centre, les hommes», a déclaré M. Dan Gustafson, Directeur général adjoint chargé des programmes. «Depuis leur lancement, les champs-écoles des producteurs ont toujours innové. Apprendre et innover de manière continue est essentiel afin de relever les nouveaux défis liés au secteur agricole», a-t-il ajouté.

Les champs-écoles des producteurs confirment l'utilité de l'approche consistant à transférer des technologies des programmes traditionnels de vulgarisation agricole vers un service de communication rurale plus large, qui permettra aux petits agriculteurs d'améliorer leurs méthodes de gestion. Face à la hausse de la demande visant à développer davantage de CEP,  la FAO a mis en place une plateforme mondiale  de connaissance pour les champs-écoles des producteurs, à laquelle participe 15 organisations partenaires en vue de faciliter l'accès à de meilleures pratiques et à une expertise spécifique.

L'objectif de cette plateforme - la première de sept nouveaux produits mondiaux dédiés au savoir que la FAO a développé afin de promouvoir l'agriculture durable - est d'améliorer la qualité des CEP alors que ces dernières sont appelées à se développer rapidement. Il s'agit notamment d'une librairie rassemblant des ressources clés, de mettre en ligne des profils d'experts, d'un service d'actualités et d'un groupe mondial de discussion par email dédiée aux professionnels de plus d'une centaine de pays.

«Les produits mondiaux dédiés au savoir visent à promouvoir l'innovation et à aider les pays à adopter de meilleurs méthodes dans le domaine agricole, animal, forestier, halieutique et aquacole afin d'améliorer la gestion des ressources  naturelles, l'agro biodiversité, les revenus, les moyens d'existence et de contribuer aux efforts visant à s'adapter au changement climatique», a déclaré M. Clayton Campanhola, Responsable du Programme stratégique de la FAO sur l'agriculture durable.

 

L'éducation populaire et ses nombreux avantages

La FAO a mis sur pied le premier CEP en 1989 dans le sud-est de l'Asie, en se focalisant sur la lutte antiparasitaire intégrée pour lutter contre les foyers de delphacide brune, causés par la surutilisation de pesticides par les cultivateurs de riz, qui ont eu pour effet d'éradiquer les prédateurs naturels du ravageur.

La méthode communautaire CEP a donné des résultats positifs pour un vaste éventail d'autres cultures et de problèmes, dont le changement climatique, la santé des sols, la terre, la gestion de l'eau, l'élevage, l'agroforesterie, la réduction des risques de catastrophes, la nutrition, le développement des entreprises ou encore l'accès aux marchés.

A Andhra Pradesh, en Inde, les programmes champs-écoles ont aidé des agriculteurs à comprendre et à contrôler la disponibilité en l'eau souterraine, ce qui leur a permis de mieux choisir leurs cultures lors de la saison sèche. Au Népal, le programme qui se focalisait sur la valeur des services de pollinisation a permis d'améliorer les capacités et de cultiver des fruits et des légumes de plus grande valeur.

Les participants à un  CEP à Balochistan, au Pakistan, ont trouvé plusieurs moyens d'améliorer leur production nutritionnelle et d'augmenter le rendement de leurs jardins potagers. L'utilisation de pesticides dans la province de Yunnan en Chien a diminué de près d'un tiers grâce à un projet de CEP mené par la FAO.

Dans le cadre de l'éducation et de la formation pour adultes, les CEP ont également apporté des avantages au niveau social et amélioré les compétences personnelles des participants, en favorisant l'égalité des sexes et en autonomisant ceux qui dépendaient le plus des moyens d'existence ruraux. En Ouganda, dans la région de Karamoja qui émergeait d'un conflit, les participants ont dû travailler ensemble dans les champs, ce qui a permis à davantage de personnes de se faire entendre au sein de la communauté locale. L'un des résultats positifs enregistrés a été la forte cohésion sociale qui s'en est suivie, notamment lorsque les femmes ont pu exprimer leurs opinions et partager leurs expérience, tandis que les combattants démobilisés ont dit avoir apprécié le statut et la structure des CEP, avec certains leur attribuant même le mérite de leur avoir permis de diminuer leur consommation d'alcool.

L'un des principaux avantages de l'approche CEP est qu'elle repose sur une distribution du savoir décentralisée qui permet aux solutions d'être adaptées au contexte local et agro-écologique de manière unique. La transition d'une approche nécessitant beaucoup d'apports à une approche davantage basée sur le savoir afin d'augmenter durablement la production agricole - primordial pour répondre aux besoins alimentaires croissants du monde entier - doit par nature se référer à un lieu géographique précis. En même temps, les champs-écoles offrent une approche qui met en avant les personnes et encouragent l‘apprentissage de techniques écologiques, qui permettront de mieux répondre aux changements environnementaux.

La nouvelle plateforme mondiale de la FAO pour les CEP se fera l'écho de principes fédérateurs sur ce qu'implique une grande diversité sur le terrain. Alors que la réponse de la FAO face à la chenille légionnaire d'automne en Afrique démontre également que les programmes des CEP ont la capacité de puiser dans l'expertise des gens - en particulier de ceux qui ont appris à vivre aux côtés de ce ravageur sur d'autres continents - et de la partager à travers un vaste réseau afin de lutter contre les graves menaces pesant sur la sécurité alimentaire et les moyens d'existence ruraux, soulignant ainsi l'utilité de la plateforme mondiale pour les professionnels et les agriculteurs.