FAO au Gabon

La FAO et le Gouvernement analysent les incidences des tracasseries liées à l’approvisionnement alimentaire et la vie chère à Libreville.

Photo: © FAO
24/03/2023

Avec une population majoritairement urbaine, le Gabon enregistre en Afrique, l’un des taux d’urbanisation les plus élevés du continent, quatre Gabonais sur cinq vivent en ville. L’exode rural affecte les actifs agricoles qu’il draine vers les centres urbains, réduisant ainsi les capacités du pays à satisfaire les besoins alimentaires d’une population  citadine en perpétuelle augmentation. Face à cette situation, le Gabon recourt massivement aux importations pour satisfaire ses besoins alimentaires. On estime que 70% des besoins alimentaires du pays sont assurés par les importations fortement dépendantes des circuits d’approvisionnement extérieurs. Que les produits agricoles proviennent du milieu rural ou de pays voisins dont le Cameroun, il est établi que le transport desdits produits des zones de production vers les zones d’écoulement et de consommation, connait des perturbations diverses.  Le marché alimentaire national est fragilisé par un dysfonctionnement du système d’approvisionnement.

Les tracasseries le long des corridors commerciaux augmentent en effet, les coûts de transport d’environ 150 francs CFA par kilomètre parcouru. Une étude récente de la Banque mondiale note en effet qu’un camion moyen de 20 tonnes effectuant le trajet entre Eboro et Libreville pouvait s’attendre à être arrêté 44 fois avant l’épidémie de COVID-19 et entrainant un retard de 16 heures 34 minutes pour un cout total formel d’un million neuf quatre-vingts (1 980 000) mille francs CFA. Parmi ces arrêts, 33 pourraient être qualifiés de tracasseries entrainant un retard de 11 heures 7 minutes et un coût d’un million cinq cent dix (1 510 000) F.CFA. Le rapport de la Banque mondiale révèle par ailleurs que 24% des commerçants enquêtés ont déclaré avoir dû verser des frais discrétionnaires aux points de contrôle le long des circuits d’approvisionnement.

Après l’épidémie du COVID-19, on compte en moyenne un poste de contrôle tous les huit kilomètres, partant d’Eboro jusqu’à Libreville sur un linéaire de 600 kilomètres, ce sont au total 71 postes de contrôles qui sont  aujourd’hui, formellement identifiés soit 27 postes supplémentaires rajoutés.   Sur un linéaire de 78 kilomètres, entre la ville de Bitam et sa voisine d’Oyem, dix-sept postes de contrôles sont dénombrés. Ceux-ci engendrent souvent des retards, parfois des pertes de produits alimentaires périssables durant leur acheminement vers les marchés, et constituent un paramètre important  d’augmentation des prix de denrées alimentaires. Les tracasseries routières ont un impact négatif sur l’accessibilité aux denrées alimentaires et compromettent la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations en général et des couches fragiles en particulier.

Dans le cadre de la lutte contre la vie chère, marquée par la hausse des prix des denrées alimentaires, le gouvernement a arrêté une série de mesures dans le but de préserver le pouvoir d’achat des populations.   Pour l’application effective de ces mesures favorables entre autres, à la sécurité alimentaire et nutritionnelle,  le Ministère de l’Agriculture, de la Sécurité Alimentaire, Chargé de la Valorisation de la Ruralité en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) a organisé un  groupe thématique de réflexion pour  mesurer et comprendre l’ampleur des tracasseries routières ;  de proposer des pistes de solutions pour agir contre ce phénomène important et délicat  et contribuer à la réduction significative du coût des denrées alimentaires. La rencontre a mobilisé  les experts de la  FAO, le gouverneur de la province  du Woleu- Ntem, les commerçants de denrées alimentaires, les transporteurs, les responsables d’administrations concernées  et d’autres parties prenantes, représentant les Organisations des Producteurs.

 Dans son discours de circonstance, Huguette Bilhoo Essono, Chargée de programme et représentant le Coordonnateur sous régional et représentant de la FAO au Gabon a noté que «  des tracasseries liées aux corridors commerciaux, quelle que soit leur nature, contribuent à la vie chère, accentue la pauvreté et constituent une source de découragement et de démotivation pour les acteurs des chaines de valeur et exportateurs agricoles ».

En effet, l’insuffisance de l’offre alimentaire sur les marchés nationaux pour répondre à la demande des populations couplée aux tracasseries liées aux circuits d’approvisionnement, intensifient l’inflation, mettent à rude épreuve les couches faibles de la population, et accentuent la pauvreté ainsi que l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.

En ouvrant la cérémonie de la rencontre, Charles MVE ELLAH, Ministre de l’Agriculture, de la Sécurité Alimentaire, Chargé de la Valorisation de la Ruralité a indiqué que « le gouvernement  attendait des solutions de cette rencontre afin d’alimenter, les travaux du prochain  Forum économique et social annoncé par les autorités ».