FAO au Gabon

Vers une gestion durable de l'eau en Afrique centrale

Photo: ©/FAO
23/03/2018

23 mars 2018, Libreville – La célébration de la Journée mondiale de l'eau, le 22 mars de chaque année, vise à attirer l'attention sur l'importance de l'eau. Le thème retenu pour 2018 est « L'eau : la réponse est dans la nature », une invitation à explorer les différentes manières dont nous pouvons utiliser la nature pour surmonter les défis de l’eau, au 21ème siècle.

Aussi, est – il nécessaire de s’inscrire dans une approche intégrée de développement de l’irrigation et de gestion durable des terres et des eaux en Afrique Centrale. Dans cette optique, à la demande des Gouvernements de la République du Congo et du Cameroun, le Bureau Sous Régional de la FAO pour l’Afrique centrale a initié deux projets portant sur l’élaboration du schéma directeur sur la valorisation intégrée des ressources en eaux pour l’agriculture, l’élevage et la pêche en République du Cameroun et du Congo.

En effet, ces deux initiatives contribuent particulièrement à atteindre l’objectif stratégique 2 de la FAO qui est de rendre l’agriculture, la foresterie et la pêche plus productives et plus durables. Elles permettront de planifier durablement l’utilisation des ressources en Terres et Eaux pour accroître la production des aliments tout en garantissant des bénéfices environnementaux fournis normalement par ces ressources naturelles. Ainsi les conditions socio-économiques des populations seront améliorées.

A travers ces projets la FAO s’aligne avec sa priorité régionale 2 qui vise à promouvoir les meilleures pratiques concernant les principes de la production agricole et non agricole et les processus après production, et répond à la nécessité d’améliorer la productivité, de créer des emplois ruraux décents, en particulier pour les jeunes, et de relever les défis posés par l’urbanisation et la migration.

Valoriser les ressources en eaux

Le Schéma directeur sur la valorisation intégrée des ressources en eaux centrée sur l’irrigation et d’autres usages, au Cameroun, intervient dans les régions de l’Extrême-Nord et le Nord tandis que celui du Congo intervient dans les Départements de Cuvette, Plateaux, Pool, Niari, Kouilou et Bouenza.

Le but visé est d’établir un diagnostic sur la situation actuelle de l’utilisation des ressources en eaux et ensuite définir des meilleures options devant permettre une utilisation rationnelle des potentialités que celles-ci offrent. Actuellement, l’analyse diagnostic de la situation actuelle de l’utilisation des ressources en eaux est achevée dans les deux pays. Les enjeux majeurs ont été identifiés et traduits en axes stratégiques et des idées de projets et de programmes prioritaires ont également été proposés. Les étapes en cours concernent, à présent, l’élaboration des rapports des schémas directeurs qui seront assortis chacun d’un plan d’actions et d’investissements.

Tirant les leçons des expériences en cours au Cameroun et au Congo, un document de projet portant sur l’élaboration d’un schéma directeur des ressources en eau centrées sur l’irrigation sera également bientôt élaboré par la FAO pour le Gabon.

 

Le rôle de l’eau dans le développement du maraîchage

L’eau étant une ressource indispensable pour le maraîchage, en Afrique centrale, la FAO a amorcé une dynamique de développement agricole durable à travers un projet sous-régional intitulé ‘la sécurité alimentaire renforcée en milieu urbain en Afrique centrale grâce à une meilleure disponibilité de la nourriture produite localement’.  Ainsi, de 2014 à 2017, cette initiative a permis à la FAO de mettre en place des systèmes d’irrigation en faveur des petits exploitants. Dans la plupart des sites maraîchers choisis, il existe un cours d’eau à côté, dont certains tarissent durant la saison sèche et d’autres sont permanents. Dans ces conditions et selon les besoins de la localité, un aménagement (forage, canalisation, bac de rétention, puits, etc.) est parfois nécessaire pour assurer la disponibilité de l’eau à tout moment.

Le Congo, le Gabon, Sao Tome et Principe et Tchad sont les pays où des aménagements ou réseaux d’irrigation ont été installés. Ainsi, quatre hectares ont été aménagés dans le périmètre de Maboko à Ouesso en République du Congo pour installer 39 maraîchers. Le système d’irrigation était du type californien, couplé à un système goutte à goutte. En effet, l’avantage du système californien est qu’il permet l’augmentation de la taille de la parcelle sous irrigation, la maitrise de l’eau, la maitrise du terrain accidentel tel que les pentes et la réduction de la perte des eaux par infiltration grâce aux canaux en terre sur des sols sablonneux. Au Gabon, un réseau d’irrigation a été installé dans les parcelles destinées à la pratique de champ école paysanne dans le site de Kougouleu. De plus, des systèmes d’irrigation ont également été installés dans trois localités du site de Motobo à Franceville.

Sao Tome et Principe a également bénéficié de l’appui du projet en matière de petite irrigation dans les parcelles maraîchères exploitées par les bénéficiaires de ce projet.

Au Tchad, un système d’irrigation californien a été installé au site de Bélaba à Moundou. Sur ce site, seuls 3 000 m2 de terre était exploités par 30 bénéficiaires avant l’installation du système d’irrigation. Avec la technologie apportée, la superficie couverte est passée à 40 000 m2, soit 4 hectares. Toujours à Moundou au Tchad, trois bassins de rétention ont été construits à Torodjo (Moundou), avec une capacité de 12 m3 chacun. Chaque bassin irrigue une superficie de 1,5 hectare, soit une superficie totale de 4,5 hectares pour les trois bassins. Seulement 20% de cette superficie était cultivée avant l’installation des bassins de rétention. Ce dispositif permet à la fois un arrosage manuel et un relais avec des motopompes.

Malgré les résultats importants enregistrés par le projet HUP qui a fait la preuve que la petite irrigation est faisable et rentable au Gabon, la mise à l’échelle nécessitera cependant de s’inscrire dans une approche globale en créant d’abord un environnement favorable au développement à grande échelle de la petite irrigation, mais aussi et surtout en suscitant de manière progressive un intérêt auprès des jeunes et des femmes pour créer graduellement « une culture de l’irrigation » dans ce pays.

La gestion durable de l’irrigation passera aussi par la définition d’une loi-cadre portant sur le développement de l’irrigation et d’une stratégie nationale de développement de l’irrigation et de gestion durable des terres et des eaux. En partenariat avec le Ministère en charge de l’agriculture, le Bureau Sous Régional de la FAO pour l’Afrique centrale travaillera à apporter les appuis institutionnels et techniques nécessaire au développement durable de la petite irrigation au Gabon.