FAO au Gabon

Vers une gestion plus durable, inclusive et saine de la faune et de son utilisation

03/12/2020

Libreville, le 03 décembre 2020- 

A l’invitation de la Direction générale de la faune et des aires protégées, et avec l’appui du Programme Gestion Durable de la Faune financé par l’Union Européenne, les experts de plusieurs départements ministériels ont passé au crible le cadre juridique de la gestion de la faune et de son utilisation. Objectif à terme : une gestion durable, inclusive et saine de la chasse, de la commercialisation et de la consommation de viande de brousse au profit des populations vulnérables et de la biodiversité du Gabon.  Depuis début 2020, le Ministère des eaux, des forêts, de la mer et de l’environnement a entrepris de mettre à plat la gestion de la chasse, de la commercialisation et de la consommation de viande de brousse au Gabon à travers des travaux à la fois techniques et juridiques afin d’identifier les axes à améliorer. 

En effet, au Gabon, comme dans la plupart des pays d’Afrique centrale, de nombreuses populations rurales dépendent encore aujourd’hui de la faune pour leur alimentation, leurs moyens d’existence et leur identité culturelle.Parallèlement, une économie informelle et illégale s’est développée autour de la commercialisation de gibier vers les centres urbains où la consommation de gibier est davantage un luxe qu’une nécessité. Cette consommation urbaine non contrôlée menace à terme le maintien des populations de nombreuses espèces. Néanmoins compte tenu de la faible population humaine au Gabon, il pourrait ne pas être trop tard pour remédier à cela. « Un enjeu majeur ici est de nous assurer que la gestion de la faune permette en premier lieu de garantir durablement les besoins fondamentaux des populations rurales les plus vulnérables tout en préservant les espèces les plus sensibles à la chasse, les écosystèmes et les nombreux services qu’ils nous rendent. C’est un défi complexe qui ne peut se contenter de solutions simplistes » dit Lucien Masuku, Directeur Général de la Faune et des Aires Protégées.

 La possible implication de la faune sauvage dans l’origine de la pandémie à COVID-19, a également mis en lumière les coûts humains, économiques et sociétaux que peuvent avoir les épidémies et pandémies de maladies d’origine animale. Cependant, la crise économique et les problèmes d’approvisionnements alimentaires occasionnés par la pandémie ont aussi paradoxalement renforcé dans de nombreux pays le rôle de la viande de brousse et du poisson sauvage comme filet de sécurité alimentaire pour les populations rurales fragilisées.

« Les conséquences de la crise actuelle ne font que confirmer la nécessité que l’utilisation de la faune à des fins alimentaires et de subsistance soit bien encadrée pour un accès durable à ces ressources, et un bien-être renforcé des populations vulnérables, y compris en prévenant et contrôlant les risques sanitaires associés le plus en amont possible.» ajoute Sandra Ratiarison, Coordonnatrice Régionale du Programme de Gestion durable de la faune pour l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). 

Poser les bases d’un processus de réforme participatif

C’est dans ce contexte que les experts compétents du Ministère de l’intérieur, du Ministère de la Justice, Garde des Sceaux, chargé des Droits de l’Homme, du Ministère de la santé publique, du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage, de la Pêche et de L'Alimentation et du Ministère de l’Economie et de la Relance ont été invités par la Direction Générale de la Faune et des Aires Protégés à travailler avec les experts du ministère en charge de la faune pour compléter et valider une analyse fine et multi-sectorielle des textes juridiques menée grâce à l’expertise juridique et à des outils d’analyse innovants mis à disposition par le Programme de gestion durable de la Faune. L’objectif est d’identifier les forces, les opportunités mais aussi les barrières juridiques majeures à une gestion plus durable, inclusive et saine de la faune. Cette analyse approfondie couvre ainsi le cadre juridique sur le foncier, la forêt, la faune (chasse et pêche), les textes normatifs régissant la production et la santé animale, et la sécurité alimentaire, et les relations entre l’ensemble de ces textes. 

« Cette analyse n’est qu’une étape d’un processus long de consultation de tous les acteurs et de réflexion pour définir un système de gestion mieux adapté aux réalisés socio-culturelles, écologiques et économiques du Gabon. Nous espérons que le bon travail réalisé ce jour avec les autres départements ministériels va continuer car au vu des enjeux, ce processus n’est pas une tâche que le ministère en charge de la faune veut et peut mener seul. » souligne M. Masuku. 

Eléments de contexte

 Le programme Gestion durable de la faune (Sustainable Wildlife Management Programme) est une initiative de l’Organisation des Etats de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, financée par l’Union Européenne, et mise en œuvre au Gabon depuis 2018 par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et la FAO dans le cadre d’un accord de projet avec le Ministère des Eaux, des Forêts, de la Mer et de l’Environnement, et en partenariat avec la Wildlife Conservation Society (WCS) et le Centre international pour la recherche forestière (Cifor). Le projet au Gabon vise la conservation et l'utilisation durable de la faune forestière à des fins de sécurité alimentaire et nutritionnelle et de subsistance des communautés rurales vulnérables à travers des activités sur le terrain sur le site de démonstration du département de Mulundu et des appuis juridico-institutionnels. Pour plus d'informations, veuillez consulter le site : https://www.swm-programme.info/