FAO au Gabon

Il est essentiel d’innover pour remédier aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement alimentaire et limiter le risque de pandémies

©FAO
22/01/2021

Le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu, a fait savoir aujourd'hui que les mesures novatrices mises en place dans les systèmes agroalimentaires avaient déjà aidé les ménages et les pays à atténuer les perturbations dans les chaînes d'approvisionnement alimentaire pendant la pandémie de covid-19, et qu'il faudrait en adopter d'autres pour pouvoir « reconstruire en mieux et en plus vert».

S'exprimant lors d'une table ronde virtuelle de haut niveau sur le renforcement de la durabilité des systèmes alimentaires et la prévention de nouvelles pandémies, le Directeur général a souligné l'importance de l'innovation, non seulement à la frontière technologique, mais aussi au niveau de l'élaboration des politiques et des modèles d'activité. 

La manifestation était organisée par la FAO dans le cadre du Forum mondial pour l'alimentation et l'agriculture (GFFA), qui se déroule toute la semaine à Berlin. Y ont notamment participé Mme Julia Klöckner, Ministre fédérale allemande de l'alimentation et de l'agriculture, Mme Thoko Didiza, Ministre sud-africaine de l'agriculture, de la réforme agraire et du développement rural, M. Jamshid Khodjaev, Ministre ouzbek de l'agriculture, M. Christian Hofer, Directeur de l'Office fédéral suisse de l'agriculture, et M. Erik Fyrwald, Président-Directeur général du groupe Syngenta, grande entreprise spécialisée dans la production de semences et la protection des cultures.

Parmi les mesures novatrices adoptées dans les systèmes agroalimentaires, on peut citer les «canaux verts» qui relient les producteurs d'aliments frais aux centres urbains, les solutions de commerce électronique mises en place à tous les niveaux des systèmes agroalimentaires, et les solutions de contournement qui ont permis de continuer à appliquer les pratiques de sécurité sanitaire des aliments dans un contexte marqué par les restrictions à la circulation généralisées imposées en raison de la crise liée à la covid-19.

M. Qu Dongyu a observé que les confinements avaient renforcé notre dépendance à l'égard du modèle d'activité numérique, dont on trouve des applications tout au long de la filière, «des champs des agriculteurs aux assiettes des consommateurs», soulignant que l'important était d'encourager l'efficience, l'efficacité et la souplesse des mesures prises dans l'ensemble du système.

Face à la pandémie et aux restrictions à la circulation des biens et des personnes qu'elle a entraînées, la FAO a mené une action mondiale en vue d'atténuer les risques de volatilité des prix des denrées alimentaires et de restrictions au commerce, mis en place et encouragé de nouvelles démarches institutionnelles - notamment une réunion ministérielle tripartite de l'Union africaine destinée à accélérer l'intégration cohérente des politiques agricoles, commerciales et financières des membres - et lancé son Initiative Main dans la main ainsi que les outils inédits que sont la Plateforme géospatiale et le laboratoire de mégadonnées. 

Comme l'a dit le Directeur général, «l'innovation n'est pas un concept théorique - c'est une réalité».

S'agissant de l'avenir, le Programme FAO d'intervention et de redressement dans le contexte du covid-19 mise sur les éléments moteurs suivants: les données au service de la prise de décisions, les programmes de protection sociale, le renforcement de la résilience des petits exploitants, l'autonomisation des femmes en milieu rural, la facilitation des échanges commerciaux, la transparence du marché et l'application du principe «Un monde, une santé» - promu en collaboration avec l'Organisation mondiale de la Santé et l'Organisation mondiale de la santé animale -, qui intègre les stratégies de lutte contre les maladies humaines et animales aux stratégies de protection de la biodiversité et des ressources naturelles.

La FAO améliore également les outils en temps réel en utilisant des technologies novatrices, telles que l'imagerie par satellite et l'apprentissage automatique, afin d'évaluer et de classer les perspectives de récolte et de surveiller les risques de perturbation de la production et du commerce alimentaires. D'après M. Qu Dongyu, ces initiatives et la Plateforme internationale pour l'alimentation et l'agriculture numériques, accueillie favorablement à la réunion ministérielle tenue l'année dernière dans le cadre du Forum mondial et actuellement mise en place par la FAO, peuvent également offrir un appui essentiel aux Membres qui appliquent le principe «Un monde, une santé» et stimuler la productivité en général.

Le Forum mondial pour l'alimentation et l'agriculture

Organisé par le Ministère fédéral allemand de l'alimentation et de l'agriculture, le Forum mondial pour l'alimentation et l'agriculture (18-22 janvier) est l'une des plus grandes manifestations du secteur. Il se terminera par une conférence ministérielle à laquelle assisteront les dirigeants d'organisations internationales et plus de 80 ministres de l'agriculture. Cette année, la conférence aura pour thème général «Comment nourrir le monde en temps de pandémie et de changement climatique».

La FAO a organisé deux tables rondes d'experts et ses spécialistes ont participé à d'autres réunions, dont deux des séances d'ouverture organisées par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA), plateforme multipartite qui formule et approuve des recommandations stratégiques et des directives sur un large éventail de sujets liés à la sécurité alimentaire et à la nutrition. Aux côtés de M. Andrea Cattaneo, Économiste principal à la FAO, le Président du CSA, M. Thanawat Tiensin, a participé lundi à une table ronde consacrée à l'eau en tant que principale ressource par laquelle nous ressentirons les effets du changement climatique. Les difficultés relatives au manque d'eau étaient au cœur de l'édition 2020 de La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture, publication phare de la FAO.

M. Boubaker Ben Belhassen, Directeur de la Division des marchés et du commerce de la FAO, a participé à une autre table ronde d'ouverture sur les enseignements tirés pendant la crise liée au covid-19 en ce qui concerne le renforcement de la résilience dans les chaînes de valeur agricoles. Mardi, la FAO a organisé une table ronde d'experts sur les façons d'accroître la résilience des systèmes alimentaires ville-région face aux pandémies et au changement climatique. Environ 80 pour cent de l'ensemble de la nourriture produite est destinée à la consommation dans les zones urbaines, d'où la nécessité de privilégier une gestion solide des systèmes agroalimentaires des villes et de leurs environs.

La manifestation était animée par M. Guido Santini, Coordonnateur du programme de la FAO sur les systèmes alimentaires ville-région. M. Santini est aussi l'un des membres principaux de l'équipe responsable de l'Initiative Villes vertes de la FAO, qui, avec l'aide de l'Allemagne, met en œuvre des initiatives dans huit villes à travers le monde.

L'innovation, indispensable dans les systèmes d'élevage

Les spécialistes de l'élevage de la FAO ont présenté un nouveau rapport sur les innovations à envisager dans les systèmes d'élevage pour faire face aux pandémies et au changement climatique.

Les auteurs indiquent que l'une des priorités globales est de rendre ces systèmes - qui sont souvent synonymes d'émissions de gaz à effet de serre, de risques de propagation de zoonoses et d'utilisation croissante d'agents antimicrobiens, mais sont aussi des fournisseurs essentiels de protéines animales et font vivre des centaines de millions de personnes - plus verts, plus sûrs et plus équitables.

Les auteurs de ce rapport détaillé soulignent également qu'il faut adopter une approche «Un monde, une santé» solide qui permette: de faire en sorte que les dispositifs de mesure et de surveillance de la santé animale contribuent aux systèmes d'alerte rapide sur les nouveaux agents pathogènes; de renforcer l'équité afin de garantir l'accès aux marchés des petits exploitants vulnérables; de diversifier la chaîne d'approvisionnement et d'améliorer les infrastructures de la chaîne du froid en vue d'optimiser les revenus et de réduire les pertes et le gaspillage de nourriture; de remettre les terres en état; de protéger la biodiversité; de recourir à des techniques et innovations à faible émission de carbone concernant l'alimentation animale et la productivité de l'élevage.