FAO au Gabon

Journée internationale de la faune sauvage : la FAO encourage l' utilisation durable des ressources forestières pour le bien-être des populations du Gabon

04/03/2021

Libreville, 03/03/2021 - La journée internationale de la vie sauvage célébrée ce 03 mars met en avant cette année le thème « Forêts et moyens d’existence : préserver la planète et ses habitants ». Au Gabon, pays de tradition forestière couvert à plus de 85% de forêts, cette interconnexion entre la gestion durable des forêts et des nombreuses ressources qu’elles renferment et le bien-être des populations est particulièrement étroite en zone rurale. Les communautés rurales et autochtones s’approvisionnent en effet dans les forêts en nourriture, notamment en viande d’espèces sauvages (« viande de brousse ») et poissons d’eaux douces, en racines, feuilles et autres produits forestiers non ligneux consommés très régulièrement. Elles se fournissent également dans les forêts en plantes médicinales, en bois énergie et en matériaux de construction.

La durabilité de l’utilisation de certaines de ces ressources pose néanmoins question, notamment celle des espèces de faune sauvage chassées et consommées pour leur viande. Si l’exploitation et la consommation de viande de brousse pourraient être menées de manière durable en zone rurale au regard des faibles densités de populations, il n’en est pas de même dans les grandes villes telles que Libreville ou Franceville. De grandes quantités de viande de brousse se retrouvent sur les marchés de ces villes où elles sont consommées comme un produit de luxe ou par tradition. En l’absence de régulation et de contrôle efficaces, ces filières commerciales pourraient mettre en péril les populations de faune sauvage, et à terme, par effet en cascade, détériorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et plus largement les moyens d’existence des populations locales et autochtones.

Pour faire face à ces défis, la FAO et ses partenaires le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), le Centre International en Recherches Forestières (CIFOR) et la Wildlife Conservation Society (WCS) mettent en œuvre le Programme de Gestion durable des forêts [en anglais Sustainable Wildlife Management (SWM) Programme], une initiative de l’Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) financée par l’Union Européenne.

Déployé sur le terrain dans le Département de Mulundu, autour de Lastoursville (Ogooué Lolo), le SWM Programme au Gabon travaille avec le Ministère des Eaux, des Forêts, de la Mer, de l’Environnement à développer et tester un modèle de gestion communautaire durable de la chasse pouvant approvisionner une filière courte et légale de viandes d’espèces sauvages à même de renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et de préserver les moyens d’existence des populations locales et autochtones, tout en garantissant la préservation durable des ressources fauniques et la conservation des espèces les plus vulnérables à la chasse. Pour ce faire, le SWM Programme s’appuie avant tout sur une approche basée sur les droits des communautés.

Depuis le début de la mise en œuvre en 2018, les travaux du SWM Programme ont permis de dresser un diagnostic approfondi des pratiques de chasse et de pêche et de l’état des ressources fauniques dans la zone en partenariat avec plusieurs dizaines de chasseurs avec lesquels une relation de confiance s’est établie. Une analyse approfondie des différentes sources du droit (droit statutaire national et international, et droit coutumier) de tous les secteurs pertinents pour la gestion durable de la faune (faune, forêt, chasse, pêche, élevage et santé animale, foncier) et de leur application a également été menée afin de déceler leurs forces, faiblesses et incohérences. Toutes ces informations sont maintenant utilisées pour co-construire avec les services publics et les opérateurs privés (exploitants forestiers) concernés, ainsi que les communautés partenaires, le modèle ciblé et les outils pratiques de sa mise en œuvre. A terme les résultats du SWM Programme devraient pouvoir fournir des éléments pour alimenter le dialogue politique et les réformes juridiques qui pourraient permettre une mise à l’échelle de tout ou partie de ses résultats.

Parallèlement, l’origine sauvage éventuelle du virus de la COVID-19 – possiblement une espèce de chauve-souris et l’implication du pangolin comme hôte intermédiaire (qui n’a toujours pas été démontrée scientifiquement) – a relancé le débat autour des risques sanitaires associés au commerce et à la consommation de viande de brousse. Aux questions de santé publique nationale posées par la malnutrition et l’insécurité alimentaire (y compris en termes de faiblesse de la sécurité sanitaire des aliments) des populations gabonaises abordées par le SWM Programme, viennent maintenant se superposer des questions de santé publique mondiale associées aux risques de voir apparaitre et se répandre des maladies infectieuses émergentes impliquant des espèces sauvages dans leur cycle épidémiologique. Dans ce contexte, suite à la publication d’un Livre blanc et d’une Note d'orientation politique intitulés ‘Reconstruire en mieux dans un monde post-covid-19: réduire les risques de propagation de maladies à l’homme liés à la faune sauvage’, le SWM Programme a reçu de la part de l’Union Européenne un financement additionnel pour promouvoir l’approche Une seule santé le long de chaines d’approvisionnement en viande de brousse, de la forêt jusqu’à l’assiette des consommateurs, notamment au Gabon, au cours des deux prochaines années.  

Pour plus d’informations : swm-programme.info.