FAO au Gabon

Un aperçu des urgences et de la résilience dans la sous-région de l'Afrique centrale

10/06/2022

Les catastrophes et les crises récurrentes, qu'elles soient d'origine naturelle ou humaine, sapent les efforts déployés par les pays pour éradiquer la faim et la malnutrition sous toutes ses formes et parvenir à un développement durable.

En Afrique centrale, des millions de personnes, surtout celles les plus vulnérables dépendent de l'agriculture, de l'élevage, de la pêche et de la foresterie, ainsi que d’autres ressources naturelles pour leur alimentation et leurs revenus. Le changement climatique, notamment les chocs météorologiques extrêmes en particulier et les conflits socio-politiques exacerbent cette situation. Le conflit en Ukraine risque d'aggraver davantage cette situation d'insécurité alimentaire déjà grave.

Si la résilience est la capacité à prévenir les catastrophes et les crises ainsi qu'à les anticiper, s'y adapter pour s'en remettre de manière rapide, efficace et durable, elle exige une meilleure cohérence et une plus forte intégration des stratégies d’aide humanitaire, de développement et d’investissement pour appuyer les communautés locales et toutes les autres parties prenantes, notamment les institutions nationales, régionales et internationales, ainsi que les organisations universitaires et de la société civile. Ceci est particulièrement important dans les pays où l'ampleur et la gravité de la crise alimentaire dépassent les ressources et les capacités locales requises pour y répondre rapidement et efficacement.

Le renforcement de la résilience au niveau des ménages, au niveau sous-national et au niveau national nécessite l'adoption d'une approche multidisciplinaire axée sur :

                         

                L'anticipation et la prévention des crises 

 

                 La réduction des risques

 

                 L’utilisation optimale des ressources disponibles. 

 

L'interrelation entre les objectifs d'urgence et de résilience est un trait caractéristique du travail de la FAO dans les contextes humanitaires, dont le but est d'aider les personnes les plus vulnérables dans l'immédiat tout en les soutenant pour sortir durablement de l'insécurité alimentaire aiguë.

Avec son nouveau cadre stratégique 2022-2031, la FAO prévoit de " fournir une assistance à 60 millions de personnes par an par le biais d'interventions d'urgence et de résilience, et par des investissements dans des actions préventives et anticipatives qui réduiront les besoins humanitaires à l'avenir et permettront un développement durable. Cet objectif, représente une augmentation d'environ 100 % du nombre de personnes assistées en 2021 par la FAO.

La communauté internationale doit être mobilisée pour apporter des réponses humanitaires capables de réduire les besoins humanitaires et de contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable. Le retour sur investissement dans l'agriculture est parmi les plus élevés du financement humanitaire.

Cependant, nous n'investissons pas suffisamment dans l'aide agricole d'urgence et le secteur agricole ne reçoit qu'environ 8 % du total des fonds alloués au secteur de la sécurité alimentaire, alors que deux tiers des personnes souffrant actuellement de faim aiguë se trouvent dans des zones rurales.

Selon le rapport mondial sur la crise alimentaire (GRFC, 2022), en 2021, environ 193 millions de personnes étaient en situation d'insécurité alimentaire aiguë et avaient besoin d'une aide urgente dans 53 pays et territoires. Cela représente une augmentation de près de 40 millions de personnes par rapport à 2020.

Selon le rapport du GRFC, près de 70 pour cent du nombre total de personnes en situation de crise ou pire (IPC[1] phase 3 ou supérieure) se trouvent dans dix pays/territoires en crise alimentaire : la République démocratique du Congo, l'Afghanistan, l'Éthiopie, le Yémen, le nord du Nigeria, la République arabe syrienne, le Soudan, le Sud-Soudan, le Pakistan et Haïti.

Quatre pays de la sous-région d'Afrique centrale accueillent environ 32,6 millions de personnes en IPC3+, dont 27,4 millions dans les zones rurales.

Pays

Population totale (en million)

IPC3+ total (projection 2022)

IPC3+ dans les zones rurales

Cameroun

26,55

2,41

1,04

République centrafricaine

5,68

2,21

1,67

Tchad

15,35

2,10

1,39

République démocratique du Congo

115,20

25,88

23,29

Total

162,78

32,60

27,39

En 2021, la FAO a lancé des appels pour un total de 134,8 millions d'USD afin de venir en aide à 2,56 millions de personnes dans les quatre pays susmentionnés, mais n'a réussi à collecter qu'environ 49% du total demandé.

Nous devons intensifier l'aide agricole d'urgence. En plus de fournir une aide alimentaire opportune, nous devons nous concentrer davantage sur la production locale d'aliments nutritifs. Investir dans l'agriculture et les moyens de subsistance des populations rurales est stratégique et 7 à 10 fois plus rentable que l'aide traditionnelle.

 

La réponse de la FAO :

L'objectif du travail de la FAO dans les contextes humanitaires est d'aider les personnes les plus vulnérables dans l'immédiat tout en les soutenant pour sortir durablement de l'insécurité alimentaire aiguë. Cette démarche est au cœur de l'approche Nexus Humanitaire-Développement-Paix.

La FAO intensifie l'aide au renforcement de la résilience, en fournissant des preuves de son impact, en s'engageant fermement à soutenir les politiques et en établissant des partenariats stratégiques avec les principaux donateurs, les institutions nationales et internationales, les universités et les organisations de la société civile.

La FAO se concentre sur la sécurité alimentaire et les interventions sur les moyens d'existence qui peuvent être étendues et permettre une coordination efficace et prévisible entre les partenaires humanitaires. Cela permettra de promouvoir la transformation des systèmes agroalimentaires afin qu'ils soient plus efficaces, inclusifs, résilients et durables pour une meilleure production, une meilleure nutrition, un meilleur environnement et une meilleure vie pour tous, sans laisser personne de côté.

Contacts 

Walter de Oliveira I Chef d'équipe sous-régional pour la résilience I [email protected]

Levy Bouassa I Spécialiste de la Communication I [email protected]

Bureau Sous-régional pour l’Afrique centrale I  [email protected] I Libreville, Gabon

Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture


[1]    Classification intégrée des phases de sécurité alimentaire (IPC) :  Phase 1 = Minimale/Aucune ; Phase 2 = Stress ; Phase 3 = Crise ; Phase 4 = Urgence ; Phase 5 = Catastrophe/Famine