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Rencontre entre dirigeantes et simples citoyennes

Nereide Segala Coelho, une agricultrice brésilienne, figurait parmi les femmes rurales d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine qui ont participé au débat avec les femmes ministres et diplomates

© A.Porfido

17/11/2009

Rome, 17 novembre 2009 – Lors d'une rencontre au siège de la FAO, à Rome, les simples citoyennes ont exhorté les ministres, les diplomates et les autres dirigeantes à s'employer à lutter contre la faim et à promouvoir la sécurité alimentaire en travaillant directement avec les groupes et les réseaux féminins.

Ces femmes s'étaient rendues à Rome en qualité de déléguées au Forum de la société civile, qui s'est tenu à la veille du Sommet mondial sur la sécurité alimentaire. Avec des centaines d'autres femmes venues de 21 pays, elles avaient participé auparavant à une série de consultations sur les moyens de faire face à l'insécurité alimentaire en Afrique, en Asie et Amérique latine.

Les agricultrices et les organisateurs issus du terrain ont profité de cette rare occasion d'échanger des idées en toute franchise avec des ministres et diplomates de quatre continents. Leurs témoignages ont rendu compte des défis auxquels font face les femmes dans les zones rurales des pays en développement.

Violet Shivutse Khayecha, de Groots Kenya, a montré que, si les femmes kenyanes sont des «productrices de premier plan», elles ne parviennent souvent pas à en tirer les bénéfices. Elles n'ont pas accès à des débouchés directs et se font fréquemment exploiter par les employeurs: «pour toute une journée de travail, elles ne reçoivent en tout et pour tout que deux kilos de maïs, soit l'équivalent de 1 dollar», a-t-elle expliqué.

Pour répondre à ce problème, Violet Shivutse Khayecha a organisé à l'intention des groupes de femmes des formations para-juridiques sur les droits des travailleurs du secteur informel et sur le problème croissant des veuves et des orphelins déshérités. Le réseau a également encouragé l'utilisation des techniques traditionnelles de préservation des aliments et la création, pour les femmes, de banques céréalières coopératives qui leur permettent de stocker leurs céréales en attendant que les prix montent.

«La difficulté n'est pas le manque d'aliments mais bien l'insuffisance d'accès» a indiqué Nereide Segala Coelho, de Rede Pintadas, un réseau d'agricultrices brésiliennes. Le réseau de Segala Coelho est parvenu à résoudre certains problèmes majeurs en introduisant certaines techniques et en proposant les formations pour conserver l'eau de pluie à des fins d'irrigation, protéger les semences locales et traiter les fruits avant la vente. Pourtant, beaucoup d'agricultrices ne parviennent pas à gagner suffisamment d'argent pour satisfaire leurs besoins de base car elles sont incapables d'acheminer leurs produits jusqu'à des marchés distants.

Les simples citoyennes ont souligné combien il est important de diffuser l'information, par le biais de consultations de terrain et d'autres modes d'apprentissage coopératif. Selon Prema Gopalan, directrice de l'ONG indienne Swayam Shikshan Prayog, inciter les femmes à partager leurs expériences et leurs connaissances est un moyen efficace de favoriser l'action locale.

Nourrir la réflexion

La réaction des ministres et des diplomates qui ont assisté à cette réunion a été très positive. «Les femmes sont la clé de la sécurité alimentaire des ménages affamés» a ainsi affirmé Ertharin Cousin, représentante des États-Unis auprès des organisations des Nations Unies chargées de l'alimentation et de l'agriculture. Elle s'est engagée à aider les groupes de simples citoyennes à gagner en visibilité, et participer directement à la planification du développement rural et à la mise en œuvre des projets.

Cette réunion a inspiré Olivia Muchena (Ministre des affaires féminines, des questions de parité et du développement des communautés du Zimbabwe), qui souhaite faire en sorte que le dialogue débouche sur des actions concrètes. «Même si le tableau dressé sur la situation des femmes était très complet, nous avions peu avancé sur la question des stratégies. J'ai pu beaucoup approfondir ma réflexion à ce sujet.»

Selon Mireille Guigaz, Ambassadrice et Représentante permanente de la France auprès de la FAO, dont les grands-parents étaient des agriculteurs de subsistance qui vivaient dans la pauvreté, cette question ne relève pas seulement de la relation entre les femmes et l'agriculture; elle concerne les femmes en tant que telles. Elle a suggéré que, dans les pays en développement, les diplomates travaillent de concert avec les agricultrices, dans le cadre d'un programme de collaboration féminine qui leur permettrait d'échanger sur les réussites et les difficultés en matière agricole.

Cette réunion était accueillie par la Représentante des États-Unis auprès des organisations des Nations Unies chargées de l'alimentation et de l'agriculture et organisée conjointement par la FAO, WOCAN, le FIDA et Heifer International. Les consultations avec les femmes de terrain ont été organisées par la Commission Huairou en partenariat avec la FAO et WOCAN.

Contact presse
Charmaine Wilkerson (Rome)
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