FAO à Haïti

Haïti : Continuer à renforcer les capacités des pêcheurs dans le Sud

Des pêcheurs de l´Association kombit des pêcheurs de Roche à Bateau reçoivent des matériels de pêche distribués par le Ministère de l´Agriculture et la FAO. © FAO / Jean Jacob Charles
05/04/2019

Grâce au projet « Protection, réhabilitation et diversification des moyens d’existence des populations affectées par l’ouragan Matthew en Haïti », financé par la Coopération Belge au Développement et mis en œuvre depuis 2016 par le Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), beaucoup de pêcheurs du Sud, dont les activités ont été handicapées par les pertes subies après le cyclone Matthew, peuvent désormais compter sur des matériels de qualité et mieux se structurer pour maintenir la rentabilité de leur profession.

Le jeudi 28 mars 2019, deux associations de pêcheurs du Département du Sud regroupant quelque 115 pêcheurs et 180 marchandes de poissons ont reçu des matériels de pêche distribués par le MARNDR et la FAO, en partenariat avec l´organisation pour l’amélioration de la Pêche Artisanale et le Développement Intégrée (PADI). Les pêcheurs ont bénéficié de kits composés de lignes en nylon, des hameçons, des appâts, des harpons, des flotteurs en foam et des viroles. Cette nouvelle distribution est arrivée à propos d´autant que quelques matériels commençaient à s´user voire manquer.

Déjà, entre 2016 et 2107, le MARNDR et la FAO avaient équipé les pêcheurs, entre autres, de moteurs et dispositifs de concentration de poissons (DCP), qui ont permis d´améliorer leurs prises.

« Avant, nous n´avions pas de DCP. Les prises étaient vraiment maigres. Aujourd´hui, avec 5 bateaux opérationnels, nous rapportons environ 4 000 livres de poissons par jour » a affirmé M. Antonio Mercilus, Président de l´association Regroupement des Pêcheurs organisés de Chardonnières (RPOC), fondée en 2009 et qui compte 50 pêcheurs ainsi que 40 marchandes de poissons.

« L´appui de la FAO nous a permis d´augmenter nos connaissances sur notre métier et améliorer notre manière de pêcher. » a ajouté M. Jean Maxène Désulmé, Président de l´association kombit des pêcheurs de Roche à Bateau (KPRB), fondée en 2017 qui compte 65 pêcheurs et 150 marchandes de poissons. 

Le don de matériels de pêche a certes répondu à un besoin primordial. Cependant, la nécessité de pallier également le manque structurel s´est imposée comme un gage de l´avenir du métier de la pêche dans la zone. Les formations prodiguées par le MARNDR ainsi que l´appui technique fourni par la FAO ont contribué à apporter des changements positifs en ce sens.

« Nous manquions de maturité pour former une association » a admis M. Désulmé du KPRB. De son côté, M. Antonio Mercilus du RPOC a souligné que l´arrivée de la FAO a permis de « renforcer la politique de modernisation de la profession pour rompre progressivement avec la pêche artisanale dans la zone ».

En outre, le Président du RPOC a fait remarquer que l´appui de la FAO a également ouvert leurs yeux sur la nécessité d´établir une coopérative dont l´objectif est de regrouper les pêcheurs et les agriculteurs au sein d´une seule structure. Ainsi, la pêche s´imposera comme activité alternative à ces derniers qui ont tendance à s´adonner à la coupe des arbres pour survivre. « Les agriculteurs seront également sensibilisés aux conséquences du déboisement qui provoque l´érosion, néfaste pour la pêche, étant donné que toute la terre vient s´accumuler dans la mer et cause la rareté des poissons » a expliqué M. Mercilus.

L´activité de la pêche s´avère également bénéfique pour les marchandes de poissons qui collaborent avec les pêcheurs au sein des associations dans un partenariat gagnant-gagnant vu que ces derniers écoulent leurs captures sans difficultés. De leur côté, les marchandes sont assurées d´être régulièrement approvisionnées en poissons qu´elles revendent principalement sur les marchés des Cayes et de Port-au-Prince.

La distribution de matériels de pêche doit s´étendre à d´autres associations de pêcheurs de la côte Sud, d´Aquin à Tiburon, qui nécessitent également d´être renforcées afin qu´elles continuent de progresser et maintenir leur niveau de rentabilité. Les pêcheurs ont témoigné de la reconnaissance envers le MARNDR et la FAO pour la fourniture de ces matériels qu´ils considèrent comme « du sang injecté dans les veines des associations et de la profession ».