FAO à Haïti

Malgré la pandémie COVID-19, un groupe d’Apiculteurs Haïtiens adapte ses stratégies de production pour satisfaire les besoins de la communauté

L’apiculteur, Hilarion Célestin, dans son Rucher, à Bonbon/Grand’Anse | Photo : Josué Saint Charles
05/06/2020

À l’instar de nombreux secteurs touchés par l’impact négatif de la pandémie du COVID-19 en Haïti, le secteur apicole n’en est pas épargné. Tandis que les producteurs et productrices de différents sous-secteurs de l’agriculture cherchent des moyens d’accommodation pour continuer à produire et assurer l’écoulement des produits agricoles sur le marché local, les apiculteurs et apicultrices s’adaptent également aux contraintes imposées par le coronavirus afin de continuer à satisfaire les besoins de leur communauté en miel.

En Haïti, le miel est utilisé dans la médecine traditionnelle haïtienne en raison de ses vertus thérapeutiques. Dans le contexte pandémique du COVID-19, beaucoup d’apiculteurs disent noter une nette augmentation de la demande en miel lequel constitue un élément clé des recettes domestiques pour se protéger contre le coronavirus.

La commune de Bonbon, située dans l’Arrondissement de Jérémie en Haïti, Département de la Gand’Anse, est connue pour sa production du miel. Dans cette municipalité peuplée de plus de 8 600 habitants (IHSI, 2015) vit Hilarion Célestin, un apiculteur âgé de 44 ans et père de trois enfants. C’est là, en grandissant, qu’il a appris les rudiments de l’apiculture jusqu’à en faire, des années plus tard, son métier. Avec l’appui de la FAO et du Ministère de l’Environnement (MdE), il a contribué à la mise en place d’une organisation apicole regroupant 30 apiculteurs et apicultrices. Cette structure associative, dénommée « Organisation des Apiculteurs de Bonbon (OAB), s’inscrit dans le cadre du projet « Action Contre la Désertification (ACD) », financé par l’Union Européenne.

Avant le démarrage du projet ACD en 2016, Hilarion et ses collègues apiculteurs pratiquaient l’apiculture de manière traditionnelle. Ils utilisaient des troncs d’arbres comme ruches pour produire du miel. Ayant compris le potentiel de ce sous-secteur, la FAO, avec le soutien financier de l’Union Européenne, a fourni 600 ruches modernes à deux organisations regroupant 60 apiculteurs et apicultrices, à raison de 10 ruches par membre. Par la suite, ces derniers ont bénéficié d’une formation sur les techniques apicoles qui leur a permis d’améliorer la production et la commercialisation du miel et décupler leur taux de rentabilité.

« Grâce à cette formation, nous sommes maintenant capables de détecter précocement des pathologies et des prédateurs d’abeilles, ainsi que les moyens de les contrôler », relate Hilarion, d’un ton fier. « Nous pouvons également sélectionner et conserver des colonies adaptées aux contraintes locales de l’environnement, produire des reines de qualité, procéder à l’évaluation des reines pour savoir si elles sont hygiéniques, résistantes et productrices, et gérer la viabilité de la ruche avec des techniques améliorées ».

Avec ses 62 ruches traditionnelles, Hilarion avait une capacité de production de 50 gallons de miel par an. Maintenant, avec les 10 ruches modernes qu’il a reçues du projet ACD, il récolte près de 400 gallons par an, ce qui lui génère un revenu annuel d’environ 1 211 000 gourdes (soit près de 11 500 dollars des États-Unis, USD). Ces recettes lui permettent d’entamer la construction de sa maison, de subvenir aux besoins de sa famille et de faire l’acquisition de nouvelles parcelles. Il envisage d’augmenter prochainement sa capacité de production à 800 gallons par an.

Avant la propagation du coronavirus, Hilarion écoulait le miel qu’il produit à des clients vivant dans l’Arrondissement de Jérémie (Communes : Jérémie, Abricots, Bonbon, Moron, Chambellan et Marfranc) et Port-au-Prince, Capitale d’Haïti. En raison des mesures de confinement établies par le Gouvernement Haïtien, il se trouve dans la nécessité de réadapter ses pratiques de production tout en continuant à produire et honorer ses obligations envers sa clientèle.

« Le confinement et les risques de propagation du coronavirus exigent que nous nous adaptions et réinventions nos techniques de production et de commercialisation. Je continue à produire tout en appliquant les consignes d’hygiène préventive recommandées par le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP). Quand je reçois les clients, je ne rencontre pas plus de deux personnes à la fois, en établissant une distance de 1,5 mètre, à chaque fois ».

Tout en continuant à produire du miel de manière limitée et assurer sa commercialisation à travers sa clientèle, Hilarion se donne comme responsabilité de sensibiliser les membres de sa communauté sur les risques liés au coronavirus, ainsi que les gestes barrières à adopter.

« En tant que Coordonnateur de l’Organisation des Apiculteurs de Bonbon, j’ai la responsabilité d’aider les gens à appliquer les mesures nécessaires pour se protéger et protéger les membres de leur famille. Je fais du porte-à-porte régulièrement, et il m’arrive d’appeler les membres de l’association au téléphone pour les sensibiliser sur l’importance de respecter les consignes de précaution face au coronavirus, notamment le lavage systématique des mains, le port de masque, la distanciation sociale et le confinement ». 

Hilarion attend impatiemment la levée du confinement pour reprendre intégralement les activités de production du miel. Au terme du confinement, il a comme projet de travailler sur le renforcement organisationnel de l’association afin de mieux organiser la collecte, le conditionnement et la commercialisation du miel de manière mutuelle et collective, tout en renforçant sa stratégie de marketing, de commercialisation et de visibilité sur le marché local et national.

L’appui du projet ACD, financé par l'Union européenne dans les communes de Bonbon et des Abricots en particulier, a permis de transplanter près de 15 000 plantules mellifères sur 30 hectares de terre autour des ruchers afin de créer un environnement favorable au développement de l’apiculture dans cette la région. Parallèlement, la FAO appuie le Ministère de l’Environnement en matière de reboisement, restauration des terres et protection de l’environnement dans le Département de la Grand’Anse.

L’Organisation des Apiculteurs de Bonbon (OAB) collabore avec l’Association des Apiculteurs des Abricots (AAA), appuyée également par le projet ACD, ainsi que d’autres regroupements d’apiculteurs dudit Département en vue de promouvoir la production et la commercialisation du miel sous un seul label.

Pour plus d’information, contactez : Pierre Negaud DUPENOR

Bureau de la Représentation de la FAO en Haïti

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