FAO à Haïti

Journée mondiale de l’alimentation 2020 : message du Représentant de la FAO en Haïti, Monsieur José Luis Fernández

Le Représentant de la FAO en Haïti, Monsieur José Luis Fernández, lors de son allocution du 16 octobre 2020. © Jude Stanley Roy
16/10/2020

 

Monsieur le Ministre de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR),

Monsieur le Directeur Général du Ministère de l’Agriculture,

Mesdames, Messieurs, les Directeurs Techniques et Administratifs du MARNDR,

Mesdames, Messieurs les Représentants de la Coopération Internationale,

Mesdames, Messieurs, les Coordonnateurs des Projets de Développement,

Fonctionnaires et Contractuels du Ministère de l’Agriculture,

Mesdames, Messieurs, les Représentants des organisations paysannes,

Chers Collègues de la FAO,

Chers Invités,

Nous voici réunis, comme chaque année à cette date, pour célébrer la Journée mondiale de l’alimentation. Le thème retenu pour cette année est : Cultiver. Nourrir. Préserver. Ensemble, agissons pour l’avenir.

C’est l’occasion de revenir sur le contexte de naissance de la FAO, il y a de cela 75 ans, ses principaux défis et le symbolisme de cette journée mondiale célébrée cette année sur fond de crise sanitaire mondiale plongeant dans l’incertitude plus de 650 millions de personnes dans le monde déjà en proie à l’insécurité alimentaire aiguë et sévère, pour la plupart.

Au lendemain de la deuxième Guerre mondiale, une crise alimentaire de dimensions apocalyptiques sévissait dans le monde. La FAO a pris naissance en assumant l’objectif de lutter contre la faim dans le monde. La qualité de l’expertise offerte par la FAO, la fiabilité des résultats de ses recherches et statistiques ont forgé très tôt la réputation de l’institution dans les milieux académiques, les Gouvernements et les sociétés civiles.

Au cours de son existence, la FAO a stimulé la production agricole en fournissant aux états membres et ses agriculteurs une expertise qui leur a permis de renforcer leur productivité et produire de manière durable, en respectant les principes phytosanitaires.

La FAO et pays membres ont enregistré beaucoup de progrès au cours de ces 75 ans, mais les défis restent de taille tenant compte de l’objectif Faim Zéro à atteindre et l’obligation de ne laisser personne derrière. 

Mesdames, Messieurs,

Cependant, la crise sanitaire actuelle qui a révélé les faiblesses du secteur de l'alimentation et de l'agriculture, a aussi saboté les progrès cumulés pendant ces deux dernières décennies dans le domaine de l’alimentation et de l’agriculture. Les impacts de la pandémie de COVID-19 sur la production alimentaire, les chaînes d'approvisionnement agricoles, les moyens d’existence ruraux, l'état nutritionnel des populations vulnérables et l'économie mondiale dans son ensemble, pourraient être néfastes dans la période d’après.

C’est pourquoi, dès le début de la crise, la FAO a dû concevoir un plan global de réponse efficace et efficient de plus d’un milliard de dollars avec sept objectifs :

-       Renforcer un plan d'intervention humanitaire mondial pour la COVID-19 ;

-       Améliorer les données pour la prise de décision ;

-       Assurer l'inclusion économique et la protection sociale pour réduire la pauvreté ;

-       Renforcer le commerce et les normes de sécurité alimentaire ;

-       Renforcer la résilience des petits exploitants pour la reprise ;

-       Prévenir la prochaine pandémie zoonotique grâce à une approche renforcée de santé globale ;

-       Déclencher la transformation des systèmes alimentaires.

En effet, cette journée mondiale de l’alimentation arrive à point nommé. C’est l’occasion idéale de se rappeler que des bouches ont besoin de se nourrir et ne peuvent pas attendre plus longtemps, qu’il faut trouver des solutions rapides, efficaces et efficientes capables pour aider ces familles à se relever de leur sort.

Mais, comme indique le thème de cette année, personne ne peut faire cavalier seul dans cette crise sanitaire jointe à la crise alimentaire, les réponses à donner doivent être coordonnées et intégrées, basées sur l’innovation, la préservation de l’environnement, le renforcement de la résilience des plus vulnérables, le renforcement de la gouvernance agricole.

Mesdames, Messieurs,

La dernière évaluation du cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) en Haïti a donné dans la période allant d’Août 2020 à Février 2021, 9% de la population analysée (905,471 personnes) est classé en phase 4 de l’IPC (Urgence) et 33% (3,083,497 personnes) en phase 3 de l’IPC (Crise) soit 42% de la population en besoin d’une action urgente.  

Voilà ce qui vient nous rappeler la nécessité de consolider nos efforts afin de renforcer la résilience des ménages ruraux faces aux risques de désastres. Le Ministère de l’Agriculture et la FAO travaillent conjointement pour la création d’opportunités viables et durables qui peuvent encourager les agricultrices et les agriculteurs à avoir des moyens d’existence solides, ce qui leur donnera un sentiment d’ancrage et d’appartenance au territoire national.

En ce sens, la Représentation de la FAO en Haïti s’est inscrite depuis plusieurs années dans la démarche d’appuyer le Gouvernement Haïtien à travers une assistance technique visant à renforcer la résilience des systèmes de production agricole ainsi que celle des agricultrices et agriculteurs familiaux face aux impacts négatifs du changement climatique.

La FAO développe avec le Gouvernement Haïtien une coopération technique définie à travers le Cadre de Programmation Pays, lequel s’aligne sur les Priorités de l’État Haïtien, dont les racines se retrouvent dans la vision du Président de la République.

Pour appuyer les efforts du Gouvernement dans le développement durable du secteur agricole, elle apporte son soutien technique dans les 4 domaines prioritaires suivants :

1. Appui institutionnel, visant l’amélioration de la gouvernance et de la coordination de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle, des statistiques agricoles et des systèmes d’information.

2. Appui au développement des filières sélectionnées par les Ministères, à travers le renforcement de la capacité opérationnelle des acteurs publics et privés en vue de l’amélioration de la disponibilité et de l’accessibilité des produits agricoles, d’élevage et de pêche.

3. Contribution à la conservation et la gestion des Ressources Naturelles, à travers le renforcement des systèmes de gestion et d’exploitation durable des ressources naturelles et l’aménagement intégré et participatif des bassins versants (eau, sols, forets).

4. Renforcement de la résilience des communautés face aux catastrophes naturelles et aux crises alimentaires par la réduction de l’impact des catastrophes naturelles sur la vie et les moyens de vie des ménages et des communautés rurales vulnérables.

Ainsi, la FAO de concert avec les Ministères de l’Agriculture et de l’Environnement, a travaillé à la mise en place et l’accompagnement de 153 Groupements de Production Artisanale de Semences (GPAS) dans tout le pays, regroupant plus de 51.000 producteurs et productrices agricoles, dont 67% de producteurs et 33% de productrices agricoles. Ces chiffres indiquent qu’un tiers des membres de GPAS sont des femmes, et correspondent au quota de participation préconisé par les stratégies nationales en matière d’intégration des femmes dans les sphères politiques et socioéconomiques.

Parallèlement, un total de 202 Champs Ecoles Paysans a été mis en place, réunissant plus de 4.600 producteurs, dont 54% de producteurs et 46% de productrices agricoles.

Des Champs Écoles Paysans constitués de femmes productrices agricoles interviennent dans la Production, le stockage, la transformation et la commercialisation de l’arachide, du manioc et du miel. Certains se spécialisent dans la production maraichère et fourragère, la conduite d’élevage, la transformation et la commercialisation de produits laitiers. D’autres se spécialisent en Aquaculture, grossissement et production d'alevins.

Cette approche filière utilisée par la FAO et basée sur l’intégration et l’autonomisation des femmes, donnent d’importants résultats, dont les plus encourageants sont les sentiments d’entraide, de solidarité, de confiance et de convivialité développés au sein de ces groupements. Ces sentiments que je viens de vous citer, en réalité, ne sont pas économiquement tangibles, mais constituent des facteurs extra-économiques dynamisant les flux économiques et optimisent la production et la productivité.

Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs,

Je voudrais terminer mon propos en renouvelant l’engagement de la FAO auprès du Gouvernement Haïtien dans cette conjoncture difficile. Elle entend consolider son appui, afin d’atténuer l’impact négatif du changement climatique, de renforcer la résilience des ménages ruraux et d’améliorer la gestion des ressources naturelles et les modes de production et d’alimentation.

Je vous remercie…