La Journée mondiale de l’alimentation (JMA), célébrée annuellement le 16 octobre, représente une initiative mondiale majeure commémorée par la FAO pour sensibiliser aux défis de la faim mondiale. Le thème de cette année, « L’eau, c’est la vie, l’eau nous nourrit : ne laisser personne de côté », souligne l’importance cruciale de l’eau dans le dialogue sur la sécurité alimentaire en Haïti. Repris en créole, le thème a été formulé comme suit : « Dlo se lavi, dlo ba nou manje. Pa wete dwa pèson pou li jwenn dlo », a ouvert ainsi l’espace de dialogue à toutes les actrices et à tous les acteurs concernés par la question de la sécurité alimentaire dans le pays en mettant notamment l’accès sur l’élément essentiel que représente l’eau. La JMA incarne les valeurs de bien-être collectif et de justice sociale, soutenues par le Ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (MARNDR) et la FAO.

Au niveau mondial, les pressions croissantes sur les ressources en eau, exacerbées par la crise climatique, la croissance démographique, l’urbanisation et l’industrialisation, posent des défis significatifs. Les phénomènes météorologiques extrêmes affectent les écosystèmes, menaçant la sécurité alimentaire mondiale. Actuellement, plus d’un tiers de la population mondiale n’a pas accès à l’eau potable, et les petits exploitants agricoles, en particulier les femmes, les jeunes, les migrants et les réfugiés, sont les plus vulnérables.

En Haïti, selon la dernière évaluation du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), réalisée par la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA) et publié en août 2023, il a été estimé qu’au cours de la période actuelle allant du mois d’août 2023 à février 2024, 14 pour cent de la population analysée, soit près de 1,4 million de personnes sont classées en Phase 4 de l’IPC (Urgence) et 30 pour cent (environ 2,95 millions de personnes) en Phase 3 (Crise). Ainsi, 44 pour cent de la population analysée présente une insécurité alimentaire élevée et a besoin d’une action humanitaire urgente pour combler les déficits de consommation et protéger les moyens d’existence.

Durant la célébration, le Ministre de l’agriculture, M. Charlot Brédy, a déclaré que « Le pays occupe depuis tantôt quatre ans, la tête du classement des pays les plus affectés par l’insécurité alimentaire et la malnutrition au niveau de la région Amérique Latine et Caraïbes ». Il poursuit pour souligner qu’en raison de l’accroissement alarmant de l’insécurité alimentaire en Haïti, nous sommes contraints à faire des choix intelligents pour contrôler ce fléau. Le Ministre nous rappelle que « le gouvernement s’engage à déployer tous ses efforts pour contenir au mieux les facteurs conjoncturels de la crise alimentaire, tout en renforçant les actions structurantes sur le court et le moyen terme […] Là où l’eau est disponible, il faut l’amener aux parcelles afin de réduire l’incidence de la sécheresse sur nos productions et limiter la dépendance alimentaire ».   

L’Officier en Charge de la FAO, M. Patrick David a, pour sa part, insisté sur la nécessité de renforcer la collaboration dans la lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle : « La coordination entre les secteurs pour mieux planifier et gérer les ressources en eau est fondamentale. L’eau et l’alimentation sont étroitement liées. Ainsi, pour réussir, les politiques doivent permettre de concilier des intérêts souvent divergents sans compromettre la santé des écosystèmes. »

Monsieur Charlot Bredy et Monsieur Patrick David ont saisi l’occasion pour procéder à la signature du projet « Gérer l’impact des crises socio-politiques en Haïti », visant à assurer la sécurité alimentaire et à renforcer la résilience du système agroalimentaire. Les représentants des deux institutions se sont entretenus, entre autres, sur : la Peste porcine africaine (PPA) ; l’initiative « Main dans la main » ; le Forum mondial de l’alimentation et le Fonds vert pour le climat.

La collaboration entre le MARNDR et la FAO vise à améliorer les systèmes agricoles et à contribuer à l’objectif mondial « Faim Zéro d’ici à 2030 ». C’est dans cette coopération franche et solide que des solutions durables émergent pour faire face aux défis complexes de la sécurité alimentaire en Haïti.