FAO à Haïti

La FAO et la Coopération Belge soutiennent le MARNDR dans son assistance agricole d'urgence dans le département de l'Artibonite.

06/09/2016

Pour relancer leur production agricole, 3.000 ménages vulnérables vivant de l’agriculture familiale dans trois communes (Ennery, Anse Rouge et Terre Neuve), ont reçu chacun 300 boutures de manioc et 500 boutures de patate douce au début de la saison d’été 2016. De plus, au début des saisons culturales suivantes, chaque bénéficiaire recevra des vouchers d’une valeur monétaire d’environ $25 US qu’il échangera contre des semences de cultures/variétés tolérantes à la sécheresse vendues dans des foires aux semences organisées par la FAO et ses partenaires.

Port-au-Prince. Les changements climatiques ayant sévi en Haïti durant ces deux dernières années, ont eu des incidences négatives sur l’ensemble des départements du pays, affectant plus de 3,6 millions de personnes (720.000 ménages), soit plus d’un tiers de la population totale, selon les résultats du rapport d’Evaluation de la Sécurité Alimentaire en Situation d’Urgence (EFSA, février 2016), élaboré par la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM).

L’évaluation de la sécurité alimentaire et l’analyse du cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) réalisées par la CNSA et ses partenaires, laisseraient entendre que jusqu’en septembre 2015, 38 communes se trouveraient en phase III de crise alimentaire suites aux longues périodes de sècheresse.

Etant donné l’ampleur des dégâts provoqués par la sécheresse dans les communes de Terre-Neuve, d’Anse Rouge et d’Ennery du département de l’Artibonite, la Coopération Belge a décidé de financer, à hauteur de 500.000 dollars américains, un projet, exécuté par la FAO en collaboration avec les services décentralisés du MARNDR, pour le renforcement de la résilience des communautés rurales affectées dans ces trois communes.  Ce projet vient en appui au Gouvernement haïtien dans sa réponse d’urgence aux besoins agricoles des ménages ruraux vulnérabilisés par l’impact négatif des changements climatiques des deux dernières années.

Ce projet permet à 3.000 ménages agricoles, choisis parmi les plus vulnérables, d’avoir accès aux boutures de manioc et de patate douce, ainsi qu’aux semences de variétés tolérantes à la sécheresse des cultures de leur choix, échangées contre des vouchers d’une valeur monétaire d’environ $25 USD (par ménage) dans les foires aux semences organisées par la FAO et ses partenaires.  

Dans la perspective d’améliorer la résilience des communautés rurales face aux changements climatiques, le projet renforce aussi la capacité opérationnelle : (i) de 6 Groupements de Production Artisanale de Semences (GPAS) en production et commercialisation de semences de qualité pour les variétés tolérantes à la sécheresse, et (ii) de 30 Agro-éleveurs en production et conservation du fourrage ainsi qu’en collecte et  conservation de l’eau de pluie pour leur bétail.

Loin de constituer une panacée pour les agriculteurs et agricultrices bénéficiaires, cette assistance agricole d’urgence n’en demeure pas moins substantielle pour la reprise de leurs activités agricoles.

Nodius Alvena, agriculteur habitant à la 2e section de Passerelle-Minguette, dans la commune d’Ennery, a exprimé ses mots de satisfaction après avoir reçu des boutures et des semences du projet. « Depuis trois ans, nous subissons la sécheresse, impuissants. Nous avons perdu toutes nos productions. Nous nous trouvons dans l’incapacité d’accéder aux semences et boutures de qualité, qui sont hors de prix. Ces semences et boutures que nous avons reçues soulagent notre situation de manière significative. Nous allons enfin pouvoir relancer notre production et manger des aliments produits dans nos propres parcelles d’ici peu, s’il n’y a pas encore une catastrophe naturelle comme cette longue sécheresse que nous venons de subir pendant plus d’une année ».

De même, le ressenti d’Amélienne Senatus, productrice agricole bénéficiaire à Puilboreau, 4e section communale d’Ennery, n’en demeure pas moins évocateur. « Ce projet nous est d’un appui considérable dans la mesure où il vient améliorer notre sécurité alimentaire avec des cultures diversifiées, à cycle court, et tolérantes à la sécheresse, qui nous permettent de disposer rapidement d’aliments pour nos familles, tout en générant des revenus ».

Audephort Previlon, CASEC de la 2e section de Source Chaude, commune d’Anse Rouge, a fait remarquer que le projet a permis de réintroduire des espèces et variétés qui étaient longtemps abandonnées dans les pratiques culturales des producteurs et productrices, étant donné  l’indisponibilité des semences sur les marchés locaux.

« Nous avions abandonné la production de haricot de Lima, du sorgho et du manioc dans la commune. La réintroduction de la production de semences de haricot de Lima et de sorgho, ainsi que des boutures de manioc dans le cadre de ce projet, vient relancer la production de ces espèces tolérantes à la sécheresse. Et le fait que ces cultures soient à cycle court, va sans doute renforcer la résilience des ménages face à la sécheresse, et du même coup, améliorer les moyens de subsistance des producteurs et productrices de manière durable ».

La mise en œuvre de ce projet par la FAO en appui aux structures décentralisées du MARNDR, avec le soutien financier de la Coopération Belge, vise aussi à renforcer durablement la résilience des communautés rurales face aux risques de catastrophes naturelles induits par les changements climatiques, à travers notamment des formations en Éducation Relative à l’Environnement (ERE), éducation nutritionnelle et adoption/réplication des Bonnes Pratiques Agricoles (BPA) résilientes aux changements climatiques, tout en tenant compte de l’approche genre.

Pierre Negaud DUPENOR

Responsable de Communication et Point Focal Genre

Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO - HAITI)

Phone: (509) 4420 0726

Email : [email protected] Site web : http://www.fao.org/haiti/fr/