FAO à Haïti

Bilan des interventions de la FAO en réponse à la crise humanitaire en 2020

Marimène Altidor, une femmes cheffe de ménage souffrant du goitre, habitant dans la localité de Grand Bassin, dans la commune de Les Irois. ©FAO/Mikerlange Balmir
17/12/2020

Le déficit hydrique a frappé les cultures de certaines localités du pays provoquant une faible production de la saison de printemps 2020. À cela s’ajoute les dégâts causés par la tempête Laura dans les départements du Sud et du Sud’Est. Cette réduction de la disponibilité alimentaire est combinée à la crise socio-économique caractérisée par une augmentation en 2020 des prix des aliments de 29% et une réduction des opportunités de travail informel causée par la covid-19. Ainsi, la disponibilité et l’accessibilité des denrées alimentaires pour les ménages pauvres ont été fortement réduites, en particulier ceux dont les moyens d’existence dépendent exclusivement de l’agriculture et de l’élevage.

Programme de réponse d’urgence de la FAO

Dans sa contribution à la crise humanitaire actuelle, la FAO avait procédé à la révision de son Programme de réponse d’urgence avec un budget estimatif de 93 millions de dollars des États-Unis, afin de fournir une assistance immédiate à près de 1.2 million de personnes en situation d’insécurité alimentaire de crise et d’urgence.

Avec les ressources mobilisées à présent, la FAO a fourni une assistance aux divers secteurs agricoles (agriculture, élevage, pêche et forêt) en fonction de la période, du calendrier agricole et des spécificités des zones d’intervention. La FAO a également apporté son appui au Plan de préparation et de réponse du gouvernement pour la réduction de

l’impact de la covid-19 sur leurs moyens d’existence et leur sécurité alimentaire. Au total, 260 000 personnes (soit 22 pour cent de la population ciblée) provenant des départements de la Grand’Anse, du Nord’Ouest, des Nippes et du Nord’Est, ont bénéficié de ces interventions de la FAO sur les douze derniers mois.

À part les semences et matériel végétal de plantation et sanitaire, des femmes cheffes de ménage ont reçu des chèvres pour le repeuplement de leur cheptel tué par la sécheresse ou vendu en période de soudure. Plusieurs milliers d’animaux malades provenant de ménages vulnérables dans les zones ciblées, ont bénéficié des traitements vétérinaires suite aux cliniques mobiles organisées par la FAO, en collaboration avec les Direction départementales du Ministère de l’agriculture.

Restauration des sources de revenu

Marimène Altidor, 58 ans, est une femme cheffe de ménage habitant dans la localité de Grand Bassin, dans la commune de Les Irois du département de la Grand’Anse. Bien qu’elle souffre du goitre, cette mère s’efforce pour faire vivre sa famille composée de son mari handicapé et de sept enfants.

« Mon goitre m’empêche d’exercer toute seule mon métier d’agricultrice, alors que je ne peux plus compter sur la force de travail de mon mari vivant avec un handicap », explique-t-elle, tout en affirmant qu’elle n’avait pas suffisamment d’argent pour se procurer des semences et plants pour couvrir toute la superficie agricole familiale, depuis l’an dernier.

Elle recoure à d’autres stratégies pour survivre. « J’ai essayé de créer une source alternative de revenu en vendant des arachides grillées et des cigarettes », raconte Mme Altidor, affirmant que les revenus générés par cette nouvelle activité sont si dérisoires qu’ils n’arrivent plus à combler les besoins alimentaires de sa famille. Elle remercie la Direction départementale du Ministère de l’agriculture de la Grand’Anse et la FAO pour les semences qu’elles venaient de recevoir pour la saison d’hiver.

Résinia Chérélus est une agricultrice cheffe de ménage et mère de deux enfants, habitant dans la première section communale de Côtes de Fer de la commune de Môle St Nicolas du département du Nord’Ouest. Elle était désemparée après avoir liquidé une partie de son cheptel pour payer les frais scolaires de ses enfants et nourrir sa famille en détresse après avoir passé trois saisons agricoles sans récolte à cause de la sécheresse.

« Je n’arrêtais pas de me demander comment je ferais si une nouvelle situation d’urgence se présente au nouveau de la famille, comme par exemple un cas de maladie ; parce que ce sont les chèvres qui constituaient ma dernière source de revenu », s’exprime-t-elle, avant de remercier le Ministère de l’agriculture, la FAO pour ce don de trois chèvres.

Ces actions ont bénéficié du support financier du Royaume de la Belgique, du CERF, de l’AECID et des fonds propres de la FAO.

Appui à l’horticulture dans les zones urbaines et périurbaines de Port-au-Prince

Avec un financement additionnel du CERF d’un million et demi de dollars des États-Unis, la FAO prévoit une assistance d’urgence à 4 000 ménages vulnérables (20 000 personnes), en particulier des femmes cheffes de ménage et des ménages ayant des groupes vulnérables à leur charge habitant dans les zones urbaines et périurbaines de Port-au-Prince.

Cette assistance se fera à travers (i) l’appui technique et en intrants/outils agricoles à 2000 ménages pour l’initiation de l’horticulture urbaine ; (ii) l’appui technique et la fourniture des poules pondeuses et de leurs aliments à 1000 ménages pour la production et la vente des œufs en initiation du petit élevage et; (iii) l’organisation d’activités d’argent contre travail pour l’assainissement des quartiers en faveur de 1000 chefs de ménages vulnérables. Cette action permettra d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle par la restauration des moyens d’existence productifs.