FAO à Haïti

La FAO et le MARNDR collaborent pour l’amélioration de la sécurité alimentaire et la résilience des ménages face aux chocs dans le Nord’Est

12/10/2023

Selon la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA), les derniers résultats de l’analyse projetée du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) pour la période actuelle allant du mois d’août 2023 à février 2024, 14 pour cent de la population analysée, soit près de 1,4 million de personnes sont classées en Phase 4 de l’IPC (Urgence) et 30 pour cent (environ 2,95 millions de personnes) en Phase 3 (Crise). Ainsi, 44 pour cent de la population analysée présente une insécurité alimentaire élevée et a besoin d’une action humanitaire urgente pour combler les déficits de consommation et protéger les moyens d’existence. En comparaison avec l’analyse de septembre 2022, la classification de cette année a révélé une légère amélioration dans certaines des zones d’intérêt précédemment identifiées, avec une baisse de la proportion de la population en Phase 3 de l’IPC ou plus, passant de 47 pour cent à 44 pour cent. 

 En dépit de ces améliorations, le Haut Plateau et ses prolongements dans le Nord et l’Artibonite, ainsi que le Nord ‘Est et le Nord ’Ouest font toujours face à des défis extrêmes. Cette situation alarmante a suscité une mobilisation d’urgence de la part de la FAO qui, en étroite collaboration avec le MARNDR et avec un financement de l’Union Européenne (UE), a mis en œuvre le projet d’‘’Amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et renforcement de la résilience des populations vulnérables du département du Nord’ Est’’.

L’objectif du projet est d’accroître la sécurité alimentaire et nutritionnelle tout en renforçant la capacité des populations vulnérables du Nord ‘Est d’Haïti à faire face aux imprévus et aux crises. La réalisation du projet se fait à travers une approche intégrée qui relie les activités productives, financières et sociales. Pour mieux orienter les actions de production auprès des bénéficiaires du projet, la FAO a réalisé un Diagnostic rural participatif rapide (DRPR) dans la région ciblée. 

Ce DRPR a été effectué avec la participation active des autorités locales telles que le Conseil d’administration de la section communale (CASEC); les Bureaux agricoles communaux (BAC); les Organisations communautaires de base (OCB); et les personnes-ressources dans les communes de Fort-Liberté, Ferrier, Perches et Ouanaminthe afin de parvenir à la mise en place des Champs écoles paysans (CEP). Ce concept, basé sur une approche participative, vise à promouvoir des méthodes agricoles durables tout en renforçant les connaissances des agriculteurs locaux, et éventuellement de mettre en place des Activités génératrices de revenus (AGR) correspondants.

Le DRPR est la méthodologie courante d’évaluation et d’analyse utilisée dans le domaine de l’agriculture et du développement rural. Il vise à collecter rapidement des informations pertinentes sur une communauté agricole ou rurale spécifique en impliquant activement les membres de cette communauté dans le processus. Il combine des techniques participatives, des observations sur le terrain et des discussions pour recueillir des données sur les aspects sociaux, économiques et environnementaux qui affectent l’agriculture et les moyens de subsistance ruraux. Il est extrêmement pertinent, car il permet de collecter des informations contextualisées qui permettront de mieux comprendre les conditions locales, les pratiques agricoles traditionnelles, les contraintes environnementales et les besoins spécifiques de la communauté.   

Dans le cadre du projet, le DRPR a touché 2 800 personnes, dont 48 pour cent étaient des femmes. Les informations collectées ont permis d’identifier des filières qui pourraient constituer des AGR rentables. Ainsi, la filière manioc propose la transformation du manioc en cassave, amidon et farine. De même, la filière arachide offre la possibilité de transformer l’arachide en beurre d’arachide, carapinia et tablettes sucrées. Pour la filière riz, le conditionnement, le stockage, le décorticage et le blanchiment du riz, pourraient être améliorées. Tandis que la filière maraîchère permettrait le renforcement de la production de sauce piquante et d’épices broyées. Pour la filière élevage caprin, l’accent est mis sur la mise en place d’une station de monte dont l’objectif est d’encourager et de diriger la reproduction et l’élevage par le croisement afin de pouvoir disposer sur place d’animaux utile à l’agriculture. Enfin, la filière aquacole se consacre à la production d’alevins et au grossissement des poissons en cage.

En plus des activités productives matérialisées à travers les Champs écoles paysans (CEP), les AGR et les jardins de case, le projet appui aussi des activités financières à travers 70 Associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC). Ces dernières impliquent environ 1 750 femmes cheffes de ménages et des activités de ‘’Cash For work’’ au profit de 1 000 ménages vulnérables afin de réaliser des travaux en support à l’agriculture (curage de canaux de système d’irrigation, aménagement de pistes rurales, conservation de sols, assainissement…) dans les communes d’intervention du projet. 

Le projet met également en œuvre des activités d’éducation nutritionnelle et d’hygiène des aliments au profit de 2 000 femmes leaders communautaires à travers la création d’environ 70 clubs d’écoute et de dialogue communautaires appelés «Club Dimitra «. Ces clubs sont des espaces qui portent une attention spéciale sur l’inclusion des groupes marginalisés, tels que les femmes et les jeunes, dans les prises de décisions afin d’orienter  la vie des communautés concernées. Ainsi, dans le cadre du projet, plus de 2 100 femmes et hommes ont pris part à ces activités pour discuter des problèmes de développement ruraux dont ils sont sujets, dans le but de trouver des solutions et des mesures collectives pour l’amélioration de leurs moyens de subsistance. 

À travers la réalisation de ce DRPR, l’Organisation s’engage plus que jamais à renforcer son soutien aux personnes ciblées dans les communes du département du Nord ‘Est concernées par le projet en réalisant des analyses approfondies des besoins, des ressources, des défis et des opportunités liés à la sécurité alimentaire.