Action contre la désertification

14 millions d'hectares de terres ont besoin d'être restaurées dans six pays africains, selon un nouveau rapport

Cette étude révèle également une forte corrélation entre la dégradation des terres et la pauvreté, et appelle à une augmentation massive des superficies à restaurer


18/10/2018

Rome - Un rapport sur l'état de l'environnement et les conditions socio-économiques dans des écosystèmes fragiles révèle l'étendue de la dégradation des terres dans les zones arides d'Afrique et leur lien étroit avec la faim et la pauvreté. Les auteurs du rapport lancent un appel urgent en faveur d’une augmentation des investissements dans la restauration des terres pour bénéficier aux petits agriculteurs.

Le rapport a été réalisé et publié par Action contre la désertification, un programme phare de la FAO financé par l'UE. Il indique que plus de la moitié de la superficie des six pays africains où le programme est mis en œuvre - à savoir le Burkina Faso, l'Éthiopie, la Gambie, le Niger, le Nigéria et le Sénégal - a besoin d'être restaurée, soit environ 14 millions d'hectares, équivalant près de la moitié de la taille de la Belgique.

"Ces résultats montrent une fois de plus à quel point la dégradation des terres représente un énorme défi", a déclaré Moctar Sacande, principal auteur et responsable d’Action contre la désertification. Ils indiquent également à quel point la dégradation des terres est étroitement liée à la pauvreté, a-t-il ajouté. "80% des habitants de la région, qui abrite 1,8 million de personnes, ont déclaré avoir vécu une insécurité alimentaire."

Pietro Nardi de l’Union Européenne, le bailleur principal du programme, a affirmé : « Malgré le défi de taille, la dégradation des terres n’est pas encore irréversible. » Il a ensuite déclaré qu'Action contre la désertification, qui en est à sa phase finale, a permis de couvrir environ 45 000 hectares de terres dégradées en quatre ans, bénéficiant environ 500 000 personnes.

Pauvreté et dégradation des terres

Le rapport, intitulé « Situation de référence biophysique et socio-économique : le point de départ de l'Action contre la désertification" est le résultat d’enquêtes menées dans les huit pays couverts par Action contre la désertification, qui inclut également Haïti dans les Caraïbes et Fidji dans le Pacifique.

L'étude associe des données biophysiques pour analyser l'état de l'environnement dans les zones d'intervention, à des enquêtes auprès des ménages afin de déterminer les conditions de vie des personnes concernées.

Les données biophysiques recueillies avec Collect Earth, un outil novateur mis au point par la FAO à l'aide d'images satellitaires à haute résolution, dressent un tableau sombre. Au Nigéria, par exemple, la moitié des forêts de la région où travaille Action contre la désertification ont disparu en moins de 10 ans. La désertification touche environ 71% de la superficie du Niger voisin.

Les données sur les conditions de vie locales, obtenues conformément au Cadre de référence pour les moyens d'existence durables, révèlent une étroite corrélation entre la pauvreté et la dégradation des terres. Au Burkina Faso, presque tous les ménages interrogés avaient été confrontés à des incertitudes quant aux disponibilités alimentaires au cours de l'année précédente. Aux Fidji, où l'élévation du niveau de la mer est une menace majeure, la majorité des interrogés a déclaré que les approvisionnements en eau s'épuisaient.

Faire une restauration d’envergure

Cette étude constitue un moment fort des efforts de suivi-évaluation d’Action contre la désertification. Ses recherches associées antérieures ont été publiées dans le magazine Science, car elles ont révélé que les forêts des zones arides sont beaucoup plus étendues qu’on ne le supposait auparavant. Les mêmes recherches ont permis de cerner pour la première fois les besoins et les opportunités de restauration de la Grande Muraille Verte d’Afrique.

Les suivis et évaluations sont des éléments essentiels de la stratégie de restauration des terres que mène Action contre la désertification avec succès. Cela permet de mesurer les progrès et l'impact des activités sur le terrain. Parallèlement, elle permet aussi de générer une mine de connaissances sur la restauration des terres arides qui pourront être appliquées bien au-delà du projet lui-même.

Le succès d’Action contre la désertification repose sur une méthode de restauration qui place les communautés rurales au cœur des préoccupations en se concentrant sur leurs besoins en plantes utiles et leurs préférences pour soutenir leurs environnements et leurs moyens de subsistance. Des efforts considérables sont également déployés pour améliorer les conditions de vie des communautés locales en développant le potentiel économique des produits forestiers non-ligneux, tels que le fourrage et la gomme arabique.

Actuellement, le programme étend ses activités dans les pays africains. Sacande affirme qu'il en faut beaucoup plus, en soulignant les résultats de l'enquête. « Action contre la désertification peut changer la donne pour les zones arides d’Afrique et au-delà. Cependant, il faudra d'importants investissements pour développer ses activités. »

Action contre la désertification est une initiative du Groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) visant à soutenir l'initiative de la Grande Muraille Verte et les programmes d'action nationaux de la CNULCD pour combattre la désertification. Elle promeut la gestion durable des terres et la restauration des terres dégradées en Afrique, dans les Caraïbes et dans le Pacifique. Action contre la désertification est mis en œuvre par la FAO et ses partenaires avec un financement de l'Union européenne.