Action contre la désertification

La FAO présente ses réussites en matière de restauration des terres à grande échelle au Sénégal aux acteurs de la Grande Muraille Verte

La FAO se réunit à nouveau avec les parties prenantes et partenaires de la Grande Muraille Verte afin de discuter des progrès de sa mise en œuvre


13/09/2024

Dakar, Khoily Alpha, Sénégal. La FAO, CIFOR-ICRAF et les institutions de la Grande Muraille Verte (GMV) se sont réunis pour une deuxième semaine sur la GMV au Sénégal, dans le cadre du projet « Connaissances pour l’Action dans la Grande Muraille Verte » (K4GGWA), financé par l'UE. L'événement a réuni plus de 50 acteurs et partenaires des entités nationales de la GMV (points focaux et représentants de suivi) et de l'Agence panafricaine de la GMV, ainsi que des représentants et réseaux de la société civile, des acteurs et entrepreneurs du secteur privé, des organisations internationales, des ONG et des partenaires financiers. Cet évènement faisait suite à une première réunion tenue à l’Union africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie, en novembre 2023.

La FAO a mis à jour les partenaires en présentant ses principales contributions en ce qui concerne notamment le renforcement des capacités techniques et la mobilisation de ressources pour aider la GMV à atteindre ses objectifs d'ici 2030. Les innovations et l’amélioration des capacités techniques ont été résumées dans une édition spéciale des « Échos de la GMV: Science, Technologie et Innovation en appui à la mise en œuvre de la GMV », coproduit avec l'Agence panafricaine de la GMV. Grâce à son programme Action Contre la Désertification (ACD), la FAO a informé les parties prenantes des formations ainsi que de la collecte et des analyses de données biophysiques, notamment grâce à l'utilisation des outils Collect Earth, le formulaire d’enquête Kobo sur la restauration des terres, et à la collaboration inédite entre 30 pays africains à travers l'initiative Africa Open DEAL (« Données en accès libre pour l'environnement, l'agriculture et les terres »). Une démonstration a également été faite de l'Application de suivi de la restauration des terres dans la GMV, qui permet l’accès libre aux données de terrain de restauration des terres, en permettant leur visualisation et l'analyse du succès ou de l'échec des sites restaurés.

En ce qui concerne les prochaines étapes, la FAO a rappelé qu’elle mène une proposition multi-pays pour renforcer la résilience dans la GMV (projet SURAGGWA) en collaboration avec les parties prenantes, les agences nationales et panafricaine et d’autres partenaires. Le projet est en cours d'examen par le Fonds Vert pour le Climat et le processus devrait être finalisé dans les prochains mois, avec une approbation d'ici juillet 2025. Il prévoit de restaurer jusqu'à 2 millions d'hectares de terres agro-sylvo-pastorales dégradées au cours des 10 prochaines années, bénéficiant directement à plus de 3 millions d'agriculteurs des communautés rurales, ainsi que l’appui au suivi de la GMV au niveau de chaque pays et au niveau régional. Cette proposition représente la plus grande demande de financement de la FAO pour l'Afrique, avec un budget total estimé à 250 millions de dollars, dont une subvention de 150 millions de dollars du Fonds Vert pour le Climat et 100 millions de dollars de contributions en nature et en cofinancement des pays. Les efforts de la FAO s'inscrivent dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, dirigée conjointement par la FAO et le Programme des Nations Unies pour l'environnement, marquant ainsi une opportunité et un cadre importants pour intensifier les interventions visant à mettre à l’échelle la restauration des terres, à améliorer les partenariats et la coordination, à suivre les progrès et à soutenir les pays afin que ceux-ci puissent davantage accéder à la finance climatique.

La réunion a également été l'occasion pour la FAO de faire venir les parties prenantes et les partenaires sur le terrain afin que ceux-ci puissent constater par eux-mêmes la mise en œuvre de la restauration des terres à grande échelle avec les communautés rurales. À Khoily Alpha, les participants ont pu observer une réserve naturelle de 1000 ha de terres villageoises auparavant dégradées qui ont été restaurés par la FAO-ACD sur trois ans (2017-2020) à travers une combinaison de semis/plantation de fourrage herbacé et d'espèces ligneuses locales. En plus de la restauration de la biodiversité végétale, le plan de gestion visait à répondre à la demande de la communauté du village de Khoily Alpha de réintroduction de la faune sauvage qui prospérait auparavant dans la zone du projet. Les participants ont été témoins de la réintroduction réussie de des oryx algazelle (Oryx dammah) qui se sont reproduits quatre fois depuis que quatre mâles et deux femelles aient été relâchés en mai 2020. Ces interventions intégrées allient capacité technique, mobilisation communautaire, aspects biophysiques et socio-écologiques. La restauration des terres et la réintroduction de la faune ont ainsi été informatives, éducatives et grandement appréciées par les participants qui ont largement reconnu la pertinence de l'approche ACD et ont appelé à sa réplication ailleurs dans la GMV.

Au Sénégal, l'Agence Sénégalaise de la Reforestation et de la GMV ambitionne déjà d'étendre le même type d’intervention pour la mise en place de réserves naturelles le long du tracé de la GMV afin de recréer un corridor faunique atteignant le Parc National du Niokolo-Koba au sud-est du pays. Les données indiquent qu'il existe près de 100 sites, pour un total de plus de 40 000 ha de terres agro-sylvo-pastorales en cours de restauration dans la GMV au Sénégal.

Le projet K4GGWA constitue une réponse directe pour consolider et capitaliser les connaissances acquises à travers ce type d’expérience réussie, et les étendre plus loin en tant que solutions aux défis identifiés dans la dernière évaluation sur l’état de mise en œuvre de la GMV. Sa mise en œuvre permet ainsi de garantir la continuité, la coordination et la complémentarité avec d'autres interventions de la GMV, en fournissant des supports de connaissance et des capacités qui accélèrent l'action vers ses objectifs de restauration de 100 millions d'ha, de séquestration de 250 millions de CO2 et de création de 10 millions d'emplois verts. La FAO reste déterminée à travailler en étroite collaboration avec toutes les parties prenantes pour atteindre les objectifs ambitieux de la GMV d'ici 2030.